Le Libre-Arbitre n'existe pas

Le Libre-Arbitre n'existe pas LE LIBRE-ARBITRE N'EXISTE PAS
et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

02/12/2024

🧠 Pour le dire tendrement, la Science qui ne serait pas une étude des déterminants physiques de ce monde : c'est de la pratique religieuse.

L'entretien déterminé avec Bernard Lahire est toujours disponible ici :
https://youtu.be/6ga6nFcnyvA

Grand merci pour vos retours et partages!

Il est tellement temps que les humains sachent 💪

27/11/2024

🧠 CONTRE LE "SI ON VEUT ON PEUT"

Bernard Lahire est un des rares chercheurs en sciences sociales qui affirme clairement que
- le Libre-Arbitre n'existe pas
- tout est déterminé
- et l'espèce humaine bien évidemment comme toute autre entité de ce monde

Ces questions sont développées dans son livre fondateur "les structures fondamentales des sociétés humaines" paru en 2023 aux Editions La Découverte

Et nous en parlons dans cet entretien déterminé que vous pouvez retrouver sur la chaîne YT et Spotify du Podcast
- https://youtu.be/6ga6nFcnyvA
- https://open.spotify.com/episode/1FXspjHnhsczqMdZx8yqne?si=shPoqmDqQV-TLMTMuy0gPQ

🧠 Je vous conseille cette excellente vidéo qui m'a été transmise par Méta de Choc sur l'existence ou pas du Libre-Arbitr...
03/07/2024

🧠 Je vous conseille cette excellente vidéo qui m'a été transmise par Méta de Choc sur l'existence ou pas du Libre-Arbitre.
Avec ce magnifique twist, dernière passion en date des libre-arbitristes qui, décidément, feront toutes les contorsions paralogiques possibles pour conserver leur croyance : l'"émergence" 😁👌

Kurzgesagt

(SPONSOR MESSAGE)Sources & further reading:https://sites.google.com/view/sources-free-will/You may think you have free will and can choose what you do, but t...

🧠 DESCARTRUC ET SPINOMACHIN  Je viens enfin d'écouter l'émission de  dont l'intitulé était pourtant si prometteur : "Dét...
18/06/2024

🧠 DESCARTRUC ET SPINOMACHIN

Je viens enfin d'écouter l'émission de dont l'intitulé était pourtant si prometteur : "Déterminisme ou Libre-Arbitre ?"

Mais quelle déception de voir à quel point, malgré la présence de Chantal Jaquet, l'émission ne réussit à se décoller ni des poncifs datés sur le sujet, ni de la figure universitaire imposée de l'adossage aux grands noms du passé qui justifient la chaire de l'un.e et les droits d'auteur de l'autre mais ne permettent pas de penser. L'émission verse donc, au final, et une fois de plus, dans un Compatibilisme absurde où le cartésien libre-arbitriste nous dit que "oui quand même y a des déterminants", et la spinoziste nous dit que "oui quand-même on peut se libérer grâce à la raison" et d'ailleurs que l'humain peut se determiner par la raison" (parce que donc "la raison" n'est pas un phénomène physique déterminé ?).

Voici un petit florilège du libre-arbitristme gracieux de Pierre Guenancia, en attendant que les humains décident enfin de dépasser les débats inconséquents entre Descartruc et Spinomachin :
"La Liberté est un fait"
"Le pouvoir de choisir est irréductible aux determinations"
"Agir volontairement ou librement c'est agir spontanément ça veut dire se déterminer soi-même"
"Chacun est la cause de ses actions chacun a le pouvoir d'agir"
"L'Homme ne peut pas être réduit à un jouet dans la main de Dieu ou à un élément dans la machinerie de l'Univers"
"Au lieu de se considérer comme de misérables vers de terre on regarde vers le haut et s'il n'y avait pas cette puissance souveraine nous ne sentirions pas en nous quelque chose de l'ordre de l'élévation"
"Le Libre-Arbitre c'est pas le fait d'aller à droite ou à gauche c'est le fait de se sentir libre"
"Si tout était déterminé à quoi bon se sentir libre pourquoi on serait fier de ça ou pas pourquoi on serait content ou pas on serait des caricatures de sage que ce soit bien ou mal c'est comme ça"
"Pour Descartes on est pas sous le commandement de la raison la raison est une puissance qui ne commande pas" (...)

🧠 L'AXE COLONIALQuand on peine encore et toujours, et chaque jour un peu plus, et depuis des années, et depuis des mois ...
09/05/2024

🧠 L'AXE COLONIAL

Quand on peine encore et toujours, et chaque jour un peu plus, et depuis des années, et depuis des mois maintenant, et atrocement devant cette image insoutenable, à comprendre comment l'"Occident" fait pour ne pas imposer un cesser le feu immédiat autant que la reconnaissance d'un État palestinien, rappelons-nous de la chose suivante:

- pour la pensée libre-arbitriste, moraliste, hégémonique en "Occident", l'état d'Israël est le fruit de la libre volonté d'humains qui se sont réunis et ont pris la libre décision d'offrir une Terre au Peuple juif à l'endroit de leur revendication historique principale pour réparer l'atroce génocide qu'ils ont subi pendant la seconde guerre mondiale.

