19/07/2022
KUNTA KINTÉ : Le guerrier Mandingue
Kunta Kinté, au même titre que Salomon Northup (12 years a slave) ou encore Emily (Uncle Tom’s Cabin), s’ajoute à la liste des personnages
« esclaves » ancrés dans la mémoire collective américaine voire mondiale. C’est avec une vive émotion que beaucoup ont regardé, durant leur enfance ou adolescence, la série Roots, adaptation télé du roman éponyme d’Alex Haley. On ne pouvait faire une édition spéciale Sénégal/Gambie sans évoquer le natif de Gambie le plus célèbre de l’histoire cinématographique : Kunta Kinté.
Qui est Kunta Kinte ?
Personnage historique semi-fictif, Kunta Kinté voit le jour en 1750 à Juffure, en Gambie de l’Ouest. Son père Omoro et sa mère Binta sont des guerriers Mandingues et le jeune Kunta grandit dans la religion musulmane.
Capturé et transporté à Annapolis, il sera vendu à un planteur de Spotsylvania County, en Virginie.
En 1767, alors qu’il se promène, il est capturé et embarqué dans un navire négrier où il voyagera 3 mois avant d’arriver en Amérique. Des 140 Africains à bord, il est l’un des 98 à survivre. À son arrivée à Maryland, il est vendu à un planteur qui le renomme « Tobby ». Dans la mini-série, reste gravée dans nos mémoires la scène où le jeune Kunta est fouetté parce qu’il refuse de prononcer son nouveau nom d’esclave « Tobby » !
On apprécie sa persévérance, il ne délaisse jamais ses rêves de liberté et tente de s’échapper à plusieurs reprises jusqu’à y laisser sa jambe.
Les aventures télévisées malheureuses du jeune Mandingue ont rythmé le quotidien d’une génération de jeunes Noirs, partout dans le monde, qui en gardent encore bien souvent un souvenir empreint d’émotion.
« KING KUNTA »
Kunta Kinté a marqué toute une génération, tant est si bien qu’une réadaptation en série de la vie du héros est sortie fin 2018. Les artistes non plus ne manquent pas la moindre opportunité de rendre clin d’œil, avec de nombreuses références à Kunta Kinté dans les textes de rap américain. Plus récemment, Kendrick Lamar titrait une de ses chansons : « King Kunta » en hommage à notre vaillant héros Mandingue. En France, la liste des rappeurs y ayant fait allusion est longue : IAM, MC Solaar, Booba, Sefyu, Sexion d’assaut, Kaaris, Médine…
« Je ne reconnais que le ventre que j’ai quitté, ma vélocité vient de Kunta Kinté », Kaaris dans l’album Or Noir.
« J’suis comme Kunta Kinté, j’sais où sont mes racines, j’ai rien à voir avec un pays qui pille et qui assassine », le rappeur Sheryo sur Radio Plurielle.
« Dans tous les scénarios, les Noirs meurent les premiers, ça passe bien depuis Kunta Kinté », le rappeur Sefyu dans l’album Qui suis-je ?
Ceci montre ô combien le roman d’Alex Haley s’est répandu comme une trainée de poudre dans les franges de la culture populaire. Kunta Kinté représente pour ces artistes un modèle, une source d’inspiration, une fierté individualisée et un symbole de rébellion face à l’oppression.
Kunta Kinté, une histoire gambienne, scellée à jamais dans l’histoire de l’humanité.
Éditions ROOTS n°21 & 22 – Spécial Mandé & Djolof