21/06/2024
En 2008 quand j'étais en Argentine j'ai passé 8 mois à plonger dans la crise du subprime avant qu'elle n'arrive en france. En 2008 j'ai publié 25 articles sur mon blog pour alerter de cette finance devenue f***e et de la fin de notre système capitalistique trop fragile.
Genre ça : https://blog.etiennehayem.fr/2008/07/09/article-21099359/ ou ça https://blog.etiennehayem.fr/2008/07/16/article-21290780/
Passant de la finance aux grands organismes qui régissent ce monde : banque mondiale, FMI, trilatérale, j'ai plongé ensuite dans les regroupements de riches et de puissants : G8, bilderberg, illuminati avec au passage une espèce de certitude que des gens se concertent et s'organisent pour conquérir, appauvrir l'autre moitié de l'humanité pour leur enrichissement personnel. Un p'tit léger côté conspi & parano.
J'ai décidé de faire mon mémoire sur l'avenir des croissances énergétiques et environnementales d'ici 2030 pour voir entre le CO2 et les barils de pétrole, comment on allait faire notre transition d'une société énergivore et polluante (& concentratrice de richesses) vers autre chose de plus cool, pour nous, pour la planète et pour nos enfants. (lisible ici : https://blog.etiennehayem.fr/mon-memoire-de-recherche/ )
Je voulais faire l'économie aussi mais ça faisait trop.
J'en ai pondu des articles pour dire ce qu'il fallait faire...
par exemple "les règles du citoyen du nouveau monde" : https://blog.etiennehayem.fr/2008/07/06/article-21038289/
J'ai vu la fin de la partie du jeu capitalistique au fur et à mesure que le subprime pétait tout, que les plus gros piliers de l'économie américaine s'effondraient et que les politiques européens changeaient les règles pour sauver les banques. J'ai vu internet et son pouvoir et j'ai vu l'évolution des rapports de force entre des pyramides de pouvoir et des réseaux horizontaux.
Obnubilé par ces questions je ne dormais plus. Excité par l'excitation de voir se vérifier ce que je sentais au fond de moi : j'étais en transe dans un cycle infini : hypothèse, recherche, validation, bonus, repeat. Mon cerveau a pris le dessus et a gagné. Le monde allait mal et je le savais et j'avais raison. Mais comme il y avait les méchants riches qui contrôlent le monde, j'ai vrillé. Il fallait que je lutte contre eux. J'ai eu peur. J'ai encore vrillé. Ils avaient déjà gagné, les tendances étaient solides.
Loin de mon pays, de ma famille, il n'y avait plus de garde fou à ma plongée.
J'ai perdu l'équilibre. J'ai touché le fond. Comme un fou avec un carnet, je griffonnais pour trouver la solution à cette équation magique : comment sauver le monde. Moitié Einstein, moitié flippé pour ma pomme, il me fallait le E=MC2 pour revenir confiant dans l'avenir de l'humanité. Tant par rapport au réchauffement climatique, que pour le partage des richesses que pour inverser le pouvoir des lobbys là où se votent les lois. Bref, comment allait on survivre à long terme sur cette planète?
La réponse N°1, c'était prendre la guitare et sortir de l'ordi. Jouer creep et chanter. Vibrer, être dans mon corps, dans le chant, dans l'expression, comme une toute petite bouée de sauvetage, cette chanson m'a permis de respirer dans la traversée de ma marée noire.
Et puis, flippé par ces réseaux de pouvoir, et devenu parano, j'étais sûr qu'ils allaient venir me chercher. Vu que j'écrivais sur internet qu'ils contrôlaient tout (un peu avant Snowden), je me disais que vu que je dénonçais le système, j'allais être fiché, repéré, tracké, empêché. Je suis passé sous linux.. et je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne à me défendre.
Tout en griffonant sur mon cahier, je me demandais ce qui merdait dans l'équation, les réponses vinrent par grappe :
d'abord c'était le temps. Tout ce que je faisais était bien mais je le faisais trop vite, je ne laissais pas le temps à mon corps de respirer, mon cerveau allait trop vite pour mon corps. Mon oncle avait vrillé rain man et mon père était mort d'un infarctus. Le chemin était bordé par les hommes hayems et il fallait que je ne m'écarte pas du chemin, ni trop à gauche, ni trop à droite, j'en déduis qu'il fallait que je respire, que je ralentisse et que je réduise la vitesse sans perdre le cap.
