Editions Parenthèses

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Une belle critique du « fantôme » dans La Croix.
09/01/2025

Une belle critique du « fantôme » dans La Croix.

Raconter l’architecture contemporaine à partir de bâtiments non construits ou démolis, c’est le pari original de ce livre captivant.

21/12/2024

📖 𝗥𝗲́𝗰𝗶𝘁 𝗶𝗹𝗹𝘂𝘀𝘁𝗿𝗲́ 𝘀𝘂𝗿 𝗹’𝗮𝗿𝗰𝗵𝗶𝘁𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲, 𝗿𝗲́𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻 𝘀𝘂𝗿 𝗹’𝘂𝘀𝗮𝗴𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗲́𝗿𝗮𝗺𝗶𝗾𝘂𝗲, 𝗲𝗻𝗾𝘂𝗲̂𝘁𝗲 𝗱𝗼𝗰𝘂𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝗶𝗿𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗱𝗲́𝗳𝗮𝗶𝘁𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗴𝗲́𝗮𝗻𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗹’𝗮𝗿𝗰𝗵𝗶𝘁𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲… Découvrez la sélection de livres faite par la rédaction d’AA en ce mois de décembre 2024.

- 𝐷𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑚𝑢𝑟, 𝑈𝑛 𝑙𝑖𝑣𝑟𝑒 𝑑’𝑎𝑟𝑐ℎ𝑖𝑡𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠𝑠𝑖𝑛𝑒́ 𝑒𝑡 𝑏𝑟𝑖𝑐𝑜𝑙𝑒́, 𝗡𝗶𝗰𝗼𝗹𝗮 𝗗𝗲𝗹𝗼𝗻, 𝗕𝗲𝗻𝗼𝗶̂𝘁 𝗕𝗼𝗻𝗻𝗲𝗺𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻-𝗙𝗶𝘁𝘁𝗲 𝗲𝘁 𝗥𝗼𝗻𝗮𝗻 𝗟𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿𝗻𝗲𝘂𝗿, Éditions Premier Parallèle, Paris, 2024
- 𝐶𝑒́𝑟𝑎𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑎𝑟𝑐ℎ𝑖𝑡𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 : 𝑙’𝑖𝑛𝑡𝑒𝑙𝑙𝑖𝑔𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑒̀𝑟𝑒, 𝗝𝗲𝗮𝗻-𝗣𝗵𝗶𝗹𝗶𝗽𝗽𝗲 𝗛𝘂𝗴𝗿𝗼𝗻, 𝗠𝗮𝘁𝘁𝗲𝗼 𝗩𝗲𝗿𝗰𝗲𝗹𝗹𝗼𝗻𝗶, 𝗔𝗹𝗱𝗼 𝗖𝗼𝗹𝗼𝗻𝗲𝘁𝘁𝗶, 𝗰𝘂𝗹𝗼𝘁 𝗺𝗮𝘂𝗿𝗶𝗰𝗲, 𝗹𝗲𝘀 𝗔𝗧𝗘𝗟𝗜𝗘𝗥(𝗦) 𝗔𝗟𝗙𝗢𝗡𝗦𝗢 𝗙𝗘𝗠𝗜𝗔, Ante Prima - AAM Éditions, Bruxelles, 2024
- 𝐿𝑒 𝑓𝑎𝑛𝑡𝑜̂𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝑎𝑟𝑐ℎ𝑖𝑡𝑒𝑐𝑡𝑒, 𝗕𝗲𝗻𝗷𝗮𝗺𝗶𝗻 𝗟𝗲𝗰𝗹𝗲𝗿𝗰𝗾, Éditions Parenthèses, Marseille, 2024
- 𝑆𝑂-𝐼𝐿 𝐼𝑛 𝐷𝑒𝑝𝑡ℎ: 𝑈𝑟𝑏𝑎𝑛 𝐷𝑜𝑚𝑒𝑠𝑡𝑖𝑐𝑖𝑡𝑖𝑒𝑠, 𝗙𝗹𝗼𝗿𝗶𝗮𝗻 𝗜𝗱𝗲𝗻𝗯𝘂𝗿𝗴, 𝗝𝗶𝗻𝗴 𝗟𝗶𝘂, 𝗦𝗢 – 𝗜𝗟, 𝗧𝗲𝗱 𝗕𝗮𝗮𝗯, 𝗞𝗮𝗿𝗶𝗹𝘆𝗻 𝗝𝗼𝗵𝗮𝗻𝗲𝘀𝗲𝗻, 𝗔𝗜𝗔, 𝗡𝗶𝗰𝗼𝗹𝗮𝘀 𝗞𝗲𝗺𝗽𝗲𝗿, Lars Müller Publishers, Zürich, 2025
- 𝐿’𝑂𝑝𝑒́𝑟𝑎 𝐺𝑎𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟, 𝑑𝑒𝑠𝑠𝑖𝑛𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑢𝑛 𝑐ℎ𝑒𝑓-œ𝑢𝑣𝑟𝑒, 𝗠𝗮𝘁𝗵𝗶𝗮𝘀 𝗔𝘂𝗰𝗹𝗮𝗶𝗿
editions gourcuff gradenigo, Montreuil, 2024

