05/10/2021
Oriental Blues J-10 : Les instruments et les musiciens - Remerciements
Je suis très heureux de vous présenter la pochette d’Oriental Blues. Vous le méritez bien car vous avez eu la gentillesse et la patience de lire toutes mes publications de ces dernières semaines. C’était donc la moindre des choses de montrer un peu de visuel, avant d’entendre les sons de ce projet avec un premier titre, Delta Crossroads, début d’un voyage musical inédit. Ça, c’est pour J-5, soit dans 5 jours. Mais pour en finir avec ce prélude, il me semblait indispensable de vous présenter les musiciens d’Oriental Blues ainsi que les instruments utilisés.
Les musiciens d’abord. Je commencerai avec mon bassiste de cœur et mon ami de plus de 40 ans, Gilles Malapert qui a bien sûr assuré toutes les parties de basse. Malheureusement, Gilles n’est plus là, il nous a quittés brutalement fin novembre 2019, à peine 3 mois après les vidéos live que nous avons tournées sur deux titres, Nile Blues et Welcome to Mississippi. J’aurai le plaisir de vous les présenter très prochainement. Un détail, nous ne l’avons pas fait exprès mais lorsque nous avons tourné ces vidéos, nous avons filmé le décor sans les musiciens.
C’est ce décor, qui nous a servi pour la pochette d’Oriental Blues dont on ne voit ici que le recto. Clin d’œil, on ne voit pas Gilles mais en fait il est là et continue à être très présent. Regardez bien cette pochette : il y a le fauteuil de Gilles, sa basse et allez, quoi, on peut bien le deviner. A noter que fin 2019, je n’avais pas encore enregistré les percussions, le titre Caravan n’était pas fini et j’étais bien loin des touches finales sur lesquelles on réarrange parfois un peu les parties. Du coup, mon ami Gilles n’aura pas entendu tous les titres finalisés.
Je ne vous cacherais pas que d’autres évènements bien difficiles à vivre ont marqué toute la période de création du projet Oriental Blues, comme s’il fallait une toile de fond appropriée. Ouais, le blues ça se mérite, tous les bluesmen ont toujours tellement peur de ne pas l’avoir avant de jouer un set en public. Et bien, là, tout était réuni pour moi, du coup, ne soyons pas tristes, les absents voient certainement l’accomplissement du projet depuis quelque part, peut-être depuis le Delta Crossroads, c’est ça qui compte…
En forme d’hommage, Gilles Malapert aura été pour finir un grand bassiste avec un groove exceptionnel que l’on peut entendre tout au long de ce projet. Il a été le bassiste de nombreux groupes dès 1972 jusqu’à 2019 et a bien sûr beaucoup joué avec moi. C’était un vrai bassiste, c’est à dire un musicien qui avait commencé par la basse et non un guitariste reconverti.
Passons aux percussions et à notre ami Habib Yammine, percussionniste talentueux, ethnomusicologue, compositeur et pédagogue libanais. Détail amusant, Habib est comme moi violoniste de formation. Il est également l’auteur d’une maitrise sur les rythmes arabes anciens, d’une thèse de doctorat sur la musique yéménite ainsi que de nombreux articles sur la musique arabe. Fin connaisseur des rythmes arabes, il maitrise parfaitement les techniques de jeu du riqq, du daff et de la darbouka.
Ce sont ces instruments que vous pourrez entendre sur les différents titres d’Oriental Blues, notamment le riqq et la darbouka qui sont le plus souvent utilisés. Rappelons que la darbouka est un tambour sur caisse en forme de calice ou de gobelet. La darbouka traditionnelle est en poterie avec une finesse de timbre et des nuances sonores infinies. Actuellement on utilise également des instruments en fonte d’aluminium qui offrent de nouvelles possibilités sonores et techniques, sans remplacer véritablement l’instrument traditionnel.
Un peu comme pour le oud : aussi bon soit-il, un oud électro-acoustique ne remplacera jamais un bon oud 100% acoustique. Le riqq est un tambour sur cadre à cymbalettes qui offre des nuances de jeu infinies, à tel point qu’il peut être parfois difficile à identifier sur certaines parties très percussives. Il sculpte la rythmique et est l’allié incontournable du oud, se mélangeant avec merveille à certains sons percussifs obtenus avec le plectre du luth. Enfin, le daff, tambour sur cadre est un instrument fondamental de la musique arabe et produit des bases sans égal.
Signalons qu’Habib Yammine a fondé avec la chanteuse Aïcha Redouane l’ensemble Al-Adwâr sur le modèle de musique savante orientale pour diffuser entre autres l’art du Maqâm. Enfin, il a réalisé et produit Pléiades, un album de percussions ainsi que plusieurs albums, toujours en collaboration avec Aïcha Redouane, basés sur leurs compositions mais aussi sur la musique de la Nadha.
Je serai plus court avec mon ami harmoniciste Thomas Hammje qui est également un excellent guitariste et pédagogue, spécialiste de l’acoustique mais que l’on entend uniquement à l’harmonica sur Oriental Blues. Spécial guest du projet puisqu’il intervient sur un titre, Welcomme to Mississippi, pur blues roots respectant l’esprit des pionniers mais avec une consonance orientale. Thomas ajoute des phrasés pleins de finesse qui dialoguent tantôt avec le oud, tantôt avec la slide guitar.
A noter que Gilles Malapert, Habib Yammine ou Thomas Hammje ont toujours été intéressés par les démarches musicales originales et expérimentales. Ils ont donc participé avec plaisir et intérêt au projet Oriental Blues en apportant leurs couleurs de jeu pour un mélange inédit.
