26/10/2023
ANALYSE
Déclaration d’une nébuleuse « dynamique citoyenne pour une transition réussie »
A la poursuite du rêve de « Zakiland » !
Les déclarations de soutien au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) se poursuivent et ne se ressemblent pas. Nous avons eu droit à des déclarations des populations des villages, parmi les plus reculés du Niger, mais aussi celles émanant d’individus aux tronches bien connues, au nom de nouvelles structures de la société civile. On découvre de plus en plus un « Cadre de ceci », un « Mouvement de cela », un « Front de patati patata », toujours avec le mot d’ordre de soutien au Général Tiani et au CNSP. On peut voir, derrière le foisonnement de ces structures, l’ombre des partis politiques, dont les activités ont été suspendues après le coup d’Etat du 26 juillet, qui essayent de noyauter les futures institutions de la Transition. A ce jeu, et comme tout le monde le sait, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-Tarraya) du président déchu Bazoum Mohamed, est inclassable.
L’Histoire se répète
On se rappelle encore de la manière dont « les armées » du PNDS-Tarraya avaient été lancées à l’assaut de la démocratie à l’occasion de l’ouverture au multipartisme dans notre pays. Une pléthore de syndicalistes, d’acteurs de la Société Civile, de journalistes et d’étudiants et scolaires qui, en réalité, ne roulaient que pour le parti rose et son gourou Issoufou Mahamadou, était sur tous les fronts. Ces individus, qui avaient fini par faire tomber leurs masques à l’occasion de l’accession au pouvoir du PNDS-Tarraya, l’heure de la récompense ayant sonné, avaient travaillé à l’ombre pour cette formation politique pendant la Conférence Nationale et pendant les régimes civils et militaires de Mahamane Ousmane, de Baré Mainassara et de Tandja Mamadou. Ils avaient, incognito, noyauté toutes les structures pour le besoin de la cause. Tous ces régimes successifs ont été confrontés à des syndicalistes teigneux, à des acteurs de la Société civile hargneux, à une presse aux ordres et à des étudiants manipulés, qui recevaient directement leurs ordres du Présidium du PNDS-Tarraya. Issoufou Sidibé de la CDTN, Hassimou Djibo du SUSAS, Laoual Sayabou de la Société Civile et des mouvements estudiantins et bien d’autres…se servaient de leurs structures pour faire le combat politique du parti et étaient de tous les forums, foras et autres réunions décisives qui engageaient la Nation.
Une déclaration qui se moque de l’intelligence des Nigériens
Cette déclaration saugrenue de cette Dynamique Citoyenne pour une Transition Réussie (DCTR) nous a donné l’impression de revivre les heures sombres de l’Histoire du Niger, dans laquelle les nigériens sont pris pour des moutons qu’on amène à l’abattoir. Regarder Issoufou Sidibé lire une déclaration de soutien au CNSP, entouré d’autres militants connus du PNDS, a été un choc pour beaucoup de citoyens. C’est le summum du manque d’empathie pour un Peuple meurtri par plusieurs années d’inconséquences d’un système qu’ils avaient érigé en modèle de gouvernance. Les voilà, tels des charognards, assis à débiter des mots qu’ils ne pensent même pas, tout en se moquant allègrement de l’intelligence des nigériens, en caressant le rêve d’une rédemption politique qui les feraient revenir au pouvoir. On a entendu ces visages familiers du PNDS annoncer dans leur déclaration : « Depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, qui a mis fin à la 7ème république, le Niger est entré dans une transition militaire pour un retour à l’ordre démocratique. La marche vers l’affirmation de notre souveraineté et de notre dignité est inéluctable avec la ferme détermination du CNSP à rétablir les relations entre notre pays et le reste du monde dans le strict respect de notre identité en tant que peuple souverain et libre de ses choix stratégiques pour son émancipation ». C’était une vraie torture de les entendre continuer en ces termes : « Ce choix nous impose la responsabilité citoyenne de faire face à la résistance complexe du système international bâtit sur les inégalités et les injustices dans la gouvernance mondiale. Nous devons nous affranchir de toutes les difficultés liées à l’isolement de plus en plus avéré de notre pays et à des sanctions inédites imposées à populations qui en paient un lourd tribut, par notre ingéniosité à construire un partenariat sincère et direct avec le monde extérieur ».
Mettre le « holà » !
Nous avions déjà eu droit à un vomi du Comité Exécutif National du PNDS, rendu publique le 15 Septembre 2023, qui désapprouvait et s'opposait à l'intervention militaire de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre le Niger. Ce communiqué, qui bravait la suspension des activités des partis politiques décrétée par le CNSP au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023, visait à rattraper le temps perdu – presque 2 mois - à observer le ciel dans l’espoir de voir le déluge de feu, annoncé par la CEDEAO, s’abattre sur notre pays.
Mais cette ultime tentative de récupération de la lutte pour sa souveraineté du vaillant Peuple du Niger, à travers la déclaration de cette Dynamique Citoyenne pour une Transition Réussie (sic), mérite d’y mettre un « holà ! », car nous savons qu’elle est l’émanation d’un esprit retors qui ne croit qu’aux schémas, à l’image de celui d’Issoufou Mahamadou.
