🧠 Pour le dire tendrement, la Science qui ne serait pas une étude des déterminants physiques de ce monde : c'est de la pratique religieuse.
L'entretien déterminé avec Bernard Lahire est toujours disponible ici :
https://youtu.be/6ga6nFcnyvA
Grand merci pour vos retours et partages!
Il est tellement temps que les humains sachent 💪
🧠 CONTRE LE "SI ON VEUT ON PEUT"
Bernard Lahire est un des rares chercheurs en sciences sociales qui affirme clairement que
- le Libre-Arbitre n'existe pas
- tout est déterminé
- et l'espèce humaine bien évidemment comme toute autre entité de ce monde
Ces questions sont développées dans son livre fondateur "les structures fondamentales des sociétés humaines" paru en 2023 aux Editions La Découverte
Et nous en parlons dans cet entretien déterminé que vous pouvez retrouver sur la chaîne YT et Spotify du Podcast
- https://youtu.be/6ga6nFcnyvA
- https://open.spotify.com/episode/1FXspjHnhsczqMdZx8yqne?si=shPoqmDqQV-TLMTMuy0gPQ
🧠 DEHAENE, LE LIBRE-ARBITRE ET LES CONTORSIONS CONSERVATRICES
Dans cette deuxième bande-son de Stanislas Dehaene invité par Etienne Klein sur France Culture, on entend le neuroscientifique donner sa définition du Libre-Arbitre. Et au lieu de dire tout simplement que cela n'existe pas, on l'entend réaliser un de ces exercices de contorsion conservatrice qui fait penser à ce que font les spinozistes quand ils nous disent "si si tout est déterminé" "MAIS la liberté ça existe c'est juste qu'elle aussi est déterminée".
Dehaene nous dit ici :
- "on échappe pas à une certaine de forme de détermination par l'architecture même de l'objet cerveau"
- "MAIS par contre, lorsqu'on est un être humain, on a un espace de travail conscient qui nous permet de réfléchir et dans ce sens là nous avons un Libre-Arbitre" 🤷
Il rajoute "quand on dit que qqun a pris une décision libre ou réfléchie c'est ça qu'on veut dire, ça ne veut pas dire que la machine n'est pas déterministe, ça n'empêche qu'il dispose d'un Libre-Arbitre" 🤷
Genre "si si tout est noir" "MAIS le blanc ça existe c'est juste que le blanc aussi est noir c'est ça qu'on appelle blanc" 🤷
Mais au-delà de l'anecdote : où est le soucis là-dedans?
Le soucis est que si vous travaillez à conserver l'usage des termes qui, au sein d'une masse critique de cerveaux, veulent dire autre chose que ce que vous leur faites dire, bah vous entretenez tout bonnement la vivacité de ces représentations erronées. Si, en tant que scientifique, vous dites "si si la Terre est ronde MAIS on peut continuer à dire qu'elle est plate parce qu'elle est aplatie aux pôles" vous vous faites agent conservateur de la survie des représentations liées à la croyance "Terre plate" 🤷
Alors pourquoi des cerveaux aussi intelligents et qui ne peuvent ignorer cet effet conservateur trouvent-ils pertinent de faire de telles contorsions ?
Pourquoi préfèrent-ils tordre les définitions dans tous les sens
🧠 LA CONSCIENCE EST TOUJOURS EN RETARD
En 2014, Stanislas Dehaene publiait un livre fondateur : Le Code la conscience- Editions Odile Jacob.
Il y reprenait les résultats des expériences réalisées notamment avec Lionel Naccache et qui montraient à quel point la si mystique "conscience" était en réalité un phénomène neurologique parmi tant d'autres, déterminé, physique, matériel, étudiable, et qui correspond tout simplement au partage d'une seule et même information qui existe jusqu'alors au niveau d'un module cognitif local, à l'ensemble du cortex cérébral, de manière synchrone et coordonnée.
La "conscience" n'est donc pas un phénomène continu qui planerait au-dessus de la matière mais un phénomène discret, c'est à dire temporaire, discontinu, et qui ne survient de temps à autre qu'en raison de causes dont nous n'avons précisément pas conscience, au sein d'un système nécessairement doté d'une architecture particulière qu'avec Jean-Pierre Changeux ils nommèrent : "espace de travail neuronal global".
