" PAUL BIYA A PEUR DE SA DIASPORA DEPUIS 30" Editions Biboück -Paris. Les diasporas : l’irréversible avenir du monde, la chance, l’une des chances du Cameroun d’aujourd’hui « Il y a deux façons de lutter contre les inégalités : faire les réformes qui s’imposent et qui améliorent les conditions de vie des moins favorisés et diminuer les avantages indus dont bénéficient dirigeants, propriétaires, h
auts fonctionnaires et politiciens du pays. Si ce n’est pas le cas au Cameroun d’aujourd’hui, l’érosion de la popularité du président Paul Biya va se poursuivre, parce que le Cameroun est en train de changer et de beaucoup, mais Paul Biya, n’assure pas complètement, en tout cas pour l’instant, ce changement profond de la société, parce que sa feuille de route en faveur du développement global du pays est, on ne peut plus floue. Et c’est bien, le gros problème du Cameroun d’aujourd’hui (1* »). C’est ainsi que Mathieu Mbarga-Abéga, un journaliste de talent, qui appartient à une génération d’innovation et de création, s’adresse sans trop de précaution oratoire, à Paul Biya, actuel président du Cameroun - un président dont il respecte bien évidemment la fonction-pour lui rappeler une urgence nationale : « Monsieur le Président, plaide-t-il en substance, pour aider notre pays à sortir de sa phase de stagnation, il ne faut plus sous-estimer, et surtout ne pas occulter, le formidable potentiel que constitue pour notre pays, la diaspora camerounaise dispersée à travers le monde ». La diaspora d’une nation, c’est évidemment l’un des meilleurs atouts de son pays, comme elle l’a été pour la plupart des pays du monde. Par exemple au siècle dernier, les provinciaux français (les Bretons, les Basques, les Catalans…) implantés à Paris avaient créé des associations « d’originaires » de leur région, du type « Amicale des Bretons de Paris». Les Catalans de Paris, eux avaient crée, « Roussillon-Paris. Leur raison d’être : se retrouver, parler du pays », rêver de lui…Avec cet effet : des rencontres de personnalités très différentes mais ayant en commun le souci de participer à la modernisation permanente de leur région. Ayant aussi en commun des amitiés…et des contacts qui s’avéraient professionnellement utiles ! Avec cette constance chez tous ces provinciaux « exilés à Paris» : aider leur terre natale en lui faisant profiter de leur expérience…et de leurs relations à Paris ! Ainsi, dans les années 1970, des Catalans de Perpignan eurent-ils l’idée de créer l’association Roussillon-Paris-composée d’artistes, d’intellectuels, de fonctionnaires, de journalistes… L’objectif de Roussillon-Paris : s’organiser à Paris-en liaison avec leur Roussillon natal – pour résister ou améliorer la politique d’aménagement du territoire de leur région, aménagement qui ne tenait pas toujours compte de l’environnement et s’appuyait sur quelques notables et sur des spéculateurs nationaux et locaux ! A Perpignan, en effet, on leur disait : « c’est Paris qui décide ». A Paris, au contraire, on leur disait : « Mais voyons : tout part de chez vous ! C’est donc là-bas qu’il faut lutter contre le saccage de votre patrimoine naturel. L’action médiatisée des militants de Roussillon-Paris eut, en autres effets positifs, celui (inimaginable alors !), de faire déplacer de quelques centaines de mètres le tracé de l’autoroute à Salses. Salses fut la frontière historique entre la France et Catalogne avant que cette frontière ne soit repoussée jusqu’au au Perthuslors du traité des Pyrénées en 1659. Autre objectif positif de Roussillon-Paris : éviter en cet endroit le saccage du splendide château de Salses, mémoire et porte des Catalans. Grace à l’action de Roussillon-Paris, le nouveau tracé a au contraire mis en valeur ce patrimoine que des millions d’automobilistes admirent tous les ans. Au nom de quoi ? La diaspora de chaque pays est donc un atout indispensable, atout potentiel pour chaque pays du monde… Mais voilà : c’est un atout qui inquiète parfois le pouvoir… Et que le pouvoir s’efforce de maitriser par toutes sortes de moyens dont il dispose. Et au nom de l’intérêt général bien entendu ! Le combat de Mathieu Mbarga-Abéga est celui d’un innovateur de temps modernes. Dans son essai, il propose de nouvelles solutions en faveur du développement durable du Cameroun, son pays d’origine, son souci pour ne pas dire son