03/09/2024
Tic toc tic toc ..
Voilà le texte écrit par Jacques Denis , le journaliste et aussi une personne importante , qui comprend mon travail depuis 25 ans ..
Il explique comment s’est construit cet album témoignage ..
Plus que 2 jours .
Tangential Music
Visuel Muntaner Stéphan Niouze
Si vous voulez découvrir l’album message en MP
“ RISE OF A COSMIC DANCER “
Quinze ans de trip, c’est à cela que nous invite DJ Oil pour sa dernière galette enregistrée entre 2007 et 2023, entre l’Afrique, l’Asie, les Amériques et l’Europe. Somme toute, ses sons réunis, ce sont des tours et détours de pistes autour du monde de la musique, comme une suite d’instantanés qui dressent un autoportrait de ce drôle d’hybride, mi-DJ, mi-musicien, en fait un metteur en sons du style versatile à satiété. « C’est un album qui résume tout mon travail que j’ai produit sur scène. Il y a très peu de retouches, juste quelques ajouts pour densifier certains titres », résume tout de go l’ex-fauteur de trouble marseillais, désormais assagi.
Au gré des résidences, à la façon d’un chercheur de sons du troisième type, il a multiplié les expériences sur le terrain, gravant des pistes avec des musiciens du coin, des urbains comme des ruraux, à l’instar des Garifunas du Honduras ou des Sud-Africains de Soweto. C’est là qu’il a trouvé la matière première, des prises en direct plus que des samples traqués dans les disques. Il en a tissé des mélodies, troussé des rythmiques autrement plus complexes que le basique 4X4, plus en phase avec systèmes métriques des contrées foulées, des trames sonores qui donnent une couleur, qu’il s’agisse des bruits d’une ville pas encore endormie ou d’une jungle pas tout à fait enfouie.
Au final, DJ Oil a glané 300 morceaux au bas mot dont il propose ici une possible synthèse, après une lente sédimentation qui témoigne d’une inscription dans une autre durée, à des années lumières du prêt à consumer. Certains fabriqués sous les tropiques, d’autres en France, tous avec le doigté qu’on lui sait. Les titres, des plus explicites ou non, racontent entre les lignes ces aventures au singulier du suggestif. Définitivement hors normes, catégoriquement hors format. Et l’unité d’un teldisque tourne autour de celui qui en pilote les morceaux, en direct lors des concerts.
Cette accumulation de sons, samples ou non, depuis des années, en est le squelette. A charge pour DJ Oil de composer à partir de ce matériau des pistes inédites. Emblématique de cette démarche de recomposition, à partir des mêmes samples, des voix de pygmées et une rythmique enregistrées en Namibie lors de la tournée Ashes To Machines qui lui fit traverser trente-neuf pays entre 2006 et 2009, avec à la clef des kilomètres de sons et des tonnes de bonnes vibrations, il propose trois variations – GarifunasLey Del Fuego, Kwani and Ashes et Ashes in Namibia – en y ajoutant des éléments captés ailleurs. « Ce que je voulais démontrer, c’était que l’on pouvait en fonction des intentions réaliser des titres différents, tout en respectant le caractère originel des prises. »
Ainsi pour Garifunas Ley Del Fuego, s’il ajoute ici de la flûte et là des effets, lorsque les voix, la basse et les coquillages dans lesquels Garifunas soufflent, entrent en piste, il s’agit de la première prise directe. « C’était un matin, lors de la première répétition. Au niveau du son, de la soul de la voix, c’était au top. » Pour Kwaniand Ashes, c’est le groupe Kwani Experience et Pops Mohammed, croisés lors d’une résidence à Johannesburg, puis après enregistrés en studio à Marseille, il part de la même trace mais en dévie, naturellement, pour ce titre qui fait référence au duo qu’il formait avec Jeff Sharel. « Les cendres, c’était une manière poétique d’évoquer les instruments qui sur la planète ont tendance à disparaître, comme la mbira en do dont joue le maître avec qui on a joué. Il n’avait plus d’élèves déjà à l’époque. » Quant à Ashesin Namibia : c’est donc la version originelle, née lors d’une résidence avec une douzaine de musiciens, où il a ajouté des nappes, et la flûte de Ji Drû « transformée en guitare électrique ».
