L'Aurore du Bourbonnais

L'Aurore du Bourbonnais L’Aurore du Bourbonnais Il privilégiera le niveau local et l’échelon européen. Hebdomadaire local depuis 1944, nous surestimons pas pour autant nos forces.
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Sur douze pages et sous des rubriques bien identifiées nous voulons enrichir le paysage médiatique de l’Allier en tant que journal de réflexion. L’Aurore du Bourbonnais restera un lieu de publication pour des annonces légales. Elle ne cherchera pas à s’établir comme concurrent des grands quotidiens et hebdomadaires locaux qui rendent un services d’information indispensable pour les habitants de l’

Allier et leurs villes et villages. Elle rivalisera encore moins avec les grands hebdomadaires nationaux dont les mérites sont indiscutables pour le débat sur les grands enjeux nationaux, mais qui connaissent aussi la tendance fâcheuse de confondre Paris avec la France entière, l’Élysée avec le nombril du monde. Si L’Aurore du Bourbonnais paraît dorénavanti avec quatre pages de plus, une typographie plus lisible et des photos illustrant le propos d’un texte c’est pour amener les lecteurs et lectrices sur le chemin de la réflexion et du débat. L’analyse, la mise en perspective et le commentaire seront à leur disposition le samedi dimanche pour éclairer le quotidien de l’information. Le point de départ de l’Aurore restera inchangé. La pensée chrétienne bien cultivée restera pour ce journal un terreau riche et fertile.

ET POURQUOI PAS LE COMPROMIS ?Éditorial n°3954Ces derniers mois ont été marqués en France par l’expression de la brutali...
30/08/2024

ET POURQUOI PAS LE COMPROMIS ?

Éditorial n°3954

Ces derniers mois ont été marqués en France par l’expression de la brutalité, de l’intolérance politiques et du sentiment d’avoir été malmenés. Entre le racisme affiché, l’antisémitisme et l’incompréhension mutuelle, le climat politique français s’est obscurci laissant redouter l’impossibilité de nous mettre d’accord autour d’un projet politique commun. Le député européen Pascal Canfin appelle les différents partis à «créer des ponts» plutôt qu’à «ériger des murs » entre nous. Comment vivre ensemble si nous ne parvenons plus à nous comprendre ? Comment chercher le bien commun si nous ne pouvons plus nous entendre en France ? Il faudrait selon lui définir «un discours de la méthode» permettant de développer une culture de la coalition pour y parvenir.

La difficulté est de taille : comment mettre les citoyens d’accord entre eux alors qu’il n’existe pas de «super règle» permettant de résoudre les conflits à l’intérieur d’un ordre dans lequel tous se reconnaissent ? Comment définir le bien commun à viser alors que celui-ci ne peut se justifier de manière univoque, comment chercher le bien commun en l’absence d’un système unique de justification ?

Le philosophe Paul Ricoeur relève le défi en définissant en 1991 «une éthique du compromis» ; le compromis est en lui-même porteur d’un projet politique démocratique qui cherche l’équilibre entre des systèmes de valeurs différents : il cherche l’intersection de plusieurs ordres de grandeur celui qui privilégie la justice ou bien l’égalité ou bien la liberté ou bien la paix... En pondérant les contraires il est fait de dialogues et de nuances qui seuls permettent l’alliance politique. Pour y parvenir, il est nécessaire de reconnaître que la vérité en politique n’est pas dans les idées mais dans l’action et son efficacité et que l’homme est faillible en raison de sa finitude ; c’est pourquoi le compromis n’est jamais parfait et s’inscrit toujours dans un contexte historique précis. En cherchant l’union des citoyens, le compromis n’est possible que si chacun reste fidèle à ses convictions en écoutant et reconnaissant celles des autres comme savent le faire d’autres pays européens.

Christine Devailly

Raisonner les autres ou résonner avec les autres ?Éditorial n°3953C’est par cette interrogation sur le rôle à donner à l...
23/08/2024

Raisonner les autres ou résonner avec les autres ?

Éditorial n°3953

C’est par cette interrogation sur le rôle à donner à la raison dans nos vies que le philosophe allemand Harmut Rosa, élève de l’École de Francfort, nous propose de repenser notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde. Notre époque se caractérise par la fatigue de chacun. Nous sommes fatigués pour deux raisons : la pression de la vitesse, l’accélération du monde et l’individualisme dans laquelle cette pression nous plonge exigeant de nous toujours plus d’efficacité, de rentabilité. Dans son livre Résonance paru en 2016 H. Rosa montre à quel point cette fatigue généralisée vient dénaturer notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde. Loin de nous inviter à retourner vivre dans les cavernes, il propose de repenser notre usage de la raison et la place prédominante que nous donnons à l’optimisation paramétrique de nos existences.

L’homme est devenu esclave des exigences techniques et financières : il nous faut toujours plus d’efficacité, de rentabilité, d’immédiateté jusque dans notre vie la plus privée. Montrer aux autres notre réussite, justifier nos loisirs, nos besoins de repos, nos vacances en prouvant qu’ils ne sont jamais « une perte de temps », qu’on en « profite au maximum » sont pour H. Rosa le signe d’une aliénation. Aliénation qui nous empêche d’être nous-mêmes en nous dictant de nous conformer à la logique du marché. Celle-ci ne nous quitte jamais jusqu’à nous rendre malade. Le burn out est la maladie du siècle, celle de l’angoisse du résultat. Elle est le mal de « ceux qui ont tout ».

Pour entrer en résonance avec soi-même, avec les autres ou avec le monde, comme on entre en religion, il faut chercher ce qui nous relie à la vie, accepter d’être parfois indisponible pour mieux écouter, répondre et se laisser transformer par ce qui est à venir, l’avenir à proprement parler.

Christine Devailly

« LES DIEUX SONT AMIS DES JEUX »Éditorial n°3951Reprenant cette citation du poète antique Pindare dans Les Olympiques Pi...
09/08/2024

« LES DIEUX SONT AMIS DES JEUX »

Éditorial n°3951

Reprenant cette citation du poète antique Pindare dans Les Olympiques Pierre de Coubertin (1863-1937) s’inspire de l’Antiquité grecque lorsqu’en 1894 il fonde le Comité inter- national olympique, le CIO. Ce père fondateur des Jeux olympiques entend promouvoir à l’ins- tar des publics schools anglaises et américaines qu’il a visitées, une culture du corps et de l’esprit pour une nouvelle élite.

Dans un discours prononcé le 25 novembre 1892 à la Sorbonne, il appelle à ressusciter au nom de la concorde entre les nations les Jeux olympiques antiques. Dans le polythéisme grec on sait que le mont Olympe, demeure de Zeus, permettait aux dieux de séjourner et que la ville d’Olympie organisait tous les 4 ans des jeux olympiques.

« Qu’est-ce donc que l’Olympisme ?» demande Pierre de Coubertin. « C’est la religion de l’éner- gie, le culte de la volonté intérieure développée par les pratiques des sports virils s’appuyant sur l’hygiène et le civisme et s’entourant d’art et de pensée » répond-il en 1918, en plein traumatisme de guerre, souhaitant développer « une religion de l’athlète» échappant aux différentes poli- tiques des États. Construire la paix par le sport n’est possible qu’en cherchant l’œucuménisme, le pacifisme et l’universalisme. Il s’agit de créer l’unité des peuples au-delà des nations, dans la diversité, par les jeux.

Ce projet de paix par le sport même s’il n’échappe pas à certains préjugés de son époque définit le lien indissociable entre élévation intellectuelle, spirituelle et physique permettant l’épanouis- sement et la reconnaissance de l’humanité. Toutefois si le sport peut faire rêver les hommes au-delà des frontières en nous faisant aimer des héros universels il s’inscrit toujours dans un contexte social et politique donné. Par leur poing levé, les athlètes Tommie Smith et John Carlos invitent sur le podium la lutte contre la ségrégation, les équipes paralympiques ouvrent les Jeux aux personnes handicapées, les équipes de réfugiés aux exilés, les JO de 2024 à ceux dont « le désir est déviant ». La peur doit céder devant la joie et la tolérance pour que les jeux soient olympiques.

Christine Devailly

LES JO – UNE CHANCE POUR LA FRANCEÉDITORIAL N°3950Avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris le pape François a envo...
02/08/2024

LES JO – UNE CHANCE POUR LA FRANCE

ÉDITORIAL N°3950

Avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris le pape François a envoyé un message aux catholiques français. Il y écrit notamment ceci : «Le sport est un langage universel qui transcende les frontières, les langues, les races, les nationalités et les religions ; il a la capacité d’unir les personnes, de favoriser le dialogue et l’accueil réciproque ; il stimule le dépassement de soi, forme à l’esprit de sacrifice, favorise la loyauté dans les relations interpersonnelles ; il invite à reconnaître ses propres limites et la valeur des autres. Les Jeux Olympiques, s’ils restent vraiment des “jeux”, peuvent donc être un lieu exceptionnel de rencontre entre les peuples, même les plus hostiles... C’est dans cet esprit que l’Antiquité avait, avec sagesse, instauré une trêve durant les Jeux et que l’époque moderne tente régulièrement de reprendre cette heureuse tradition. En cette période troublée où la paix mondiale se trouve gravement menacée, je souhaite ardemment que chacun ait à cœur de respecter cette trêve dans l’espoir d’une résolution des conflits et du retour à la concorde. Que Dieu ait pitié de nous ! Qu’Il éclaire les consciences des gouvernants sur les graves responsabilités qui leur incombent, qu’Il accorde aux artisans de paix le succès dans leurs démarches, et qu’Il les bénisse.»

Depuis la cérémonie d’ouverture des Jeux nous constatons qu’encore une fois cette trêve n’a pas lieu. La guerre en Ukraine et l’action militaire d’Israël à Gaza se poursuivent. Samedi dernier une terrible attaque à la roquette dans les hauteurs du Golan a fait douze victimes civiles avec le risque que le Nord d’Israël et le Sud du Liban deviennent de nouveaux théâtres de guerre. Au Mali, les affrontements entre rebelles Touareg et milices Wagner se sont intensifiés. Il n’empêche que le Pape a raison de rappeler cette coutume de l’Antiquité. Qui d’autre pour le faire ? Il voit aussi juste quand il décrit le sport comme «langage universel» qui permet de dépasser les frontières. Avec la musique le sport a cette force incroyable de faire communion où il y avait désunion, de réussir l’intégration où il y avait séparation. Quelle chance pour la France d’accueillir les JO 2024.

Stefan Lunte

BOURBONNAIS EN MUSIQUEÉDITORIAL N°3949Le 50e Festival des Cultures du Monde bat son plein à Gannat. Le festival Préludia...
26/07/2024

BOURBONNAIS EN MUSIQUE

ÉDITORIAL N°3949

Le 50e Festival des Cultures du Monde bat son plein à Gannat. Le festival Préludia dans des églises et châteaux autour de Moulins se poursuit encore jusqu’en septembre. Le Festival de Jazz au Fil du Cher vient de se terminer comme la 40e édition du Festival Musiques Vivantes à Vichy et dans le Val de Sioule. Le Jazz dans le Bocage a eu lieu du 3 au 11 mai. Le grand Bal de l’Europe à Gennetines ouvre ses portes du 26 juillet au 9 août. Du 21 juillet au 15 août la 58e édition du Festival de Musique en Bourbonnais se déroulera dans la belle église de Châteloy près d’Hérisson. Le festival de Musique des Monts de La Madeleine va démarrer bientôt. Le Festival lyrique en Tronçais organisera ses quatre concerts vers la fin du mois d’août et les Journées musicales d’Automne de Souvigny clôtureront la saison début octobre.

La liste est longue et non-exhaustive. Elle est impressionnante et témoigne de la richesse de l’offre musicale, dans notre Bourbonnais pendant la période estivale. C’est une grande richesse pour nous et il faut remercier collectivement tous les acteurs et organisateurs qui, la plupart du temps, s’engagent bénévolement pour mettre sur pied un programme séduisant et assurer une importante logistique.

C’est fantastique, mais est-il permis de pousser plus loin encore notre imagination et formuler une proposition ? Ne serait-il pas possible de se coordonner autour d’une marque à créer pour communiquer largement au-delà des frontières de notre département pour attirer des mélomanes de toute la France et de l’Europe ? Le département Allier en partenariat avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes pourrait prendre l’initiative et réunir les acteurs pour élaborer une initiative commune qui articule la programmation, met en place une plateforme commune de vente de billets, la mutualisation des moyens techniques, pour un logo partagé à introduire progressivement et des campagnes de publicité nationales... Tout le monde en sortirait gagnant.

