11/11/2023
La légende du loup blanc
L'histoire que je vais vous raconter remonte Ă la nuit des temps.
A cette Ă©poque, la terre Ă©tait recouverte de vastes forĂȘts sans fin, certaines Ă©taient inextricables et les voyageurs Ă©garĂ©s retrouvaient rarement leur chemin.
En ces temps là , les loups vivaient nombreux, ils formaient des clans trÚs hiérarchisés, intelligents, forts et courageux, ils n'avaient d'autres ennemis que les hommes.
Les hommes quant Ă eux nourrissaient une haine profonde envers les loups et lorqu'ils se trouvaient face Ă face, il Ă©tait rare que tous deux survivent Ă cette rencontre.
A peine l'enfant des hommes marchait, qu'il avait appris Ă haĂŻr le loup.
Chaque dĂ©cennie Ă©coulĂ©e, les loups, uniquement les chefs de clan et quelques Ă©lus entreprenaient le grand voyage. De toutes les rĂ©gions du Nord de l'hĂ©misphĂšre, ils convergeaient en un mĂȘme lieu, une vaste clairiĂšre au centre d'une forĂȘt profonde et noire, quelque part dans un pays que l'on appellera plus t**d la FRANCE.
Certains venaient de trĂšs loin, c'Ă©tait le grand rassemblement au cours duquel les loups mĂąles et femelles encore solitaires allaient sceller une nouvelle alliance, ils venaient lĂ trouver le compagnon d'une vie.
Les chefs partageaient leur savoir et les jeunes bĂątissaient leur descendance.
Cette année là , LOUPBLANC, chef de clan encore solitaire venait pour y trouver une compagne, chemin faisant il pensait au lourd secret qui était le sien.
Quelques mois plus tĂŽt, au cours d'une chasse, il avait dĂ©couvert une jeune femme Ă©vanouie dans la neige fraĂźche. Il s'Ă©tait approchĂ© d'elle doucement, avec mĂ©fiance comme on lui avait toujours appris, de longues minutes s'Ă©taient Ă©coulĂ©es ainsi, quand soudainement la jeune femme bougea, elle entrouvrit les yeux et loin d'ĂȘtre terrifiĂ©e par la vue du loup, elle lui sourit.
Elle tendit une main et caressa la fourrure de l'animal, celui-ci accueillit cette marque d'affection d'abord avec surprise puis bientĂŽt avec plaisir. Sans savoir qu'il pouvait la comprendre, elle lui expliqua sa peur lorsqu'elle s'Ă©tait vue Ă©garĂ©e dans la forĂȘt, en entendant du bruit, elle s'Ă©tait mise Ă courir sans voir une grosse branche qui barrait le chemin, elle avait trĂ©buchĂ© lourdement et s'Ă©tait Ă©vanouie.
Tout en lui parlant elle n'avait cessé de le caresser. Elle le regarda droit dans les yeux et lui demanda de l'emmener jusqu'au village, seule dit-elle, je ne retrouverai jamais ma route.
LOUPBLANC s'exĂ©cuta, il la reconduisit jusqu'Ă l'entrĂ©e du village et longtemps il resta lĂ , Ă la regarder partir, mĂȘme lorsqu'il ne pouvait plus la voir.
De retour dans la taniĂšre du clan, il comprit qu'il ne serait plus jamais le mĂȘme, jamais plus il ne verrait les hommes de la mĂȘme maniĂšre.
Il se prit mĂȘme Ă revenir guetter l'entrĂ©e du village dans l'espoir de l'apercevoir.
A de nombreux kilomÚtres de là , une louve et son frÚre cheminaient au cÎté d'un chef de clan, ils faisaient eux aussi route vers le grand rassemblement.
La louve CALYPSONE venait y faire alliance, elle l'espérait depuis longtemps mais depuis l'été dernier, elle était habitée par la peur, son chemin avait croisé celui d'un gentilhomme blessé, au lieu de le dénoncer à la meute comme il se doit, elle l'avait caché, recouvert de feuilles et de branchages et l'avait nourri jusqu'à ce qu'il puisse se débrouiller seul.
