Genre et Conflits Armés

Genre et Conflits Armés C'est la version en langue française de la page in War.

Cette page présente des articles sur tous les aspects du genre et conflits armés, sociaux, culturels, ou sanitaires (dont le coronavirus) d'un point de vue engagé et féministe.

gnorant la tramontane qui balaie l’avenue, David peste dans sa longue barbe blanche. Sourcils froncés, il lorgne la deva...
21/09/2024

gnorant la tramontane qui balaie l’avenue, David peste dans sa longue barbe blanche. Sourcils froncés, il lorgne la devanture flambant neuve du tout nouveau magasin. Un Carrefour city. « Encore un », soupire-t-il. Du doigt, il indique les autres supérettes du groupe situées à proximité. « 1, 2, 3, 4... À moins de dix minutes à pied. Et encore quatre autres dans le centre-ville », gronde-t-il. Dans sa main, les tracts qu’il distribue aux badauds résument sa pensée : « Carrefour partout, alternative nulle part. »

Comme lui, ils sont une quarantaine à avoir écourté leur grasse matinée, samedi 14 septembre, pour protester contre l’ouverture d’un énième supermarché de l’enseigne rouge et bleue. « J’habite dans le quartier, et j’en ai marre d’en voir ouvrir à chaque coin de rue, détaille David. Si tu ne veux pas donner ton argent à Carrefour, c’est de plus en plus difficile de trouver d’autres options. »

À Montpellier, des habitants se mobilisent contre un nouveau magasin Carrefour. Depuis que le groupe a jeté son dévolu sur les centres-villes, « il n’y a pas de place pour des alternatives », déplorent-ils.

PAUVRE ECOLE!!!!!!L’éducation nationale change de visage pour la cinquième fois en quinze mois. La députée (Ensemble pou...
21/09/2024

PAUVRE ECOLE!!!!!!

L’éducation nationale change de visage pour la cinquième fois en quinze mois. La députée (Ensemble pour la République, EPR) de la 11e circonscription des Français établis hors de France, Anne Genetet, a été nommée ministre de l’éducation nationale, dans le gouvernement de Michel Barnier, samedi 21 septembre 2024.
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Elle succède à Nicole Belloubet, ministre depuis février, elle-même précédée par Amélie Oudéa-Castéra, Gabriel Attal et Pap Ndiaye. Elle sera accompagnée à la tête du plus gros ministère de l’Etat par Alexandre Portier, député (Les Républicains) de la 9e circonscription du Rhône, nommé ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel, un intitulé inédit.

Le choix de l’élue de 61 ans, connue à l’Assemblée nationale pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a tout pour surprendre. Médecin de formation et diplômée en « journalisme médical et communication », elle a exercé les deux professions avant de devenir consultante à Singapour, où elle a vécu plusieurs années à partir de 2005. Elle a également été bénévole pour plusieurs ONG travaillant auprès des employés de maison, et a fondé une entreprise de conseil en relations employeur-employée de maison pour des familles expatriées occidentales. Députée depuis 2017, elle a été membre de la commission des affaires étrangères au Palais-Bourbon durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, puis de la commission de la défense entre 2022 et juillet 2024.

Mis à part un rapport sur la proposition de loi visant à faire évoluer la gouvernance de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, Anne Genetet n’a jamais travaillé sur les enjeux scolaires, et n’est pas connue pour ses positions publiques sur le sujet.
Un choix « consternant » pour le SNES-FSU

Alexandre Portier, 34 ans, a, lui, brièvement été professeur de philosophie. Député depuis 2022, proche de Laurent Wauquiez, il s’est montré actif sur les questions éducatives au cours de son premier mandat et a notamment déposé une proposition de loi sur la formation des enseignants, l’un des dossiers phare à venir. Il a par ailleurs dénoncé les « procès d’intention » faits à l’enseignement privé sous contrat dans une tribune de mai dans le Figaro. Au regard de leur parcours, le duo semble tenir aux équilibres politiques à trouver.
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Parmi les acteurs de l’éducation, cela ne fait aucun doute et la nomination d’Anne Genetet, qui leur était inconnue jusqu’à samedi soir, reçoit un accueil polaire. « On a l’impression qu’on a joué à pierre-feuille-ciseau pour savoir qui allait être ministre de l’éducation nationale », fustige Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU. Pour la première force syndicale parmi les enseignants, le choix opéré à la tête de l’Etat est « consternant » : « Anne Genetet est très, très loin des préoccupations de l’école, ce n’est pas la bonne personne à la bonne place et elle n’aura pas de légitimité aux yeux des personnels. »
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Le sentiment est partagé au SE-UNSA. « Si l’école était une priorité, elle ne serait pas une variable d’ajustement politique », dénonce sa secrétaire générale, Elisabeth Alain-Moreno. La responsable syndicale regrette l’arrivée à l’hôtel de Rochechouart d’une ministre qui marque « une continuité avec une politique largement désavouée dans les urnes ».
Un ministère en crise