Stefan Lunte

PROMESSE NON TENUEÉDITORIAL N°3945À l’échelle européenne le vote pour les listes à la droite du Parti Populaire Européen...
28/06/2024

PROMESSE NON TENUE

ÉDITORIAL N°3945

À l’échelle européenne le vote pour les listes à la droite du Parti Populaire Européen a doublé entre 2009 et 2024. Il est passé de 11,5% en 2009 à 23 % en 2024. Dans la même période, la progression de ces forces politiques a été plus impressionnante encore en France – de 13 % en 2009 à 37% le 9 juin dernier – sans parler des départements ruraux comme le nôtre. Rappelez- vous, encore en 2009, seulement 9 % des électeurs du Bourbonnais votaient soit pour le Front National soit pour le MPF de Philippe de Villiers. En 2024, ils étaient 42 % à voter RN ou Reconquête, voire 46 % si on y ajoute les électeurs de Jean Lassalle. Cette révolution électorale ne date toutefois pas du 9 juin. En ce qui concerne la France, le vrai bond pour les partis de l’extrême droite a eu lieu dix ans plutôt. Dans l’après-crise économique et financière et sous la présidence de François Hollande FN et « Debout la France » franchissaient ensemble la barre de 30% lors des élections européennes de 2014.

Cela laisse penser que le déclin économique des pans entiers du territoire français est un des facteurs majeurs de la transformation du paysage politique. Il est au moins aussi important que la question migratoire ou l’insécurité. Les élites urbaines vivant dans les métropoles s’en sont plutôt bien sorties après la crise de 2008-2009 et ont pu profiter des taux d’intérêt particuliè- rement bas pour acheter des actifs mobiliers ou immobiliers à prix cassés. Dans le même temps, les classes moyennes dans ces territoires n’avaient pas le même accès aux marchés des capitaux et ont subi de plein fouet l’inflation des prix des loyers et maisons provoquée par cette ruée vers les actifs.

Or, la promesse par excellence du système capitalistique est une prospérité croissante pour les classes moyennes. C’était aussi celle du projet européen avec son grande marché unique. Cette promesse ne tient plus depuis la dernière grande crise économique. En Europe et en France, c’est surtout dans des régions qui ont stagné économiquement que la déception s’est transformée d’abord en colère puis en vote populiste. Pour regagner du terrain, les forces politiques traditionnelles en France et en Europe doivent redonner de la crédibilité à la promesse que celui qui travaille dur et qui fait des efforts puisse nourrir sa famille, accéder à terme à son logement et envisager un avenir meilleur pour ses enfants.

Stefan Lunte

UN HOMME NOTABLEÉditorial n°3944Gérard Dériot est décédé. L’Aurore du Bourbonnais s’associe à la peine de sa famille, de...
21/06/2024

UN HOMME NOTABLE

Éditorial n°3944

Gérard Dériot est décédé. L’Aurore du Bourbonnais s’associe à la peine de sa famille, de son épouse, de ses enfants et petits-enfants. Les très nombreux éloges reçus au moment de sa disparition ont évoqué un parcours public extraordinaire. Pharmacien de profession et bâtisseur dans l’âme – jeune garçon il avait vocation de reprendre l’entreprise de travaux publics de son père avant que celui-ci meurt brutalement – a fini par faire une carrière politique exceptionnelle. Conseiller municipal et départemental, Sénateur, Maire, Président d’une Communauté des communes, Président du Conseil départemental et questeur au Sénat. Animateur infatigable de l’URB dans les pas de Jean Cluzel... Tout cela a fait de lui un homme public de premier rang pour notre département dans le meilleur sens du terme, ou plutôt – en utilisant une vielle expression - un notable.

Gérard Deriot était notable par sa voix incomparable, don naturel et toujours rassurante. Comme chanteur il aurait pu concurrencer les plus grandes basses. Il était notable par sa gentillesse et politesse envers tous, sans regarder leur rang protocolaire ou situation sociale. C’est ainsi qu’il a su gagner respect et admiration. Il était notable par son sens marqué de l’amitié et de la loyauté. Reconnu pour ses coups de téléphone et ses mots d’encouragement à d’innombrable personnes dans la peine. Il était notable dans son approche à la fonction d’élu comme serviteur avant tout. Il était notable par sa tempérance, cette vertu cardinale qui se caractérise par la modération et la maitrise de soi.