Bon, je ne vais pas m’oublier quand même. Beaucoup d’entre vous me connaissent comme le guitariste et le prof de Guitar Part et Guitar Collector’s qui a formé avec ses magazines et ses méthodes des centaines de guitaristes et de musiciens. Pour ceux qui ne me connaitraient pas, voici une petite biographie qui rappelle également mon parcours de musicien. Attention et désolé, mais je vais parler de moi à la troisième personne.
JJ Rébillard est un musicien multi-instrumentiste, producteur et éditeur français. Il débute en musique avec le violon à l’âge de 7 ans puis passe à la guitare 5 ans plus t**d. Professionnel dès 1976, professeur de guitare et musicien de studio, il crée en 1988 sa société d’éditions de méthodes guitare puis les magazines Guitar Part et Guitar Collector’s où il reproduit note à note les parties de guitare des plus grandes stars de la rock music.
Côté artistique, de 1984 à 1996, il est le guitariste des groupes The Staff, Le Blitz et Kuuma, accompagne le saxophoniste californien Shannon Murray, puis produit en 1998 l’album power rock Out of Nowhere avec le chanteur anglais Bob Salazar. Auteur de plusieurs albums avec le groupe The Bouncers, il produit en 2006 Rock Guitar Legend (Nacarat/Warner), un best of des plus grands hits de la guitare, puis sort en 2007 l’album world Horizons avec le groupe Nu Earth Project.
JJ Rébillard joue aussi du oud comme avec le toaster Brother Yacin, sur des mix de hip hop et de musique orientale. Il monte ensuite les Soul Warriors avec les chanteuses de soul Claudia Hoff, Sophia Nelson, Lady Jean Carpenter (Aretha Franklin) et le trompettiste Ludovic Louis (Lenny Kravitz). Il produit l’album Dance (2018) qui connaît un certain succès aux Etats Unis. Enfin, en 2019, il crée le concept original Oriental Blues (blues et oud). Un projet 100% acoustique qui sort en 2021 avec le bassiste Gilles Malapert et le percussionniste Habib Yammine.
La bio est finie, donc je reviens à la première personne…Côté instruments, j’ai utilisé mon oud d’Alep à chevalet suspendu pour toutes les parties de oud. Cet instrument est à la fois précis, roots et la clarté du son comme son caractère incisif conviennent parfaitement au projet. Je ne joue évidemment pas de bends au sens classique de la guitare blues mais l’instrument n’étant pas fretté, on peut obtenir très facilement tous les quarts de ton, les demi-tons, les trois quarts de ton en utilisant également les hammers-on ou les slides.
J’ai aussi utilisé mes guitares acoustiques fétiches mais que du matos super roots et je ne vous ferai aucune cachotterie. J’utiliserai certainement mon dobro National de 1930, mes Martin D12 et D18 des années 60 ou encore ma Gibson Blues King pour les titres d’un futur et second album, mais j’ai préféré utiliser ici les instruments dont le son me semblait le plus adapté. J’ai joué toutes les parties de slide sur ma première guitare, une Eko de 1969 à la caisse fendue mais au son incomparable, comme celui des pionniers dont j’avais toujours rêvé, alors que je l’avais chez moi mais sans cordes (c’est ma fille qui l’a remise en service en 2000).
Pour toutes les autres parties (rythmiques, leads) je me suis servi de ma Kasuga Country D180 de 1976 (cherchez quel instrument a inspiré son créateur) mais qui a un son d’une luminosité et d’une présence incomparables. Et aussi d’une 12 cordes Ibanez difficile à jouer, mais dont le son est très puissant et complète la tonalité globale des guitares. Ces différents instruments sont très souvent accordés en open tuning.
Enfin, vous pourrez aussi m’entendre au tar sur Tahat Blues (luth persan à 3 doubles cordes accordées Do – Sol – Do ce qui laisse supposer une utilisation très longitudinale). J’ai assuré les arrangements des cordes que l’on peut entendre sur certains titres, en particulier sur Caravan. Je me suis totalement investi dans cette histoire puisque je suis le compositeur, le producteur et l’éditeur du projet. Toutes ces casquettes pour un seul homme ?
J’ai l’habitude, je les avais déjà avec les Soul Warriors et je reste très modeste mais quand on gère un tel projet sur un timing long (ici 3 ans), tout va bien. Passons aux remerciements : d’abord, le Studio 180 à Paris où j’ai enregistré les percussions avec Habib Yammine. Avec sa console SSL magique et la qualité du matos en général, on peut obtenir le meilleur. Et je remercie aussi infiniment à ce titre le grand Arnaud Bascuñana, ingénieur du son émérite (également guitariste et producteur talentueux). Il a assuré la prise de son des percussions à grand renfort de pistes un peu délicates à manipuler au mix mais complètement indispensables.
La liste serait incomplète si l’on oubliait Hervé Olivier et Catherine Paly, amis de toujours de Gilles et moi-même, qui ont mis gracieusement à notre disposition leur salle de l’Etang Moderne à Rochefort en Terre décor de la pochette d’Oriental Blues. Et au fait, ça se joue comment du blues sur un oud ? La réponse avec les vidéos live tournées à l’Etang Moderne, mais ça sera pour un peu plus t**d, ne donnons pas tout d’un coup. Retrouvons nous plutôt d’abord à J-5 par exemple pour Delta Crossroads, du son et un peu plus, une petite surprise bien méritée encore une fois…
Art Direction & Design Wissam Alhaj