Ensuite, c'était l'équilibre, trop de cerveau, pas assez de corps. Pour que mon cerveau continue, il me fallait prendre soin de mon corps. Mieux prendre soin de mon corps. Donc déjà manger. Et puis après pourquoi pas faire du yoga ou manger des légumes. Et là je suis tombé sur tout ce que j'avais étiqueté comme de la m***e. Pour être stylé, pour être différent, pour qu'on me remarque, pour exister. Tout ce que enfant, j'avais vu et les gens disaient wouah c'est trop bien, c'est trop bon, et moi, pour exister, je disais "non, c'est c**a", je jugeais et je me trouvais stylé là-dedans. Et là dans ma tête, j'ai fait reset.
J'ai défragmenté mon dur et j'ai mis une nouvelle règle : "avant de juger, vis-le". Tu veux juger le yoga et les végétariens : OK. Mais d'abord va tester.
Je me suis demandé quel métier faire pour ne pas être le problème à ma solution, d'après mes ambitions de ne pas défoncer la planète, il restait jardinier ou moine. J'ai pensé au Dalaï Lama, à sa soi-disant équanimité et je me suis demandé si c'était ça l'objectif?
Convaincu que les énergies existaient, que tigre & dragon, c'était possible, je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne à me défendre. Mon chemin m'a mené d'abord vers un homme clé : celui qui faisait les smoothies au 13ème étage de la tour Belgrano à Buenos Aires. C'était mon rayon de soleil. Il était là et il vendait des smoothies d'un demi-litre pour pas très cher. Au milieu de ma vie junkfood, il était comme un vendeur de calices dans toutes mes calories. Je lui ai demandé pourquoi il était là.
Il avait parcouru les mers, travaillé dans l'armée, fait plus de 150 pays et il avait fini ici, à buenos aires, dans l'université Belgrano à vendre des smoothies. Je lui ai demandé comment apprendre à me défendre, je crois que je cherchais une sorte de taïchi. A la manière des personnages de quête, il m'a fait avancer d'une case.
Je me retrouve chez des chinois, à buenos aires pour leur partager ma théorie sur l'effondrement du monde. J'ai débranché la batterie de mon téléphone car je ne veux pas être pisté, dans la rue, je mets ma capuche. Sait-on jamais. Ils me disent de respirer, qu'on a le temps. C'est cette vieille dame qui sort de la cuisine qui me parle. Elle parle en mandarin. Elle est traduite par sa nièce en espagnol. Quand je la regarde dans les yeux, je crois que je n'ai plus besoin de la traduction. Quand je la regarde et que je me connecte à elle, je sais à peu près ce qu'elle va dire. La traduction arrive après, en espagnol. Mais je sais déjà.
Elle est mon oracle.
Elle me dit que eux aussi ils ont vu qu'il y avait baucoup de crises et qu'on vit une époque de changement et elle me parle d'une sorte de dieu enfin pas un dieu genre Super-Jésus, mais un dieu genre "La Vie". Et là.... je me dis oups. Je suis à l'autre bout de la planète, je suis fragile, j'ai vrillé, ma famille est loin, tous mes repères sont niqués, je suis tombé dans une secte. Mais ça clignote dans ma tête "avant de juger, vis le, avant de juger, vis le". Alors, hmm.. je respire, je les regarde, ils sont plutôt sympas tous ces chinois de buenos aires, je me sens bien avec eux et je me dis, eh bah écoute bien ce qui vont te dire et garde le cerveau et le détecteur de c**a bien allumé mon gars, mais ouvre, teste, essaye. Goûte la cette betterave avant de dire que tu n'aimes pas.
Et je les écoute. Et elle me parle du visible et de l'invisible, du plein et du vide. C'est parce qu'il y a des portes et des fenêtres à la maison qu'on peut y rentrer. Il n'y a pas que les murs et le toit. Il y a le creux, il y a l'espace dedans. Pour moi qui ait grandit dans un monde matérialiste, scientifique, rigoureux, matière, preuve, ça clignote encore de tous les côtés. Je viens de rencontrer le Tao et plutôt qu'un dieu barbu, et pourtant y en a des vieux barbus taoïstes, j'ai là un logiciel de spiritualité acceptable pour mon anti-virus. Je l'adopte en période d'essai en gardant les niveaux de sécu bien haut pour le début pour pas me faire niquer.