Il n'est donc pas du tout besoin d'être un humain ou d'être fait de biologie plutôt que de mécanique pour avoir une dite "conscience". Et tout système capable de supporter des informations, d'en sélectionner une et de la transmettre de manière stable et synchrone à l'ensemble du système dispose potentiellement d'une activité dedite "conscience". Bien évidemment, donc, que par exemple une IA pourra être dotée de "conscience".
L'élément fondamental qui est expliqué ici et que je reprends dans les premiers épisodes du Podcast, est que l'activité neurologique de "conscience" ne peut par définition survenir que toujours APRÈS que l'information en passe d'être conscientisée ait commencé à exister.
Ça n'est jamais la conscience qui invente de l'information ex nihilo. Au sein de notre cerveau, il se passe en permanence des milliards de choses dont certaines aboutissent à des "décisions"' et dont notre cervea
🧠 NON MAIS ENFIN !
J'ai commencé à lire le dernier ouvrage de Bernard Lahire (Centre Max Weber Ens De Lyon) - Les structures fondamentales des sociétés humaines Editions La Découverte 2023, et j'ai envie de vous en partager une page sur deux tellement ça fait du bien.
Car j'ai envie de dire : enfin !
Enfin une tentative de faire sortir la Sociologie de l'ornière libre-arbitriste dans laquelle elle s'est enfoncée à mesure qu'elle a été menée par des chercheur.ses compatibilistes puisque libéraux voire libertaire "de gauche", chercheur.ses se revendiquant pourtant d'une pensée matérialiste marxiste mais qui en ont très souvent oublié les principes et la méthode pour n'en garder que l'idéologie.
Bernard Lahire, tente donc de rappeler que si les sociétés humaines sont aussi comparables dans le monde entier, avec autant d'invariants, si autant de sociétés sont passées par des stades comparables, par exemple politiques, alors qu'elles n'étaient pas du tout en lien (par exemple des sociétés royales de droit divin avec des pyramides en Égypte comme en Amérique du Sud, par exemple le patriarcat de tout temps et dans le monde entier sauf quelques exceptions qui ne font que confirmer la règle), c'est bien qu'elles sont structurées par des lois et des règles physiques et matérielles.
Si telle n'était pas le cas, si parmi les lois de structuration des sociétés humaines existait une entité que d'aucuns appellent la "Liberté" et qu'aime à s'inventer David Graeber dans son livre "au commencement était" Les Liens qui Libèrent, il existerait autant de niveaux de gris que de sociétés dans le monde, au sein d'un continuum de sociétés où tout aurait existé, existerait et pourrait exister, ce qui n'est évidemment pas le cas.
Et mais j'ai envie de dire : oh wow, il serait temps ! Car affirmer que les sociétés humains ne seraient pas structurées par des lois serait une fois de plus imaginer que les sociétés d'animaux que nous
🧠 LE DÉTERMINISME À LA TÉLÉ
Une amie m'a envoyé cette séquence tirée de la série Bodies (saison 4- 42''00).
Je ne l'ai pour le moment pas vue (c'est bien vous la conseillez ?) mais voici déjà quelques éléments :
1. le Libre-Arbitre n'existe pas
2. ça va finir par se savoir
3. l'apparition de cette affirmation dans la culture pop est un excellent signe que ça va finir par se savoir
4. le Déterminisme était aussi le dispositif structurant d'une autre série qui s'appelle DEVS dont il faudra que je vous parle
(5. à en croire cette séquence, l'absence de Libre-Arbitre pourrait être un excellent sujet de conversation pour les plans drague 🤷♂️)
2 soucis cependant :
1. l'usage du terme "pré-déterminé" au lieu de "déterminé" et qui sonne plus comme "Fatalisme" c'est à dire comme si tout était déjà écrit à l'avance, par quelque chose ou quelqu'un, comme si les choses avaient un sens ou une intention qui existerait en dehors de nos cerveaux d'humains
2. l'ambiance mansplaning arrosée à l'alcool qui sonne un peu trop "années 2000" à mon goût
Le Libre-Arbitre n'existe pas, et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.
