05/09/2024
Le parquet militaire est -il responsable du 7 octobre ?
sources Avi Weiss, Pierre Lurçat, Mabatim André Darmon
Les juristes ont empêché la mobilisation de Tsahal et de l’armée de l’air le 7 octobre
Un des éléments les plus stupéfiants révélés par le journaliste Avi Weiss, rédacteur en chef adjoint du site The Comet, au micro de Galit Ben Horin, est que l’establishment judiciaire a exigé une décision officielle du gouvernement décrétant l’état de guerre, décision qui était en vérité totalement superflue, dès lors que le Premier ministre avait lui-même déclaré que le pays était en guerre dès 11 heures du matin.
Mais l’armée de l’air – comme ses chefs l’avaient répété ad nauseam pendant les mois fatidiques qui ont précédé le 7 octobre – a préféré obéir aux juristes plutôt qu’au gouvernement1.
Où était l’armée de l’air, à l’heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués, pourquoi aucune escouade n’est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs et pourquoi pas un seul avion n’était dans le ciel au-dessus de Gaza ? Des informations rendues publiques la semaine dernière permettent enfin d’apporter une réponse à cette question, qui taraude de nombreux Israéliens depuis le 7 octobre. Selon le scoop diffusé par Avi Weiss, ce sont les juristes du parquet militaire qui ont ret**dé l’entrée en action de l’armée de l’air le 7 octobre.
« Ils ont été les premiers mobilisés », raconte Weiss au micro de Galit ben Horin. « Une centaine de juristes du département du procureur militaire de Tsahal étaient présents à la « Kyria » – la base de l’Etat-major au centre de Tel-Aviv – dès 8 heures du matin, samedi 7 octobre.
Ouzi Dayan général enqui a toujours des contacts avec des officiers supérieurs : 20h30 de cette horrible journée, Ouzi est interviewé par la chaîne 14, qui diffuse « non stop » depuis la matinée. Le journaliste pose la question « où est l’aviation ? », Ouzi Dayan qui est probablement au courant de l’interdiction d’ouverture de feu par la représentante de la conseillère juridique militaire, répond « à cause des problèmes juridiques ».
Du fait de l’absence d’armée autour de la bande Gaza, s’est produite une autre conséquence terrible. Les véhicules des terroristes, chargés d’otages ont pu tranquillement faire plusieurs allers-retours, entre les kibboutzim attaqués et Gaza.
À 11h30 on commence à se rendre compte que la situation sur le terrain est catastrophique. Netanyahou déclare l’état de guerre à la télé. Mais là encore, on fait remarquer au Premier ministre, que seul le gouvernement est habilité à déclarer « l’état de guerre », donc sa déclaration est illégale. Par conséquent, aussi aberrant que cela puisse être, l’aviation obéit aux juristes et non au Premier ministre.
D’ailleurs, il est probable, mais cela reste à prouver, que personne ne met au courant Netanyahou que les juristes interdisent à l’aviation d’intervenir. Depuis des années, l’armée israélienne fonctionne de façon indépendante. Donc, tous les échanges avec les juristes militaires sont considérés comme internes à l’armée et confidentiels, par conséquent nul besoin de tenir les politiques au courant.
Il y a même un dicton concernant l’armée israélienne :
“Ce n’est pas Israël qui possède une armée, mais c’est l’armée qui possède un pays, Israël…”
Pire, la juridiction militaire est inféodée à là la Cour suprême civile. Résultat de fait : Israël se trouve en « dictature juridique », où la Cour Suprême s’érige en pouvoir suprême au-dessus du législateur et d’autres corps constitués, comme l’armée. Netanyahou convoque le gouvernement à une réunion extraordinaire, qui est très houleuse et finalement, vers 20 heures, cette catastrophique journée, l’état de guerre est déclaré, et à partir de là toute la procédure juridique s’enclenche et l’armée passe à l’action, car « l’état de guerre » l’autorise à utiliser ses moyens.
On peut se poser la question : pourquoi aujourd’hui, Netanyahou ne rend-il pas toute cette histoire publique ?
