04/04/2023
👉 𝗤𝗨𝗘𝗟 𝗔𝗣𝗔𝗥𝗧𝗛𝗘𝗜𝗗 𝗘𝗡 𝗜𝗦𝗥𝗔𝗘̈𝗟 ?
par Mariane Riss & Fabrice Nordmann - 04/04/23
Pour la deuxième fois en neuf mois, des députés des quatre partis de la NUPES déposent à l’Assemblée Nationale un projet de résolution ouvertement antisémite (on y parle de « groupe ethnique ») sur Israël, qualifié de « régime d’apartheid »
Pourtant, les critiques avaient été vives lors de la première proposition. Certains signataires s’étaient même retirés. Au même moment, Amnesty International publie son rapport 2022-2023, dans lequel Israël est, comme dans les précédents rapports, associé à l’apartheid, sans qu’AI estime nécessaire de justifier ce terme.
Peu importe que cela atténue l’horreur qu’a constitué l’apartheid en Afrique du Sud, cette stratégie du rabâchage porte ses fruits. Depuis la conférence de l’ONU de Durban en 2001, où l’affirmation qu’Israël était un régime d’apartheid avait fait un tollé et conduit à l’échec de la conférence, à aujourd’hui où Amnesty International peut répéter cette contre-vérité sans que personne ne réagisse plus, on voit le chemin parcouru !
𝗠𝗮𝗶𝘀 𝗮𝘂 𝗳𝗮𝗶𝘁, 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗜𝘀𝗿𝗮𝗲̈𝗹 𝗻’𝗲𝘀𝘁-𝗶𝗹 𝗽𝗮𝘀 𝘂𝗻 𝗿𝗲́𝗴𝗶𝗺𝗲 𝗱’𝗮𝗽𝗮𝗿𝘁𝗵𝗲𝗶𝗱 ?
L’apartheid, aboli en 1991 en Afrique du Sud consistait à une séparation LÉGALE entre les citoyens en fonction de leur couleur de peau. Les citoyens étaient inégaux devant la loi. Tel n’est pas le cas en Israël, et c’est même le fondement de la déclaration d’indépendance, texte ayant la plus grande valeur juridique en l’absence de constitution
« 𝘓'𝘌́𝘵𝘢𝘵 𝘥'𝘐𝘴𝘳𝘢𝘦̈𝘭 𝘴𝘦𝘳𝘢 𝘧𝘰𝘯𝘥𝘦́ 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘦́𝘤𝘦𝘱𝘵𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘪𝘤𝘦, 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘭𝘪𝘣𝘦𝘳𝘵𝘦́ 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘱𝘢𝘪𝘹 𝘲𝘶'𝘰𝘯𝘵 𝘦𝘯𝘴𝘦𝘪𝘨𝘯𝘦́𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘩𝘦̀𝘵𝘦𝘴 𝘩𝘦́𝘣𝘳𝘦𝘶𝘹. 𝘐𝘭 𝘦́𝘵𝘢𝘣𝘭𝘪𝘳𝘢 𝘶𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘭𝘦̀𝘵𝘦 𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵𝘴 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘪𝘵𝘰𝘺𝘦𝘯𝘴 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘥𝘪𝘴𝘵𝘪𝘯𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘳𝘢𝘤𝘦, 𝘥𝘦 𝘧𝘰𝘪 𝘯𝘪 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘹𝘦, 𝘦𝘵 𝘨𝘢𝘳𝘢𝘯𝘵𝘪𝘳𝘢 𝘭𝘢 𝘱𝘭𝘦𝘪𝘯𝘦 𝘭𝘪𝘣𝘦𝘳𝘵𝘦́ 𝘥𝘦 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘦, 𝘭'𝘦́𝘥𝘶𝘤𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘴. 𝘐𝘭 𝘨𝘢𝘳𝘢𝘯𝘵𝘪𝘳𝘢 𝘭𝘦 𝘤𝘢𝘳𝘢𝘤𝘵𝘦̀𝘳𝘦 𝘴𝘢𝘤𝘳𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭'𝘪𝘯𝘷𝘪𝘰𝘭𝘢𝘣𝘪𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘥𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘦𝘶𝘹 𝘴𝘢𝘪𝘯𝘵𝘴 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘳𝘦𝘭𝘪𝘨𝘪𝘰𝘯𝘴. 𝘐𝘭 𝘴𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘧𝘰𝘳𝘮𝘦𝘳𝘢 𝘢𝘶𝘹 𝘱𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘩𝘢𝘳𝘵𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘕𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘜𝘯𝘪𝘦𝘴. »
Tous les citoyens ont donc le droit de vote (nous parlerons du cas de Jérusalem ci-après). Le choix de certains arabes israéliens de boycotter les dernières élections, et ainsi d’être sous-représentés à la Knesset, n’est donc pas imputable à la loi.