Quelle politique éducative sera celle du nouveau tandem à la tête de l’éducation nationale, dont le barycentre penche désormais clairement à droite ? Le faible poids politique d’Anne Genetet sur un sujet que le chef de l’Etat Emmanuel Macron a érigé en 2023 en « domaine réservé du président » et sur lequel l’ancien premier ministre, désormais chef de file des députés EPR, Gabriel Attal, a toujours dit vouloir continuer à peser, fait craindre au monde éducatif une poursuite des politiques menées jusqu’alors et massivement rejetées.

A commencer par les mesures du « choc des savoirs » tel que l’avait présenté Gabriel Attal – que Nicole Belloubet avait tenté d’édulcorer – et qu’Anne Genetet comme Alexandre Portier ont publiquement soutenues. Les marges de manœuvre politiques des ministres seront quoi qu’il en soit réelles : l’éducation nationale se réforme presque exclusivement par voie réglementaire, sans jamais, ou presque, avoir besoin de passer par l’Assemblée nationale où les majorités feront défaut.
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Les nouveaux ministres prennent leurs fonctions à la tête d’un ministère en crise, où les urgences à gérer sont aussi nombreuses que les sujets de fond à traiter. La crise du recrutement s’enracine un peu plus chaque année, le personnel est lassé de l’instabilité chronique à la tête du ministère et des réformes qui s’enchaînent sans cohérence, des ordres et contre-ordres qui minent la parole politique, et une partie des familles finit également par perdre confiance dans l’école publique.

Anne Genetet sera également très rapidement confrontée à une équation budgétaire qui s’avère particulièrement complexe pour 2025, avec d’un côté, un personnel en attente de revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail, nécessaires à une meilleure attractivité, et de l’autre, la recherche d’économies par Bercy sur le premier budget de l’Etat.

Nicole Belloubet n’avait-elle pas alerté, lors de sa conférence de presse de rentrée, sur l’insuffisance de ce projet et sur la nécessité, a minima, de sanctuariser le budget de l’éducation nationale ? Les acteurs éducatifs s’interrogent déjà sur la capacité et la volonté d’Anne Genetet à peser face au rouleau compresseur de Bercy sur ce dossier crucial.

La nouvelle ministre, élue Renaissance des Français établis hors de France, n’a jamais travaillé sur les enjeux scolaires. Elle est accompagnée d’un ministre délégué, Alexandre Portier, député Les Républicains proche de Laurent Wauquiez.

CONSTERNATION ET CATASTROPHE EN VUE...Alors que le casting du gouvernement Barnier est enfin dévoilé ce samedi soir, il ...
21/09/2024

CONSTERNATION ET CATASTROPHE EN VUE...
Alors que le casting du gouvernement Barnier est enfin dévoilé ce samedi soir, il est confirmé, compte tenu de sa composition reposant presque exclusivement sur des ministres issus de la macronie et de LR, qu’il s’agit de l’équipe la plus faible de la Ve République, s’appuyant sur une base politique réduite à la portion congrue et sans poids lourd politique. Rien d’étonnant alors à ce qu’Emmanuel Macron a décidé de confier les clés à deux perdants d’un scrutin législatif dont les enseignements majeurs furent la nette sanction du pouvoir sortant au premier tour et, au second tour, le refus d’une large majorité de Français, via un barrage républicain, de voir le Rassemblement national gouverner le pays.