- pour une pensée déterministe, systémique, et matérialiste historique, l'état d'Israël est en soi un projet colonial européen, mené sur un territoire non-européen, avec l'appui matériel des européens qui partis fonder une colonie outre-atlantique grâce au génocide de tout un continent et à l'esclavage d'un autre, mené d'abord et avant tout par des colons européens, élèves dans une culture coloniale européenne, et à une époque qui précède les grandes "décolonisations". Il n'y a, pour réussir à se penser cela, qu'à se rappeler le niveau de racisme systémiques des juifs européens-ashkenazes envers les juifs maghrébins-séfarades et qui sévit jusqu'à aujourd'hui.

Se départir de toute idée de toute "libre" "volonté" "individuelle" humaine permet de penser les forces en présence, et de comprendre alors, au-delà de tout discours moral, combien, oui, nous assistons là à l'effondrement définitif de la crédibilité idéologique occidentale, celle-là même qui, depuis le siècle des Lumières, amenait la "modernité", le Progrès", et la "Démocratie" par la guerre, les génocides, l'esclavage et la colonisation.

L'"Occident" n'est plus la boussole que de l'horreur, ne sera plus jamais en mesure de dire ce qui est à "l'occident" ou à "l'orient", et mérite tout juste que nous l'appelons, non plus par ce qualificatif géographique eurocentré, mais par la réalité politique qu'il incarne : "l'axe colonial".
(...)
Image :

🧠 UN PAVÉ DANS LA MARE , UNE PIERRE FONDATRICELe dernier livre de Bernard Lahire – Les structures fondamentales des soci...
12/04/2024

🧠 UN PAVÉ DANS LA MARE , UNE PIERRE FONDATRICE

Le dernier livre de Bernard Lahire – Les structures fondamentales des sociétés humaines, publié fin 2023 aux Editions La Découverte, comptera parmi les livres importants de l’histoire des sciences humaines et sociales.

Par-delà sa longueur (≈900 pages), il est d’une puissance, d’une limpidité, d’une aisance de lecture, et d’une richesse rares.

Dans la 1ère partie, Lahire déploie tous les arguments nécessaires pour convaincre ses pairs de ramener la discipline sociologique dans le champ de la "Science", c’est-à-dire une méthodologie portée par une appréhension matérialiste du réel cherchant à expliciter les lois qui le structurent. Il y dénonce une culture qu’il qualifie de "théologique" et qui voudrait que les humains soient des êtres à part, incomparables aux autres animaux, capables de "décider" "librement" de leurs actions et donc de leurs "cultures", indépendamment de toute "nature". Il y dénonce la passion de la Sociologie pour le recensement ethnographique des particularismes culturels qui font perdre de vue les redondances comportementales et organisationnelles, ces détails étant prétendument l'expression de nos "libres" "volontés" plutôt que de la formidable complexité de nos cerveaux comme, donc, de nos interactions sociales. Et il ne le dit surement pas aussi abruptement que je le ferai ici car il s’adresse à des pairs qu’il souhaite convaincre, mais il dénonce en creux l’orthodoxie idéologique qui, au lieu d'amener à une étude scientifique du réel, mène à une rationalisation a posteriori de croyances qu’il s’agit de défendre plutôt que d’étudier. Il en est ainsi de l'idée très ancrée dans la "gauche" contemporaine que "tout serait social", le patriarcat, comme le genre, comme les préférences sexuels, des inventions culturelles qu'il s'agirait donc de décider librement de contrecarrer comme si le "social" planait au-dessus de la matière et n’était pas le résultat d'interactions complexes autant que chaotiques entre des individus faits de matière biologique. Il en va aussi de l'idée précisément conservatrice, mais "de gauche" cette fois, qu'étudier les déterminants biologiques de nos fonctionnements sociaux serait "de droite".
Pour donner l’intuition de l’évidence de ces lois qui structurent nos sociétés, Lahire s’aide par exemple des phénomènes dits de "convergence", remarquant combien il émerge parfois, (et mais bien évidemment), à des endroits éloignés du globe et chez des populations qui ne sont pas du tout en contact, des comportements autant que des régimes politiques tout à fait comparables. Pour examiner la fragilité de la frontière entre "biologique" et "social" il propose également d’imaginer à quoi ressemblerait nos sociétés si nous n’étions pas bipèdes, ou s’il n’existait pas de dimorphisme sexuel. On pourrait aussi se demander quels déterminants autres que biologiques sont à l’origine du fait que toutes les sociétés du monde, chasseurs cueilleurs ou pas, démocraties bourgeoises ou pas, sont toutes structurées par des rapports de domination ou que tous les humains de toutes les sociétés de la Terre se frottent les appendices génitaux les uns contre les autres

Enfin donc, après une magnifique 1ère partie, Lahire énumère ces lois fondamentales qui structurent nos sociétés, citant Darwin et la loi de sélection naturelle dont les humains ne sont pas "libres" de s'extraire, citant Marx et la "liberté" que les humains n'ont pas de s’extraire des conditions matérielles dans lesquelles leurs pensées et idéologies politiques sont produites.

