30/06/2023
Giovanni, personnage principal de Vers un avenir radieux, c’est lui et bien lui. Plus encore que dans ses films passés. Dans son rapport au cinéma, bien sûr, mais aussi dans les manies du réalisateur comme dans ses anxiétés et ses doutes. Mais n’essayez pas de le lui faire dire, ou de lui faire reconnaître qu’il s’agit peut-être d’un «film testament», Nanni Moretti a horreur de ça: «Plus le temps passe plus j’aime faire des films, et moins j’aime en parler, dit-il dans son bureau de Monteverde sur les hauteurs de Rome. Cela me rend perplexe de devoir expliquer un film.»
Il est frappant de voir combien l’homme apparaît conforme à sa réputation de sérieux et de caractère entier, un personnage qui se montre volontiers sévère et distant, avec un sens critique hyperaigu prêt à bondir sur la moindre approximation de son interlocuteur. «Un personnage intègre et pur», dit la scénariste Federica Pontremoli qui travaille régulièrement avec lui depuis vingt ans. «On est d’emblée dans la profondeur de son regard sur le monde», confie Gaetano Renda, qui a diffusé son premier long-métrage, Ecce Bombo, dans sa salle d’art et d’essai de Turin en 1978. Pour ce dernier, «cette attitude sévère et distante est avant tout une manière de se mettre en avant comme artiste. Moretti a toujours un point de vue sur les choses, qu’il assène comme des certitudes et qui nous mettent face à nos problèmes».