26/09/2022
Défaite d'Abdoulaye Wade : "En 2000, j'ai voté pour le Vieux. En 2012, je vote pour que le Vieux parte"
"En 2000, j'ai voté pour le Vieux. En 2012, je vote pour que le Vieux parte". Le propos est d'une jeune Sénégalaise. Rencontrée dans un centre de vote de Dakar, la jeune électrice ne cache pas, comme des millions d'autres Sénégalais, sa soif de changement de leadership politique à la tête de son pays. "Je suis hospitalisée et j'ai quitté mon lit d'hôpital pour venir voter", précise-t-elle.
Douze ans après sa victoire face à Abdou Diouf, l'ex-opposant historique Abdoulaye Wade affronte son ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale Macky Sall au second tour de la présidentielle. Il est en quête d'un troisième mandat, que ses adversaires soupçonnent d'être une stratégie politique visant à ouvrir la voie à une dévolution dynastique en faveur de son fils Karim, surnommé par les Sénégalais "ministre du ciel et de la terre", en référence à l'ensemble des portefeuilles qu'il concentre entre ses mains.
La partie n'est pas facile. Gorgui, c'est-à-dire le vieux en wolof, a cristallisé contre lui une partie du peuple sénégalais, désormais vent debout pour s'opposer à ce qu'elle considère comme une imposture. Des violences sanglantes ont émaillé le premier tour. Le jour du vote, il est carrément hué dans son bureau de vote de Dakar. Sa garde est obligée de riposter par des tirs de gaz lacrymogène. Témoin de l'incident, je prends mes jambes à mon cou pour me mettre à l'abri.
Arrivé à Dakar l'avant-veille du scrutin dans la nuit, je réussis tout de même à avoir la primeur des résultats officiels provisoires, que j'obtiens bien au cœur de la nuit auprès d'Issa Sall, le porte-parole de l'Agence nationale des élections (ANE), un ancien journaliste sénégalais qui m'avait déjà fait interviewer le dirigeant de cette institution réputée crédible.
Battu au second tour par Macky Sall, Abdoulaye Wade n'attend pas l'annonce des résultats officiels provisoires pour concéder sa défaite. Il téléphone à son rival pour le féliciter. Aussitôt la nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la capitale, envahie par la suite par une marée humaine. Impossible de circuler. Avec de nombreux autres journalistes, j'assiste plusieurs heures plus t**d à la déclaration à la presse du président élu à l'hôtel Radisson Blu. J'aurai ma première interview exclusive avec lui peu de temps après, lors du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba.