08/09/2023
Une page se referme !
Nous avons le regret de vous apprendre que cette édition du journal Bugey-Côtière sera la dernière.
Une décision brutale et fatale, imposée par d'implacables réalités comptables. C'est ainsi
l'ultime page d'un ouvrage de presque 30 ans qui va se refermer. Malmené depuis bien longtemps déjà, par une crise généralisée de la presse, le journal avait pourtant affronté toutes les bourrasques, surmonté toutes les tempêtes, sans jamais perdre son cap.
Tant qu'il y a eu de l'espoir, l’équipe, dont tous les journalistes sont là depuis le début, n'aura pas lâché la barre, jamais été renversée même si parfois ballottée durement.
Mais il se trouve un jour où les éléments sont trop rudes, où la coque émoussée impose
d'accepter la dure évidence d'une aventure entrepreneuriale et profondément humaine, qui doit s’achever.
Une longue et belle histoire
Né il y a presque 30 ans, sous le nom du Journal de Montluel et ses environs, celui que beaucoup ont connu très vite sous le nom du Journal de la Côtière, caractérisé par sa couverture teintée de bleue (et ses pages intérieures encore en noir et blanc à l'époque), aura su rapidement se faire sa place dans le paysage médiatique de la presse écrite hebdomadaire de proximité. L'information très locale est son credo et alors qu'Internet ne t**de pas à s'imposer, mettant déjà à mal les majors de la presse, les lecteurs adhèrent à ce concept, les annonceurs également. Ils ont “leur” journal, s'abonnent, se le prêtent, le portent et le
partagent avec une touchante affection.
Le réseau de nos diffuseurs que nous remercions vivement, ne cesse aussi de s’étoffer et, en 2001, naîtra à Ambérieu-en-Bugey une belle déclinaison avec le lancement du Journal du Bugey, le petit frère comme on l'appelait au sein de l'équipe qui se scindait alors en deux. Il ne faudra pas bien longtemps pour que la population locale l'adopte également, le surnommant pour sa part et avec sympathie “Le Petit bleu”.
Des portes de Lyon jusqu'au plateau d'Hauteville et même jusqu'à Belley, les correspondants de ces deux journaux, pièces maîtresses du journalisme de proximité, sillonneront inlassablement le terrain, rapportant ces infos faisant écho à la vie de nos communes, de nos villages, de notre vie locale.
Plus d'un quart de siècle après le début de l'aventure, les choses ont cependant bien changé. Confronté à un étiolement du lectorat “payant”, le journal a lui aussi dû user d'autres outils de communication. Réseaux sociaux, site internet, paradoxalement certaines de nos publications connaissent une audience inégalée, mais peu rémunératrice au regard de charges sans cesse croissantes et de la nécessité toute simple de payer dignement nos journalistes, rédacteurs et l'ensemble du personnel.
De leur côté, à l'exception de quelques-unes, rares, dont nous saluons avec beaucoup de reconnaissance le souci d'équité, la très grande majorité des collectivités locales de nos territoires de diffusion, pourtant “gâtée” en terme de relais d'information, a fait la sourde oreille à nos appels lorsqu'il s'agissait de publier dans nos colonnes des Annonces Judiciaires et Légales. Les communautés de communes, la plupart de nos chefs lieu de canton et de nos communes à
l’exception de quelques-unes, très rares, dont Montluel, sont des institutions publiques qui auraient pu nous confier régulièrement certains de leurs appels d’offres de
marchés et autres publications obligatoires. Mais nous attendons toujours… Ça aurait
pourtant vraiment pu permettre de boucler nos bilans comptables ces dernières années. Cela aurait pu tout changer…
Beaucoup de paroles et de promesses, mais finalement, leur soutien et considération à
l'égard de nos deux journaux de proximité et de leur dizaine de salariés, n'auront visiblement jamais été une préoccupation. Tant p*s, ce fut au moins un gage de notre véritable indépendance assumée mais bien chèrement payée.
"L’inflation m’a tu(er)…"
Tout récemment en 2019, pour tenter un nouveau départ et unir leurs forces, le Journal de la Côtière et le Journal du Bugey fusionnaient en un seul et unique titre “Le Journal Bugey-Côtière”. Pas évident pour certains de nos lecteurs, ni pour nous d'ailleurs, de perdre un peu de cette proximité très forte qui faisait notre singularité. L'identité bien distincte de ces deux
territoires de l'Ain avait façonné nos deux titres, le risque était grand d'y perdre un peu notre âme fondatrice. Pari pourtant plutôt réussi. Jamais notre lectorat ne nous a abandonné, ni même nos annonceurs, pour beaucoup ravis de disposer encore d'un support tangible et manifestement efficace en terme de communication. Pas suffisant cependant pour permettre un équilibre entre nos recettes et nos dépenses.
Le coup de grâce a été les 30% d’augmentation sur les frais d’impression. On n’a pas échappé à cette fichue inflation, mais une telle charge supplémentaire en un an, c’était trop pour notre journal. Et puis 200% de hausse depuis le démarrage pour la Poste pour l’envoi du journal à nos centaines d’abonnés !
Certes, il y a eu les aides de l’Etat sur les bas salaires, purement et précipitamment éliminées, et qui finalement ne nous ont pas aidés non plus.
La coupe est pleine… La page devait se tourner…
Evidemment, nous remercions tous nos annonceurs dont certains sont toujours présents depuis le premier numéro. Sans leur confiance du début, le journal n’aurait pas survécu bien longtemps. Et ils ont été fidèles durant toutes ces années. Merci à eux !
Quatre ans plus t**d, il ne manque pas grand-chose mais le compte n'y est pas. C'est évidemment avec beaucoup de tristesse que nous sommes contraints de refermer ce dernier chapitre. Nous demandons à nos lecteurs et principalement nos abonnés de bien vouloir nous excuser de cet arrêt si soudain et du préjudice causé. Sachez qu'au cours de toutes ces années entièrement dédiées à la vie locale, votre confiance, vos témoignages réguliers de sympathie et de
soutien, auront signé les plus belles pages de notre histoire.