Après quinze jours de tractations, rien dans l’équilibre de ce gouvernement conduit par le représentant d’un parti qui n’a pas appelé au barrage républicain, ne traduit le résultat des urnes. Son seul atout est d’exister et de mettre ainsi fin, pour l’instant, à un vaudeville assez navrant où la bataille des postes – le qui – a largement pris le pas sur la feuille de route programmatique – le quoi. On sait déjà que le groupe Ensemble pour la République, présidé par un Gabriel Attal qui roule désormais pour lui tout en se posant en gardien du temple macroniste, en est le rouage majeur. Loin de la rupture annoncée par Michel Barnier lui-même, il y a là une forme de continuité à côté de la plaque.
Envoyer des signaux au RN

Assister à la mise en place d’un pouvoir qui est une sorte de poursuite du macronisme, en pire, voilà qui est incongru et surtout on ne peut plus éloigné du message des Français. Lesquels ont très majoritairement dit stop à la politique menée ces dernières années, en votant bien davantage pour le Nouveau Front populaire ou pour le Rassemblement national que pour Les Républicains, quatrièmes du scrutin. On l’a compris, le rôle des LR dans cet attelage fragile où ils ont cru pouvoir être dominants avant de devoir en rabattre, sera précisément d’envoyer des signaux extrêmement droitiers au RN sur son versant sécuritaire et identitaire, seul moyen d’éviter une censure express qui sonnerait le glas de ce gouvernement. Ça promet.
Billet
Le macronisme finit en accident démocratique
Politique
20 sept. 2024abonnés

La nomination comme ministre de l’Intérieur du très conservateur Bruno Retailleau – dont bien des saillies sur «les Français de papier», sur la submersion migratoire ou sur le lien entre immigration et insécurité sont plus que raccords avec les refrains lepénistes – en témoigne. Le même s’est illustré ces dernières années par son soutien à la Manif pour tous et son opposition à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.
Des valeurs passées aux oubliettes

Au musée des horreurs, Michel Barnier a également envisagé l’arrivée au ministère de la Famille de la sénatrice LR Laurence Garnier, qui fut elle aussi une fervente militante de la Manif pour tous et qui est opposée à la pénalisation des thérapies de conversion imposées à certains homosexuels. Mais si ce choix a visiblement fait tiquer à l’Elysée, l’élue de Loire-Atlantique reste dans l’équipe Barnier, à la Consommation. Il n’en reste pas moins que le casting qui s’annonce démontre que pour conserver une part du pouvoir, les macronistes sont quand même prêts à passer aux oubliettes nombre des valeurs qu’ils proclamaient. Et si on peut se réjouir que Laurent Wauquiez – qui a décliné Bercy dans un contexte budgétaire à haut risque faute d’avoir pu obtenir l’Intérieur, qu’il voyait comme un meilleur tremplin pour 2027 – ait finalement décidé de ne pas en être pour mettre la pression depuis le Palais Bourbon où il préside le groupe LR, c’est une maigre consolation qui ne changera rien sur le fond. A droite toute, voilà ce que le macronisme sera devenu, à des années-lumière de sa promesse originelle.

L’arrivée probable de Bruno Retailleau à l’Intérieur et celle, envisagée, de Laurence Garnier à la Famille accentuent le caractère droitier de la nouvelle équipe de ministres, toujours plus éloignée des promesses originelles du macronisme.

. Parce que leur mari a été tué, emprisonné ou bien parce qu’il a fui à l’étranger, de nombreuses femmes se retrouvent s...
20/09/2024

. Parce que leur mari a été tué, emprisonné ou bien parce qu’il a fui à l’étranger, de nombreuses femmes se retrouvent seules aux commandes de leur foyer.

Son histoire, Yasmine (comme les autres témoins cités, elle n’a pas souhaité communiquer son nom et son prénom a été modifié) la raconte avec pudeur, en taisant certains détails. « Mon mari m’a quittée sans divorce, il y a douze ans. La guerre l’avait changé », dit cette femme de 52 ans, vêtue entièrement de noir, du voile au long manteau zippé.

Les « carnets de Syrie » sont une série de reportages réalisés à l’été 2024. Pour des raisons de sécurité, certaines des personnes ­citées s’expriment sous pseudonymes. Pour ces mêmes raisons, le nom des auteurs de ces reportages n’est pas mentionné.

Son regard perçant et pétillant témoigne de sa force de caractère. Mais ses cernes noirs et son corps frêle racontent une vie d’épreuves. Elle ne dit pas ce qu’il est advenu de son mari depuis 2012. Cette année-là, leur quartier, le square de la Lune (« Douwar Al-Qamar » en arabe), situé entre le marché aux poissons et la porte Nesrine de la vieille ville d’Alep (Syrie), est tombé aux mains des rebelles.