𝗗𝗲́𝗰𝗼𝘂𝘃𝗿𝗲𝘇 la 𝘀𝗲́𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲𝘀 𝘀𝘂𝗿 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗺𝗲́𝗱𝗶𝗮 𝗲𝗻 𝗹𝗶𝗴𝗻𝗲 | 𝗗𝗶𝘀𝗰𝗼𝘃𝗲𝗿 𝗼𝘂𝗿 𝘀𝗲𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗼𝗳 𝗯𝗼𝗼𝗸𝘀 𝗼𝗻 𝗼𝘂𝗿 𝗼𝗻𝗹𝗶𝗻𝗲 𝗺𝗲𝗱𝗶𝗮:
🔗 https://bit.ly/4gsyyWS





Les plus grandes réalisations architecturales à travers le monde et les époques.Pour les plus jeunes grâce à d’exception...
17/12/2024

Les plus grandes réalisations architecturales à travers le monde et les époques.

Pour les plus jeunes grâce à d’exceptionnelles illustrations de la célèbre école polonaise de graphisme.

Magdalena Jeleńska

«Archistoria

Une histoire de l’architecture»

Dessins : Studio Acapulco / Traduit du polonais par Rodolphe Bodiansky

Collection : Arts
240 × 330 mm, 96 p., illustrations, relié, 2024
ISBN 978-2-86364-454-6
Prix : 26 €

EN LIBRAIRIE

https://www.editionsparentheses.com/Archistoria

La description complète par Viollet-le-Duc :Eugène Viollet-le-Duc, Ferdinand de Guilhermy«Description de Notre‑Dame, cat...
09/12/2024

La description complète par Viollet-le-Duc :

Eugène Viollet-le-Duc, Ferdinand de Guilhermy
«Description de Notre‑Dame, cathédrale de Paris»

Collection : Eupalinos / A+U
15 × 23 cm, 192 p., illustrations, 2019.
ISBN 978-2-86364-683-0



https://www.editionsparentheses.com/Description-de-Notre-Dame

VIENT DE PARAÎTRE :Benjamin Leclercq«Le fantôme de l’architecte»Collection : Architectures165 × 240 mm, 192 p., illustra...
27/11/2024

VIENT DE PARAÎTRE :

Benjamin Leclercq
«Le fantôme de l’architecte»

Collection : Architectures
165 × 240 mm, 192 p., illustrations, 2024
ISBN 978-2-86364-455-3

Des projets inaboutis ou abandonnés,
des bâtiments détruits…

L’histoire moderne de l’architecture, cette faiseuse de rêves, n’est pas seulement jalonnée d’icônes. Dans l’ombre des plus grands chefs‑d’œuvre, sont tapies de saillantes absences.
Enquêtes documentaires au rendu sensible, histoires vraies aux touches romanesques, dix textes relatent ici les plus admirables défaites de géants de l’architecture. Ce sont autant d’épisodes peuplés d’embûches, de mauvaises nuits et de passions tristes que l’on découvre ; de batailles livrées entre les coups de génie et les coups du sort.

• Frank Lloyd Wright • Charlotte Perriand • Minoru Yamasaki • Lina Bo Bardi • Isamu Noguchi • Kenzo Tange • Le Corbusier • Raj Rewal • Zaha Hadid • Francis Kéré



https://www.editionsparentheses.com/le-fantome-de-l-architecte

Dans «Esprit» !Une recension et un entretien avec Céline Bonicco-Donato à propos de son livre «Se mouvoir  et être émuL’...
21/11/2024

Dans «Esprit» !

Une recension et un entretien avec Céline Bonicco-Donato à propos de son livre
«Se mouvoir et être ému
L’expérience esthétique en architecture»

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https://esprit.presse.fr/actualites/celine-bonicco-donato/l-architecture-une-experience-totale-45614
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L’architecture, une expérience totale

Céline Bonicco-Donato est philosophe et enseigne à l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble. Son livre Se mouvoir et être ému (Parenthèses, 2024) analyse l’expérience esthétique en architecture. À l’opposé d’un face à face extérieur avec l’objet architectural qui, bien souvent, est porté avec un regard distancié, motivé par un souci de cadrage de l’œuvre bâtie, Céline Bonicco-Donato propose un parcours sensible dans le corps même de l’architecture, là où naissent les émotions. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle revient sur la notion de forme en architecture et nous éclaire sur ce surprenant corps-à-corps avec l’architecture, au centre de son livre et de la rencontre architecturale.
Entretien avec Céline Bonicco-Donato
novembre 2024

Philosophes, architectes et usagers abordent souvent l’architecture à partir de la forme du bâti, généralement complétée par le choix des matériaux utilisés. Votre réflexion philosophique vous conduit à appréhender la forme d’une œuvre architecturale « en considérant sa nature relationnelle » et en associant intimement la forme « aux mouvements de l’édifice », puisque « les formes construites agissent (aussi) à travers leurs matériaux ». Comment, en architecture, comprendre la forme ?

Effectivement, l’un des enjeux de mon ouvrage est bien de déplacer la compréhension habituelle de la forme architecturale. La difficulté de cette notion est que l’on peut difficilement en faire l’économie quand il est question d’architecture mais qu’on tend, aussi bien dans les textes de critique architecturale que de philosophie esthétique et même dans nos représentations communes, à la réduire à son seul aspect visuel. On la rabat sur l’étendue qu’elle occupe, sur les lignes de ses façades, sur les pleins de ses volumes. Or, si l’architecture est bien une certaine configuration spatiale, ce n’est pas une image. Pour ne pas rater son expérience, il faut aller contre l’identification que fait un Emmanuel Kant, par exemple. En la classant, dans La Critique de la faculté de juger, parmi les « arts de la forme ou de l’image », à côté de la peinture et de la sculpture, le philosophe l’ampute à la fois de sa complexité dynamique et de son caractère relationnel.

Il me semble que le propre d’une forme architecturale est d’être moins un contour figé qu’une configuration mouvante de matériaux solides et d’autres plus impalpables, comme la lumière, le son ou encore les odeurs. Ils se déploient dans ses vides, changent au fil de la journée et des saisons, et insufflent de la vie à l’édifice. Ils lui confèrent un rythme que l’on expérimente avec tous nos sens en nous déplaçant dans le bâtiment, et qui vient s’imprimer dans notre corps. L’expérience de la forme architecturale est celle d’un espace-temps qui se reconfigure sans cesse. Mais il me paraît également important de souligner que la forme architecturale déborde l’enveloppe du bâtiment : elle s’entrelace à la fois avec la spatialité du site sur lequel elle s’implante et qu’elle vient révéler, mais aussi avec celle du corps de l’usager qui l’arpente et se voit lui-même affecté. En ce sens, l’architecture n’est pas une œuvre autonome : elle est toujours liée, dans l’expérience quotidienne que l’on en fait, à son milieu et aux activités qui se déroulent en son sein. Loin d’être une image aux contours bien nets que l’on contemple à distance respectueuse, la forme architecturale se présente comme une combinaison jamais tout à fait stabilisée de relations sensibles entre des matériaux, un site et des corps qui l’habitent.

Attention « multi-focalisée », « distribuée », « flottante », « faible » : des formes d’attention sont ainsi déclinées au fil des pages pour aborder l’expérience esthétique en architecture qui se déploie « sans prendre la peine de penser ». Comment ces types d’attention ouvrent-ils à une expérience esthétique que vous qualifiez de « monumentale » sans toutefois la limiter, la brider, compte tenu de son caractère insaisissable et dispersé ?

