26/07/2024
Proud !
Chronique parue sur 442ème Rue - fanzine n°148 - Mercredi 3 juillet 2024 :
"R'n'C's : Flytrap in the murderhouse (CD, Trauma Social/Fly
House Records/Crashtaste 666)
Un nouvel album de R'n'C's, c'est tout l'inverse de la boîte de
chocolats de Forrest Gump. Avec R'n'C's, on sait sur quoi on va
tomber, c'est d'ailleurs ce qui en fait tout l'intérêt. Avec R'n'C's, jamais de mauvaise surprise, on sait que leurs disques vont nous faire oublier le bagne industriel qui fait notre quotidien, du moins pour les moins favorisés d'entre nous, ceux qui triment à l'usine pour des cacahuètes, mais la variante bagne open space marche aussi pour ceux qui restent le nez rivé sur leur écran d'ordinateur huit heures par jour, moins les pauses p**i et les pauses clope. Et ce nouvel album, leur septième en un peu plus de vingt ans, ne déroge pas à la règle, banane assurée dès la première écoute et plongée en apnée tout au long de ses vingt-cinq minutes de combat acharné contre une mouche pugnace et agaçante autant que virtuelle. En même temps, essayer de dézinguer un drosophile, réputé radiorésistant, à coups d'accords de guitare et de roulements de tambours, c'était peut-être un chouia présomptueux, je comprends qu'au bout d'à peine une demi-heure, la mouche soit encore en train de vous narguer en voletant avec morgue. Heureusement, pour nous, auditeurs lambdas, point de diptère à l'horizon. En tout cas, pas chez moi, maintenant, si vous conservez le cadavre du dernier inconscient qui soit venu toquer à votre porte pour tenter de vous vendre un parc entier de pompes à chaleur derrière votre canapé, je conçois que vous puissiez être un tantinet importuné par les bourdonnements intempestifs de votre petit élevage particulier de musca domestica. Vous n'êtes pas raisonnables non plus. Pour ce qui est de R'n'C's, les Orléanais
nous avoinent leur habituelle dose de fast power rock'n'roll à but
non lucratif, du genre capable de cimenter un viaduc autoroutier ou
étançonner un tunnel alpin, en mode plus rapide que les esclaves peu motivés d'une entreprise de BTP et largement aussi efficace. C'est bien simple, le temps d'un seul de leurs morceaux, qui dépassent rarement les deux minutes, établissant même leurs records plutôt plus près d'une unique unité temporelle, nos trois maçons vous montent une section entière d'une prison de haute sécurité. Ça doit être pour ça, j'imagine, qu'ils se frottent, en fin d'album, à une reprise fortifiée de "Folsom prison blues", devenue, sous leurs médiators "Folsom prison rock", élégante façon de nous faire comprendre qu'ils ne sont pas là pour nous caresser dans le sens du poil, ou alors à la brosse métallique. C'est ça qu'est bon !"
Beast Records
Fly-House Records