Ce livre est un formidable manifeste pour la réunification des sciences sociales et biologiques sous l’égide d’une appréhension matérialiste et historique du réel et dont Marx avait eu l’intuition lorsqu’il disait : que "les sciences de la nature englobe(raient) plus t**d la science de l’homme, tout comme la science de l’homme englobe(rait) les sciences de la nature" et qu’il n’y aurait dès lors "plus qu’une seule science".

Voici quelques extraits de ce précieux ouvrage dont j’ai corné tant et tant de pages qu’il n’est ici que simplement question de vous inviter à prendre des vacances pour le lire en entier :

p. 208 : La recherche sur les universaux a aussi permis, me semble-t-il, de prendre conscience de l’effacement relatif de la frontière entre ce que l’on a l’habitude de considérer comme "naturel" et ce que l’on voit comme "culturel", dès lors que l’on inscrit l’histoire humaine dans la longue histoire évolutive des espèces. (…) Mais il est aussi dans la nature de l’homme d’avoir des capacités symboliques et notamment langagières, de pouvoir transmettre de la culture, de stocker mentalement de l’information, d’être attentif à autrui pour l’imiter et s’orienter dans le monde, d’interagir avec autrui, de fabriquer des artefacts, de rêver, d’éviter l’inceste, etc.

p. 378 : citant Marx : "les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement donnée et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants".

p. 313 : Nous sommes d’emblée contraints, en tant qu’espèce, par des faits anthropologiques (biologiques et sociaux), par des lignes de force déterminées, qui sont en partie communes et en partie distinctes des autres espèces, et par les lois générales de fonctionnement des sociétés qui structurent en permanence ces force. (…) À ne pas vouloir en tenir compte, en faisant comme si les êtres humains étaient infiniment malléables, comme des cires molles sur lesquelles l’arbitraire de la culture et de l’histoire – lui-même marqué par le libre-arbitre ou l’incertitude – viendrait imprimer sa marque, on se montre aussi spiritualistes ou antimatérialistes que ceux qui rejetteraient l’idée darwinienne de transformation des espèces. Nous sommes bien des pâtes malléables mais structurées par des contraintes générales du vivant et par des contraintes propres à notre espèce. Apprendre à connaitre ces contraintes fondamentales n’empêche pas, bien au contraire, de mener l’étude des formes culturelles qu’elles prennent en fonction des contextes, et notamment de l’état du développement historique atteint. Savoir les reconnaître, c’est savoir mieux structurer nos investigations sur la réalité sociale. Dans le cas contraire, les sciences sociales se laissent happer, sans mêmes s’en rendre compte, par les multiples demandes sociales locales et présentistes qui s’imposent à elle, et travaillent de manière désordonnée.

p. 34 : Non seulement les sciences humaines et sociales reposent implicitement sur la vanité anthropocentrique de l’idée d’exceptionnalité humaine, mais, qu’on le situe du côté de la conscience, de l’esprit (en d’autres temps, on parlait de l’"âme"), de la raison, de l’intentionnalité, du langage ou de la culture, ce statut d’exception conduit les chercheurs à s’interdire de formuler des lois générales, des déterminismes, avec l’idée que la culture ou la conscience ont permis aux humains d’échapper à tout déterminisme, à toute régularité, à toute loi. Soumis à des lois biologiques en tant qu’être vivant, Homo sapiens sapiens aurait, par la vertu de la conscience ou de la raison, transcendé la biologie et se serait émancipé de toute loi sociale pour "écrire" sa propre histoire.

Théologiques, les sciences humaines et sociales le sont au sens où elles développent de profondes tendances antiscientifiques : pour elles, pas de lois de l’histoire, ni de logiques de transformation d’un type de société vers un autre (les sciences sociales contemporaines sont très largement antiévolutionnistes), pas de mécanismes généraux qui structurent les sociétés les plus variées, mais seulement des sociétés qui varient dans l’histoire en fonction d’un mixte de "choix" opérés par les hommes et les contingences, ou en fonction de mécanismes qui seraient propres à chaque type de société donnée. Avec l’ère de l’avènement de la culture, l’Homme serait entré dans l’ère de l’indétermination et se distinguerait radicalement de l’ensemble des autres espèces. Chassée par la porte, la théologie refait son apparition sous la forme d’une autocréation culturelle, sans fondement ni lois, de l’homme par l’homme. La biologie a dû lutter contre l’idée d’un Créateur à l’origine de la Terre et de la vie, et ce sont les sciences sociales qui doivent aujourd’hui faire face à l’idée d’une libre création culturelle de l’homme par lui-même. Car d’un Dieu créateur de l’ensemble de l’Univers, on est passé à des individus traités comme des petits dieux créateurs de leur propre destin. Et, dans tous les cas, l’indétermination culturelle ferait que tout serait toujours à recommencer en matière de connaissance des sociétés humaines (…)

