26/08/2024
C'est une joie d'avoir pu publier dans Prier magazine des extraits du "Mystère de la foi", le livre d'entretien avec le dernier Nobel de littérature, Jon Fosse, qui a embrassé la foi catholique il y a dix ans. Merci aux édition Éditions Artège de leur aimable autorisation !
A son interviewer qui demande à ce dramaturge contemporain où est passé son esprit de rébellion, il répond :
"S’il y a bien un acte de rébellion dans la société norvégienne – pas seulement là, mais dans les milieux intellectuels européens aussi –, eh bien c’est de se convertir au catholicisme et de se qualifier de chrétien. Il me semble vraiment n’avoir rien fait de plus rebelle que de devenir catholique. Du reste, je pense parfois que les gens n’auraient pas été plus surpris de m’entendre dire que je sortais du bo**el que si j’avais dit que je sortais de la messe. Les deux situations sont tout aussi embarrassantes. Pour moi, faire sa communion au sein de l’Église catholique au milieu de la cinquantaine est évidemment une rébellion contre le matérialisme socio-technologique corporel et sexuel, anti-spirituel et positiviste".
Mais dans ce livre il témoigne surtout d'un esprit d'enfance, d'une humilité devant l'Eglise et la vérité qui tire les larmes des yeux. Par exemple :
"J’ai senti depuis longtemps la présence de Dieu. Mais voir et comprendre que Dieu s’est fait homme pour se laisser tuer par l’homme afin de combler un fossé entre lui et nous, les êtres humains, cela m’a été difficile à accepter (...) Mais souvent, ce que l’on ne peut croire en littérature, parce que trop improbable, se produit dans la vie réelle. Alors je pense qu’ici la foi doit entrer en jeu. (...) s’agissant de l’œuvre rédemptrice du Christ, je ne peux que faire un choix. Et ce qui est merveilleux, c’est que lorsque j’ai choisi d’y croire pour la première fois, je me suis rendu compte que c’était vrai. (...) Telle est la folie que nous prêchons, comme le dit Paul. Une folie oui, peut-être incompréhensible pour un homme adulte. Mais en y réfléchissant, il est tout aussi incompréhensible que je sois assis ici et vous là, que nous soyons assis ici tous deux à discuter et que nous nous comprenions l’un l’autre. La vie en elle-même est incompréhensible. Et l’œuvre de rédemption du Christ. Et peut-être, oui peut-être, dans un certain sens, on doit être enfantin, naïf, pour simplement vivre, pour avoir la force de vivre. Pour jouer à fond son rôle dans le théâtre qu’est la vie. Si ce côté enfantin disparaît, alors la mélancolie s’installe, laquelle peut se transformer en grave dépression. L’enfantin, le naïf a la vie en lui. Sans être comme un enfant, on ne peut pas entrer dans le royaume de Dieu. Cela me va droit au cœur".