08/12/2021
🇪🇹ÉTHIOPIE : L’HISTOIRE ET L’IDENTITÉ DES AFAR. EN FINIR AVEC LE DÉNI HISTORIQUE DES AFAR !
A quelque chose malheur est bon. La victoire militaire des forces armées AFAR, contre la junte militaire du TPLF, ont fait découvrir aux Éthiopiens, le courage, l’héroïsme et la profondeur historique des AFAR, on dirait. Après cette victoire des forces armées AFAR, les AFAR sont considérés avec sympathie et respect par les Éthiopiens, qui découvrent aussi l’importance géostratégique du KILIL AFAR.
Sur le front des promesses et de la reconnaissance, le premier ministre Éthiopien, monsieur ABIY AHMED, a fait un geste plus fort que tous les mots, en visitant le lieu où, les forces armées AFAR avaient vaincu les troupes de la junte du TPLF et en promettant que le projet de la reconstruction, de l’ensemble du KILIL AFAR allait démarrer, pour que le KILIL AFAR, devienne une vitrine de la prospérité.
Le chef du gouvernement Éthiopien, monsieur ABIY AHMED, a également reconnu sur place, « l’héroïsme et l’importance du peuple AFAR et surtout une pièce de l’histoire des AFAR », éclairant rétrospectivement, un pan majeur de l’histoire de notre peuple, jusque-là tenu en marge de l’histoire officielle.
Cette première visite d’un officiel, sur les traces de l’un des fondateurs de la nation AFAR, est assez symbolique pour que l’on distingue, un besoin de restituer aux AFAR, leur histoire complète, longtemps prise en otage par le déni politique, et réduite à une version minimaliste, arbitrairement épurée.
En Éthiopie, une domination coloniale par les armes, n’a pas été possible, parce que les troupes coloniales, ont fait face à une forte résistance locale des combattants AFAR, au point où, ils se sont rendus compte, qu’ils ne pouvaient pas remporter une victoire pour envahir et occuper l’Éthiopie. Nulle part de l’histoire de l’Éthiopie, n’est mentionnée cette résistance et ce sacrifice des AFAR.
Ce besoin, s’il n’est pas illusion ou simple manœuvre opportuniste, vient rejoindre une lame de fond – si bien exprimée lors des combats par les observateurs – qui traverse la société Éthiopienne.
La version officielle de l’histoire de l’Éthiopie et de l’identité AFAR en général, a été écrite à la hâte, au lendemain de la création de l’ensemble Éthiopien, par le clan dominant, et dans laquelle tout était défini, par opposition à l’ennemi colonialiste, à qui on a opposé un ensemble d’éléments, faisant miroir inversé, éléments hypertrophiés par les idéologies dominantes (nationalisme Éthiopien, monarchie et Chrétienté ), à l’exclusion des AFAR, de leur territoire stratégique et de son universalité.
La suite est connue : la limite identitaire et historique a vite fait de produire des crispations, des violences et des ruptures. Un désordre existentiel qu’il convient, aujourd’hui, de réparer, mais à l’abri des considérations actuelles.
Il convient peut-être de s’accorder d’abord sur ce que nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas une réaction chimique aux Tigréens ou aux troupes de la junte du TPLF, ni les inconditionnels des troupes fédérales, encore moins une province lointaine abandonnée suite au naufrage, ni une succursale des puissances étrangères ou de quiconque.
Nos racines sont aussi vieilles, sinon plus, que tous ces mondes auxquels, nous avons été contraints, de nous attacher, à des moments de faiblesse. Nous sommes le berceau de l’Éthiopie et le berceau de l’humanité ! Il ne faudrait pas l’oublier…
Que représentent d’ailleurs ces moments comparés à la profondeur de notre histoire ? La question est davantage adressée aux politiques et à l’élite Éthiopiens, qui ont formulé le déni identitaire et l’ont entretenu depuis des décennies, offrant une cosmogonie en noir et blanc, imprimée sur des manuels scolaires idéologiques, devenus des prisons mentales.
Ce déni historique et identitaire a induit chez les AFAR, un déficit de conscience de soi, et donc de respect de soi et de l’autre, qui ont produit la convoitise de son territoire, l’absence d’investissement dans les infrastructures sociales de base dans le KILIL AFAR, ou encore, des pontes nihilistes, comme les troupes de la junte du TPLF.
Le chemin de la désintoxication identitaire et de la réconciliation avec notre histoire sera long, mais la victoire des forces armées AFAR sonne, on l’espère, la fin de ce temps du reniement.
✍️BOLOCK MOHAMED ABDOU.