Ce quartier, aux petites maisons sans charme ni confort, était surtout connu pour ses prostituées et ses dealeurs. Les hommes, des ouvriers et petits commerçants sunnites, ont été nombreux à rejoindre la rébellion. Les vendeurs de drogue, rejoints par des femmes et des enfants, ont continué à écouler leurs produits sous l’un des arbres du secteur, tandis que les combattants truffaient d’armes et de vivres les caves des maisons et les galeries creusées dans la colline bordant le quartier.

Yasmine s’est débrouillée seule, avec ses quatre filles et ses deux garçons. « On n’a reçu aucune aide, ni d’un côté ni de l’autre, car mon fils était à l’armée », assure-t-elle. Il est mort au combat. Elle a caché le second, pour que les rebelles ne l’enrôlent pas. Sans broncher, elle a essuyé les insultes de l’un et de l’autre camp quand elle franchissait les barrages pour rendre visite à sa mère, dans un quartier resté aux mains des forces gouvernementales.
« Personne ne nous soutient »

Un terrain vague s’étend sur l’emplacement de son ancien logement. L’immeuble a été bombardé en 2014. Yasmine s’est installée dans une maison dont le propriétaire lui a laissé les clés. Lorsque le quartier a été repris par les troupes du gouvernement, en 2016, plus aucun homme ne restait. Tous ont été tués ou sont partis vers l’enclave rebelle d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, et en Turquie. Laissé à l’abandon par les autorités, le quartier est retombé dans la misère, la drogue et la prostitution.
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« On voit des enfants qui sont à fond dans la drogue, des petits de 7 ans qui sniffent de l’essence. Il y a une fillette de 9 ans qui a déjà eu des relations sexuelles, des histoires de petites filles violées et agressées la nuit, et même de garçons abusés sexuellement. On a trois filles de 15 ans qui sont déjà mariées. Un enfant a reçu un coup de couteau au visage parce qu’il a salué une camarade de classe dans la rue », énumère Soumaya Hallak, qui dirige l’association 1-2-3 Hope Love Life for Peace, qui vient en aide aux familles du quartier.

Soumaya Hallak, de l’association 1-2-3 Hope Love Life for Peace, anime un atelier de chant et de santé mentale, à Alep (Syrie), à l'été 2024. LE MONDE

Yasmine a quitté le square de la Lune il y a quatre ans. L’un de ses gendres lui a trouvé un appartement dans son immeuble, dans un autre quartier. Elle y vit avec ses deux plus jeunes filles. « Je suis brisée, avec tout ce qu’il y a à payer, mais, en même temps, je me sens assez forte pour gérer les choses. Je suis seule mais entourée. Et j’ai le sentiment d’avoir le contrôle sur ma vie », confie-t-elle.

Avec la crise économique, les problèmes s’accumulent. Elle a perdu son emploi d’assistante médicale. Depuis, les dettes d’électricité s’amoncellent, et le propriétaire veut doubler le loyer. Elle a dû vendre une partie de l’or de sa dot pour payer 5 millions de livres syriennes (soit 300 euros) afin de faire sortir son fils de prison. « Personne ne nous soutient. Les mentalités restent les mêmes », déplore Yasmine. Les seules aides qu’elle reçoit viennent de l’association 1-2-3 Hope Love Life for Peace. Les séances de soutien psychologique et de méditation l’apaisent. « J’ai arrêté de boire du café et de fumer des ci******es à la chaîne », dit-elle avec humour.
Plus d’autonomie

Avec la guerre, les femmes syriennes ont gagné en autonomie, quand elles n’ont pas pris les commandes de la famille. « Ce sont les femmes qui, aujourd’hui, tiennent le foyer, car les hommes sont morts, ont été enrôlés ou se sont exilés. Elles ont gagné en pouvoir. Mais n’allez pas croire que l’attitude de la société vis-à-vis d’elles a changé à 180 degrés. Les mauvaises manières sont revenues, seulement un peu moins qu’avant », observe Nabil Antaki, qui a créé Les Maristes bleus, à Alep, une association chrétienne active dans le soutien aux femmes et aux enfants défavorisés.
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Rares sont les Syriennes qui ne travaillent pas. Elles occupent les emplois qui leur sont traditionnellement réservés, dans l’éducation, la santé, la couture et l’agriculture, mais aussi des emplois auparavant dévolus aux hommes, dans la restauration et les services. Elles revendiquent une plus grande place au sein de leur ménage. « On vit dans une société conservatrice, qui a tenu les femmes à l’écart de la prise de décision. On leur a imposé d’être seulement des mères. Elles commencent à se libérer et à exprimer ce qu’elles veulent. D’abord l’estime de soi et l’écoute », analyse Sonia, une quadragénaire de l’est d’Alep.
Une Syrienne, déplacée par la guerre, réalise des ouvrages de couture pour subvenir aux besoins de sa famille, à Alep (Syrie), à l'été 2024.
Une Syrienne, déplacée par la guerre, réalise des ouvrages de couture pour subvenir aux besoins de sa famille, à Alep (Syrie), à l'été 2024. LE MONDE
Une bergère, près du barrage de Qatina, près de Homs (Syrie), à l'été 2024.
Une bergère, près du barrage de Qatina, près de Homs (Syrie), à l'été 2024. LE MONDE

