21/06/2021
Bonne fête de la musique
LE STATUT DE L'ARTISTE POUR SABORDER LA FETE DE LA MUSIQUE
Alors que des scènes se dressent partout à Douala et Yaoundé pour la célébration de la fête de la musique, la revendication du STATUT DE L'ARTISTE s’est invitée à la grande fête des amateurs de musique. Tout le monde en parle avec passion et énergie. Beaucoup ne savent pas très bien à quoi ça renvoie, mais on s'en fout, ça peut changer la vie de tous les artistes.
Las d’attendre les « gros salaires » qu’on leur avait promis à la création de la première société de gestion collective du Cameroun, la SOCINADA, certains artistes se sont lancés dans un nouveau chantier de revendication : Le Statut de l’artiste. Dans les forums WhatsApp et les groupes Facebook, on invite au boycott de la Fête de la musique. À entendre, certains, l’affaire serait moins compliquée que l’interminable bagarre autour des petits morceaux de viande accrochés à ce grand os qu’est le droit d’auteur. Nombreux sont ceux qui se voient même déjà aussi riches que leurs collègues occidentaux. Comme avec le Droit d’Auteur, on espère qu’il suffira de « pousser le bouton » pour que tous les artistes sortent de la précarité.
Il y a en effet une foule de similitudes entre cette euphorie ambiante autour du statut de l'artiste et celle qui a accompagnée la création de la Société Civile Nationale des Droits d'Auteur (SOCINADA). À l'époque, on avait juste dit aux artistes que "le droit d'auteur est le salaire de l'artiste" et bien évidemment TOUT LE MONDE serait ENFIN régulièrement payé !!! On avait malheureusement oublié d’expliquer comment l’exploitation d’une œuvre de l’esprit produit de l’argent, mais surtout, que chacun ne pourra percevoir qu’à la hauteur de l’exploitation de ses œuvres.
Ceux qui essayaient de s'attarder sur la « NOTICE » de la « potion magique » étaient taxés de "Long crayon", « Sabitout », « embrouilleur ». Il me souvient que même le très respectable et respecté, Feu Pierre Pierrot Tchana, voulant s’exprimer sur le sujet, s’était fait rabattre le caquet, au Palais des Congrès de Yaoundé, par un obscur inconnu à qui l’espoir d’une vie meilleure avait donné la parole et la bravoure... Aujourd'hui encore, près de 30 ans après le transfert du pouvoir de l'État aux artistes, ces derniers cherchent toujours le bon bouton... par l’injure, l’invective, la menace, le trafic d’influence, etc.
Pour que le rêve d'un STATUT DE L'ARTISTE au 237 ne se transforme lui aussi en cauchemar, ceux qui militent pour lui devraient faire l’effort de comprendre de quoi il s’agit, d'aider à la sensibilisation en donnant la parole à des experts et en faisant circuler les lois sur le Statut de l'artiste des pays qui en ont. Quelques docteurs, comme le Cameroun sait en fabriquer, expliquent déjà aux artistes que ce « machin » n’est même pas nécessaire. C’est simplement parce que les artistes sont des illettrés qu’ils ne profitent pas des mécanismes mis en place par le gouvernement de la république pour les sortir de la misère. À croire que les pays dont on calque même la façon de sourire ont tout faux, lorsqu’il s’agit du statut de l’artiste.
Néanmoins, s’il est facile avec le droit d’auteur de revendiquer le «statut » d’artiste, avec la reconnaissance juridique de la profession, que certains revendiquent aujourd’hui à cors et à cris, l’affaire sera un peu plus compliquée. Mais on saura plus facilement qui associer à une réflexion sur les conditions de vie et de travail de l’artiste au Cameroun. Parce que s’autoriser le statut d’artiste alors qu’on n'arrive pas à tirer le minimum financier de la chanson qu’on a publié il y a 20 ans pourra s’avérer suicidaire.