19/10/2024
À la Une du Loir, nous abordons le thème de ce numéro : la mort.
Nous vous en parlons à travers le sujet de la crémation et du projet de la ville de Vendôme.
➡️ Etre attentifs aux besoins de leurs concitoyens, voilà qui a mené les élus du conseil municipal de notre chef-lieu sur un terrain assez inattendu.
Au fil des âges, l’être humain a instauré ses rituels autour de la mort. Selon les cultures, selon les religions, les civilisations ont inventé, réfléchi ; elles se sont interrogées les pratiques de leurs ancêtres. Le moment de la mort ramène bien entendu aux croyances, à la transcendance mais aussi à la rupture avec nos proches et avec cette existence terrestre.
La mort est un moment intime. Personne ne sait vraiment ce que sera la sienne, ni même celle de ses proches. Pourtant si nous souhaitons que nos proches puissent traverser plus facilement l’épreuve de notre mort, il nous faut la préparer, leur dire nos dernières volontés. En langage contemporain, laisser une feuille de route.
Il y a encore quelques décennies la crémation était marginale en France et elle avait la réputation, à tort ou à raison, d’être un acte de rébellion contre l’Eglise. A ce titre, elle était incompatible avec les obsèques catholiques. Peu à peu les mœurs ont évolué et la crémation fait désormais partie des rites funéraires ordinaires de notre pays. Elle est venue répondre aux souhaits de nombre de nos contemporains. Plus simple pour beaucoup car faisant disparaître l’entretien des tombes, elle semble plus correspondre à l’évolution des familles qui vivent rarement au même endroit. Aujourd’hui au plan national, 40% des obsèques intègre une crémation ; les prévisions parlent de 70% à l’horizon de 2050.
Crémation et inhumation sont aussi questions de religion.
La crémation est interdite chez les musulmans, tolérée par certaines communautés juives et chez les chrétiens, elle est le principal rite chez les bouddhistes et les shintoïstes. Dans nos religions monothéistes, l’inhumation au cimetière est le rite qui ouvre à la vie éternelle. C’est pour cela que les croyants souhaitent à ce moment revenir dans leur village familial, dans leur terre d’origine pour y être enterrés. En effet, après un parcours qui parfois nous emmène loin de chez nous, nous aimons y établir notre dernière demeure. Symbolique du retour en terre promise, celle d’où nous venons, c'est-à-dire, celle du Royaume de Dieu.
➡️ De l’inhumation à la crémation
Pour ceux qui n’ont pas cette espérance, le lieu de l’inhumation est moins prégnant. On peut comprendre que la crémation soit plus simple.
Face à cette évolution, les élus du Vendômois ont été interpelés par les habitants du territoire.
Depuis une dizaine d’années, les cimetières ont été aménagés : columbarium et jardin de dispersion des cendres ont fait leurs apparitions. La crise sanitaire de la Covid a aussi été l’occasion de parler plus publiquement de ce qui gravitait autour de cette question si intime de la mort.
A bien des reprises les élus du Conseil Municipal de Vendôme ont entendu la souffrance des familles en deuil face aux délais imposés lors des crématoriums. Blois, Theillay, Evres, Le Mans, les files d’attente et l’éloignement rendent régulièrement l’organisation des crémations difficiles en raison de l’affluence des demandes.
C’est ainsi que Tural Keskiner, adjoint au maire de Vendôme s’est vu chargé d’un dossier qu’il n’aurait jamais imaginé avoir à gérer en tant qu’élu : étudier la possibilité de construire un crématorium pour répondre aux besoins de la population de Vendôme, mais aussi d’un territoire plus large : Montoire, Savigny, Saint Calais, Saint Amand, Selommes, Chateaudun, et tant de villages de nos campagnes.
➡️ Et au crématorium
La première étape de ce projet a consisté à visiter le crématorium d’une commune de taille similaire à Vendôme. Tural Keskiner, accompagné de la directrice du guichet unique et des affaires funéraires et du directeur général des services de la ville se sont rendus dans le Loiret, à Gien. Cette visite a permis de s’approprier un dossier qui n’avait rien d’ordinaire. Il leur fallait en effet associer la perception intime et personnelle qu’ils avaient de la mort, avec la compréhension des process de la crémation, de gestes très techniques et de contraintes économiques. Très vite, cette réflexion a permis de mesurer la nécessité de disposer d’une équipe de professionnels pour la gestion d’un équipement qui requiert une grande technicité. Il était aussi important d’intégrer qu’un tel équipement sur le Vendômois n’apporterait pas le même potentiel que ceux de villes telles que Blois, Tours ou Le Mans. Avec tout cela, les élus souhaitaient que le cadre de l’exercice de cette activité respecte un certain nombre de prérogatives données par le conseil municipal. Un travail intense pour préparer l’organisation de ce service public et envisager de le déléguer à une entreprise du secteur funéraire.
➡️ Construire pour l’avenir
Le 4 avril dernier, cette étude de faisabilité a permis au conseil municipal d’adopter le projet de construction et de gestion d’un crématorium en concession de service public pour une durée maximale de 30 ans comprenant la construction du crématorium, l’exploitation des installations, l’accueil des familles, le déroulement des cérémonies dans une salle pouvant accueillir 80 personnes, mais aussi la conservation des urnes. L’équipement sera dimensionné pour accueillir de 800 à 1000 crémations par an.
A Vendôme, c’est le site du cimetière du Clos qui a été retenu : facilement accessible, tout d’abord pour tous les réseaux nécessaires à une telle construction et en particulier les arrivées d’énergie, il avait aussi l’avantage d’être facilement accessible aux cortèges funéraires.
Les candidatures vont être étudiées et comparées et les élus municipaux de Vendôme auront à attribuer le marché à l’entreprise retenue lors du conseil du 14 novembre prochain. L’objectif de la pose de la première pierre en 2025 semble à portée de mains pour que le projet se transforme en réalité. A ce stade, l’estimation de cette construction établit le budget entre 8 et 9 millions d’euros et environ trois ans de travaux.
Agnès Bourgait