Le notable Gérard Dériot est mort au lendemain d’une élection européenne qui risque de chambouler l’échiquier politique en France sinon la Cinquième République dans son architecture institutionnelle. Ses très nombreux amis et «disciples» qui étaient présents à ses obsèques samedi dernier dans l’Église Saint-Martin de Cérilly auront à cœur de préserver et de poursuivre dans cette période incertaine sa manière de concevoir et de faire de la politique. Modestement, attaché au territoire, respectueux des adversaires et au service des autres.

Stefan Lunte

LA GRANDE INCOMPRÉHENSION EUROPÉENNEÉDITORIAL N°3943Le Parti Populaire Européen (PPE) et les Socialistes ont célébré les...
14/06/2024

LA GRANDE INCOMPRÉHENSION EUROPÉENNE

ÉDITORIAL N°3943

Le Parti Populaire Européen (PPE) et les Socialistes ont célébré les résultats de dimanche comme une victoire et confirmation de leurs actions. Mais attention, autant cela peut se justifier par rapport aux élections de 2019, mais il suffit de se rappeler les résultats de 2009 pour comprendre combien le paysage politique a évolué à l’échelle européenne au cours des quinze dernières années. En 2009, le groupe PPE avait obtenu 265 sièges contre 186 dimanche dernier et des 184 Socialistes au Parle- ment européen en 2009 il n’en reste aujourd’hui plus que 134. C’est une perte cumulée de près de 130 sièges. Les Libéraux, les Verts et la Gauche retrouvent en 2024 le niveau qu’ils avaient déjà en 2009 avec environ 80, 55 et 35 sièges. Cependant, les grands gagnants depuis 2009 sont incontesta- blement les élus de l’extrême droite. Un peu plus d’une cinquantaine en 2009, ils sont environ 140 quinze ans plus t**d.

Rappelons aussi que la participation en 2009 était de 43 % alors qu’on a atteint 51 % cette année. Les Européens sont aujourd’hui plus nombreux à déposer leurs bulletins de vote dans l’urne, mais c’est bien souvent pour faire part de leur opposi- tion et de leur scepticisme. La grande crise finan- cière et institutionnelle de la fin de la première décennie de ce siècle, c’est-à-dire la crise de l’euro et les déboires autour du traité de Lisbonne ont laissé des traces. Cette double crise est à l’origine de la grande incompréhension entre institutions européennes avec leurs représentants d’un côté et l’électorat populaire dans tous les États membres de l’autre. C’est cette incompréhension qu’il faudra dorénavant lever sans t**der. La b***e est claire- ment dans le camp des prochains responsables des institutions européennes.

Autre enseignement de cette élection euro- péenne : les plus fervents soutiens de Vladimir Poutine au sein de l’Union européenne n’ont pas été gratifiés par les électeurs pour leur attitude. Les premiers ministres hongrois et slovaque qui se sont illustrés pour leur opposition aux sanctions contre le régime russe ont perdu voix et sièges dans le scrutin de dimanche.

Stefan Lunte

LE RAPPORT LETTAÉDITORIAL n°3942L’ancien Premier ministre italien Enrico Letta a présenté son rapport sur le marché inté...
07/06/2024

LE RAPPORT LETTA

ÉDITORIAL n°3942

L’ancien Premier ministre italien Enrico Letta a présenté son rapport sur le marché intérieur européen en avril dernier aux chefs d’États et de gouvernements de l’UE. Le diagnostic et les propositions contenus dans ce document de 150 pages constituent le vrai enjeu de l’élection européenne de ce week-end.

Est-ce que nous serons en mesure de regarder en face notre déclin démographique? Enrico Letta rapporte qu’en 2008 4,7 millions de bébés sont nés dans l’UE alors qu’ils n’étaient plus que 3,8 millions en 2022.