L’ensemble de l’album a été bâti selon les mêmes principes, avec des musiciens de sa sphère (Niktus, Ji Dru, Jean-Phi Dary, MagicMalik…), et d’autres rencontrés au fil des années, à chaque fois selon l’inspiration et une méthode sujette à des adaptations. Pour Yaka di Bongo, enregistré au Cameroun en pensant à Manu Dibango, il n’a finalement gardé que l’instru préparatoire de base, et non celui gravé avec les musiciens sur place. « Une version à nue, sans aucune retouche. » Pour Billie and C, qui rappelle l’amour du jazz/blues chez le natif de Marseille, hormis le piano, tous les sons ont été fabriqués à partir du saxophone de Johan Guillard ( ???), alors que Nocturne Bruyant, un morceau entamé à Chicago dès 2004 et terminé bien plus t**d à Paris, le résultat final est son évolution au fil du temps avec notamment l’ajout de la flûte de Ji Drû et celui du pianiste arlésienAbul Jaba ( ???). Comme son titre le suggère, Damascus est né au cours d’une résidence en 2006 à Damas avec Jeff Sharel, huit musiciens dont trois professeurs du conservatoire (qanun, oud, percus…) et Mizgin, une chanteuse d’opéra kurde. « A la fin du concert, elle est vite partie avec son mari ouditse pour éviter d’être arrêtée ! » On y entend les fonds sonores captés sur place, sous la mosquée de Damas. Pretty Sings, l’ultime thème qui referme le recueil en mode méditatif, a en revanche été réalisé au début 2023 au Vietnam, avec même la présence de l’ex-ministre Cécile Duflot dans les chœurs !
Pas de doute, cet entrelacs raconte la vie de son auteur, Lionel Corsini pour l’état-civil, grandi auprès d’un père fan de r’b vieille école etcollectionneur de galettes, DJ depuis ses 15 ans, converti au hip-hop et pratiquant les raves comme les house parties. De ses années d’avant 2000, Troubles Everywhere en est une sorte d’écho, puisqu’il s’agit un morceau des Troublemakers, retravaillé en live, avec notamment la voix de Malik qui s’élève. Sh**un, un titre en live à Montréal avec Magic Malik et DJ Rebel, rappelle jusque dans son nom ce combo qui a beaucoup tourné à l’étranger, et Black Note Expérience évoque un autre projet,Black Notes, à travers le fruit d’une résidence née à Bordeaux, avec Niktus, Magic Malik, Bernard Menu, le batteur Hubert Motteau et le débatteur Antony Joseph, qui parle du racisme et de la ségrégation en tout genre, deux sujets pour une problématique qui a toujours été au cœur des préoccupations de DJ Oil.
Last but not least de ce tour de pistes, IthakaDancer, allusion à l’île chère à Ulysse, invite la voix d’un autre poète caribéen, tout aussi engagé, l’Haïtien Anthony Phelps qui narre le parcours d’un homme au milieu de la jungle urbaine, telle une « Babylone dévastée » pour le paraphraser, face aux exclusions et la montée de l’extrême droite. Comme une invitation à panser les plaies d’un monde qui s’écroule, comme une proposition alternative pour rejoindre la piste de danse. « Mon but, c’est de faire danser les gens sur des sons inconnus. »Sur la tête comme avec ses pieds. D’où le titre générique, du genre programmatique, Rise Of A Cosmic Dancer, qui rappelle que la danse, cela reste un trip, comme la musique fait voyager. Et en la manière, ces tribulations d’un DJ hors des sentiers balisés sont tout à fait indiquées aux plus aventureux d’entre tous.