29/11/2024
Merci à nos adhérents et nouveaux adhérents d'être venus à notre assemblée générale hier. Nous étions une bonne trentaine, avec la présence de deux journalistes. Comme promis, voici ci-dessous notre communiqué au sujet des difficultés de La Mora.
La Mora : un fiasco attendu ?
- Un projet ambitieux mais controversé
En 2018, le président de la Communauté de Communes du Pays de Honfleur-Beuzeville (CCPHB), également maire de Honfleur, soutenait fermement le projet de La Mora, malgré les réticences et critiques des maires de Dives, Houlgate et Cabourg. Six ans après ce soutien enthousiaste, et seulement six mois après l’ouverture du chantier spectacle, le projet se heurte à des difficultés financières et à une fréquentation bien inférieure aux attentes.
- Un financement colossal et des résultats décevants
Le projet de La Mora a bénéficié de financements publics et privés de grande ampleur : sur les près de 8 millions d’euros nécessaires au projet, ont contribué l’État (500 000 €), la Région Normandie (500 000 €), le département (2 500 000 €), la ville de Honfleur (250 000 €) et la CCPHB (250 000 €). Pour le reste, l’association a contracté des emprunts auprès de diverses institutions bancaires et prêteurs privés. Malgré ces moyens financiers importants, La Mora connaît des difficultés. Placée en procédure de sauvegarde après seulement six mois d’activité, l'association fait face à des résultats bien en-deçà des prévisions, ayant attiré 40 000 visiteurs annuels, contre les 150 000 attendus. Pour référence, le musée Eugène Boudin de Honfleur, malgré sa réputation, peine à atteindre les 20 000 visiteurs annuels. Ces résultats inférieurs montrent l’écart entre les ambitions initiales et la réalité.
- Quelles conséquences pour les finances locales ?
À ce stade, une liquidation judiciaire semble probable pour l'association gérant La Mora. Si un repreneur n'est pas trouvé, il est envisageable que la Région, la CCPHB ou la commune de Honfleur doivent prendre en charge ce projet lourdement déficitaire, ce qui risque de peser durablement sur les finances publiques locales. Pour satisfaire les exigences du projet, les habitants de la région pourraient être contraints de contribuer indirectement, par le biais d’impôts locaux, pour éponger les dettes accumulées. Pendant ce temps, les principaux responsables de ce projet se verront peu touchés par les répercussions financières de leurs choix.
- Une gestion publique questionnée
Le projet de La Mora soulève de nombreuses interrogations. Alors que les finances publiques sont de plus en plus contraintes, les décisions d’investissement dans des projets touristiques comme celui-ci méritent d’être scrutées.
1. Pour qui ? La Mora semble avant tout pensé pour attirer les touristes, et non pour bénéficier aux habitants de la région ou aux résidents de Honfleur.
2. La pertinence de l'investissement : était-il judicieux de consacrer près de 4 millions d’euros d’argent public à ce projet, financé en grande partie par les impôts locaux, et dont la stratégie financière et commerciale ne semble pas avoir été étudiée sérieusement en amont? Plus de 4 millions sont encore nécessaires pour la construction même du bateau.
3. Des priorités à revoir : cet argent n’aurait-il pas été plus utile pour rénover des infrastructures locales telles qu’un gymnase, une école ou un commissariat, qui bénéficieraient directement aux habitants ? Les associations locales, sportives et culturelles de Honfleur, fréquentées par une grande partie de la population de la CCPHB, ne reçoivent pas de telles subventions.
4. Un impact fiscal discutable : Honfleur et la CCPHB auraient-elles pu envisager de baisser les impôts locaux plutôt que de participer à ce projet ? Une somme de 500 000 euros en moins sur les budgets locaux aurait permis d’alléger la pression fiscale pour les résidents, un soulagement bienvenu pour de nombreux foyers.
Ces questions illustrent un débat plus large sur les priorités des élus et la gestion des fonds publics. Alors que l'avenir de La Mora est incertain, une chose est certaine : les habitants de Normandie risquent de payer le prix de ce projet pour de nombreuses années à venir.
Hervé Morin