@dcofficial @netflixfr @moonagepicture
🧠 Pour celles et ceux que ça intéresse, je publie de plus en plus sur instagram plutôt qu'ici.
Plusieurs raisons à cela :
- tout d'abord limiter les lieux de perdition cognitive 😁
- ensuite il semblerait que cette page se soit faite enterrée par l'algorithme, je n'ai plus que très peu de visibilité ici or quitte à prendre le temps de structurer un propos c'est bien pour qu'il trouve d'autres cerveaux avec lesquels agir et interagir :)
- et puis sur insta on peut republier des réels qui permettent souvent d'illustrer les différentes thématiques abordées ici (n'est-il pas, par exemple, si terriblement parlant de voir autant de vidéos d'êtres vivants avoir des comportements qui nous semblaient encore jusqu'à peu si spécifiquement humains et face auxquels il n'est aucunement besoin de recruter quelque chimérique Libre-Arbitre que ce soit pour pouvoir comprendre toute la profondeur de ce qui s'y passe 😊).
Au plaisir, donc, de vous retrouver aussi là-bas 🙌
🧠 "INTELLIGENCE" ET "CONSCIENCE" ARTIFICIELLES
Les phénomènes dits de "conscience" et d'"intelligence" émergent de systèmes qui sont dotés, non pas d'une "nature", mais bien d'une "architecture" particulière.
Le fait qu'ils soient humains ou non / vivants ou non / biologiques ou non n'a rien à voir là-dedans.
C'est ce que montre l'évolution contemporaine de la recherche en "intelligence artificielle" avec ces algorithmes et autres "réseaux de neurones" desquels émergent des propriétés dont les humains se pensaient jusqu'à il y'a encore tout peu les seuls dotés.
Dans cette émission passionnante de @franceculture, après un débat entre Joshua Bergio et Yann Le Cun sur l'encadrement légal des IA, ce dernier explique combien évidemment, (mais bien évidemment), nous serons bientôt capables de fabriquer des systèmes dont l'architecture aboutira à des activités d'"intelligence" qui dépasseront en tout point ladite "intelligence" humaine (des systèmes capables de support/traitement/intégration/stockage/comparaison/production probabiliste d'informations que les humains "apprentissage", "créativité" et "adaptation").
De la même manière, bien évidemment que des propriétés dedite "conscience" pourront émerger de systèmes dont l'architecture aura rendu possible le support/traitement/stockage d'informations puis sélection/amplification/partage d'une seule et même information à l'ensemble du système avec boucles de réentrée de telle sorte que l'activité du système s'en retrouve durablement modifiée.
Et il n'est plus que les suprémacistes humains et suprémacistes du Vivant (très nombreux chez les écologistes) qui affirment encore le contraire car voient des différences de nature car de valeur entre les entités de ce monde.
C'est exactement ce suprémacisme humain que l'on entend dans cette émission chez Anne Alombert, philosophe, qui tient des propos aussi lunaires, ascientifiques, et ésotériques que déjà totaleme
🧠 NOTRE RICHESSE, LEUR PAUVRETÉ
Voici une séquence tirée de la brillante série Succession qui illustre parfaitement à quel point notre compréhension du monde est bouleversée lorsque nous nous munissons d'un regard matérialiste historique, systémique, déterministe.
(L'ironie étant que les scénaristes ont placé ces mots dans la bouche de l'odieux milliardaire s'adressant au sénateur de gôche).
Si on pense ce qui nous entoure depuis une pensée libre-arbitriste méritocratique occidentale, alors on voit dans nos châteaux, cathédrales et monuments l'expression de notre "génie" civilisationnel, de notre "intelligence collective", de notre "créativité", de notre "talent", le fruit des "bons choix" de notre société, et donc la supériorité de notre civilisation sur les autres.
À l'échelle de l'individu, nous l'avons dans de nombreux posts, cette pensée méritocratique entraîne la valorisation sociale de la "réussite" et la condamnation de l'"échec", gravant par là l'injustice des privilèges autant que de la double peine dans le marbre de notre culture.