Le point de départ de mon ouvrage est une question : comment rendre compte des émotions et du plaisir que nous avons tous déjà éprouvés dans une architecture, alors que la relation que nous nouons avec elle est très différente de celle que nous avons avec les œuvres artistiques « pures », celles qui n’ont d’autre finalité que de plaire et qui sont, pour la plupart des philosophes, les seules à même de nous faire vivre une expérience esthétique digne de ce nom ? Alors que pour apprécier un tableau ou un morceau de musique, nous devons nous concentrer et nous couper de notre quotidien, l’architecture en fait au contraire intimement partie. Nous baignons en elle, du matin au soir : depuis le logement que nous quittons pour nous rendre à notre lieu de travail, jusqu’au gymnase où nous prenons des cours de sport, en passant par le cinéma, la médiathèque, le musée etc. Comme le dit très joliment l’architecte Peter Zumthor : « l’architecture est un arrière-plan pour la vie qui passe », si bien que l’on n’y prête pas garde. Et c’est justement cette relation immersive et utilitaire que nous avons avec elle qui la rend éminemment suspecte aux yeux des géants de la philosophie esthétique : Kant, Schopenhauer, Hegel. Contrairement à eux, j’ai voulu prendre au sérieux sa puissance d’ébranlement, en me demandant comment l’architecture pouvait nous toucher le plus souvent « malgré nous ».

Et c’est le récit si suggestif que fait Jean-Jacques Rousseau de son séjour dans la maison des Charmettes avec Madame de Warens, confronté à mes propres souvenirs, qui m’a mise sur la voie. Notre rapport généralement distrait au cadre bâti n’est pas synonyme d’ignorance mais constitue une forme paradoxale d’attention que j’ai nommée « conscience sans pensée » et qui nous rend disponibles au diffus et au ténu, aux petites perceptions, aux signaux faibles où les sensations se mêlent, bref à l’atmosphère d’un lieu, aussi prégnante qu’insaisissable, ce je-ne-sais-quoi qui est dans l’air. Or sentir une atmosphère, c’est la ressentir et se sentir soi-même disposé de telle ou telle manière : triste ou joyeux, lourd ou léger, mélancolique ou angoissé, etc. En étant usager et non spectateur des lieux que nous habitons, nous accédons à une expérience dont la teneur esthétique est inédite, puisqu’elle est dans le même temps sentiment de soi-même vivant et pratiquant ces espaces. On est bien loin du caractère distancié et désintéressé, dont la philosophie fait la condition sine qua non de l’expérience esthétique depuis le xviiie siècle ! Et c’est lorsque l’architecture convient au site sur lequel elle s’implante et au style d’existence de ses hôtes que son expérience sera pleinement savourée. Je pourrai alors éprouver un sentiment qui n’est ni le beau, ni le sublime, mais la joie d’être à ma place. Cette expérience ne me paraît ni marginale ni anecdotique au regard des expériences procurées par le grand art : non seulement elle engage tous les registres de la sensorialité, mais elle me donne accès à moi-même à travers le sentiment de ma participation à un ensemble plus vaste. On voit que l’utilité de l’architecture va bien au-delà de sa fonctionnalité immédiate : elle est existentielle !

« Le corps ému » par l’architecture est un corps en mouvement : « seul un corps en mouvement peut sentir l’architecture comme unité ». « Le corps ému » participe à un rythme : « un rythme qui se donne dans l’usage que l’on a du lieu ». Mais « le corps ému » éprouve également « la joie d’être à sa place ». Comment saisir « le point exact d’articulation entre le corps de l’architecture et celui de l’usager » ?

Il y a deux éléments dans votre question. D’une part, le fait que ce soit seulement un corps en mouvement qui puisse être pleinement ému par l’architecture, ce que souligne le titre de mon livre. J’ai ainsi distingué deux rapports possibles au bâti : l’expérience vivante de l’usager pratiquant le lieu, que j’ai qualifiée de spécifiquement architecturale, et celle figée du spectateur l’admirant de manière recueillie en le coupant de son utilité, que j’ai nommée « expérience monumentale ». Je ne nie pas l’existence de cette dernière : c’est bien un tel lien que nous avons avec les lieux que nous visitons comme touristes, mais il n’épuise pas notre rapport à l’architecture.