cc Works of Bernard Lahire

07/04/2024

🧠 DEHAENE, LE LIBRE-ARBITRE ET LES CONTORSIONS CONSERVATRICES

Dans cette deuxième bande-son de Stanislas Dehaene invité par Etienne Klein sur France Culture, on entend le neuroscientifique donner sa définition du Libre-Arbitre. Et au lieu de dire tout simplement que cela n'existe pas, on l'entend réaliser un de ces exercices de contorsion conservatrice qui fait penser à ce que font les spinozistes quand ils nous disent "si si tout est déterminé" "MAIS la liberté ça existe c'est juste qu'elle aussi est déterminée".

Dehaene nous dit ici :
- "on échappe pas à une certaine de forme de détermination par l'architecture même de l'objet cerveau"
- "MAIS par contre, lorsqu'on est un être humain, on a un espace de travail conscient qui nous permet de réfléchir et dans ce sens là nous avons un Libre-Arbitre" 🤷

Il rajoute "quand on dit que qqun a pris une décision libre ou réfléchie c'est ça qu'on veut dire, ça ne veut pas dire que la machine n'est pas déterministe, ça n'empêche qu'il dispose d'un Libre-Arbitre" 🤷

Genre "si si tout est noir" "MAIS le blanc ça existe c'est juste que le blanc aussi est noir c'est ça qu'on appelle blanc" 🤷

Mais au-delà de l'anecdote : où est le soucis là-dedans?
Le soucis est que si vous travaillez à conserver l'usage des termes qui, au sein d'une masse critique de cerveaux, veulent dire autre chose que ce que vous leur faites dire, bah vous entretenez tout bonnement la vivacité de ces représentations erronées. Si, en tant que scientifique, vous dites "si si la Terre est ronde MAIS on peut continuer à dire qu'elle est plate parce qu'elle est aplatie aux pôles" vous vous faites agent conservateur de la survie des représentations liées à la croyance "Terre plate" 🤷

Alors pourquoi des cerveaux aussi intelligents et qui ne peuvent ignorer cet effet conservateur trouvent-ils pertinent de faire de telles contorsions ?
Pourquoi préfèrent-ils tordre les définitions dans tous les sens et obliger chaque utilisateur à employer des expression aussi lourdes et fragiles que "Liberté mais dans le sens de Spinoza" ou "Libre-Arbitre mais dans le sens de Dehaene" que d'abandonner ces fadaises?

Et bien tout simplement parce qu'au delà d'entretenir le culte des grands noms, cela permet de conserver les représentations hégémoniques qui structurent la culture libérale et individualiste contemporaine et force est de constater que leurs cerveaux y trouvent leur intérêt.

Leur intérêt parce que leur situation sociale est favorisée par cette organisation des rapports de domination, parce que l'énergie à produire pour changer de système de représentations paraît trop importante, parce que l'inconnu fait peur, etc.

Non. Si rien ni personne n'est capable de "Liberté", si ce mot n'a de sens que dans un usage transitif de type "se libérer de" ou "libération" car "moindre contrainte", alors il ne faut plus employer ce terme autrement que comme cela.

Et si tous les êtres dotés d'un cerveau ont bien un "arbitre" mais que cet "arbitre" n'est pas "libre" alors il faut tout simplement cesser d'employer l'expression "Libre-Arbitre" autrement que pour la débunker.

Les conséquences politiques de tout cela sont trop graves. Et entre conserver l'ordre capitaliste qui nous traîne droit dans l'abîme écosystemique d'un côté, et travailler à renverser cet ordre social vers une culture structurée par le respect radical de l'interdépendance de tous les systèmes coexistants en ce monde de l'autre, nos cerveaux doivent clarifier leur choix.

Le Libre-Arbitre n'existe pas, et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

04/04/2024

🧠 LA CONSCIENCE EST TOUJOURS EN RE**RD

En 2014, Stanislas Dehaene publiait un livre fondateur : Le Code la conscience- Editions Odile Jacob.

Il y reprenait les résultats des expériences réalisées notamment avec Lionel Naccache et qui montraient à quel point la si mystique "conscience" était en réalité un phénomène neurologique parmi tant d'autres, déterminé, physique, matériel, étudiable, et qui correspond tout simplement au partage d'une seule et même information qui existe jusqu'alors au niveau d'un module cognitif local, à l'ensemble du cortex cérébral, de manière synchrone et coordonnée.

La "conscience" n'est donc pas un phénomène continu qui planerait au-dessus de la matière mais un phénomène discret, c'est à dire temporaire, discontinu, et qui ne survient de temps à autre qu'en raison de causes dont nous n'avons précisément pas conscience, au sein d'un système nécessairement doté d'une architecture particulière qu'avec Jean-Pierre Changeux ils nommèrent : "espace de travail neuronal global".

