29/01/2025
Les entrepreneurs de la haine
Par DEMBA NDIAYE
Le Fouta serait donc meurtri parce que victime d’une persécution ethnique, voire ethniciste de la part du nouveau régime qui appliquerait contre les « Hal Pulaar », la justice dite des vainqueurs. Et pourquoi cette sordide chasse à d’innocentes sorcières dont le seul tort serait, oh suprême faute de naissance, donc d’être nées pulaar dans le fier Fouta ? Foutaises !
Les « Hal Pulaar » encore moins les foutankobés ne sont victimes d’aucune chasse, sinon celle des chasseurs de primes d’hier qui ont vu leur marché de rapines si florissant hier, imploser le 24 mars dernier sous la bourrasque populaire, toutes ethnies confondues, contre les rapines des prédateurs de la Galaxie Mackyste à jamais anéantie. Celui qu’ils veulent ériger en héros d’un Fouta qui serait méprisé, persécuté, ostracisé, n’est en réalité qu’une grosse sangsue qui a prospéré dans la nasse d’une gouvernance dont le trait distinctif était la prédation dans tous les domaines : financiers, fonciers, immobiliers. C’est tout !
NI ROBIN DES BOIS NI ZORO…
Monsieur le député Farba Ngom est loin de vêtir les nobles habits des preux voleurs des riches pour distribuer aux pauvres. Ces voleurs sympathiques sont entrés dans le roman social européen et mexicain grâce à leurs actes que sans doute la Justice réprouve, mais que la masse des laissés pour comptes par les fortunés de ces temps-là, les riches paysans et autres grands affairistes, en ont fait leurs héros, voire leurs sauveurs. Ils leur permettaient de survivre en délestant les riches de leurs trop-pleins de rapines accumulées. Or chez nous, nos prédateurs se sont spécialisés dans la rapine et la captation des biens publics destinés justement aux plus démunis, dont justement le Fouta que tous les régimes ont usé comme d’une serpillière et jeté après usage. Ce sont des spécialistes du ruissellement social comme poudre jetée aux yeux de ceux à qui justement ces ressources étaient destinées. Des amis, intellectuels de surcroît, tiennent ce discours hallucinant : d’accord il (détourne sans doute) mais il distribue beaucoup aux parents du Fouta. Voilà donc des bienfaits : on vole l’argent des pauvres et on en redistribue une (infime) partie à des masses populaires qui tirent le diable par la queue à longueur d’année, en échange de bulletins de voter pour ériger des « titres fonciers » usurpés. Quelqu’un a dit, il faut être juste avant d’être généreux. Surtout avec l’argent des autres, du peuple…
«LAWOL» ET «REWDÉ E LAWOL»
C’est mon ami Buuba Diop, historien, égyptologue et antaïste devant l’Éternel, qui un soir de l’année 2021, au cours de discussions sur la Justice, m’a dit : « Tu sais que la Justice en pulaar se dit Lawol, le chemin, la route, de la droiture. Et semble-t-il aussi comme en égyptologie. Lawol donc ! Le chemin, la route, de la droiture. « Rewdé e lawol » suivre le chemin, le bon, le droit, qui ne zigzague pas dans les voies obscures, les chemins qu’empruntent les délinquants qui cherchent à se soustraire de la Justice, du droit chemin, de la morale sociale… Et le Fouta de Thierno Souleymane Baal et de Cheikh Oumar Foutiyou Tall ne peut s’accommoder de l’image de fils de « woudiobés » (voleurs). Ceux des « Hal Pulaar » du Fouta et d’ailleurs, disciples du fondateur de la première constitution démocratique du monde moderne, celui-là même qui enseignait d’éloigner de la gestion du pouvoir ceux dont les mains ne sont pas propres et qui ont des problèmes avec les deniers publics. Ceux qui, par posture et proximité politique avec la hiérarchie étatique, deviennent riches comme Crésus. Et que la Justice, Lawol, voudrait bien en connaitre l’origine. Il n’y a ni persécution d’une ethnie, ni un quelconque harcèlement d’un « pauvre » griot de son état. Et de son (ex) Président.
LA FABRICATION D’UN MYTHE SOCIAL
Les mythes se fabriquent. Par des histoires contées au coin du feu et depuis l’ère de la communication de masse et technologique, ces histoires racontées pour créer un récit social d’acceptation par les pauvres notamment, ont pris des dimensions de fables. Ainsi, l’histoire du député Farba, celle de son ascension sociale, sa fortune réelle ou fantasmée, son entregent au cœur de l’Etat-Apr, dans les profondeurs nauséabondes de la gouvernance de l’exilé de Marrakech, ses pouvoirs maléfiques et miraculeux de faire et de défaire des carrières, de briser des destins si le monarque le souhaite. Ainsi, l’histoire de l’homme, son « fabuleux » destin mériterait une saga cinématographique à la hollywoodienne, tant les brosses à reluire des armées mexicaines de la plume, du micro et de la jactance ont frotté si fortement, que la nature elle-même s’est pliée. Ainsi, ce n’est plus le griot de parti avec son rôle social et historique dans la société qui tend la main pour recevoir la dîme des louanges chantées, mais sa main est désormais au-dessus des autres. Parce que c’est lui le riche qui donne aux gueux comme aux courtisans intéressés. Ce n’est plus celui qu’on commissionne à cause de son entregent et de sa cordialité, non c’est lui qui envoie, réceptionne, récompense, sanctionne. Voilà comment on fabrique des hauts faits usurpés. Voilà ce qui justifie que le ban et l’arrière-ban des courtisans d’hier et bénéficiaires du ruissellement d’hier crient « aux armes peuls, hal pulaar en » de tout le pays et de la diaspora, pour aller faire le « siège » de Agnam, la supposée forteresse du « martyr » Farba. Dans leurs délires ethnicistes, ils veulent faire de ce bled le lieu de la « résistance » (à quoi ?), le « point de ralliement » de toutes les victimes ha pulaar en ». De qui sont-ils les victimes ? Mais vous le savez bien ! Celui qui a hanté leur sommeil et peuplé leurs cauchemars : Sonko pardi ! Hier opposant dangereux, empêcheur de voler en toute quiétude, celui-là même qui est sorti de son cachot (bon haut de gamme quand même puisqu’il l’a dit) à dix jours, les dix jours cauchemardesques pour la galaxie prédatrice, pour installer son pote et camarade de codétenu au Palais dès le premier tour !
