01/10/2024
L’Allemagne a rétabli des contrôles à toutes ses frontières terrestres et l’Europe n’a pas tremblé. Ces contrôles seront « intelligents », explique-t-on à Berlin. Comprenez que la liberté de circulation demeurera, et que l’espace Schengen n’en mourra pas d’avantage qu’il n’a péri du covid. L’histoire retiendra pourtant qu’une chancelière de droite, Angela Merkel, ouvrit largement les bras aux réfugiés, puis qu’un chancelier de gauche, Olaf Scholz, voulut fermer la porte au terrorisme islamiste et à « la criminalité transfrontalière », dont le trafic de migrants est l’une des formes.
Le changement de cap du gouvernement ne s’explique pas seulement par la pression de l’AFD, qui prospère aujourd’hui sur le sentiment anti-migrants. Les succès de ce parti d’extrême-droite aux régionales de Thuringe, de Saxe et du Brandebourg ont occulté un autre phénomène : la conversion d’une partie de la gauche radicale au populisme xénophobe, avec des résultats électoraux immédiatement spectaculaires. Il n’est pas anodin que la cheffe de « l’AFD de gauche », la marxiste Sahra Wagenknecht, soit l’une des anciennes responsables de Die Linke, l’équivalent allemand des Insoumis, ni que son compagnon soit un ancien patron des sociaux-démocrates.
La gauche allemande n’est pas la première à procéder à une révision déchirante pour tenter de renouer avec les ouvriers ou les classes moyennes en déclin. À Stockholm, les sociaux-démocrates ont effectué ce virage en 2022, sous l’impulsion de Magdalena Andersson, brièvement premier ministre.
Chez nous, la gauche reste fermement campée sur ses positions. Les tentatives de François Hollande, Manuel Valls ou Bernard Cazeneuve de changer de politique ont été perçues comme des trahisons et ont laissé des traces toujours perceptibles. Jusqu’à quand ? La rupture entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon l’indique, de nouveaux craquements se font sentir. Alors que la France insoumise a tout misé sur une alliance entre la jeunesse étudiante et les quartiers, désormais Ruffin accuse ouvertement Mélenchon de racisme anti-blanc. Dérive populiste d’un homme de gauche en perdition ou signe avant-coureur d’un retour vers les classes populaires abandonnées au Rassemblement national ? Il semble trop tôt pour en juger.
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En Allemagne et dans plusieurs pays européens, les sociaux-démocrates se convertissent à la fermeté sur les questions migratoires. Jusqu’ici, la gauche française résiste… La chronique hebdomadaire « Ôtez-moi d’un doute... » de Jean-Pierre Denis, publiée dans l’édition de « La Cro...