Il n'est donc pas du tout besoin d'être un humain ou d'être fait de biologie plutôt que de mécanique pour avoir une dite "conscience". Et tout système capable de supporter des informations, d'en sélectionner une et de la transmettre de manière stable et synchrone à l'ensemble du système dispose potentiellement d'une activité dedite "conscience". Bien évidemment, donc, que par exemple une IA pourra être dotée de "conscience".

L'élément fondamental qui est expliqué ici et que je reprends dans les premiers épisodes du Podcast, est que l'activité neurologique de "conscience" ne peut par définition survenir que toujours APRÈS que l'information en passe d'être conscientisée ait commencé à exister.
Ça n'est jamais la conscience qui invente de l'information ex nihilo. Au sein de notre cerveau, il se passe en permanence des milliards de choses dont certaines aboutissent à des "décisions"' et dont notre cerveau ne peut éventuellement "prendre conscience" qu'à posteriori.

Comme le dit aussi Dehaene, et contrairement à tout le bu****it pseudo-profond qu'on peut entendre dans le développement personnel du capitalisme contemporain comme dans ses nombreuses variantes new age ethnophileuses post colonisatrices (magnifiquement debunkées par Méta de Choc) , notre cerveau ne sait penser consciemment qu'à une seule chose à la fois et il n'est aucune méthode pour "étendre le champ de sa conscience".

Enfin, dernier élément crucial pour la question du Libre-Arbitre : nombre de personnes placent le siège de notre "Liberté" à l'endroit de cette "prise de conscience" qui engendre parfois, par exemple, l'arrêt d'une séquence de décision qui allait engager un comportement qui n'est par exemple pas adapté socialement. Oui c'est vrai. C'est même l'avantage comparatif pour la survie que cette activité neurologique confère aux systèmes biologiques qui en sont dotés. Mais ces "prises de consciences" ne sont jamais "libres". Elles aussi, et comme tout phénomène en ce monde, sont déterminées par des causes physiques qui entraînent leur survenue à cet instant plutôt qu'à tel autre, le partage de telle information plutôt que telle autre, et le fait que cette information va être modulée de telle manière plutôt que de telle autre. Là encore, par définition, nous ne pouvons pas être conscients des effets que va avoir la "prise de conscience" qui va avoir lieu dans quelques instants puisque cela annulerait toute utilité à cette "prise de conscience" d'avoir lieu et ça voudrait dire qu'on serait en train de vivre le futur dans le présent.

Nous avons donc bien un "arbitre" mais il n'est pas "libre", et le savoir engage toutes les conséquences fantastiques dont nous parlons ici.

Le Libre-Arbitre n'existe pas, et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

🧠 L'IA pourrait-elle être une des conditions matérielles qui précipitera la révolution culturelle déterministe?Pour la c...
27/03/2024

🧠 L'IA pourrait-elle être une des conditions matérielles qui précipitera la révolution culturelle déterministe?

Pour la culture libre-arbitriste et idéaliste contemporaine, les révolutions sont les conséquences de la libre volonté des humains et de quelques grands noms libres et éclairés. Nous, ici, savons que les Révolutions sont des phénomènes chaotiques qui surviennent en conséquence de conditions matérielles historiques déterminées, conditions matérielles parmi lesquelles nous pouvons compter révolutions techniques, scientifiques, ou encore bouleversements environnementales tels que guerres, famines ou bouleversements climatiques. Contrairement aux idéalistes, nous savons donc que les idées ne font pas le monde mais sont l'expression du monde qui est déjà là.

Pour donner un exemple de séquence matérialiste déterminée : sans capacités techniques de mener des expéditions transatlantiques -> pas de découverte du continent américain-> pas d'exploitation coloniale esclavagiste exterminatrice du continent américain-> pas d'explosion de la richesse des bourgeois européens-> pas de renversement du pouvoir tenu par les aristocrates et de leur ontologie théiste-> pas d'avènement du récit libéral et individualiste fondé sur la croyance en un Libre-Arbitre individuel-> pas de Capitalisme.

Si nous pensons donc que le nouveau récit déterministe que nous défendons ici a un potentiel tout aussi révolutionnaire que le récit libéral individualiste bourgeois de l'époque, si une révolution déterministe pourrait être porteuse d'effets tout aussi puissants et avantageux pour la population générale que l'était la fin de l'Ancien Régime pour la population de l'époque, nous savons aussi, et par contre, que ces idées ne suffiront pas à précipiter l'avènement d'une Révolution systémique.

La question que je pose ici est donc la suivante : l'essor de l'IA pourrait-il être une de ces conditions matérielles historiques nécessaires à l'avènement d'une révolution culturelle déterministe?

