Le premier numéro de L’Echo illustré sort de presse à Genève le samedi 18 janvier 1930, sous la houlette de l’abbé Henri Carlier, rédacteur en chef. L’hebdomadaire annonce une liste impressionnante de «collaborateurs». En tête, un… Parisien, Georges Goyau, de l’Académie française. En second, Gonzague de Reynold. Puis une dizaine de personnalités représentant chacun des cantons romands. Du côté de la hiérarchie, Mgr Marius Besson, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg depuis 1920, veille à la tenue de «son» journal. Le diocèse siègera au Conseil d’administration de L’Echo illustré jusqu’en 1985. Quant au siège du journal, il est resté en permanence à Genève.
L’Echo illustré bâtit son attrait sur l’association entre l’abonnement et la souscription à une assurance contre les accidents, aux conditions minutieusement détaillées dès le numéro 2: par exemple l’indemnité pour la perte «du gros orteil ou de deux autres doigts» est fixée à 240 francs suisses!
Pendant la 2e guerre mondiale...
Dès sa naissance, L’Echo illustré affronte le choc des idéologies totalitaires. Résolument anticommuniste, il se montre hésitant face au nazisme et au fascisme jusqu’aux environs de 1937. Alors que la France s’effondre, l’édition du 15 juin 1940 publie deux pages d’illustrations sous un titre d’une neutralité inquiétante: «La Suisse veille et travaille.» Plus loin, elle fait preuve d’un sens prémonitoire étonnant. Sous une photographie du général de Gaulle, on lit: «C’est l’un des chefs militaires les plus remarquables de la France actuelle.» Trois jours plus t**d, il lance son fameux «Appel du 18 juin».
Tintin, reporter de l'Echo Illustré
Malgré les temps difficiles, le nombre des abonnés grimpe jusqu’aux environs des 35’000. Chaque semaine, le périodique est attendu avec un engouement lié surtout à la présence de Tintin, Milou et Cie! La bande dessinée créée par Hergé en 1930 entre dans nos colonnes dès 1932 avec Tintin chez les Soviets. Georges Remi, alias Hergé deviendra un véritable ami du journal. Tintin, reporter au Petit Vingtième dans sa version belge, est nommé reporter de L'Echo Illustré. Avec des infidélités à l’histoire: dans Tintin au Congo, la Suisse devient une puissance coloniale, puisque Tintin parle aux petits Africains de leur patrie, la Suisse!!!
Sur demande d’Hergé, Jean Dupont, rédacteur en chef, effectuera des repérages pour L’Affaire Tournesol, dont une partie de l’aventure se déroule en Suisse: le capitaine Haddock porte d’ailleurs sous son bras un exemplaire de L’Echo illustré dans une des scènes de cet album.
Créativité d'artisans
Derrière le succès se cache la créativité des artisans de L’Echo illustré. Les professionnels actuels s’étonnent devant la variété des caractères, l’imagination de la mise en page et l’originalité du graphisme de l’époque. Mlle Andrée Taberlet fut longtemps «l’âme» de ce travail acharné. L’abbé John Chavanne sera le second rédacteur en chef. Un tempérament, se souvient sa secrétaire Marie Zumthor: «Je me rappelle ma ‘terreur’ lorsque l’abbé Chavanne faisait les cent pas derrière moi tandis que je tapais à la machine.» Puis René Leyvraz dirigera la rédaction pendant la guerre, de 1940 à 1945.
La révolution permanente
L’Echo illustré des premières décennies était connu pour sa couleur sépia. La rédaction, conduite par Jean Dupont, va passer progressivement à la quadrichromie dans les années 1979-1980. Le passage total à la «quadri» est franchi en 1996, grâce à l’arrivée massive de l’informatique et de l’électronique dans chaque phase de fabrication. Ses vingt dernières années ont surtout été marquées par la présence d’Albert Longchamp, père jésuite, connu pour la qualité de ses éditoriaux, qui dirigera la rédaction de 1985 à 2003, avant de laisser son poste à Bernard Litzler qui transmettra le flambeau le 1er décembre 2009 à son confrère Patrice Favre, journaliste pendant 20 ans au quotidien "La Liberté".
Des mains de fer dans des gants de velours
Sous la direction générale d’Aurelio Casagrande jusqu’en 1984, puis jusqu'à aujourd'hui sous celle de Gérard Plader, la gestion et le marketing ont été repris en main et la maquette s’est modernisée. L’Echo illustré, devenu L’Echo Illustré Magazine à partir de 1991, puis L’Echo Magazine en 1997, s’est doté de divers instruments pour élargir son audience et améliorer sa qualité, notamment d’un centre d’appels informatisé et d’un service prépresse.
Un journal indépendant à l'écoute de ses lectrices et de ses lecteurs
Les voyages de lecteurs furent un agréable moyen de «fédérer» les lecteurs. Aujourd’hui, la vente par correspondance et la publicité apportent un appoint indispensable à l’indépendance du journal. A chaque époque, L’Echo Magazine a su s’adapter, être à l’écoute, ouvrir des horizons tout en demeurant la référence en matière de magazine chrétien et culturel pour la famille.