30/11/2023
"L’autre, ce coupable idéal, pour nous libérer de ce dont nous ne pouvions accoucher seul"
Faire de l’autre le coupable de cette douleur qui nous traverse est le piège qui se referme sur nous, quand, refusant de vivre pleinement cette émotion présente depuis toujours, notre inconscient nous fait choisir les relations (amicales, amoureuses, thérapeutiques, etc.) qui la réveillent.
Cet autre vers qui, quand il n’est pas un de nos parents, l’emotion refoulée nous a dirigé, en l’idéalisant afin de revivre plus intensément ce qui appelait à être extériorisé, libéré, accouché, depuis toujours.
Touchés précisément à l’endroit de la blessure que nous avons placé au centre de la relation — comme un trophée, si imposant qu’il devient impossible pour cet autre de ne pas marcher dessus — nous faisons de cet autre le coupable, dont nous transformons les mots et les actes en autant de poignards pour rouvrir nos blessures. L’enjeu inconscient étant de revivre des émotions qui, contrairement à ce que nous prétendions vouloir, appelaient à être contactées pour être libérées, transcendées, guéries.
Le mal est fait, la douleur inacceptable est enfin contactée, et nous tentons de justifier cette douleur, pourtant tapie dans tous nos comportements, par les mots ou les actes de cet autre, alors si irrespectueux de cet enfant intérieur que nous lui avons confié à pleines mains, et qu’il n’a pourtant jamais demandé.
Un pas de plus sur le chemin de la guérison, qui part de Soi, passe par le moi, et mène, au final, à Soi. La guérison s’il en est, passe par la ré-appropriation de notre responsabilité, dans la construction des dynamiques relationnelles, dont nous tenterons de nous sortir vainqueurs, à l’aide d’une narration accusatrice. Le pouvoir est alors, une nouvelle fois, placé à l’extérieur de nous. Et nous pouvons revivre cette émotion qui à tellement besoin de sortir, en remontant à la conscience.
Le principal écueil qui se présente sur notre chemin de guérison est le contournement des émotions, en élaborant des narrations. En plaquant sur nos émotions plus de signification intellectuelle, que de présence ou de sensation. Nous voilà à vouloir « comprendre ». A accuser et déplorer, plus que de découvrir et embrasser notre rôle central dans l’accouchement, libérateur, de notre propre blessure originelle.
Retiens ceci : Tout ce qui se révèle souffrant en présence de l’Amour, est ce qui appelle à être purifié par lui."
Stephan Schillinger