En revanche, un citoyen français pourra être surpris de découvrir qu’il existe en effet des tribunaux distincts par religion pour certaines affaires civiles comme le mariage. D’un point de vue jacobin, c’est tout à fait incongru, mais à nouveau cela ne constitue pas un apartheid. De semblables tribunaux existent au Royaume-Uni. Ce système a été élaboré pour respecter les différentes cultures.*
C’est un marqueur d’une société organisée en communautés, ce qui est bien le cas d’Israël. Dans un Etat fondé il y a moins d’un siècle avec des citoyens d’origines, de religions et de langues différentes, c’était la condition de la coexistence.
Tout Etat communautaire engendre à un niveau ou à un autre des différences. Savez-vous que le code de la route est différent entre la Wallonie et la Flandre ?
Un exemple souvent cité comme discriminatoire est l’inégalité devant le service militaire, dont les citoyens arabes - comme d’ailleurs les juifs religieux - sont exemptés bien qu’ils soient libres de l’effectuer. Or ce sont les représentants de la communauté arabe qui ont refusé la fin de cette exemption (2012).
Un autre argument concerne le niveau d’investissement de l’Etat dans les villes majoritairement peuplées d’arabes, qui est moindre que dans d’autres territoires.
Là encore, c’est un fait que l’on peut regretter et critiquer, mais le sous-investissement en Seine-Saint-Denis par rapport à Paris VIIème fait-il de la France un État d’apartheid ? C’est une injustice politique mais qui n’est pas inscrite dans la loi et qui pourrait évoluer avec un autre gouvernement. D’ailleurs, en 2021, un plan très important (Khumash) était reconduit, et prévoyait 9,4 milliards de shekels (2,3 Mds Euros) sur 5 ans pour l’amélioration des conditions de vie dans les villes arabes (santé, éducation…)
En somme, toute différence - certes critiquable - est interprétée pour le cas d’Israël comme une preuve d’un régime d’apartheid, alors qu’il s’agit de pratiques et d’usages qui ne relèvent pas d’une législation discriminatoire.
Autrement dit : on peut constater un certain racisme dans la société israélienne (qui d’ailleurs ne s’arrête pas aux musulmans mais concerne aussi les juifs de toutes origines, les russes, puis les éthiopiens…) sans pour autant faire l’amalgame avec un régime qui légaliserait ce racisme.
Mais le plus fallacieux des arguments porte sur les Palestiniens de Cisjordanie, dont les tenants de “l’apartheid israélien” considèrent qu’ils devaient avoir les mêmes droits que les israéliens. Or, justement, et comme ils sont les premiers à le rappeler, la Cisjordanie n’est pas Israël, c’est un territoire occupé. Quelle logique pourrait conduire à ce que des habitants d’un territoire étranger puissent être soumis au droit israélien ?
Reste le cas de Jérusalem-Est annexée (et non seulement occupée), dont le BDS répète que les habitants n’ont pas la citoyenneté israélienne, situation qui serait la plus proche d’un apartheid (deux lois différentes). Or ils ont droit à cette nationalité mais peu la demandent (environ 5%), les autres la refusent, ce qui peut se comprendre dans le cas d’une annexion. Les Palestiniens (donc non israéliens mais résidents) ont malgré tout le droit de vote aux élections municipales.
𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗼𝗻 𝗹’𝗮 𝘃𝘂, 𝗹𝗮 𝘀𝗶𝘁𝘂𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲𝘀 𝗮𝗿𝗮𝗯𝗲𝘀 𝗶𝘀𝗿𝗮𝗲́𝗹𝗶𝗲𝗻𝘀 𝗲𝘀𝘁 𝗹𝗮𝗿𝗴𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗿𝗶𝘁𝗶𝗾𝘂𝗮𝗯𝗹𝗲, 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿 𝗱’𝗮𝗽𝗮𝗿𝘁𝗵𝗲𝗶𝗱 𝗻𝘂𝗶𝘁 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗰𝗮𝘂𝘀𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗹’𝗼𝗻 𝗽𝗿𝗲́𝘁𝗲𝗻𝗱 𝗱𝗲́𝗳𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲, 𝗮𝗶𝗻𝘀𝗶 𝗾𝘂’𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗺𝗲́𝗺𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗰𝘁𝗶𝗺𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝘀𝗲𝘂𝗹 𝗮𝗽𝗿𝗮𝘁𝗵𝗲𝗶𝗱, 𝗰𝗲𝗹𝘂𝗶 𝗱’𝗔𝗳𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝘂 𝗦𝘂𝗱.
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*https://www.lalibre.be/international/2016/11/13/la-charia-appliquee-au-royaume-uni-cest-le-cas-depuis-1982-VKRLSJTA6ZF63KZCJH32H7JHXM/
plus de références sur le site de LaCheuille de Fou :
https://wwwlacheuilledefou.com/2023/04/quel-apartheid-en-israel/