D’autre part, j’ai également voulu montrer que c’est parce que nous percevons l’architecture comme un corps que son expérience résonne particulièrement en nous. Malgré son caractère non figuratif et son aspect parfois, il faut bien le dire, quelque peu intimidant, l’architecture est en réalité l’art le plus proche de nous, comme l’attestent les métaphores organiques employées à son égard. On parle de peau, d’ossature, de squelette, d’avant et d’arrière-corps, de bras (pour un transept), etc. Or c’est parce que nous-mêmes, nous sommes notre corps plutôt que nous ne l’avons, parce que nous nous éprouvons comme une certaine spatialité, tendue ou relâchée, déprimée ou au contraire remontée, que les dynamiques spatiales qui traversent l’architecture résonnent particulièrement en nous, de manière somatico-existentielle.

Mon livre s’efforce donc de déplier une relation à trois termes : le corps de l’architecture met le corps de l’usager en mouvement et ce sont ces mouvements qui sont vécus de manière émotive, si bien que l’on peut parler de corps ému. Pour comprendre cette impulsion donnée par l’édifice à celui qui l’arpente, j’ai fait intervenir la notion de rythme. En m’appuyant sur différentes promenades architecturales que j’ai pu faire, j’ai voulu souligner la manière dont les rythmes spatiaux s’emparent du corps de l’usager par un mouvement contagieux : se laissant imprégner par leur pulsation, il infléchit ses déplacements depuis la flânerie nonchalante jusqu’au parcours rectiligne, en passant par l’errance en apesanteur… Dans la mesure où nos émotions sont des mouvements à la fois physiques et affectifs, la dynamique motrice dans laquelle nous place l’architecture est inséparable dans le même temps d’une certaine atmosphère. L’architecture résonne en nous parce que son corps rythmique peut s’emparer du nôtre : c’est leur spatialité commune qui constitue leur point d’articulation.

Il y a dans votre livre de très beaux passages sur Les Charmettes, le logis de Jean-Jacques Rousseau et de Madame de Warens, mais aussi sur l’église Notre-Dame du Raincy, décrivant avec précision votre expérience esthétique, en mouvement, de l’architecture. Auriez-vous un exemple d’habitat urbain quotidien vérifiant votre « hypothèse que l’attention à l’articulation entre un espace particulier et les manières de le vivre dessine les contours d’une expérience esthétique partagée », mais aussi que l’architecture est une « expérience totale » ?

Merci beaucoup ! Il est toujours difficile de parler d’expérience esthétique. On court le risque de basculer soit du côté du subjectivisme et de l’anecdotique, soit du côté de l’exposé froid et aride. J’ai pris le parti de décrire des lieux qui m’étaient chers, dévoilant sans détour des impressions intimes, mais en m’attachant précisément aux qualités des édifices à l’origine de mes émotions : matériaux, lumière, volumes, etc. Je suis convaincue que la nature personnelle des émotions éprouvées dans un bâtiment, ne les empêche pas de pouvoir être partagées par d’autres, pour autant qu’elles émanent d’une spatialité pouvant être analysée. Si toute expérience esthétique a bien une telle visée objectivante, il me semble que nous pouvons d’autant plus nous rejoindre les uns les autres sur l’expérience d’un édifice que nous faisons le plus souvent son expérience en commun. Il nous réunit au sens propre et figuré.