Elle participe, ce soir-là, avec une vingtaine d’Alépines, au groupe de parole de l’association Espace du ciel. « Du fait de la guerre, on a dû commencer à travailler, à jouer un rôle plus important dans la société et à se réaliser dans la vie. Et cela, à un âge où l’on croit que tout est terminé car, à l’approche de la cinquantaine, quand les enfants sont partis, on a l’impression de ne plus avoir aucun rôle », abonde Khadija, une Alépine de 46 ans, dont vingt-quatre de mariage.

La domination masculine a néanmoins encore de beaux restes. Les familles et les clans gardent les femmes seules sous bonne surveillance. « Les femmes assument de plus en plus leur autonomie mais, même seules, beaucoup ne se sentent pas libres, à cause du regard des voisins et de la société. Elles conservent des habitudes très traditionnelles, même très conservatrices, et continuent à faire les mêmes choses qu’avant : la cuisine, le ménage, l’éducation des enfants », nuance une assistante sociale de Damas.
Violences conjugales

Cette dernière observe une augmentation des violences conjugales au sein des couples, du fait des traumatismes de la guerre et des difficultés liées à la crise économique. « Les problèmes d’argent sont souvent à l’origine des violences et des divorces. Il est devenu normal de divorcer en Syrie, ce qui n’était pas le cas avant la guerre », ajoute-t-elle.

A 27 ans, Samia se reconstruit, seule avec sa fille de 1 an et demi, dans un rez-de-chaussée sombre de Doueïla, en banlieue de Damas. Elancée, dans une longue robe rouge à fleurs, la jeune femme druze revit, après six ans de violences conjugales. Originaire de Deraa, dans le sud du pays, elle est arrivée dans la capitale syrienne avec ses parents, en 2014. Elle a épousé l’année suivante un druze originaire de Souweïda.
Samia (son nom a été changé) et sa fille, à Doueïla, dans la banlieue de Damas, à l’été 2024. Elle a quitté son mari qui était violent.
Samia (son nom a été changé) et sa fille, à Doueïla, dans la banlieue de Damas, à l’été 2024. Elle a quitté son mari qui était violent. LE MONDE

« Au début, il buvait un peu, raconte Samia. Après trois mois au chômage, il a commencé à boire beaucoup. Quand il était saoul, il me frappait, les enfants aussi. Il est devenu accro à la drogue. Je faisais tout ce que je pouvais pour garder les enfants loin de lui. Je ne me sentais jamais en sécurité. » Le point de rupture survient en février 2023. « Il faisait froid. Il m’a frappé et mise dehors avec les enfants, sans manteaux. Je me suis réfugiée chez mes parents, poursuit-elle. Ils m’ont poussée à retourner auprès de lui. Ils ne m’ont pas du tout soutenue pour le divorce. A partir de là, j’ai perdu tout contrôle sur moi-même, je cassais tout à la maison. »

Deux mois plus t**d, Samia s’est réfugiée, avec ses enfants, au couvent des sœurs du Bon Pasteur, dans la vieille ville de Damas, où elle a reçu un soutien psychologique et social. « Ils m’ont aidée à trouver ma voie. Ils ont aussi aidé mon fils, qui avait beaucoup de difficultés à l’école et souffrait d’accès de violence », dit-elle. Elle a accepté que le garçon, âgé de 8 ans, aille vivre chez ses grands-parents paternels. Elle gagne sa vie en faisant des soins de manucure et de pédicure à domicile. « Ce n’est pas facile de vivre seule. La famille me fait beaucoup de remarques. Mais, je me sens forte, je dois l’être pour avancer, pour moi et aussi pour les enfants », conclut Samia, aujourd’hui en instance de divorce.