Est-ce que nous accepterons le constat que le marché commun ne permet pas une répartition équilibrée entre territoires ruraux et métropoles ? Presque un tiers de la population européenne, c’est-à-dire 135 millions de personnes, vit dans des régions qui ont décroché économiquement au cours des vingt dernières années. La nôtre en fait partie.

Est-ce que nous prendrons en compte les conséquences du ret**d pris par rapport aux États-Unis? Le rapport Letta nous instruit que depuis 1993 le PIB par tête a augmenté de 60 % aux US alors qu’il a progressé de seulement 30 % en Europe.

Est-ce que nous réaliserons la perte de souveraineté stratégique que nous avons subie aux cours des dernières décennies? Dans le secteur pharmaceutique, notre production d’éléments de base en 2000 couvrait 53 % de nos besoins. Aujourd’hui ce sont moins de 25 %. Nos armées achètent 80 % de leur matériel hors Europe, alors que les Américains n’achètent que 20 % de matériels non américains.

Le déclin européen est donc bien documenté par Letta. Pour le stopper et renverser la tendance, l’ancien Premier ministre italien recommande une intégration plus forte du marché commun. Il veut en faire un authentique marché européen qui inclut la finance, les communications électroniques et l’énergie afin que l’UE devienne à nouveau compétitive à l’échelle mondiale. L’insécurité mondiale nous y oblige. Il veut une réforme complète de la politique des soutiens pour les régions en ret**d. Cependant, sans légitimité politique, le brillant rapport Letta ne vaudra pas grande chose. En ce sens, l’élection de ce dimanche sera cruciale.

Stefan Lunte

LA FRANCE SUBMERGÉE PAR LA DROGUEÉditorial n°3939Mardi dernier la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic en Fr...
17/05/2024

LA FRANCE SUBMERGÉE PAR LA DROGUE

Éditorial n°3939

Mardi dernier la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic en France a rendu public ses conclusions. Elles sont choquantes : la France est aujourd’hui submergée par le narcotrafic. Cela concerne aussi bien le trafic de cannabis, que d’héroïne mais le phénomène le plus marquant des dix dernières années, au niveau mondial, est l’explosion du trafic de cocaïne tiré par une demande qui grimpe en flèche dans toutes les classes sociales. Le narcotrafic n’est plus une réalité limitée aux grandes métropoles. Il a gagné aussi les villes moyennes – voire petites – et les zones rurales.

Alors même que les trafiquants s’internationa- lisent, la réponse pénale reste souvent confinée au niveau national. De plus, un phénomène est particulièrement préoccupant : l’émergence des pays « refuges », au premier rang desquels figure l’émirat de Dubaï. Les pays de Maghreb sont également des refuges et servent de base arrière pour les chefs de réseaux loin de la police française. Autre alerte du rapport: « La violence des réseaux de narcotrafic est sans limite, sans conscience et sans échappatoire pour ceux qui en sont la cible. » D’une manière surprenante, la commission a également découvert que « l’État fait beaucoup moins d’efforts de prévention contre la consommation de drogues que contre le tabac ou l’alcool » et recommande de lancer une campagne massive de communication.

Comme toujours, l’État ne peut pas tout régler. Le combat contre le narcotrafic est une question dont la société civile doit se saisir ainsi que l’Église. Il faut d’ailleurs à cet effet saluer le fait que le pape a évoqué la tentation de la drogue dans son annonce officielle de l’année jubilaire 2025 à l’Ascension en parlant des jeunes vers lesquels l’Église devrait se tourner: « Lorsque l’avenir est incertain et imperméable aux rêves, lorsque les études n’offrent pas de débouchés et que le manque de travail ou d’emploi suffisamment stable risquent d’annihiler les désirs, il est inévitable que le présent soit vécu dans la mélancolie et l’ennui. L’illusion des drogues, le risque de la transgression et la recherche de l’éphémère créent, plus en eux que chez d’autres, des confusions et cachent la beauté et le sens de la vie. »

Stefan Lunte

LA DETTE EUROPÉENNE UN RISQUE POUR L’EUROPEÉditorial n°3937À l’approche du 9 mai, anniversaire de la déclaration de Robe...
03/05/2024

LA DETTE EUROPÉENNE UN RISQUE POUR L’EUROPE

Éditorial n°3937

À l’approche du 9 mai, anniversaire de la déclaration de Robert Schuman de 1950, il faut se réjouir du chemin parcouru ensemble par les peuples et nations européens depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En s’élargissant à vingt-sept nations aujourd’hui et en mettant en commun de plus en plus de domaines politiques, ils ont réussi à stabiliser leurs relations, à garder la paix entre eux et à rester une région du monde parmi les plus prospères.