obsession, aller de l’avant ! S’il était indifférent à l’évolution de son pays, un franco-camerounais de la prestance de Mathieu Mbarga-Abéga notable à Paris dans le monde prestigieux de la communication, serait perçu comme un allié naturel du pouvoir de Paul Biya dont il tirerait assurément des avantages. Mais Mathieu Mbarga-Abéga, est un révolutionnaire. Attention cependant : c’est un « révolutionnaire moderne ! » « Moderne », en ce sens qu’il ne s’agit pas, pour lui, après tant d’autres, d’inventer de « pseudo-nouveaux programmes », politique, économique et sociaux. Mathieu Mbarga-Abéga, connait en effet la réalité du quotidien et, par conséquent, les limites de tels programmes qui promettent-sans les tenir toujours !-des progrès matériels dans une démocratie idéale et de surcroit baignée d’humanisme…Certains ajouteront d’ailleurs, à juste titre, que ce type de programme, le plus souvent et dans tous les pays du monde, est préconisé par des oppositions dans leur démarche vers le pouvoir. Sinon blasé, lui qui croise au quotidien connait tant d’hommes et de femmes politiques de France et d’Afrique Mathieu Mbarga-Abéga, pour sa part, considère donc que la véritable-pour ne pas dire la seule révolution au 21ème siècle, consisterait à tout simplement, appliquer ces programmes dès lors qu’on est parvenu au pouvoir. Ce type de révolution serait une sorte d’utopie dans laquelle, Mathieu Mbarga-Abéga, « exilé plus ou moins à Paris », se complairait ? Non, puisqu’il propose de l’appliquer. Comment ? En apportant à un grand pays comme le Cameroun les formidables atouts utilisés par les Catalans, ce qu’on appelle « les atouts de la diaspora ». Rien de bien nouveau sur le chemin des évolutions de l’humanité : le plus urgent bien que souvent le plus compliqué, reste toutefois de s’entendre avec ses voisins immédiats ! Et d’abord avec ses frères, sur le projet développement de leur pays ! Ainsi, jadis, même au début du siècle dernier, les Français reconnaissaient qu’il était difficile pour les jeunes-et parfois risqué !-d’aller danser au bal du village voisin pour y rencontrer les jeunes filles de ce village. De nos jours, on vit et on s’adapte les uns aux autres, d’un continent à l’autre. Demain-qui sait ?-on communiquera d’une planète à l’autre. Voire d’une galaxie à l’autre ! L’urgence. Pour le Cameroun, l’urgence, de nos jours, répond à l’intérêt général : il faut rapprocher des Camerounais de la diaspora et des Camerounais restés au pays. Ce doit être possible, non ? Dès lors, il faut lire l’essai poignant de Mathieu Mbarga-Abéga, comme le code social de l’homme moderne, celui qui constate un phénomène irréversible : le rapprochement universel des populations, leur brassage. On notera que le message généreux de Mathieu Mbarga-Abéga, rejoint celui d’autre « exilé », le Roumain Miron Dragou, qui avait fui le communisme pour gagner la liberté en France. « Tu m’enrichis de ta différence, mieux de ton expertise acquise du monde moderne ! »
Il ne s’agit pas en effet d’assister à un nouveau type de colonisation de fait, mais de vivre dans cette certitude : « tu m’enrichiras de ta différence. Mieux : de ton expertise, mais librement et pleinement ». Car les « diasporas » ne sont pas seulement des déchirements pour les êtres qui les vivent : Elles sont aussi le support d’avancées humaines pour les pays de départ comme pour ceux d’accueil. Rien de ce que dit l’auteur de cet essai ne va, j’en suis convaincu, à l’encontre de ces considérations, tout au contraire. Mathieu Mbarga-Abéga, peut paraître sévère quant à la gestion présidentielle du Cameroun d’aujourd’hui. Mais, explique-t-il volontiers, c’est parce qu’il considère que Paul Biya est en situation de tout changer : « notre président connait bien notre pays. Et je sais qu’après 30 ans de pouvoir, il peut encore décider de mettre tous ses moyens et relations nationales comme internationales pour favoriser l’adaptation du Cameroun à notre temps » Paul Biya-mais, c’est vrai pour tous les chefs d’Etats du monde moderne, ne doit pas aujourd’hui, avoir peur de sa diaspora. La préface, on ne peut plus lumineuse sur les atouts des diasporas dans le monde d’Henri Fabre, journaliste parlementaire à Paris.
« Paul Biya a peur de sa diaspora depuis 30 ans », par Mathieu (1)Mbarga-Abége, journaliste politique - Editions Biboück-Paris.