13/12/2024
On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie.
Texte et interprétation: Éric Feldman. Mise en scène et collaboration à la dramaturgie: Olivier Veillon. Création lumière et espace scénique: Sallahdyn Khatir. Création sonore et régie générale: Louise Prieur. Durée: 1h20.
Écrit et (formidablement) interprété par le comédien Eric Feldman (né à Paris) et mis en scène par Olivier Veillon (né à Cholet), qui a collaboré à la dramaturgie de la pièce, cet excellent spectacle, seul-en-scène, se situe « entre le théâtre et le stand-up », estime Veillon, mais un « stand-up assis », sourit-il. De fait, l’interprète est la plupart du temps en position assise, hormis les quelques séquences où il chante (fort bien) ou esquisse des pas de danse. Comme dans tout stand-up qui se respecte, Feldman s’adresse directement au public - celui bien réel devant lui et non pas quelque public imaginaire.
Très autobiographique, le texte de la pièce - dans laquelle « tout est très écrit », souligne Feldman - est à la fois drôle et empreint de gravité ; il est léger par moments et profond à d’autres.
Le spectacle est une auto-fiction, mais « plus auto que fiction », s’amuse Feldman.
Intégrant d’innombrables digressions, le texte avance par associations d’idées. Parmi les multiples sujets dont parle le comédien au cours du spectacle, citons - sans être le moins du monde exhaustif ! - les Dix Commandements, les rêves que fait Feldman, son chat, Abel et Caïn, le yoga, le Vide, le service militaire ou encore le su***de (Feldman reconnaît, à ce propos, avoir eu des « pulsions suicidaires »).
L’un des sujets les plus développés au cours du spectacle est la psychanalyse, car Feldman a été psychanalysé pendant « beaucoup d’années ». < Cela m'a sauvé la vie >, dit-il. < Ça fait trois ans que je ne vois plus de psychanalyste et je n’ai plus de crise de déréalisation depuis un moment. Mais un fond dépressif ne m'a jamais vraiment quitté. >
Pour sa part, Veillon pense que les névroses de Feldman sont encore « nombreuses ».
Cependant, le thème central de la pièce est avant tout l’holocauste des juifs pendant la seconde guerre mondiale - « ce qu’on appelle la Shoah », dit Feldman.
Juive ashkénaze, sa famille, parisienne, était originaire de cette Europe de l’Est où l’on parlait le yiddish - « langue parti en fumée », dit Feldman. Il ajoute que son père, sa mère et ses oncles et tantes - tous évoqués au cours du spectacle - ont « miraculeusement » survécu à l’occupation nazie de la France. Feldman parle des « effets traumatiques de la Shoah sur les enfants survivants et sur leurs propres enfants ». < J’essaye d'être drôle (autant qu'on puisse l'être avec un tel sujet) >, dit-il.
Au cours du spectacle, Feldman évoque également Adolf Hi**er (assez longuement), mais aussi des juifs comme, par exemple, le fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud et l’écrivain Isaac Bashevis Singer, ainsi que Gérard Blitz, fondateur du Club Méditerranée (« contre-camp de concentration », selon Feldman) ou encore l’artiste Serge Gainsbourg.
Issu de « trois ou quatre » séances d’improvisation, le texte de la pièce « s’est écrit très vite, sans effort, d’un coup, comme si ça ne demandait qu’à sortir », se souvient Feldman.
(SOURCE : "A2S, PARIS")