La réponse est toute simple : car il n’en a pas le droit :
– s’il divulgue ce qui s’est réellement passé, alors premièrement il viole la sacro sainte règle de séparation des pouvoirs, (politique vs juridique), d’autant plus que la justice en Israël, de par la loi, est indépendante et souveraine ;
– et deuxièmement, comme tous les événements se sont déroulés au sein de l’armée, ils sont couverts par le secret défense. Donc, s’il rend les événements publics, il risque une condamnation pour divulgation des secrets militaires.
Ehoud Barak, le meneur principal et completement senile des manifestations violentes contre la loi qui devait encadrer le pouvoir de la Cour suprême a dit : « pour conserver la démocratie, qui est incarnée par la Cour suprême, nous devons être prêts à verser des fleuves de sang dans le Yarkon2».
Et voila que tous les idiots utiles, qui naïvement ont suivi les appels d’Ehoud Barak à manifester violemment dans les rues israéliennes, n’auraient pas pu voir, même dans leurs pires cauchemars, que les ignobles déclarations de Barak, se tranformeraient en milliers de morts et blessés et centaines d’otages.
Ce sont de soi-disant « problèmes juridiques » qui ont empêché l’armée de l’air d’intervenir contre les colonnes du Hamas à la frontière de Gaza. Quelques tirs de semonce et bombardements d’avions et d’hélicoptères de combat – présents dans des bases à quelques minutes de Gaza – auraient pourtant suffi à mettre en déroute les soldats du Hamas et leurs supplétifs…
Mais ces tirs n’ont pas eu lieu. Les commandants de l’armée de l’air attendaient le « feu vert » du procureur militaire et de l’échelon juridique de Tsahal, feu vert qui n’est jamais arrivé.
Pourquoi ?
Comme l’explique encore Avi Weiss,
« Il est probable, mais cela reste à prouver, que personne n’a mis au courant Netanyahou que les juristes interdisaient à l’aviation d’intervenir. Depuis des années, l’armée israélienne fonctionne de façon indépendante. Donc, tous les échanges avec les juristes militaires sont considérés comme internes à l’armée et confidentiels, par conséquent nul besoin de tenir les politiques au courant. »
Ce que signifie ce scoop (qui n’a pas été relayé par les grands médias israéliens – alignés sur l’opposition actuelle et pratiquant une information très sélective –) c’est que l’armée de l’air a failli à sa mission essentielle, celle de protéger les frontières et les citoyens d’Israël, pour la raison précise qu’elle n’a pas voulu obéir au gouvernement, préférant attendre les consignes de l’establishment judiciaire…
La réalité sinistre annoncée pendant les longs mois de lutte fratricide contre la réforme judiciaire – celle d’une armée refusant d’obtempérer aux ordres d’un gouvernement considéré comme illégitime – s’est finalement matérialisée le 7 octobre.
Ce sont les citoyens en arme, les policiers et quelques unités d’infanterie et de blindés qui ont sauvé le pays d’une catastrophe encore plus grande, tandis que l’armée de l’air, elle, ne bougeait pas…
Pour conclure – provisoirement – sur ce sujet, j’ajouterai une note personnelle à l’attention des lecteurs opposés à la réforme judiciaire :
Celle-ci, comme il s’avère aujourd’hui de manière tragique, est une nécessité vitale pour que notre pays puisse se défendre contre ses ennemis. L’establishment judiciaire, comme j’ai essayé de le démontrer dans cette série d’articles, a émasculé notre armée et l’a empêché de protéger notre pays. Même en acceptant l’argument contestable2 selon lequel la réforme rendrait Israël moins démocratique, il reste à choisir entre un pays « plus démocratique » mais à la merci de ses ennemis, et un pays « moins démocratique », mais capable de survivre.
1 Remarquons au passage que la déclaration d’état de guerre faite par le Premier ministre est un des exemples classiques illustrant le «pouvoir performatif » du langage, c’est-à-dire la capacité d’énoncer une réalité qui s’auto-réalise dès lors qu’elle est affirmée… Mais dans la nouvelle réalité créée par l’establishment judiciaire en Israël, le pouvoir exécutif a été peu à peu privé de toutes ses prérogatives, y compris celle, cruciale, de déclarer l’état de guerre.