Je m'explique.
L'IA, ou pour être plus rigoureux "les IA", vont entraîner un bouleversement technologique et culturel majeur qui va profondément transformer les moyens de production mais qui, à la différence de la révolution industrielle passée, ne liera pas la population générale aux détenteurs des moyens de production par à un rapport de subordination salariale. Pour consommer de l'algorithme "intelligent", il n'est pas besoin de vendre sa force de travail à un riche qui a l'argent pour acheter les machines qui feront tourner l'usine. Il suffit d'un ordinateur et de compétences accessibles à qui s'y intéresse ou de louer un service commercial. Et surtout, toutes les compétences pour le moment prétendument propres aux cadres et aux bourgeois (management, décisions stratégiques, achats/ventes, marketing, brainstorming etc.) pourraient être effectuées par des IA avec une performance et une rapidité supplantant tout prétendu "mérite" de quelque bourgeois que ce soit, entraînant l'explicitation plus manifeste que jamais de leur inutilité autant que de leur parasitisme. Si les sociétés humaines en devenir auront toujours besoin de mineurs et d'ouvriers pour extraire les matières nécessaires à la construction d'ordinateurs, robots et imprimantes 3D, il est donc fort probable que les rapports de domination qui structurent notre société contemporaine soient tendrement chahutés.
Par ailleurs, et contrairement à la culture capitaliste du brevetage de la propriété intellectuelle ou industrielle, il existe pour le moment, chez les producteurs d'IA, un consensus international qui vise à maintenir un maximum des codes et algorithmes dans le domaine publique ou tout du moins en open source, tant leurs concepteurs eux-mêmes sont conscients de leur puissance, éventuellement ravageuse (même Yann Le CUN, responsable de l'IA chez Méta qui n'est pourtant pas connue comme étant la firme la plus communiste du game, insiste là-dessus.)

Enfin, il se pourrait bien qu'être au contact de codes, algorithmes et autres machines qui dépassent de loin nos cognitions humaines puissent être les expériences émotionnelles déterminantes qui nous manquaient pour vivre intimement car intuitivement à quel point nosdites "pensées", "émotions", "consciences" et autres "esprits" sont, comme n'importe quel phénomène de ce monde, qu'il soit "humain" ou non, "vivant" ou non, intelligence biologique ou non, eau qui coule ou pierre qui roule, intégralement déterminés.

Le Libre-Arbitre n'existe pas, et c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

PS: toute cette réflexion n'a de sens que dans la mesure où notre civilisation techno-industrielle ne s'effondre pas du fait du dérèglement climatique et de l'épuisement des métaux rares, l'explosion de l'IA participant pleinement à l'accélération de la catastrophe écologique en cours. L'Histoire nous dira bien ce que cette histoire ne nous dit pas.

Qu'en pensez-vous ?

🧠 Nouvel épisode : LES TROUBLES DE LA PERSONNALITÉPersonne n’est capable de décider librement d’être tel qu’il est plutô...
21/03/2024

🧠 Nouvel épisode : LES TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ

Personne n’est capable de décider librement d’être tel qu’il est plutôt qu’autrement. À cet instant, notre personnalité est l’expression d’un état donné de la matière qui compose notre corps et donc de notre câblerie neuronale. Nous sommes toutes et tous, que nous le voulions ou non, plus ou moins histrioniques, paranoïaques, obsessionnel.les, borderlines, narcissiques, http://xn--vitant-9ua.es/, sociopathes, http://xn--dpendant-b1a.es/, schizoïdes, et schizotypiques.
Et c’est après avoir travaillé ces idées tant de fois avec tant de patient.es qu’il me semble aujourd’hui important qu’elles soient accessibles à toustes et quand bon vous semble.

Liens : https://linktr.ee/lelibrearbitrenexistepas

PLAN
- 00’’00 : introduction
- 4’’45 : rien ni personne ne sait décider
librement d’être tel qu’il est plutôt qu’autrement
- 07’’29 : la motivation est indispensable
mais insuffisante
- 08’’36 : critique matérialiste de la
psychanalyse
- 11’’02 : la psychothérapie c’est la
« kinésithérapie » du cerveau
- 14’’14 : la « personnalité »
c’est l’expression d’un état donné de notre câblerie
- 17’’00 : chaque type de personnalité a ses
avantages et ses inconvénients
- 20’’12 : personnalité obsessionnelle
- 22’’16 : personnalité histrionique
- 24’’16 : personnalité narcissique
- 30’’19 : personnalité évitante
- 32’’51 : personnalité paranoïaque
- 36’’22 : personnalité sociopathique
- 40’’10 : personnalité dépendante
- 42’’54 : personnalité schizoïde
- 43’’15 : personnalité shizotypique
- 44’’44 : personnalité borderline /
état-limite / émotionnellement labile

Générique : HANAMI
Mix master : Maxime Lunel Studio MastoÏd

🧠 COMMENT PENSER POUVOIR RENVERSER LA CROYANCE « MÉRITOCRATIQUE » EN CONSERVANT LE SOCLE IDÉOLOGIQUE  QUI EN PERMET L’EX...
06/03/2024

🧠 COMMENT PENSER POUVOIR RENVERSER LA CROYANCE « MÉRITOCRATIQUE » EN CONSERVANT LE SOCLE IDÉOLOGIQUE QUI EN PERMET L’EXISTENCE ?

