29/03/2024
🟣 [RÉACTION]
EGLISE : L’AFRIQUE DANS LE CHEMIN DE CROIX DE JÉSUS PAR L'ABBÉ ETIENNE BAKABA
📌C'est une lecture africaine du chemin de croix qu'offre l' Abbé Etienne Bakaba Le Mannequin de Jésus , prêtre de Jésus-Christ, artiste et Journaliste, non seulement aux fidèles catholiques mais également à l'ensemble du peuple chrétien d'Afrique qui célèbre aujourd'hui, comme tous les derniers vendredis de carême, la passion de Jésus-Christ, commémoration exécutée depuis l'aube de ce 29 mars par des grands chemins de croix dans tous les artères des villes du cameroun. Ce prélat ne s'est pas arrêté ici à une homélie de messe, allant au-delà, il a ramené la passion de Jésus, de sa condamnation à m0rt jusqu'à sa mise au tombeau, a la réalité africaine la plus intime et la plus anthropologique. 👇🏽👇🏽👇🏽
✍🏽 Par l'abbé Étienne BAKABA
500 à 600 mètres de route entre le prétoire de Pilate et le Golgotha, à trainer près de 100 kg de bois de 4,5 m de long et 2,5 m de large environ.
Les bourreaux purent craindre que le condamné n’expire sous les coups. Alors, le petit jeu sadique aurait été de courte durée. Pour prolonger le suspens, ils réquisitionnent le premier passant : un certain Simon de Cyrène. Saint Marc nous dit qu’il revenait des champs, avec ses deux enfants, Alexandre et refus. (Mc 15,21-22) Mettons-nous dans la mentalité d’’un homme qui revient des champs. Il a soif, il a faim, il est fatigué, il a besoin de repos.
Remarquons avec intérêt que Simon était un africain et osons même dire qu’il était un noir. C’est donc quand l’Afrique a faim, quand elle a soif, quand elle a besoin de repos qu’elle est réquisitionnée pour porter les souffrances que les autres ont causées : LGBT, guerres, famines, épidémies provoquées et manipulées et j’en passe. Simon de Cyrène était un africain. En effet, Cyrène, d’après le récit de la pentecôte que nous livre saint Luc dans le livre des actes des apôtres est un village proche de la Lybie. (Ac 2,10) Simon est donc un africain. Pourquoi est-il choisi ? Pourquoi n’a-t-on pas choisi un des juifs qui étaient autour de Jésus pour l’aider ? Parce que le juif ne peut pas porter la croix car elle est pour lui objet d’humiliation et de malédiction. Alors, les soldats attrapent le noir et l’obligent à porter la croix de Jésus.
Ainsi, après avoir reçu Jésus Enfant en Egypte quand Hérode décide d’assassiner tous les moins de 2 ans en Palestine, (Mt 2,13-15) l’Afrique par Simon de Cyrène vient au secours du Christ qui ploie sous le poids de la Croix. Je m’interroge, sans l’Afrique, Jésus serait-il arrivé au Golgotha ? Sans l’Afrique qu’aurait été le salut par la croix ?
O Afrique, mère de l’humanité, toi la première à être disciple du Christ, le bois de la croix continue à peser sur toi. Tant de misères, tant de guerres, tant d’exploitation et de non considération. Afrique, pays des artisans et des courtisans. Pays du bois qu’on exploite et toi, tu restes silencieuse, tel Jésus lui-même pendant sa passion. Comme pour assumer ta vocation de mère de l’humanité. En toi, et par toi, à travers Simon de Cyrène, se réalise cet appel de Jésus : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16,24) Derrière Jésus, Simon est comme le type même du vrai disciple, celui qui aide.
Lorsque Simon remet sa croix à Jésus, sa sueur est restée colée sur cette croix. Simon a bel et bien été crucifié avec Jésus. L’Afrique en Simon a été crucifiée avec Jésus. Le problème c’est que Jésus enseveli est ressuscité, mais l’Afrique ensevelie est restée dans son tombeau. Alors je ne peux m’empêcher de me poser une autre question :
Qu’est-ce que la rédemption de Jésus apporte à l’Afrique ?
De nos jours, le rejet du christianisme se fait de plus en plus fort. Certains garants de nos traditions sont devenus nos adversaires sur le chemin de la foi. Ils cherchent à démontrer que la religion chrétienne n’a rien à voir en Afrique. Et nous leur demandons de bien lire la Bible, avec les yeux d’un africain éclairé par la lumière de la résurrection. Qu’ils se souviennent de notre ancêtre, Simon de Cyrène.
Qu’est-ce que la rédemption du Christ apporte à l’Afrique ? Si lui il est mort pour les péchés de tous et pour le salut de tous, nous nous mourrons pour nous-mêmes, nous travaillons pour les gens de notre tribu, nous nous battons seulement pour les causes de notre village. Dès qu’on est nommé quelque part on s’entoure immédiatement des nôtres. Quelle rédemption attendons-nous avec des dirigeants qui ne s’entourent que des gens qui chantent leur louange à longueur de journée. On dirait que pour eux, dans la vie et le ministère de Jésus, ils n’ont retenu que l’entrée triomphale à Jérusalem. Quel est le sens de ce ministère sacerdotal qui ne recherche que les palmes et les youyous ?