« Carnets de Syrie » (6/7). Parce que leur mari a été tué, emprisonné ou bien parce qu’il a fui à l’étranger, de nombreuses femmes se retrouvent seules aux commandes de leur foyer.

Le 3 septembre 2024, une tribune intitulée « Il faut dépasser le débat binaire sur la GPA » paraissait dans le journal L...
20/09/2024

Le 3 septembre 2024, une tribune intitulée « Il faut dépasser le débat binaire sur la GPA » paraissait dans le journal Le Monde. Cette tribune se présente comme progressiste et dégagée de schémas encore ancrés dans la société, mais la plupart des arguments s’appuient sur une conception patriarcale de la reproduction et de la filiation, et oublient que l’éthique ne se confond pas avec la morale.



Les auteurs affirment que « la GPA [gestation pour autrui] et la transplantation utérine sont les seules solutions médicales à l’infertilité utérine absolue ». Pour eux, une femme vivrait une grossesse, puis remettrait l’enfant à des commanditaires sans conséquence pour elle-même et l’enfant ! C’est faire fi de l’épigénique et du microchimérisme qui nous ont appris l’importance du lien materno-foetal[i]. De plus, la GPA ne soigne en rien l’infertilité des commanditaires et ne leur permet pas de donner naissance.

Dans un contexte où les femmes ont dû batailler pour faire reconnaître leurs droits, comme celui de transmettre leur nom en France, il nous semble surprenant de considérer comme progressiste une pratique dans laquelle la femme qui met au monde un enfant est privée de droits sur lui.



Critiques de cette tribune, nous sommes convaincues que divers modèles de famille peuvent coexister indépendamment de l’orientation sexuelle de leurs membres. Mais cette diversité ne doit pas servir à manipuler les concepts et les droits des femmes au nom de l’empathie à l’égard des « personnes sans capacité gestationnelle » désireuses d’obtenir un enfant issu de leurs gènes.

Depuis des millénaires, dans les sociétés patriarcales, les femmes accouchent au risque de leur santé et de leur vie pour donner des enfants aux hommes. Avec l’accès à la contraception et à l’IVG, elles ont enfin obtenu la capacité et la liberté de gérer leur propre fécondité et de s’abstraire de l’assignation à la reproduction. Avec la GPA revient, orchestré par un marché lucratif, l’utilisation des femmes à des fins procréatives, non pour leur propre projet parental, mais pour celui de tierces personnes.

Réponse à la tribune parue dans Le Monde du 3 Septembre 2024 intitulée “ll faut dépasser le débat binaire sur la GPA” https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/09/03/gpa-il-faut-depasser-le-debat-binaire-entre-ideologie-et-symbolisme_6302954_1650684.html Le 3 septembre 2024, une tribune ...

Un Hezbollah humilié, désorganisé et aux abois, tel est le produit à cette heure des attaques non conventionnelles perpé...
19/09/2024

Un Hezbollah humilié, désorganisé et aux abois, tel est le produit à cette heure des attaques non conventionnelles perpétrées les 17 et 18 septembre au Liban. Elles ont été attribuées à Israël qui n’a pas opposé le moindre démenti. Les explosions de moyens de communication rudimentaires, bipeurs et talkies-walkies – auxquels la milice chiite libanaise recourait pour se protéger, pensait-elle, des capacités de pénétration des réseaux téléphoniques et des frappes israéliennes –, ont tué une trentaine de personnes et en ont blessé des milliers, au point de saturer le système de santé libanais.
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Il fait peu de doute que ces tentatives d’assassinats s’inscrivent dans la volonté de l’Etat hébreu de restaurer sa capacité de dissuasion après la gifle qu’a constituée, pour ses services de renseignement, le transpercement de la barrière de sécurité bardée d’électronique qui enserrait Gaza, le 7 octobre 2023. Ce fiasco avait ouvert la voie aux pires massacres de civils depuis la création d’Israël et à la capture de 250 otages, dont la moitié est toujours aux mains des miliciens palestiniens.