C’est pourquoi je ne prendrai pas un exemple d’habitat urbain quotidien au sens strict, mais d’espace public, que ses usagers habitent pourtant bien d’une certaine manière : ils vont pouvoir s’y faire une place. Il s’agit d’une médiathèque municipale que j’aime fréquenter à Chambéry où je réside : la médiathèque Jean-Jacques Rousseau, construite par Aurelio Galfetti en 1992. En Savoie, le philosophe des Lumières n’est jamais bien loin ! J’aimerai particulièrement m’attarder sur l’atmosphère de la coursive du deuxième étage qui surplombe le centre ancien. Elle naît de l’articulation de deux rythmes différents. D’une part, une dynamique fluide résultant de l’absence de cloisons, sous le signe de l’horizontalité. On glisse librement d’un rayon à l’autre, foulant silencieusement un sol en béton ciré, reflétant généreusement la lumière qui pénètre dans le bâtiment par l’imposante façade vitrée. Nous éprouvons alors une impression de facilité où le savoir se donne avec générosité, mais aussi de temps suspendu, où nous pouvons flâner au gré de nos envies, sans attaches ni entraves. D’autre part, une dynamique plus concentrée naissant de la ponctuation régulière de l’espace ouvert par des piliers en béton clair et des tables de travail noires qui invitent à s’asseoir. Le regard peut alors s’évader d’abord vers les façades colorées des immeubles du centre histoire, ensuite vers le sommet du Nivolet qui domine le massif des Bauges. On entend le bruit des pages qui se tournent, le cliquetis des claviers d’ordinateur, on sent l’odeur si caractéristique des quotidiens, en libre accès sur les présentoirs à l’opposé de la façade vitrée. Lorsque l’on s’installe à l’extrémité de la coursive, dans la zone « silence », on éprouve alors une curieuse impression d’être à la fois dans et en dehors de la ville, relié à la vie urbaine et au ballet des piétons qui parcourent l’esplanade de l’entrée, mais aussi protégé de ses turbulences, dans une position privilégiée d’observateur. En prise mais sans être sous emprise, avec une distance salutaire.

On peut donc parler d’expérience totale pour insister sur l’intégration des sensations dans une dynamique processuelle, unificatrice et intensificatrice qui nous dévoile à nous-même selon une certaine tonalité. S’il y a des manières différentes de vivre cet espace qui modulent son expérience, on voit également que, malgré les variations de nos sensations, il existe bien un fond commun. Chaque corps perçoit le même espace, selon des perspectives plurielles mais qui intègrent elles-mêmes le corps des autres usagers. En ce sens, l’expérience de l’architecture a une valeur éminemment politique.

Propos recueillis par Thierry Vilpou

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17/11/2024

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Comment documenter la disparition d'un ancien hôtel ouvrier : par la collecte de traces et de souvenirs, des plantes qui l'envahissent, des étapes de sa démolition ? En lisant Sophie Bertran de Balanda, la paysagiste Julie-Amadéa Pluriel questionne le devenir des sites industriels et des vies qu...

NOUVEAUTÉ :Magdalena Jeleńska«Archistoria, Une histoire de l’architecture»Dessins : Studio Acapulco Sais-tu qu’à Londres...
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NOUVEAUTÉ :
Magdalena Jeleńska
«Archistoria, Une histoire de l’architecture»
Dessins : Studio Acapulco

Sais-tu qu’à Londres une ancienne centrale électrique a été transformée en galerie d’art contemporain ? Pourrais-tu dire ce qu’ont en commun la basilique Saint‑Pierre de Rome et l’incomparable Taj Mahal en Inde ? Et d’après toi, quel est le plus haut gratte-ciel jamais construit ?
Avec Archistoria, tu sauras répondre à toutes ces questions et à tant d’autres encore ! Tu vas apprendre l’histoire des formes architecturales et des matériaux de construction à travers une série de bâtiments emblématiques de toutes les époques et du monde entier. Mais sans doute en connais-tu déjà certains...
C’est parti pour un voyage à la découverte des châteaux, des tours, des musées, des maisons, des basiliques, des gratte‑ciel... et à la rencontre des esprits fantasques et brillants de leurs inventeurs !



https://www.editionsparentheses.com/Archistoria

Le livre n'est pas mort !Les étudiantes à l'assaut des livres d'architecture…Écoles de Saint-Etienne et Clermont-Ferrand...
06/11/2024

Le livre n'est pas mort !
Les étudiantes à l'assaut des livres d'architecture…
Écoles de Saint-Etienne et Clermont-Ferrand.



Ensa Saint-Etienne
Ensacf École Nationale Supérieure d'Architecture de Clermont-Ferrand

Les Éditions Parenthèses avec l'intégralité de leur fonds dans les écoles d'architecture.Mardi 5 novembre 2024, Ensa de ...
04/11/2024

Les Éditions Parenthèses avec l'intégralité de leur fonds dans les écoles d'architecture.

Mardi 5 novembre 2024, Ensa de Saint-Etienne.
Mercredi 6 novembre, Ensa de Clermont-Ferrand.



Ensa Saint-Etienne
Ensacf École Nationale Supérieure d'Architecture de Clermont-Ferrand

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