Faudrait-il rappeler que Jésus ne s’est pas entouré seulement de Jacques, Jean et Jude qui étaient ses cousins ? Faudrait-il rappeler que pour parvenir à sauver le monde, Jésus s’est entouré des traitres comme Judas Iscariote, des voleurs comme Mathieu, des lâches comme Pierre. Oublions-nous que l’Eucharistie, le sacrement de la rédemption par le corps et le sang du Christ est instituée le jeudi saint dans un contexte dramatique de trahison et de reniement ? Dans un contexte de complot et de rejet ?
Laissez-moi encore vous partager une curieuse remarque. Il me semble que la seule chose que nous africains, avons retenu de la Passion du Christ c’est le complot incestueux entre la religion et la politique, l’ancêtre du complot entre les chefs des prêtres, le roi Hérode et Ponce Pilate. Regardez comment nos pays vont à la dérive, nos dirigeants d’Eglise mangent et boivent à la même table que ces criminels qui plongent l’Afrique chaque jour dans toutes les formes de pauvreté possibles. Ces prêtres et ces évêques qui lavent les pieds des grands de ce monde ont peur de parler. Le cardinal Robert Sara en parle. Ils ont enfermé leur prophétisme dans les grandes bouteilles de vin, les bons de carburants, les enveloppes, les carrières, les postes qu’ils recherchent où qu’ils protègent. C’est ici le drame du complot honteux entre la religion et la politique. Si l’Afrique va mal, c’est aussi à cause de nous les prêtres, c’est aussi à cause de nous l’Eglise, c’est aussi à cause de vous les dirigeants, de vous les chrétiens malhonnêtes et voleurs, mauvais riches en marche vers l’enfer.
Pourtant, le récit de la Passion nous laisse entrevoir que deux hommes riches sont restés aux côtés de Jésus quand tous les disciples à l’exception de Jean, avait fui et abandonné leur maître. Ces deux hommes riches se nomment Nicodème et Joseph d’Arimathie. Nicodème offre toutes les aromates nécessaires pour les services funéraires de la dépouille de Jésus, tandis que Joseph d’Arimathie achète et offre à Jésus un tombeau tout neuf. (Jn 19,38-40)
Simon de Cyrène, un pauvre paysan a aidé Jésus à porter sa croix. Joseph d’Arimathie et Nicodème, deux hommes riches ont organisé les obsèques de Jésus. Riche comme pauvre, nous sommes tous appelés au même salut, nous devons chaque jour collaborer à l’œuvre pour laquelle Jésus est mort pour que sa passion ait un sens pour nous.
« Ma vie, personne ne me l’enlève, mais je la donne de moi-même » (Jn 10,18) Dans le récit de la mort de Jésus selon saint Mathieu, le voile du sanctuaire se déchire en deux (Mt 27,51). L’ancienne loi s’en est allée, le temple est détruit, vive Jésus, le nouveau temple. Construit non pas de mains d’hommes, mais bâti sous le socle de l’amour : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour eux qu’on aime » (Jn 15,13) Le païen centurion de l’armée romaine se converti : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu » (Mc 15,39). Que vienne vite la conversion de nos frères africains qui s’opposent à l’Eglise.
Sous l’angle du mois de mars, le mois des femmes, regardons pour terminer, la piété, l’amour des saintes femmes au milieu de tant de haine contre Jésus. Femmes africaines d’aujourd’hui, vous devez être plus appliquées dans la piété et la compassion. Comme Marie Madeleine, Salomé, Jeanne et les autres femmes de Jérusalem, comme Mme Pilate, soyez toujours aux côtés de ceux qui souffrent. Car en Jésus qui meurt, c’est tout innocent qui meurt. En Jésus qui meurt, ce sont tous les prophètes et les saints persécutés. Mais ce sont également les enfants avortés, martyrisés, les victimes de guerres, du tribalisme, du racisme, les exclus de toutes sortes, tous ceux qui peuvent crier en vérité : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? A ceux-là Dieu répond : j’essuierai toute larme de vos yeux : « de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21,4)
Le monde nouveau instauré par la passion du Christ est le temps de l’amour et de la prière. Je termine donc en prière en m’adressant à la Mère du Rédempteur, témoin fidèle de la passion de son Fils.
Marie, notre Dame des douleurs, tu as vu Simon ce Cyrène en SOS auprès de ton Fils agonisant. Marie, notre Dame de la Croix, souviens-toi de l’Afrique qui souffre, de l’Afrique qu’on exploite sans peur, sans cœur. Marie, modèle de prière, inspire l’Afrique qui prie. O douce et tendre mère du Rédempteur, vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant, écrasés par nos misères, écoute nos prières, essuie nos larmes. Obtiens-nous de ton Fils Jésus crucifié la grâce d’une grande patience et du pardon au milieu des épreuves que traverse l’Afrique. Souviens-toi de l’acte de notre ancêtre Simon de Cyrène auprès de ton Fils. A tous ceux qui crucifient l’Afrique, à tous ceux qui crucifient Jésus en Afrique, par la voie de la religion, de la politique, de la santé ou de l’économie, que Dieu leur pardonne, même quand ils savent ce qu’ils font. Amen !
Puisque tu souffres avec nous Gethsemani, Vierge Marie
Soutiens nos croix de l’aujourd’hui, entre tes mains voici l’Afrique
Chercher avec toi dans nos vies, les pas de Dieu Vierge Marie, par toi accueillir aujourd’hui, le don de Dieu, Vierge Marie
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