19/01/2023
LE TOP 13 MOUVEMENT SOCIAL EN FRANCE
Alors que le mouvement contre la réforme des retraites débute, les autonomes défroissent leurs k- way, les antifas garnissent leurs stocks de fumigènes et les CGTistes remplissent leurs frigos de merguez. Quant à nous, on vous offre un top des meilleurs mouvements sociaux, histoire de se donner un peu de motivation supplémentaire.
1️⃣4️⃣ : Grève générale en Guyane et aux Antilles françaises de 2008-2009
Des prix exorbitants par rapport à ceux de la métropole, une population racisée précaire et gérée à la sauce néocoloniale par la police... Pour paraphraser notre auguste président, qui aurait pu prévoir que la situation exploserait ? Quatre mois de grève générale, d’émeutes et de barrages routiers plus t**d, le SMIC était localement augmenté de 200 euros et les prix des biens alimentaires plafonnés. Preuve qu’avec les bons arguments, on peut négocier.
1️⃣3️⃣ : ZAD de Notre-Dame-des-Landes, années 2010
Le mouvement qui a sauvé des salamandres, donné un second souffle à la musique de Tryo et créé la hype des blancs à dreads durant ma terminale. Oui, deux de ces trois points sont critiquables. Mais Notre-Dame-des-Landes, c’est surtout une lutte acharnée contre les assauts des flics de Valls (alors ministre de l’intérieur) en 2012 et Collomb en 2018 pour faire perdurer une expérience de vie en marge du capitalisme et empêcher la construction superflue d’un aéroport sur une zone écologiquement précieuse. Ca valait le coup de relancer la vente de sarouels.
1️⃣2️⃣ : Les grèves des Sardinières en 1905 et 1924
On continue avec un mouvement en deux temps : en 1905, les ouvrières des conserveries de sardines de Douarnenez et Concarneau se mettent en grève pour réclamer une baisse de leur temps de travail et des augmentations de salaires. Faut dire qu’elles y passent 18h par jour, à la conserverie, et qu’on les paye aux pièces. 1 500 femmes adhèrent alors au syndicat des sardinières et obtiennent d’être payées à l’heure. Rebelote en 1924 : c’est que c’est bien beau, le salaire à l’heure, mais quand il plafonne à 80 centimes de franc, il reste des raisons de râler. Sans compter le fait que les sardinières se coltinent encore 10 h de travail par jour, alors que la loi limite le temps de turbin quotidien à 8 h. Alors, à l’hiver 24, 2 100 personnes manifestent. En novembre, les ouvrières se mettent en grève. La répression des gendarmes est féroce, le sang coule, des briseurs de grèves entrent en action. Mais la Bretagne n’est pas la région la plus têtue du monde pour rien. Les sardinières tiennent et sont même rejointes par d’autres professions. En janvier 1925, les patrons cèdent finalement. Depuis, on le sait bien : la révolution sera bretonne ou ne sera pas.
1️⃣0️⃣ : Grève des mineurs de 1906
En mars 1906, l’explosion d’une galerie provoque la mort de 1099 mineurs. Le gouvernement de l’époque déclare, seulement 3 jours après la catastrophe, qu’il n’y a plus aucun survivant, et s’attache avant tout à sauver les infrastructures. De nombreux rescapés sont ainsi enterrés vivants.
Evidemment, la nouvelle n’est pas hyper bien accueillie par les mineurs du pays : la grève prend partout, et s’étend jusqu’en Belgique. A travers toute l’Europe, des soutiens financiers affluent. Deux mois plus t**d, les grévistes ont obtenu une augmentation de salaire et l’instauration d’un jour de repos obligatoire par semaine de travail. La rumeur dit que ce dernier acquis donne aujourd’hui encore des cauchemars à Emmanuel Macron.
9️⃣ : La commune de Paris de 1870
On n’y était pas, ça a finalement foiré, et même ton pote le plus gauchiste trouve qu’il faut arrêter le fantasme qui entoure la commune. Pourtant, on ne va pas se mentir : la perspective de 72 jours d’autogestion en plein Paname a fait briller bien des yeux – les miens en tout cas. Qui ne s’est jamais imaginé sur une barricade avec Louise Michel ? Si t’es de gauche, t’es forcément passé par là. Bon, à la fin, l’armée débarque et zigouille tout le monde. Mais quand même, merci pour la tranche de rêve
8️⃣ : Grève des mineurs de 1963
Ouais, c’est déjà la deuxième apparition des mineurs dans ce top, mais fallait vraiment pas les faire c***r. Du 1er mars au 4 avril, les mines du nord, de l’alsace et du centre de la France sont paralysées. En cause : le gel du salaire des mineurs, qui était auparavant indexé sur la hausse des prix. La mobilisation est massivement suivie, des manifestations monstres ont lieux. Résultat : les grévistes obtiennent une augmentation de salaire et une réduction de leur temps de travail. Un seul échec est à déplorer: l’abandon de la demande d’une 4eme semaine de congés payés. Mais cette revendication restera dans les tuyaux. Cette mobilisation marque aussi le premier recul de De Gaulle depuis son retour en 58. Dans les dents du grand dadais de Colombey.
