02/04/2024
Un effacement mémoriel qu’il faut éviter à tout prix !
L’extermination d’une société n’est possible que par la destruction de sa mémoire collective et/ou de tous ses membres absolument. Donc Haïti est désormais touchée au cœur: l’hôpital universitaire de l’État haïtien, symbole du secteur de la santé, est vandalisé et est désormais contrôlé par des bandits armés, des écoles patrimoine (Les frères Nau, Saint-Martial…), plusieurs entités facultaires (la faculté d’Agronomie, l’École Normale, Énarts…) sont mis à l’épreuve du feu et du vandalisme y compris bibliothèques et diverses autres structures, berceau de connaissance.
Dans une société où les centres pénitenciers sont effondrés, les hôpitaux et centres de santé, bâtiments universitaires, écoles, bibliothèques, sont ciblés, vandalisés, incendiés et où les lieux de sauvegarde des symboles de la mémoire collective, les pôles mémoriels, sont menacés de pillage et d’incendie, c’est non seulement un effacement de la mémoire collective de cette société qui est visé mais également son humiliation et son extermination.
Les premières démarches de ce projet macabre s’étaient toujours illustrées par le soulèvement continu des Haïtiens les uns contre les autres et le fait d’imprimer chez eux la haine du terroir en y installant le chaos, puis leur déboussolement pour ne s’imaginer vivants et importants que dans l’ailleurs comme Eldorado.
Ce processus s’est accéléré avec un exode rural accru sans précédent durant les vingt-cinq dernières années, engendrant ainsi, sinon la disparition, du moins l’affaiblissement du secteur agricole et paysan. Avec pour conséquence immédiat, entre autres, un éclatement démographique urbain qui va s’accompagner d’une ruée des Haïtiens à la recherche d’un certain confort en République dominicaine, en Amérique latine, aux États-Unis...
Cette menace s’est amplifiée tout au cours de cette ruée fatales, par la fuite graduelle et constante des cerveaux et cadres haïtiens qui s’est accentuée exponentiellement et dangereusement par la mise en place d’un ensemble de programmes facilitant ainsi ces cadres et intellectuels, moteurs supposés du développement du pays, à s’exiler de la Mère Patrie.
Si des Haïtiens sont les premiers responsables et les exécutants de ces actes sinistres qui se déroulent en Haïti, ils n’en sont pas les seuls concepteurs. Il est impossible que cette destruction collective en cours n’ait été pensée que par des nationaux si l’on prend en compte les intérêts en soubassement de ce désir d’anéantissement de masse.
Néanmoins, ce sont des Haïtiens, eux seuls, mercenaires, antinationaux, traîtres, fous et manipulés qui se sont rendus complices par leurs avidités, leur égocentrisme sans borne, qui ont conduit le pays dans cette galère, ce chaos inédit de l’histoire, et qui n’en est, on dirait, qu’au début de son aggravation, s’il faut considérer l’attitude des acteurs nationaux et internationaux par rapport à la détérioration quotidienne de cette anémie sociale et également cette latitude des bandes armées à accomplir leur sale besogne.
Dès lors, que doit-on espérer de l’avenir? Comment arrêter ce dévoiement hémorragique de ce peuple-patrimoine mondial et de son histoire?
Il faut une nouvelle naissance à la Nation et au peuple haïtien. Il faut une nouvelle conscience nationale. Il faut le rapatriement de la souveraineté nationale et le refus du néocolonialisme imposé par l’impérialisme occidental et américain en vue d’ouvrir la voie à la mise en place de nouveaux paradigmes fondés sur une revalorisation identitaire et historique.
Il faut une décision réfléchie du don de soi, l’oubli des intérêts claniques, individuels et une résistance acharnée face à l’enchantement du pouvoir corrupteur et dévastateur, pour s’imbriquer dans une nouvelle démarche de convergence de vues sur le principe de refondation.
Ce sont des idéaux de liberté, de justice sociale, de bonheur collectif qui ont guidé les pas des héros-ancêtres vers le triomphe sur le système d’oppression et d’exploitation mis en place par les blancs-colons patrons dont l’idée aujourd’hui n’est plus d’opprimer et d’exploiter mais d’exterminer.
C’est une volonté résolue, ardue de ne plus jamais se faire Conzé, de ne plus jamais se laisser assujettir, de ne plus jamais trahir la Patrie et les compatriotes partageant le même dévouement à la cause, une volonté exprimée de s’engager de manière collective sans aucune prétention singulière et individuelle, dans un réveil national, une déconstruction mentale et une révolution des idées identitaires affirmées et attachées à notre praxis.
Il y a les risques et dommages naturellement, et c’est inévitable. Il y a aussi tout un processus de sensibilisation et éducationnel impliquant une remise en question de la cognition collective.
Mais dans l’immédiat, le Gouvernement en place doit faire le vide pour sortir de l’aliénation, l’élixir et l’enchantement des avantages pervers du pouvoir politique. Il doit faciliter le processus d’une transition consensuelle, inclusive pour permettre le retour à une situation de normalité relative qui puisse donner le flan et montrer la route à de plus grandes prétentions.
Jackson Joseph pour la nouvelle Haïti ! (2/4/24)