08/11/2017
"Les Médaillons Noirs", tel n'aurait pas du s'appeler ce bracelet.
Et tel n'aurait pas du apparaitre ce bracelet. Pourtant c'est bien ainsi qu'il est "sorti" de mes mains.
Le film suit pas à pas la création improvisée de ce bijou, illustration de la maitrise quand elle accepte de ne pas maitriser mais d'accompagner la naissance de l'objet en reconnaissant son autonomie, la dynamique propre de ses harmonies internes, fruit de l'inconscient du bijoutier au travail, de la puissance des matières, et d'un certains savoir faire néanmoins.
Tout part d'un dessin. Mais celui- n'est pas un contrat, comme celui (tacite) qui vaut engagement dans le cas d'une commande. Pour un bijou improvisé il n'est que dessein, engagement dans la création, qui se développe selon ses règles propres.
Le talent du cinéaste, ici, est de savoir s'effacer suffisamment pour laisser le travail se réaliser selon ses impératifs propres sans jamais faire pression par son regard sur l'orfèvre et lapidaire, en sorte de laisser celui-ci avancer en suivant son intuition et les impératifs évidents ou magiques de l'instant. Jean-Paul Dupuis a su, objectif discret et bienveillant comme toujours, laisser le dialogue s'installer entre le créateur et son objet.
C'est le fruit de ce dialogue et du cheminement du dessein à l'objet fini fait de pierre et d'argent, que le film "Les Médaillons Noirs" vous propose de gouter.
Thierry Grave
Octobre 2017