04/01/2025
Série à voir sur Netflix
DERNIÈRE NUIT À TREMOR
Mini-série espagnole de 2024. 8 épisodes d’une heure.
Créée par Oriol Paulo et Jordi Vallejo (et dirigée par le premier), cette série mêle drame, mystère, thriller et fantastique.
Le pitch : Le compositeur Peter Harper, ébranlé par son divorce, se retire dans une maison en bord de mer, sur une falaise dominant la petite ville de Tremor, une demeure isolée dans l'espoir de trouver l'inspiration. Le chalet semble parfait jusqu'à ce qu'une violente tempête frappe, changeant ses plans… En effet, sa vie est bouleversée après avoir été frappé par la foudre. Des visions horribles du futur se forment devant lui, et il désespère à chaque instant de changer le cours des choses. Il voit beaucoup de gens mourir dans ses visions…
Tremore est une ville fictive créée par Mikel Santiago pour son roman «La dernière nuit à Tremore Beach » (« La última noche en Tremor » en espagnol) sur lequel est basée la série Netflix. Dans le roman, Tremore est une petite ville d'Irlande. Dans la série, cependant, le décor est déplacé vers l'Espagne, avec Tremore située quelque part dans la région des Asturies. Il existe une vraie ville balnéaire appelée Tramore en Irlande. Cependant, elle est sans lien avec Tremore décrite dans le roman de Santiago et l'adaptation Netflix. J’en parle parce que la série utilise la petite ville balnéaire de Tremore comme un personnage à part entière, mais elle le fait en mettant en valeur son environnement pittoresque, donnant envie au spectateur de boucler ses valises et d’y faire une pause.
Mikel Santiago a expliqué que l'idée lui est venue en 2008, alors qu'il se trouvait sur une plage de Skerries, en Irlande. Il a vu une maison isolée au bord de la mer et l'image de cet endroit a captivé son imagination, ce qui l'a conduit à écrire le premier chapitre de l'histoire. Il a mentionné qu'en écrivant le roman, il avait imaginé un endroit comme Donegal, en Irlande. Il a également fait référence à la ville fictive de Cicely, en Alaska, telle qu'elle est représentée dans la série télévisée de 1990, « Northern Exposure ». Son idée était de créer une petite ville avec moins de population et peu d'équipements qui se concentrerait davantage sur l'isolement d'une personne.
Le roman a été porté à l’écran par le réalisateur Oriol Paulo, qui a également coécrit la série. Au cours du processus d’écriture, il a été décidé de déplacer le décor de l’Irlande vers l’Espagne, car Paulo voulait que l’histoire se rapproche de chez lui. Bien qu’il ait trouvé que l’isolement et la solitude étaient un thème majeur de l’histoire, il pensait que l’impact serait plus grand si le protagoniste rentrait chez lui, compte tenu de la profondeur avec laquelle il doit plonger dans son passé et faire la paix avec les événements survenus au sein de sa famille pour aller de l’avant. Il était logique que dans ses moments les plus vulnérables, il revienne chez lui.
La région des Asturies semblait correspondre à la description de Tremore dans le livre de Santiago, et il a été décidé d'y placer la ville fictive. Pour rendre l'histoire plus authentique, les créateurs de la série ont trouvé une vraie ville des Asturies pour y placer Tremore. Puerto de Vega, dans la municipalité de Navia, a été utilisé comme toile de fond pour l'histoire. Considérée comme l'une des plus belles villes des Asturies, Puerto de Vega est connue pour sa beauté naturelle, et l'équipe a pleinement exploité ses vues spectaculaires pour créer la ville d'une beauté envoûtante de Tremore. La plage fictive de Wind Beach, qui apparaît dans plusieurs scènes de l'histoire, a également été filmée sur les plages de Puerto de Vega, comme Frejulfe et Barayo. Ainsi, l'équipe a donné vie à la ville que Santiago avait imaginée en écrivant son roman.
Que vaut cette série ? Disons d’emblée qu’elle est intéressante, posant notamment le problème du déterminisme face au libre arbitre (y a-t-il un ou plusieurs univers, les dons de seconde vue existent-ils, etc). Rien n’est imposé d’emblée au téléspectateur. La trame de l’histoire forme un puzzle qui prendra forme tout a long de la série. Ainsi, le fantastique n’est pas imposé, plusieurs hypothèses « réalistes » étant proposées en cours de route. Les auteurs cherchent avant tout la cohérence, et ils y parviennent, grâce à l’ensemble des comédiens, le principal protagoniste en tête, qui n’est pas un héros, mais un personnage auquel on peut (ou pas) s’identifier. Pas facile du reste, parce qu’il passe son temps à souffrir, à avoir des doutes ; même s’il est un brillant compositeur et pianiste virtuose.
Le reproche que je ferais, peut-être, est que la série est trop longue. Au lieu des 8 épisodes proposés, 5 ou 6 auraient probablement suffi (l’épisode évoquant les précédents tourments de l’héroine est ainsi trop détaillé et trop glauque). Mais heureusement, il y a suffisamment de rebondissements pour soutenir l’attention et la fin est vraiment réussie (et inattendue). On est pris aussi par l’ambiance, les décors naturels en Asturies (la série a été tournée sur les lieux de l’action). Cest, outre l’action, un récit psychologique qui explore l’influence de la mère sur le personnage principal.
La série bénéficie, outre ses décors et son casting, d’une musique envoutante et d’une photographie soignée, avec des angles de prises de vue à la fois captivants et effrayants. Le style élégant du réalisateur, la tension qu’il parvient à réer ne sont pas sans évoquer Hitchcock ou Brian de Palma. La série est truffée d’incohérences mais elles sont volontaires, ce qu’on découvre au fur et à mesure, tout finissant par trouve une explication - rationnelle ou irrationnelle. Le rythme n’est ni trop rapide, ni top lent. Bref, ce feuilleton se savoure même si, parfois on peut regretter certaines choses (le son pas toujours audible, par exemple, si on la regarde en français). Il faut prendre son temps, ne pas visionner cette série en bloc. Certaines séquences sont vraiment magiques (le carnaval, par exemple, et ces masques effrayants). L’un des intérêts majeurs du show est la présence d’Ana Polvorosa, qui incarne la jeune aubergiste du coin et ex-infirmière. L’actrice a été remarquée et récompensée précédemment plusieurs fois, notamment pour la série d’action/thriller « La Fortuna».
Bref, une série à voir, car même si elle n’est pas parfaite, elle offre et propose beaucoup.
A.S.