À l'échelle des sociétés, ces notions de plus grande "réussite", de "supériorité", d'être "plus avancés", sont non seulement suprémacistes mais également éminemment racistes puisque, si la "réussite" d'un peuple n'est pas le simple et strict fruit hasardeux de l'Histoire de cette planète et des événements qui s'y sont déroulés, alors elle devient lexpression d'une plus grande valeur intrinsèque à un peuple, une nation, une culture, une religion, signant ici l'idée d'une supériorité de nature, une suprématie de fait, transcendante, intrinsèque à la composition biologique et sociale du groupe d'humain considéré : le lit de toutes les pires horreurs de l'Histoire de l'Humanité.
Si on pense par contre tout ce qui nous entoure comme les conséquences de déterminants passés, comme les conséquences de contextes sociohistoriques qui nous agissent, alors il n'y
🧠 "AL HAMDOULILLAH"
L'animosité des occidentaux contemporains à l'égard de la religion musulmane et des peuples arabo-musulmans est la conséquence d'enjeux géopolitiques impérialistes et coloniaux. Et au milieu des post-rationalisations racistes et islamophobes qui sont la face emergée de cet iceberg mortifère, il me semble qu'il est un impensé intéressant à expliciter ici.
Contrairement à ce qu'enseignent la tradition juive et la Bible chrétienne, toutes deux à l'origine du concept de Libre-Arbitre dans la culture occidentale (concept inventé pour effondrer le paradoxe entre un Dieu omniscient omnipotent qui ne serait qu'Amour et les horreurs que les humains constatet tous les jours), les musulman.es revendiquent un rapport d'humilité radicale face à la détermination des choses, des événements, "Dieu" étant pensé comme ce "déterminant de tous les déterminants, lui-même indéterminé".
Contrairement à la culture occidentale moderne et contemporaine où le rôle du "Destin" s'est peu à peu vu relégué à la périphérie de nos vies pour n'expliquer plus que les grands événements hasardeux, les musulman.es entretiennent un rapport de quotidienneté avec la notion de "maktoub" qui veut littéralement dire "ce qui est écrit".
Dans la culture musulmane il reste un profond attachement au respect et à l'humilité radicale face à ce qui dépasse la volonté individuelle supposée, ce qui est plus grand que l'humain, plus grand que soi, ce que Spinoza appelait la "Nature"'et que donc les croyant.es appellent "Dieu".
Et c'est cette humilité face à "Dieu" qui est "le plus grand" - "Allahou akbar", qui s'illustre par exemple dans cette vidéo mythique de Khabib Numargomedov avant son combat contre Conor Mc Gregor. Khabib, comme tous les nombreux combattants musulmans tchétchènes et daghestanais fait ce geste qui dit "le mérite ne me revient pas, c'est la volonté de Dieu" en prononçant ces mots "alhamdoulillah" - "louanges à Di
🧠 "LE MÉRITE EST UN MYTHE"
🧠 "LA MÉRITOCRATIE EST UN MYTHE"
Et il est fondamental de le dire et de le répéter.
Force donc à Salomé Saqué qui le dit ici sur le média Welcome to the Jungle France pour son livre "Sois jeune et tais toi" paru en 2023 aux éditions PAYOT.
C'est dit ici aussi, les transclasses ne sont pas la preuve que "si tu veux tu peux", ils sont bien au contraire les exceptions qui confirment la règle,
Et règle aujourd'hui scientifiquement archi prouvée dont vous pouvez retrouver tonnes de références dans l'ouvrage "La Tyrannie du mérite" de Michael J. Sandel paru en 2021 chez Éditions Albin Michel.
L'étape d'après sera de remonter aux causes et la racine de ce mythe et de voir à quel point, cette croyance qui structure et légitime toute l'organisation des rapports de domination de nos sociétés capitalistes contemporaines, est elle-même soustendue par la croyance "libérale" "individualiste" qui nous apprend depuis tous jeunes que :
- "si tu veux tu peux"
- "il ne tient qu'à toi de faire les bons efforts et les bons choix"
- puisque "chacun est doté d'un Libre-Arbitre".
Affirmer que le Libre-Arbitre n’existe pas ne relève donc pas de la question philosophique hors sol pour détenteurs des moyens des productions des concepts mais bien de la question politique des plus urgentes.
Le Libre-Arbitre n'existe pas, et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.
VOIR 🧠 ÉPISODE 8 : Une Révolution politique
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