Au fil des ans, des questions se sont posées sur certaines décisions politiques et projets européens. Aujourd’hui, l’annonce de vouloir intégrer les pays des Balkans de l’Ouest, l’Ukraine et la Moldavie interpelle un nombre important de citoyens même si on voit mal comment dire “non” aux Ukrainiens qui défendent non seulement leur liberté face à l’agresseur russe mais aussi celle de toute l’Europe.
Un autre doute émerge aujourd’hui quant au financement de l’Union européenne. Au plus fort de la crise COVID en 2020, les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord sur un fonds de 72 milliards d'euros – 338 milliards d'euros de subventions et 385 milliards d'euros de prêts – comme pièce maîtresse d’un programme d'emprunt commun appelé NextGenerationEU. Ce fond devait soutenir la reprise économique du bloc et diriger le financement de l’UE vers les zones les plus durement touchées. Or, cette énorme dette – cinq fois le montant du budget annuel de l’UE – a été empruntée sur les marchés financiers par la Commission européenne avec l’accord des États membres. Mais ces derniers ont décidé de repousser le démarrage du remboursement de cette dette européenne à après 2026 sans pour autant s’accorder entre eux sur de nouvelles ressources fiscales. Aujourd’hui, on entend des voix, présidentielles et autres, qui demandent de renouveler l’exercice et lancer un nouvel emprunt européen. C’est – pour le moins – irresponsable et anti-démocratique. Irresponsable car aucune crise similaire à celle provoquée par le COVID pourrait le justifier et anti-démocratique, car l’avis d’aucun Parlement, ni européen ni national, n’est demandé. Il s’agit d’un grand risque pour l’Europe.

Stefan Lunte

RETROUVONS-NOUS LE TRAGIQUE DE L’HISTOIRE ?ÉDITORIAL N°3933Tout nous laisse penser aujourd’hui que notre monde ou plus e...
05/04/2024

RETROUVONS-NOUS LE TRAGIQUE DE L’HISTOIRE ?

ÉDITORIAL N°3933

Tout nous laisse penser aujourd’hui que notre monde ou plus exactement notre vieille Europe se trouve confrontée à nouveau aux différentes angoisses qu’elle avait cru pouvoir dépasser et enfin oublier: celle de la précarité avec la pauvreté croissante, celle de la guerre avec le conflit en Ukraine, celle de notre monde qui s’abîme dans les excès de la production et de la domination de l’argent, celle de la nature endommagée.

Cette tristesse dans laquelle nous plonge ce constat doit être « une tristesse de vie », celle qui « produit un repentir salutaire qu’on ne regrette pas » et non « cette tristesse du monde qui produit la mort. » Cette distinction que fait saint Paul en 2Co4,9 est essentielle, elle nous ouvre la porte de l’espérance: « Nous sommes pressés de toute part, mais non pas écrasés; ne sachant qu’espérer, mais non pas désespérés; persécutés mais non pas abandonnés ; terrassés mais non annihilés. »
Ce qui ne doit pas nous abandonner c’est cette joie, « force majeure » dont parle le philosophe C. Rosset, cet élan vital qui nous pousse au-delà de nous-même vers les autres, vers la vie. Saint Paul en témoigne encore : « Je déborde de joie au milieu de mes tribulations » alors que triomphent « au dehors des luttes, au-dedans des craintes. ». En Macédoine où Tite l’a rejoint il ajoute: « Parmi les nombreuses tribulations qui les ont éprouvés leur joie surabondante et leur profonde pauvreté ont débordé chez eux en trésors de générosité. » 2Co8,2

Pour que l’histoire ne soit pas seulement tragique mais aussi pleine d’espérance ouvrons-nous aux autres, accueillons cette joie de la générosité qui seule peut répondre et chasser nos angoisses.