Plusieurs personnes m'ont demandé ce que j'avais pensé du livre de Samah Karaki, paru en 2023 : « le talent est une fiction » - Éditions JC Lattès.

Voici donc mon avis sur ce livre que j'ai trouvé très intéressant, dont je partage les objectifs politiques, et mais qui, par son Compatibilisme ("tout est déterminé" MAIS "l'humain est libre"), annule malheureusement toute puissance politique.

Dans ce livre, Samah Karaki montre à quel point la notion de « talent » est une représentation pétrie de croyances génético-biologiques fatalistes qui oublient toute l’importance du déterminisme social.

Elle y attaque également, et de plus en de plus frontalement lors des interventions publiques qu’elle a réalisées depuis, le concept de « mérite » et toute l’organisation des rapports de dominations qui, dans notre société capitaliste, se base sur cette quantité théorique de « mérite » que l’on alloue à chaque individu en fonction de sa prétendue « réussite ».

Mais c’est justement parce que je partage profondément les mêmes objectifs politiques que je trouve aussi très important de discuter ce qui est problématique. En effet quel ne fut pas mon enthousiasme de voir enfin abordée la question du Libre-Arbitre, de voir affirmée notre si fondamentale interdépendance, de voir même cité ce si cher Henri Laborit, et mais pour au final découvrir un propos tout à fait compatibiliste qui, selon moi, empêche tout effet politique potentiel.

Car Samah Karaki, et comme l’immense majorité des auteur.rices de sciences sociales et politiques, et même « de gauche », et même « bourdieusiens », et même « marxistes », conserve ici l’idée d’une « Liberté » qui permettrait aux humains de se « libérer » de leurs déterminants, et notamment grâce à une capacité de « free won’t » (idée selon laquelle les humains ne seraient pas capables de décider librement de leurs actions mais de décider librement de ne pas en faire certaines – ah bon bah ça alors), notion que Benjamin Libet lui-même avait proposée dans les années 1990 pour réussir à conserver l’édifice moral libre-arbitriste sue ses études avaient pourtant sérieusement attaqué.

Alors enfin, je repose encore et encore la question: comment peut-on penser pouvoir dépasser un jour la culture capitaliste, l’organisation sociale des rapports de domination structurée par l’idée de « mérite » individuel, l’idéologie libérale, individualiste, et suprémaciste humaine, si nous continuons précisément à adhérer et à défendre les mêmes croyances qui sont à la base même de tout cet édifice représentationnel ?

Vraiment il est temps que ce débat ait lieu, publiquement, que nous puissions comprendre une bonne fois pour toute à quel endroit de la matière ou du cerveau les compatibilistes placent ces capacités proprement surnaturelles de « free will » ou de « free won’t », temps que ce débat ait lieu au-delà des égos, des conférences privées, des livres privés, de la mode des neurosciences, car les enjeux politiques sont au moins aussi importants que la crise écosystémique contemporaine est grave.

Voici donc le long passage problématique de ce livre par ailleurs, je le redis, tout à fait enthousiasmant :

p. 197 : "Ces études sont perturbantes en ce qu’elles nous amènent à douter du fait que nos comportements viennent vraiment de nous-mêmes. Or, en tant qu’êtres humains, nous aimons penser que nos décisions sont sous notre contrôle conscient, que nous avons du libre arbitre. En réalité, nous faisons en permanence des expérience subjectives de notre liberté. Ainsi, en écrivant ce passage, je viens de décider de remplacer le terme « intimes » par « subjectives ». Je viens de décider de vous raconter cela. Je me sens libre de le faire. Or, les neurosciences nous montrent que cette sensation fallacieuse de liberté s’explique par le fait que notre cerveau va rationaliser ou réinterpréter nos actions de manière à rétablir une impression de cohérence avec nos comportements. Notre sentiment de faire des choix libres et personnels semble donc venir du fait que notre cerveau est prompt à fournir des justifications conscientes pour expliquer nos comportements. Les neurosciences prouvent donc, ou rendent très probable, que nous sommes des créatures strictement déterminées sans aucun pouvoir d’influencer volontairement notre destin. Ce que nous appelons liberté semble entièrement programmé par la structure innée de notre système nerveux et par l’apprentissage socio-culturel ?

Ainsi, selon cette vision, le talent ne peut apparaître que comme une circonstance. C’est un facteur de chance un peu particulier, qui surgit sans doute assez en amont dans l’histoire de l’individu, lié à son code génétique ou à des rencontres qui lui révèlent sa voie. Selon cette logique, il serait absurde et perversement injuste de maintenir un système social de mérite, de récompense et de punition si nous croyons qu’il n’y a pas de réalité correspondant aux notions de responsabilité. Henri Laborit s’exprime sur cette vision dans Éloge de la fuite : « L’absence de liberté implique l’absence de responsabilité, et celle-ci surtout implique à son tour l’absence de mérite, la négation de la reconnaissance sociale de celui-ci, l’écroulement des hiérarchies ». Mais attention, l’affaire n’est pas si simple.