Salou Djibo, le dindon de la farce
En effet, ce sont ces manœuvres souterraines, et bien d’autres, qui nous font penser que l’ancien Président de la République, Issoufou Mahamadou, essaye de reprendre du poil de la bête, après les premiers mois d’atermoiements et d’indécision passés. Car, plus que jamais, ce dernier ne croit qu’en la puissance de sa matière grise pour élaborer des scenarii et tracer des schémas, tel un architecte, au service de ses propres intérêts. Depuis l’avènement de la démocratie au Niger, Issoufou Mahamadou dit « Zaki » (Lion en langue Haoussa) avait toujours cherché les faveurs des juntes à l’origine des coups d’Etat au Niger. Il ne croyait pas à l’organisation d’élections libres et transparentes mais à la puissance de l’argent et au mentorat d’une junte au pouvoir pour gagner des élections à l’issue d’une transition. Il y avait eu, dans son tortueux parcours vers la Présidence, des tentatives de manipulation de chefs de junte qui avaient échoué et des alliances politiques concoctées pour un 2ème tour qui avaient volé en éclat. Tout ça parce que Zaki n’inspirait pas confiance. C’est, quand même, le roi de la jungle ! Seul Salou Djibo était tombé dans le panneau en lui créant un boulevard qui lui a permis d’arriver au pouvoir, enfin, contre la promesse d’un retour d’ascenseur, comme dévoilé par des acteurs politiques de notre pays. Le tombeur du patriote Tandja Mamadou continue, aujourd’hui, de s’en mordre les doigts car le deal, pour lequel il avait trahi la confiance des nigériens, n’avait pas été respecté. Il porte sur sa conscience la responsabilité morale des 12 années de descente aux enfers du Niger et de la mort de son propre parent, Siddo Elhadji, emprisonné injustement pour lui empêcher de faire campagne au titre de son parti politique, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara).
Issoufou Mahamadou, l’homme aux compas
Issoufou Mahamadou voulait le pouvoir à tout prix et était prêt à toutes les concessions pour l’obtenir. Il l’a eu et voulait le garder pour l’éternité, oubliant qu’il n’était qu’un simple mortel. Pour ce faire, il avait passé des longues nuits d’insomnie pour prendre des compas et tracer des schémas pour se maintenir éternellement au pouvoir, pour le bonheur de ses proches, les fils prenant la relève des pères et les petits-fils celle des fils, ainsi de suite, en une cadence dynastique dans un empire qui mériterait de porter le nom de « Zakiland ». Il avait réfléchi à une machinerie huilée, se servant de son expérience d’homme politique au cœur de tous les complots politiques ourdis au Niger, reposant sur quelques stratégies de concassage des partis politiques tous bords confondus, d’installation d’armées étrangères pour dissuader toute velléité de prise de pouvoir par la force, d’annihiler toute menace civile ou militaire, de tester la capacité de la rue à manifester violemment en faisant arrêter Hama Amadou à Niamey…Bref, il avait pensé à tout pour assoir son pouvoir hégémonique sauf...au fait que la surprise viendrait d’un élément de son entourage qu’il croyait corvéable à souhait : le Général de Brigade Abdourahamane Tiani.
Zaki ne s’avoue pas vaincu
La surprise était si grande qu’il avait mis du temps à s’en remettre. Mais là, apparemment, il commence à reprendre du poil de la bête avec ce que nous voyons, notamment la déclaration de cette « dynamique citoyenne pour une transition réussie », qui sert d’antichambre au PNDS-Tarraya, en attendant la reprise des activités des partis politiques. Issoufou Mahamadou renoue avec ses schémas et cette sortie d’Issoufou Sidibé en est la preuve. Mais ceci n’est qu’un petit pan de ses manœuvres pour se refaire une nouvelle virginité politique et, conséquemment, revenir aux affaires en utilisant les énormes moyens financiers dont il dispose. On ne peut même pas imaginer ce qu’il envisagerait de faire du Niger et de son peuple si jamais, par une quelconque osmose, il revenait au pouvoir. La seule certitude qu’il faudrait se mettre à l’esprit, c’est qu’il engagerait des milliers et des milliers de mercenaires de la Légion étrangère française pour sa protection, après avoir fait revenir l’Armée française et adhéré à toutes les exigences de la métropole. Le Niger cessera d’exister avec le retour de Zaki aux affaires ! Les nigériens avertis n’ont pas tracé des schémas pour savoir ce qui arrivait si ce scénario catastrophe se produisait. C’est pourquoi, ils sont vent debout depuis le 26 juillet 2023, date de la vraie indépendance du Niger, pour que justice soit rendue au Peuple nigérien et enterrer définitivement les mauvaises pratiques usitées par le Guri-system personnifié par Issoufou Mahamadou. Messieurs du CNSP et du Gouvernement, la b***e est dans votre camp !
Saïdou Ali