06/07/2024
« Quelle est votre position quant à une légalisation de certaines drogues, dont certains affirment qu’elle permettrait d’endiguer la violence ?
Nous évoquons fréquemment la politique intégrée appliquée par le Portugal, qui engrange de très bons résultats. L’un des éléments de celle-ci est la décriminalisation, qui vise à ne plus considérer comme un crime l’usage de quelque substance que ce soit. La loi votée il y a vingt-deux ans visait aussi à définir clairement les modes d’action contre le trafic et des mesures précises en matière de santé publique. Le nombre des décès par overdose et des contaminations, notamment par le VIH, a baissé. Et la police a pu concentrer ses efforts sur la lutte contre les trafiquants et les groupes organisés.
Est-ce le modèle à suivre ?
Je ne recommande aucun modèle, je constate seulement que, contrairement à ce qui a été dit, la décriminalisation n’a entraîné aucune augmentation de l’usage au Portugal. Elle est d’ailleurs considérée officiellement, depuis 2016, comme absolument compatible avec les conventions de l’ONU par l’International Narcotics Control Board, l’organe international de contrôle des stupéfiants. C’est également le cas pour les salles de consommation supervisée, ainsi que pour les programmes d’analyse des substances dans un but de santé publique, de prévention et de réduction des risques. Ces programmes contribuent à la détection précoce des dangers, à sauver des vies, et ne consistent absolument pas à légaliser l’usage de drogues. Ils ne constituent pas, en revanche, une finalité en soi. Ils s’inscrivent dans un dispositif plus vaste, dont l’objectif à terme est d’aider les gens à s’en sortir, de prévenir l’usage et la dépendance. »