02/09/2023
Cristiano Ronaldo, roi du foot business
Le Portugais qui s'est engagé avec le club d'Al Nassr, en Arabie saoudite, pour un salaire mirobolant a de quoi poursuivre son activité florissante d'un point de vue business, à défaut de rester compétitif sur le plan sportif.
L'incroyable levier des réseaux sociaux
Les fins européennes de non-recevoir et l'engouement oriental convergent vers le même diagnostic : si CR7 touche à la fin de sa compétitivité sportive de haut niveau, il reste bankable sur un plan purement business. Car Cristiano c'est désormais et avant tout une marque très puissante. Le quintuple Ballon d'Or a développé de nombreux partenariats en même temps qu'il a développé son image et sa présence partout dans le monde. Les records en matière de réseaux sociaux ont débuté très tôt. En 2016, Hookit révélait que le nombre de followers du portugais sur les plateformes Facebook, Instagram et Twitter s'établissaient à 200 millions, soit plus que LeBron James, Michael Jordan, Kobe Bryant et Stephen Curry réunis (187 millions au total), et beaucoup plus que la NBA, NFL, MLB, NHL et MLS cumulés (126 millions). Force est de constater qu'il écrasait la concurrence puisque le second athlète le plus suivi du monde, Lionel Messi, comptait alors « que » 122 millions d'abonnés.
De même source, ses 2.3 millions d'interactions et de vues par post toutes plateformes confondues auraient généré une valeur de 1.8 millions $ par publication sponsorisée. Une aubaine pour ses marques partenaires comme Nike, qui n'a pas hésité à signer en 2016 un contrat à vie estimé par Forbes entre 22 et 28 millions $ par an. Evènement rare puisque la marque au swoosh l'avait fait à 2 reprises seulement auparavant : en 2015 avec LeBron James pour 450 millions $ estimés et sans doute déjà amorti (en 2016 uniquement, la ligne de baskets du joueur NBA avait rapporté 400 millions $ à Nike), et dès 1988 avec Michael Jordan portant non pas sur un contrat mais sur une collaboration avec sa marque.
À titre personnel, «El Bicho» tire également parti de sa fidèle et grandissante communauté. La même année 2019, il avait perçu plus de revenus par Instagram que par son contrat avec les Bianconeri. Payé par son club 34 millions de dollars, ses revenus sponsorisés sur la seule plateforme Instagram s'appréciaient à 47.8 millions de dollars, avec une moyenne de 975.000 de dollars touchés par publication. L'aboutissement de la construction de son image, de sa marque et de ses communautés en parallèle d'une carrière sportive déjà bien remplie. En mai 2022, Ronaldo est devenu le premier influenceur au monde, avec plus de 700 millions de followers. Chacun de ses posts sponsorisés sur Instagram est évalué à 2,4 millions de dollars.
Une stratégie de monétisation à la fois rapide et cohérente
Et l'appétit de Cristiano Ronaldo ne s'est pas arrêté là. Dès 2015, il s'associe avec le géant hôtelier portugais Pestana (1.4 milliards $ de chiffre d'affaires) à hauteur de 40 millions $ pour fonder la chaîne Pestana CR7. L'établissement de Funchal, ville de naissance du joueur, adossé à son musée CR7 fut le premier à voir le jour en 2016. Et comme ce garçon ne laisse rien au hasard, aujourd'hui la marque est présente à Lisbonne, ville de son premier club, à Madrid, où il a passé 9 saisons et sur Times Square à New York, qui démontrerait son intérêt pour la Major League Soccer… En début d'année, le complexe de Marrakech s'est rajouté à la liste, et une enseigne à Paris est évoquée de longue date. Au travers de ses autres marques, par ailleurs largement présentes et commercialisées dans ses hôtels, le buteur s'invite dans le quotidien de ses consommateurs : sous-vêtements, chaussures, lunettes, parfums, jeans, couvertures,… le plus souvent sous forme de joint-venture avec des acteurs bien établis dans leur secteur.
Autres secteurs, Cristiano Ronaldo s'est associé avec Rafael Nadal et Paul Gasol dans des restaurants et des projets immobiliers du fonds d'investissement madrilène Marbel Capital. Les deux premiers auraient investi près d'1 million d'euros selon Mundo Deportivo, notamment pour un restaurant haut de gamme «Toto and Tatel» à …Dubaï au Qatar ! Sa coentreprise en matière de salle de sport a aussi donné naissance aux centres CR7 Crunch Fitness, aujourd'hui 13 implantations sur les 100 à 150 annoncés en 2016. Le portugais a également pris une participation de 50% dans l'entreprise Insparya, spécialisée dans la transplantation capillaire et dont l'investissement total serait de l'ordre de 25 millions d'euros. Le groupe possède 10 centres implantés en Espagne, au Portugal et en Italie, dirigés en partie par sa compagne, la mannequin argentino-espagnole Georgina Rodríguez, qui en a été nommée administratrice. Pour finir, le businessman détient une société de location de jet privé. Comptez 3.000 € de l'heure, pour un bénéfice estimé à 1 million d'euros sur l'année 2018.
Difficile de savoir combien coûtent et rapportent ces différentes activités. En tout état de cause, Cristiano Ronaldo semble positionner le pricing de ses marques sur un niveau relativement accessible, laissant supposer qu'il vise une cible assez large correspondant parfaitement au niveau de revenus de ses followers. Cette stratégie de cross-selling permet au joueur d'attirer sa fanbase sportive vers la consommation de ses produits personnels. Une énorme économie de frais d'acquisition de clients pour les marques en capacité de « s'acheter » ce super ambassadeur.
Une chose est certaine, la transition entre sa carrière sportive et sa carrière de businessman a été consciencieusement construite en amont et fait état d'une parfaite cohérence en termes de personal branding. Connu pour être le premier arrivé à l'entraînement et le dernier parti, et pour s'astreindre à une hygiène de vie irréprochable, CR7 a réussi le challenge de monétiser sa puissante marque sans doute mieux que personne jusque-là. Pour une fois, sortons des éternels débats stériles du meilleur joueur du monde ou non, et reconnaissons l'investissement et le professionnalisme qu'il a fallu pour mener de front des carrières sportive et extra-sportive aussi abouties, jusque-là.
Dernier exemple en date, son cliché pour Louis Vuitton, inimaginable il y a quelques années, sur lequel il joue aux échecs aux côtés de son rival de toujours Lionel Messi. Une illustration de la fin de ses intérêts purement sportifs, et de la montée en puissance de ses intérêts purement business. Avec plus de 55 millions de dollars de revenus sponsporing et son nouveau contrat saoudien, Ronaldo réaffirme qu'il est le en plus d'etre roi du foot-Sportive il est aussi du foot business.