7️⃣: La Loi Travail de 2016
En un mot : bo**el. Bo**el dans les facs, bo**el en manif, bo**el sur la route des cortèges de tête, bo**el sur les murs, bo**el sur les vitres de banques, bo**el à l’assemblée nationale, bo**el de Manuel Valls, bo**el de nasse, bo**el de fracture du code du travail, bo**el d’enterrement du PS ; bo**el qui déborde partout, tout le temps. On s’est bien marré, c’est vrai. Une nouvelle génération de militants a fleuri le temps d’un printemps. Dommage, ce coup-ci, on a perdu. Bo**el.
6️⃣: Les grèves de 1995
La banlieue influence Paname, Paname influence le monde. Pas sûr cependant que la punchline de Médine soit encore valable quand les métros et les RER sont HS pour cause de grève massive. Par contre, c’est efficace pour forcer Alain Juppé à revenir sur son plan de massacre de la sécurité sociale et des retraites. C’est peut-être la dernière victoire d’un mouvement social largement incarné par les syndicats, il y a déjà 28 ans. Le temps passe trop vite.
5️⃣ : Le Contrat Première Embauche (dit « CPE ») de 2006
Qui n’a jamais rêvé d’engu**ler le CPE de son lycée ? Donner ce nom traumatique à une réforme précarisant les jeunes, c’était un coup à se fo**re tous les bacheliers du pays à dos. Ça n’a pas loupé : des mois de mobilisations régulières et massives (jusqu’à 3 millions de personnes !) ont finalement poussé le gouvernement Villepin à retirer sa loi. Fait intéressant : le projet avait pourtant vite été adopté grâce au 49.3, mais le mouvement a perduré sous l’impulsion des étudiant.es, jusqu’à l’abandon du contrat première embauche. Comme quoi, tout est possible. Comme quoi, il y avait aussi des trucs cools dans les années 2000.
4️⃣ : Grève à l’usine de montres LIP en 1973
La première grève autogestionnaire de l’histoire : face aux risques de licenciement, les salariés décident de cesser le travail hors des directives syndicales, puis de reprendre la fabrication de montres... pour les revendre à la sauvette, à leur propre compte! Ils expérimentent ainsi, concrètement, la réappropriation des moyens de production. L’histoire était trop belle et le gouvernement fera échouer les diverses tentatives de reprise de l’entreprise par les salariés, mais pendant quelques années, LIP aura montré la voie : organisés, les travailleurs peuvent se passer des patrons et se partager le fruit de leur labeur. La prochaine fois, on pensera juste à dégager l’état capitaliste en passant.
3️⃣ : Grèves de 1936
Oui, 1936, c’est le front populaire. Mais avant même la constitution du nouveau gouvernement, les salariés de tout le pays se mettent en grève spontanée. Des manifestations réunissant des centaines de milliers de personnes ont lieu, les usines sont occupés par les ouvriers organisés en comité de grève, la propriété privée des moyens de production est remise en cause. On compte jusqu’à 2 millions de grévistes. Même la CGT est dépassée. Le bilan, on le connait : les congés payés et une augmentation moyenne des salaires de 20%. Léon Blum fera son possible, avec l’appuie du PCF, pour que le mouvement n’aille pas plus loin. C’est nul, on le sait. Mais François Hollande et Manuel Valls ne venaient pas de nulle part.
2️⃣: Mai 68
Avant 2016, déjà une histoire de printemps. Et quel printemps ! Des grèves à n’en plus finir et suivies par 10 millions de personnes, des facs occupées, des émeutes en veux-tu, en voilà... Et même, la préfecture évacuée de ses fonctionnaires à Nantes ! Mai 68, c’est une génération qui déborde, un vieux monde qui se pète la gu**le sur des pavés volants, des barricades qui ne finissent qu’au ciel, de la peinture plein les murs, De Gaulle qui fuit Paris et des bourgeois qui ont les genoux qui claquent. Mai 68, c’est la jonction de la jeunesse et des ouvriers, de la rue et des bleus de travail. C’est une révolution fauchée dans la fleur de l’âge, mais qui a laissé des souvenirs même à ceux qui ne l’ont pas vécu. Entre-nous, ça donne envie de recommencer. Pour les plus frileux, rappelons juste que le SMIC a augmenté de 35%. Parce que malgré tout, mai 68, c’est aussi une victoire.
1️⃣: Les Gilets Jaunes en 2018/2019
- Dis Maman, c’est quoi la différence entre une révolte et une révolution ?
- Une révolte, ma chérie, c’est quand des gens commencent par enfiler un habit moche et à faire des chenilles autour de ronds points pour protester contre le prix de l’essence puis
finissent, 3 semaines plus t**d, par vouloir chercher Macron chez lui, en retournant si
nécessaire tous les flics et les enseignes capitalistes qu’ils croisent.
- Ça a l’air chouette ! Et une révolution ?
- C’est quand les gens réussissent à aller chercher Macron chez lui.
Dommage, c’est pas passé loin.
Nous tenions à préciser que la liste est non-exhaustive et le classement, totalement subjectif.