Nous pouvons tout à fait considérer que le type de découvertes neuroscientifiques que j’ai décrites plus haut ne constitue pas une preuve suffisante de l’absence de libre arbitre dans la réalisation de nos talents et que les résultats des neurosciences ne peuvent pas encore trancher ce débat ; ces expériences sont en effet des caricatures de la prise de décision humaine quant à développer nos capacités dans un domaine, à réagir à nos succès et à nos échecs et à ceux des autres. La décision apparemment simple de s’entraîner une heure supplémentaire à jouer un instrument est de loin plus complexe que de décider d’appuyer sur un bouton dans un laboratoire de recherche, et de loin plus élaborée que le choix des mots pour exprimer une idée. De plus, nier toute forme de responsabilité individuelle peut dangereusement fournir l’excuse ultime pour se comporter comme on veut. Cet effet a été démontré dans une expérience, où les auteurs ont montré que si les gens ne croyaient pas au libre arbitre, ils étaient plus enclins à tricher. Mais alors, comment concilier tout ce que je viens de vous raconter ? Je m’inspire pour le faire des travaux récents de certains chercheurs en sciences cognitives qui construisent une vision dynamique entre les découvertes du domaine et les travaux d’autres disciplines.

Selon cette vision dynamique, si les neurosciences peuvent affiner notre idée de ce que sont nos intentions conscientes, nous n’avons pas besoin d’abandonner pour autant tout le principe de responsabilité personnelle. Si notre cerveau prépare nos décisions assez en avance par rapport à notre conscience, il nous laisse jusqu’au dernier moment un droit de veto. Le moment où notre cerveau prend une décision inconsciente prédit certes nos comportements et actions, mais ne les détermine pas. Nous avons donc un « free won’t », par analogie au libre arbitre appelé « free will ». Cela signifie que nous ne devons pas nous sentir enchaînés par un déterminisme strict où nous serions mis sous la tutelle totalitaire des opportunités. Nous avons une marge de manœuvre sur ces mécanismes et nous sommes encore capables d’exercer au moins une influence limitée sur le cœur des évènements de notre vie.

Il s’agit plutôt de rappeler que cette capacité est plus limitée que ce que nous pouvons imaginer. Notre libre arbitre se situe dans un espace restreint, cet espace étant lui-même façonné par les interactions avec l’environnement et les autres humains qui l’habitent. L’humain apparaît ainsi comme un système complexe très contraint, comportant un nombre élevé de déterminisme. Notre travail, notre temps de travail, notre degré d’acharnement et notre choix de nous acharner sont influencés par une variété de mécanisme causaux et d’évènements antécédents sur lesquels nous n’avons en réalité que très peu d’influence : nos environnements sociaux et culturels.

Ainsi, le domaine des neurosciences s’allie à certains courants philosophiques pour montrer que nos intentions ne sont pas systématiquement à l’origine de nos actions, que les processus inconscients jouent peut-être un plus grand rôle que nous pouvions le penser. À travers ce prisme, réussir ou échouer ne semblent plus émaner d’une décision délibérée et individuelle, ni d’une volonté consciente et dirigée vers nos objectifs. Nos trajectoires semblent déterminées par des moyens, des dispositifs ainsi que des systèmes de valeurs et de croyances.

Que nous apprend tout ça ? Que nous devons être conscients non seulement de la liberté qui nous est accordée, mais aussi des limites de cette liberté. Cette liberté intérieure, si elle existe, ne signifie pas une indépendance par rapport aux circonstances du monde qui nous entoure, mais au contraire une démarche active nourrir de la compréhension de nos liens aux autres êtres humains, au vivant et au monde en général Il n’est pas possible que nous nous attribuions du mérite ou du blâme sans une prise de conscience des différences matérielles, culturelles et symboliques qui nous distinguent et influencent, nous conditionnent, nous biaisent, nous manipulent, nous invitent à mimer et à nous conformer beaucoup plus que nous ne sommes parfois prêts à l’admettre.

Sans cette prise de conscience profonde que nous sommes connectés aux autres, nous ne savons pas de quoi nous nous émancipons ; nous ne sommes donc pas en mesure d’être responsables de nos réussites ou échecs. Cette prise de conscience transparaît dans cette phrase de Spinoza : « Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre ». Cette idée est « libératrice » car elle sous-tend que nous pouvons détourner nos déterminismes à notre avantage par leur compréhension, ce qui permet de nous réconcilier avec le déterminisme en rejetant toute forme de fatalisme et de montrer qu’il est possible d’agir sur la trajectoire de sa vie à travers une connaissance adéquate de nos déterminismes.

Une telle conscience de notre interdépendance rendra nos structures sociales fondées sur la compréhension des contextes plus larges des qualités différentes des individus, plutôt que sur le dépistage précoce et la présélection dans une quête des individus doués et sur la distinction et la hiérarchisation des personnes selon leurs réalisations."

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