16/07/2019
L’Edito Par Irène kaljop Abena DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Apprendre à écouter, pour une fois...
Le Cameroun traverse en ce moment une crise des devises particulièrement aigüe. Au récent communiqué du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) qui pointe un risque de cessation de leurs activités par certaines entreprises du fait du manque de devises est venu s’ajouter un projet de réduction des adhésions du pays à des organisations internationales du fait des contraintes financières qui y sont associées, notamment les cotisations annuelles à honorer, et que l’Etat ne peut plus honorer…. Le moins que l’on puisse dire à ce stade est que cette crise qui menace d’asphyxier désormais notre fragile tissu industriel, nous l’avons vu venir. Ne serait-ce que à travers les mises en garde d’une poignée d’économistes, en tête desquels Dieudonné Essomba.
A de nombreuses reprises depuis quelques années, ce dernier n’a eu de cesse d’interpeller les autorités sur les inévitables méfaits de l’extrême extroversion de notre économie. Une économie qui, aujourd’hui plus qu’hier, ne produit presque rien ; mais, se complaît dans un rôle d’importateur passif, y compris d’articles rudimentaires pouvant être produits localement (assiettes, cartables scolaires, riz, cure-dents…).
Outre ces importations massives qui creusent chaque année un peu plus notre balance commerciale, il y a ces dettes de plus en plus lourdes à supporter, contractées parfois à des taux usuraires auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. « Un pays qui s’avise à accumuler les déficits commerciaux n‘est pas différent d’un individu qui boit à crédit dans tous les bars, sans jamais être capable de rembourser : il s’expose alors aux légitimes réactions hostiles de ses créanciers qui saisiront les huissiers et les gendarmes pour le mettre en cellule et saisir ses maigres biens », a souvent caricaturé Dieudonné Essomba. Et pourtant…
Et pourtant, rien de convaincant ne semble avoir été fait pour éviter que le pays se retrouve pris les pieds joints dans ce cercle vicieux de la pénurie de devises qui paralyse aujourd’hui l’activité économique et compromet son développement. Même l’insolent et arrogant train de vie de l’Etat, maintes fois dénoncé pour son caractère budgétivore et contre-productif n’a jamais fait l’objet du moindre début de révision…
A quoi finalement sert-il à ce pays de disposer d’autant d’experts de qualité dans tous les secteurs d’activités si ceux-ci ne sont ni consultés ni écoutés ? A quoi sert-il aux autorités de jouer les « sabitout » et les pédants si c’est pour ensuite conduire le pays dans ce cul-de-sac économique ? Au regard de la dernière actualité, il est grand temps que nos dirigeants se souviennent de la fable de La Fontaine selon laquelle « on a souvent besoin d’un plus petit que soi », et descendent de leur piédestal pour écouter. Pour une fois !
https://www.ekiosque.cm/journal-123399-Challenge-pro-15-07-2019
Le Cameroun traverse en ce moment une crise des devises particulièrement aigüe. Au récent communiqué du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) qui pointe un risque de cessation de leurs activités par certaines entreprises du fait du manque de devises est venu s’ajouter un projet de réd...