AU NOM DE QUI, DE QUOI ?
Pourquoi appelez-vous au secours ? Pour qui déversez-vous ces tonnes de venin ? Pas pour les Foutanké encore moins pour les halpulaars ! Ni mandat ni délégation. Vous n’avez reçu de personne. Surtout pas pour fracturer notre assise commune, notre commun vouloir et impérieux vivre en commun. En humanité seulement.
Vous dites défendre dire un innocent injustement accusé, persécuté par de vilains non pulaar avec à leur tête votre cauchemar de toujours, l’actuel Premier ministre, et naguère l’opposant premier. S’il est innocent de ce dont on le soupçonne (pour le moment), alors la Justice (Lawol) le blanchira. S’il est coupable de ce dont la Centif le soupçonne, ce sera à la Justice (Lawol) de le prouver…
Où étiez-vous, vous qui criez que le Fouta est abandonné ? Par qui, diantre ? Par un régime qui n’a pas encore fait douze mois, pour celui qui a régné pendant douze longues années ? Oui, où étiez-vous du temps du régime de Wade dans lequel beaucoup de vos compagnons d’hier et d’aujourd’hui ont brouté, à commencer par votre chef en fuite, exilé royal de Marrakech ? Qui a foutu le pays dans la m… avant de s’enfuir comme un voleur (tiens !) à bord de notre Sangomar ? Et ça, monsieur le Président Diomaye, ce n’était pas opportun, ni moral. On ne prête pas à un voleur le moyen de prendre la fuite…
Oui, où étiez-vous les baveux d’aujourd’hui alors que, depuis des décennies, la mine de phosphates de Ounaré (oui chez moi, mon bled) et Ndendory, a été infoutue de créer une usine de transformation du minerai en lieu et place du cycle peu productif d’extraction-convoyage à Dakar et à l’étranger ? Ou étiez-vous, quand pendant des années, l’usine de phosphates a pollué les villages environnants sans compensations véritables ? Là aussi, pour rester dans la tradition, il semblerait qu’on ait ruisselé sur beaucoup d’échines qui sont restées courbées. Et les langues se sont tues. Tout devrait, va changer. Voilà pourquoi vous hurlez en crachant votre venin sur la marche victorieuse du pays depuis mars 2024.
« FOUTA TAMPI » DEPUIS TRÈS (et trop) LONGTEMPS
Fouta Tampi fut un slogan enfourché depuis longtemps par des milliers de jeunes du Fouta depuis des années et particulièrement pendant les dernières années de votre funeste et détestable règne ? Avant que vous ne fassiez ce que vous savez faire : acheter des consciences à coups de millions soustraits frauduleusement des caisses de l’État. Où étiez-vous pendant ces plaintes et complaintes, ces cris de détresse ? Dans la fange des affaires, sinon vous les auriez entendus… Hombo tampini Fouta. Qui a (trivialement) « fatigué » Fouta ? Ceux qui vous ont chassés à coups de pieds dans vos derrières dodus, il n’y a pas douze mois ? Où étiez-vous, vous qui, douze ans durant, vous êtes acharnés à dépecer ce pays morceau par morceau ?
La Révolution citoyenne de mars et novembre derniers puise ses racines dans l’héritage riche et fécond des enseignements de Thierno Souleymane Baal. Droiture, abnégation, Justice. Au lieu de répéter comme des perroquets vouloir copier le Gatsa-Gatsa et la forteresse de Ziguinchor, vous devriez d’abord en comprendre les ressorts profonds : la haine de l’injustice, la volonté et le désir intense d’extraire le pays de la fange corruptrice, la volonté de remettre la République sur ses pieds en l’expurgeant de la gangrène. Les enseignements de Thierno Souleymane Baal furent la boussole qui traça le Lawol de la victoire et de votre déchéance. Vous ne parlez pas, ne parlerez jamais en mon nom. Moi, « Hal Pulaar », Foutanké du Sénégal, et farouchement panafricaniste. Je ne serais jamais de votre armée de haineux, vils mercenaires au chômage.
Terminons par poser la même question que la « UNE » d’hier de Yoor-Yoor Bi : « Que fait donc le procureur de la République ? » Alors que des appels à des quasi-séditions prolifèrent et que quelques malfrats tentent de distiller de la haine dans notre pays, dans notre société. Oui, que faites-vous Monsieur le procureur de la République, alors que des menaces intérieures planent sur la Nation ? Face aux entrepreneurs de la haine, toute faiblesse devient culpabilité.