08/05/2020
Shopping de luxe confiné, © Bernard Rondeau :
À quelques jours du déconfinement, les mannequins des vitrines de la rue Saint Honoré er de la rue de Sèvres piaffent d'impatience. Presque deux mois sans voir les élégantes et riches parisiennes s'extasier devant les devantures des marques de luxe et les dernières créations que ces créatures immobiles sont seules à porter aujourd'hui. Dans le quartier de l'Élysée, elles paraissent comme des statues antiques d'un temps antédiluvien, d'une Babylone disparue sous les tourments d'un mauvais virus, et s'inquiètent de n'avoir que quelques policiers ronchons comme visiteurs. Elles ne savent pas encore que leur solitude n'est pas éternelle. Les riches clientes de ces rues au nom prestigieux réapparaîtront bientôt. À l'abri des affres de la paupérisation, leur envie de redonner vie à ces splendides parures n'auront d'égale que leur impatience à refaire du "lèche-vitrine", avec, bien entendu, une distanciation sociale qui prendra tout son sens dans ces quartiers huppés où les jours heureux n'ont jamais cessé d'exister. À quelque pas de là, dans le bas des Champs Élysées, les bancs publics se désespèrent eux-aussi. Embastillés par des rangées de grilles, ils regrettent les badauds et les couples qui venaient égailler leurs planches vertes. Pour eux, le 11 mai ne sera pas synonyme de liberté. Alors ils rêvent à une autre date : un 14 juillet qui verrait naître les jours d'après où les amoureux pourraient à nouveau se bécoter sans distanciation physique.
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