Ces attaques posent pourtant des questions. La première est de principe. Les bombardements qui ont tué à Gaza des dizaines de milliers de civils palestiniens, justifiés par la seule présence parmi eux de miliciens du Hamas, y compris dans des zones définies par Israël lui-même comme sûres, l’ont déjà esquissée. Ce qui s’est passé au Liban accélère la remise en cause radicale du cadre qui auparavant valait pour la conduite de la guerre, que les Etats, a fortiori lorsqu’ils se rangent parmi les démocraties, sont tenus de respecter.
Escalade incontrôlable

Il s’agit de la distinction entre le civil et le militaire. Les responsables de l’opération n’avaient aucune garantie que les explosions qu’ils allaient déclencher atteindraient bien les possesseurs visés du dispositif piégé, ni qu’elles ne toucheraient pas également des personnes à proximité sans lien aucun avec ces derniers. Procéder ainsi n’emprunte-t-il pas au terrorisme que l’on prétend combattre ?
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La seconde renvoie aux choix tactiques du premier ministre israélien, qui semblait orchestrer, les jours précédents, l’éviction de son ministre de la défense. Ce dernier est un partisan affiché d’un cessez-le-feu à Gaza, qui permettrait le retour des derniers otages israéliens encore vivants. Un cessez-le-feu auquel l’extrême droite, dont dépend la coalition au pouvoir en Israël, est viscéralement opposée.
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En refusant l’apaisement à Gaza que les Etats-Unis tentent vainement d’obtenir, qui enclencherait également une baisse des tensions avec le Hezbollah, Benyamin Nétanyahou donne l’impression de chercher une régionalisation du conflit par tous les moyens. Il sait la supériorité de son armée et peut compter sur le soutien militaire sans réserve que Washington n’a cessé de lui apporter.

Même diminué par la multiplication des assassinats ciblés de ses cadres à laquelle Israël s’est livré depuis des mois, le Hezbollah reste une puissance militaire non étatique de premier plan. L’Iran s’accroche à cet atout en dépit de provocations israéliennes telles que l’assassinat à Téhéran, cet été, du responsable du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Tout cela a conduit jusqu’à présent la milice à des actions calibrées, à l’exception du tir ayant tué en juillet douze enfants et adolescents druzes à Majdal Shams, sur le plateau du Golan syrien annexé unilatéralement par Israël. Pour éviter une escalade incontrôlable, tout devrait être mis en œuvre pour épargner au Proche-Orient une guerre supplémentaire.

ÉDITORIAL. En refusant l’apaisement à Gaza, qui enclencherait également une baisse des tensions avec le Hezbollah libanais, le premier ministre israélien donne l’impression de chercher une régionalisation du conflit par tous les moyens.

Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023 a rédigé en décembre dernier un appel à ONU. Incarcérée dans la prison d’Ev...
19/09/2024

Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023 a rédigé en décembre dernier un appel à ONU. Incarcérée dans la prison d’Evin, à Téhéran, elle demandait au secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et aux représentants de ses États membres de criminaliser l’apartheid de genre. Le texte intitulé « L’apartheid de genre est un crime contre l’humanité » rendu public le 25 janvier a été publié en français dans des médias internationaux en mars.

Elle y donnait une vingtaine d’exemples des sévices que vivaient les femmes dans ce pays. En Iran, une femme ne peut obtenir un passeport ni voyager sans l’autorisation de son père ou son époux. Elles doivent être deux pour égaler le témoignage d’un homme en cours, et la vie d’un homme vaut le double de celle d’une femme.

La journaliste à France 2, Dorothée Olliéric, a affirmé en mars que les Afghanes subissaient aussi un apartheid de genre après s’être rendu une vingtaine de fois dans ce pays. Quelques mois plus t**d, en juin, une jeune Afghane affirmait anonymement devant le Conseil des droits de l’homme à l’ONU que les femmes y étaient considérées comme des esclaves. Fin 2022, le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice a interdit aux Afghanes l’accès aux parcs et aux salles de sport. L’Afghanistan est le seul pays au monde où l’éducation des filles a été interdite après l’école primaire.

C’est cependant la promulgation en fin août d’une loi, de 87 pages en 35 articles pour « promouvoir la vertu et prévenir le vice », interdisant les relations amicales avec les non-musulmans, qui a mis le feu aux poudres. L’essentiel des restrictions de cette loi visait les femmes qui doivent maintenant être accompagnées d’un mâle de leur famille pour se déplacer. La ségrégation entre les sexes est exigée dans la plupart des lieux publics. La voix des femmes ne doit plus être entendue hors de leur domicile.