Quelques semaines après je me fais baptiser dans une église chrétienne octogonale par un gars chelou que j'ai rencontré dans un cours de taïchi dans un parc. Je suis végétarien, j'ai arrêté de boire, de fumer, je marche pieds nus dans la rue en jonglant, je revis. Baptiser à rien, à tout. Baptiser à moi. Baptiser à me dire : ici je crois qu'il y a bien du vide et du plein, une vie qui déborde mon cerveau, quelque chose de plus grand. Ici à buenos aires, dans cet état où je suis, ça ne fait aucun doute. Mais quand je rentrerai à paris, avec ma famille, mes amis, que restera-t-il?
Alors pour me rappeler quand je rentrerai, pour me souvenir, pour être sûr que j'avais pas vrillé, pour être sûr que j'étais sûr : je l'ancre. Comme un point de sauvegarde temporel avec moi même, j'ai demandé à ce gars que je ne connaissais pas de me faire une cérémonie pipo pour dire que ce jour là, à cette heure là, dans cette église là, pour moi il n'y avait aucun doute que je faisais partie d'un processus vivant plus grand que moi qui a une conscience, une direction, ce jour là, je l'appelais Tao.
On a créé notre rituel au pif, dans l'église, il y avait déjà une cérémonie de baptème chrétien. Nous on a juste fait les 8 colonnes, je me suis incliné et hop là, point de sauvegarde validé.
Ce jour là, à cette heure là, dans ce pays, avec cet homme que j'avais rencontré un peu plus tôt, j'ai acté que j'avais la Foi. Une Foi, ma Foi. J'ai commencé à croire. Bon toujours en période d'essai, mais quand même une période d'essai déjà bien convaincante.
Je me sentais mieux, l'état du monde ne m'intéressait plus beaucoup, j'avais envie de sortir, de jongler, de faire de la musique, de voir du monde, bref d'être dans la vie.
Et que faire de cette tempête de crises à venir : climatiques, sociales, économiques.. démocratiques?
Continuer mon mémoire, apprendre, discuter, partager, mais tout en gardant l'équilibre : mon corps, mon esprit, les légumes.
Que faire de cet argent de l'héritage de mon père? Avec tout ce que j'avais lu sur le capitalisme et à la vitesse à laquelle l'économie s'effondrait? J'ai choisi de l'investir en moi. De me former, à respirer, à l'intelligence collective, j'ai payé pour travailler sur les monnaies complémentaires, convaincu que la monnaie était un des noeuds vitaux du système. Plus exactement les règles de la monnaie dans le système capitaliste. Plus exactement le taux d'intérêt positif dans le processus de création monétaire.
Bref investir en moi dans toutes ces pratiques qui me font du bien et dont on aura tant besoin pour être bien, pour cette transition, pour traverser les crises.
J'ai mis cet argent en moi pour être bien solide, ancré quand les inondations s'intensifieraient, quand les vagues augmenteraient, quand les secousses augmenteraient, quand le système commencerait à se dysloquer.
Je me suis spécialisé sur les monnaies complémentaires, puis engagé en politique... et j'ai fais du zig-zag entre l'intérieur et l'extérieur.
On y est. C'était il y a 16 ans, j'avais 24 ans.
Dans une lune, j'en aurai 40.
Je suis prêt. Je suis déterminé, je suis là.
Agir en politique, agir dans le monde.
Agir en moi, prendre soin de moi, de ma famille, de mon village.
Respirer, revenir à mon centre.
Confiance en moi, confiance en la Vie.
Ca fait 16 ans que je mets à jour mon logiciel de spiritualité et les plug-ins de croyances fournis avec.
J'ai confiance en nous, en la période qui est là et en notre capacité à créer notre futur.
Merci pour ce présent.
Ami spirituel : VA VOTER ! méditer c'est bien, voter c'est bien aussi !
Ami matérialiste : Va VOTER ! et t'iras au temple plus t**d ;)