Christine Devailly

LA GRAVE ALLÉGRESSE DE PÂQUES L'Aurore du Bourbonnais n°3932« Ô Mort, où est ta victoire ? ». Cette interrogation de Pau...
29/03/2024

LA GRAVE ALLÉGRESSE DE PÂQUES

L'Aurore du Bourbonnais n°3932

« Ô Mort, où est ta victoire ? ». Cette interrogation de Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (1 Co 15,55) pourrait sembler une évidence pour les chrétiens alors que nous fêtons Pâques, alors que celui qui était dans le tombeau n’a pas été retenu dans la mort.

Mais n’est-ce pas une forme d’inconscience voire de provocation de proclamer que la vie est plus forte que la mort ? Nous le savons, ce qui est au cœur et à la source de la foi chrétienne, n’a pas été sans difficultés même pour les disciples après la mort de Jésus. Les récits de la résurrection pointent cette incapacité à croire ce qui était annoncé, à reconnaître Celui qui est vivant. Ainsi qu’en est-il de Marie-Madeleine dans l’Évangile de Jean (« Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre » Jn 20,15), mais aussi des disciples qui font route vers Emmaüs dans l’Évangile de Luc. « Comme votre cœur est lent à croire... » (Lc 24,25). Cette lenteur, cette absence d’intelligence pointées par le Ressuscité semblent devoir se répéter pour nous encore.

Il peut sembler que « la vie n’est pas aimée » pour faire écho à ce cri de tristesse attribué à saint François d’Assise. Comment affirmer en effet que la vie le serait quand on décide de la nier ou de lui dénuer de la valeur ? Comment promouvoir, encourager l’aide à mourir sans amoindrir la valeur de toute vie? Comment inscrire comme un droit l’atteinte à la vie en son commencement sans méconnaître que celle-ci est d’abord un don ? Le Christ, tout au long de son ministère public n’a eu de cesse de redon- ner de la vie à ceux qui en semblaient privés et comme déjà morts. Il remet debout les paralysés, réintègre les lépreux, redonne de la dignité aux pêcheurs. « Là où il passait, il faisait le bien » (Ac 10,38), là où il passait, il donnait la vie. Il ne s’agit pas de poser un jugement moral sur telle ou telle décision, mais de redire combien la vie est précieuse, parce que toute vie est sortie du tombeau avec le Christ.

Comme chrétiens, nous sommes appelés à être des artisans, des promoteurs de vie, parce que nous recevons notre vie du Christ. Marie-Madeleine et les femmes,
Pierre et Jean et tous les apôtres, Cléophas et son compagnon, les foules, tous étaient morts. Tous par la rencontre de Jésus, par cette vie reliée au Ressuscité, tous sont vivants. Nous sommes vivants parce qu’en fêtant la Résurrection du Seigneur, nous savons que nous sommes associés à sa vie. Le renouvellement des promesses de notre baptême dans la nuit de Pâques vient nous rappeler que nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Jésus (cf. Rm 6,3-5 et Col 2,12).

La vie chrétienne est une vie qui n’a du sens qu’en relation avec le Jésus et avec Jésus mort et ressuscité, avec le Christ qui nous offre sa vie. C’est ainsi qu’il me semble nécessaire de com- prendre l’insistance tant du pape Benoît XVI : « Nous avons cru à l’amour de Dieu : c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Deus caritas est n°1), que du pape François : « La joie de l’Évangile rem- plit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libé- rés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (Evangelii Gaudium n°1).

Nous sommes alors des témoins d’une vie qui nous dépassera toujours, une vie donnée et reçue, une vie de grâce. C’est un émerveillement devant nos propres vies, parfois porteuses de fragilité et de mort, mais éga- lement devant la vie des autres, plus particulièrement celles qui nous semblent le moins aimables.

Voilà l’espérance, la « grave allé- gresse », selon le très beau titre d’un ouvrage du Père François Potez, qui nous porte. Il y a une joie incomparable à nous savoir vivants de la vie que Dieu a voulu nous donner en Jésus, mais aussi une responsabilité, une gravité à accueillir cette vie, à en prendre soin et à témoigner de
Celui qui en est l’origine.

AU COMMENCEMENT était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui.
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée.
Jn 1,1-5

P. Jean-Philippe Morin Vicaire général du diocèse de Moulins

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1 Rue Voltaire
Moulins
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