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a trouvé répugnant cet apartheid de genre. Selon lui, on ne parle plus de rigorisme, mais d’une persécution systématique des femmes. Le rapporteur spécial pour l’Afghanistan du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Richard Bennett, affirme que la situation des femmes et des jeunes filles dans ce pays « était l’une des pires au monde ».

Réponses des talibans

Le chef suprême de l’Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, ne voit naturellement pas les choses de cet œil. Il affirmait en juin 2023 à l’occasion de l’Aïd al-Adha, que les femmes ont été « sauvées de l’oppression » par les talibans, que leur statut d’êtres humains libres et dignes avait été rétabli et que des mesures avaient été prises pour assurer une vie confortable et prospère aux femmes conformément à la charia. « Toutes les institutions ont été obligées d’aider les femmes à faire valoir leurs droits en matière de mariage, d’héritage et d’autres droits », commente le gouvernement afghan.

Les autorités d’Afghanistan ont aussi dénoncé en fin août l’arrogance des Occidentaux qui ont condamné cette nouvelle loi. Elle est « fermement ancrée dans les enseignements islamiques », affirme dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, afghan Zabihullah Moujahid. « Rejeter ces lois sans chercher à les comprendre est, selon nous, une expression d’arrogance », dit-il, soulignant que le fait pour un musulman de critiquer cette loi « pouvait même conduire au déclin de sa foi » et que l’oppression et la force ne seront pas utilisées lors de l’application de ces règles, ce qui devrait être fait avec ménagement, en faisant appel à la compréhension des gens, et en les guidant.

Réactions internationales

La réaction mondiale a été importante. Pas de « réintégration » de l’Afghanistan sans évolution sur les droits des femmes, insiste l’ONU. Pour l’UE, la reconnaissance du régime des taliban par les Européens ne pourra se faire que si Kaboul respecte pleinement ses obligations internationales et envers le peuple d’Afghanistan ». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé à la mi-août que toute amélioration des relations avec les talibans est tributaire des droits des femmes. Actuellement, aucun pays n’a reconnu le gouvernement taliban.

La réaction négative à l’Apartheid de genre vient de partout. Le CIO a contourné le gouvernement taliban lors des Jeux olympiques. En juin, il a annoncé qu’il avait pris des dispositions pour qu’une équipe spéciale de six athlètes représentant l’Afghanistan, à parité entre les hommes et les femmes, se rende aux Jeux olympiques de Paris. Ses membres ont été sélectionnés par le Comité international olympique (CIO) en consultation avec le Comité olympique afghan.

Richard Bennett a demandé en juin aux États membres de l’ONU d’examiner si l’apartheid de genre mis en place par les talibans à l’encontre des femmes pouvait constituer un crime international, tel que le crime contre l’humanité. Cette importante violation des droits humains ne serait pas reconnue par le statut de Rome de la Cour pénale internationale comme un crime international. Il demande donc aux États d’étudier cette question.

Un collectif d’associations et d’ONG demandait aussi le 10 septembre, deux ans après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs pour un voile mal porté, et à l’occasion du deuxième anniversaire du mouvement « Femme, vie, liberté », que la France se donner les moyens de condamner l’Iran. La République islamique s’attaque ces dernières semaines aux femmes et à la société civile, prononçant à la chaine des condamnations à mort. Il y en aurait eu 29 pour le 7 août. Sont entre autres visées la militante féministe Varisheh Moradi, la syndicaliste Sharifeh Mohammadi et la militante des droits humains kurde, Pakhshan Azizi.

Le collectif demande au gouvernement français de mettre en œuvre tous les instruments diplomatiques à sa disposition pour que l’Iran ratifie les conventions internationales abolissant la peine de mort. Il voudrait que la France subordonne au respect des droits humains la poursuite des relations diplomatiques avec l’Iran, qu’elle travaille aussi au plan international pour la reconnaissance et la criminalisation de l’apartheid de genre et que soit facilitée l’obtention des visas humanitaires pour les Iraniens qui trouvent refuge en France. Accorder une protection spéciale aux Afghans qui le demandent est mise de l’avant au niveau mondial. En désespoir de cause, couper l’aide internationale fait aussi partie des possibilités. Cela viendrait cependant avec des risques pour la population afghane, vivant à 80 % sous le seuil de pauvreté.

Il ne semble pas y avoir actuellement de réponse mondiale cohérente à l'Apartheid de genre grandissant que subissent les Afghanes et Iraniennes, (…)

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