03/01/2025
De gëllene Mann
Yvan
On se souvient de la polémique autour de la Gëlle Fra bis de l’artiste croate Sanja Ive- ković qui détourna l’original de Cito, un hymne à la mort et à la guerre, pour en faire une ode à la vie et à la procréation. Ses dé- tracteurs, feu l’abbé Heiderscheid en tête, réclamaient, une foi n’est pas coutume, son avortement pur et simple. Mais Erna Hen- nicot-Schoepges, à l’époque ministre de la Culture, tint bon et aujourd’hui, quelque vingt ans plus t**d, le rejeton est devenu un fier jeune homme, au teint aussi doré que sa mère, qui part, aux sons de Django et juché sur un escabeau, à l’assaut des nuages pour en prendre la mesure. Jan Fabre, l’ex-en- fant terrible de la scène anversoise, l’a cou- lé dans le bronze et, le temps de la dernière Luxembourg Art Week, l’homme en or s’est installé devant le Grand Théâtre pour me- surer l’incommensurable. Comme Lady Rosa, sa mère, je le trouve admirable, bien dans l’air du temps qui veut scientifiser la poésie, quantifier la qualité et mesurer le plaisir. Melencolia I, l’ange déchu de Dürer qui, tel le soldat rendant les armes, a dépo- sé ses instruments de mesure, pourrait être la vieille marraine triste du jeune homme joyeux qui donne une nouvelle jeunesse aux outils de la mélancolie.