23/04/2024
Suite à son indépendance acquise en 1804, Haïti était redevable de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons français. L’ordonnance avait été prise par le roi Charles X le 17 avril 1825, alors que la France avait tenté de récupérer l’ancienne colonie pendant 20 ans. La somme a été totalement réglée par l’île des Caraïbes en 1947.
Aujourd’hui, ce montant est estimé par le New York Times à 21 milliards de dollars. “C’est 21 milliards de dollars plus 200 ans d’intérêts dont la France a bénéficié, donc nous parlons plutôt de 150 milliards, 200 milliards ou plus”, estime l’anthropologue Jemima Pierre, citée par Reuters.
Du côté de Paris, le ministère des Affaires étrangères n’a pas réagi alors qu’une vingtaine d’organisations non-gouvernementales réunies à Genève pour un forum de l’ONU souhaite mettre en place une commission indépendante pour la restitution de cette dette qualifiée de “rançon”.
Alors que l’île connaît une crise politique depuis 2017, de nombreux Haïtiens estiment que cet argent pourrait être utilisé pour redresser le pays. “Il est temps que la France reconnaisse cela et que nous avancions”, a déclaré l’activiste Monique Clesca, militante de la société civile haïtienne.
En 2010, suite au séisme qui avait ravagé l’île, un groupe de soutien au “Comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d’Haïti” avait demandé au président Nicolas Sarkozy de restituer la “dette historique de son indépendance” considérant “les besoins financiers criants de ce pays”.
En 2015, François Hollande avait évoqué une “dette morale” de la France. Pour la première visite officielle d’un chef d’État français, le président socialiste avait alors été accueilli à Port-au-Prince avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire : “L’argent oui, la morale non”.