L'homme n'avait jamais manifestĂ© la moindre crainte face Ă la louve, au contraire il aimait Ă lui parler, Ă la caresser, il lui faisait des confidences comme il l'aurait fait Ă un des ses semblables. Il rĂȘvait d'un monde oĂč les hommes et les loups feraient la paix, un monde oĂč la haine de l'autre n'existerai plus.
Un soir alors que Calypsone venait le retrouver, il Ă©tait parti en laissant sur le sol son Ă©charpe, un peu de son odeur qu'elle prit plaisir Ă renifler.
Souvent, depuis lors, elle venait s'allonger au pied de l'arbre qui avait été le témoin de leur amitié.
La clairiĂšre sacrĂ©e Ă©tait prĂȘte, tous les participants s'Ă©taient rassemblĂ©s en plusieurs cercles, au milieu se trouvaient les solitaires, il Ă©tait de coutume de s'observer et lorsqu'un loup mĂąle trouvait une louve Ă sa convenance, il s'avançait au milieu du cercle, puis de lĂ en rampant il se dirigeait vers l'Ă©lue.
Ce soir sacrĂ©, lorsque CALYPSONE aperçu LOUPBLANC, elle reconnut immĂ©diatement le compagnon qui habitait ses rĂȘves, celui qu'elle avait toujours attendu.
Aussi, bousculant toutes les rÚgles, elle s'avança vers lui, sans crainte, le regardant au fond de ses prunelles dorées.
LOUPBLANC, comme s'il avait toujours su ce qui allait arriver, accepta CALYPSONE comme compagne sans se formaliser de la façon cavaliÚre qu'elle avait utilisée pour arriver à ses fins.
La nuit mĂȘme leur union fĂ»t scellĂ©e. Le grand sage donna son accord aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© qu'ils n'appartenaient pas au mĂȘme clan et que leurs deux statures s'harmonisaient entre elles.
La louve fit ses adieux au clan qui l'avait vu grandir et se prépara au voyage de retour.
Leur périple fût sans histoire.
Inconsciemment ou pas, LOUPBLANC construisit leur gĂźte non loin de l'endroit oĂč il avait dĂ©couvert la jeune femme l'hiver dernier.
Au printemps de l'année qui suivit, CALYPSONE donna naissance à deux louveteaux, un mùle et une femelle. Avant de mettre bùt, elle avait avoué à LOUPBLANC le parjure qu'elle avait fait à sa race en cachant et en nourrissant un humain. LOUPBLANC lui avait à son tour confié son secret et depuis lors ils ne formaient plus qu'un.
Une nuit, ils furent réveillés par des cris qui les fit sortir de leur taniÚre, ils aperçurent au loin une fumée épaisse, un incendie embrasait le ciel. Les cris durÚrent longtemps et au petit jour une odeur ùcre parvint jusqu'à eux.
La magie des loups en ces temps là était grande et leur haine des humains encore plus grande, plusieurs clans s'étaient unis pour détruire un village qui avait tué plusieurs des leurs. Ceux qui n'avaient pas péris dans l'incendie, furent dévorés pas les loups.
LOUPBLANC rassembla sa compagne et ses petits et décida de s'éloigner à tout jamais de ces contrées barbares, il voulait un monde différent pour sa descendance.
Au mĂȘme moment, un homme et une femme, seuls survivants du massacre fuyaient eux aussi l'horreur de la nuit.
La légende dit que la route des loups croisa celle des humains
Que LOUPBLANC reconnu la jeune femme qu'il avait secouru de mĂȘme que CALYPSONE reconnu l'homme comme Ă©tant celui qu'elle avait cachĂ© dans les bois.
On dit aussi qu'ils firent chemin ensemble jusqu'Ă une grande clairiĂšre.
Uniquement avec leur courage, ils bĂątirent un monde nouveau oĂč tous ceux qui vivaient sans haine furent les bienvenus... Les humains comme les loups...
Légende du Loup Blanc (amérindien)