10/10/2024
ENCORE UNE AFFAIRE AUX SIG…
Au mois d’avril, suite des différentes affaires qui venaient déjà secouer les SIG, plusieurs employés de cette régie publique (dont une personne haut placée) ont contacté la rédaction de Web TV Genève afin de dénoncer une politique d’emploi, plus particulièrement concernant les intérimaires au sein de cette régie publique, qu’ils jugeaient scandaleuse.
Nous avons donc décidé d’enquêter sur le sujet. Une enquête qui va s’avérer longue, vaste et dont les résultats sont tout simplement stupéfiants.
Celle-ci est basée sur le recueil de nombreux témoignages, sur des documents officiels internes aux SIG, notamment des listings du personnel ainsi que sur des feuilles de salaire. Sur la base de cela, nous pouvons donc prouver sans aucune difficulté la véracité des chiffres énoncés ci-dessous.
Nous nous sommes concentrés plus précisément sur les sites Cheneviers et Châtillon soit environ 100 employés. A notre grande stupeur, nous avons découvert que début août 2024, 28 personnes bénéficiaient du statut temporaire, soit plus d’un quart du personnel totalisant les deux sites. Tout nous semble indiquer que la situation est similaire dans le reste de l'entreprise.
On ne voit évidemment pas comment une entreprise avec un tel taux d'intérimaires pourrait fonctionner normalement. Facteur aggravant, certains de ceux-ci travaillent aux SIG depuis plus de 8 ans sous ce statut. La moyenne du temps d'engagement déjà effectué par ces personnes n'est pas moins de 40 mois…
A noter que ce personnel intérimaire n’est pas directement engagé par les SIG, mais via des agences de placement, essentiellement une, Manpower.
Il faut savoir que le droit du travail est clair. Un emploi intérimaire ne peut durer plus de 12 mois, renouvelable une fois. Autre problématique, le droit du travail précise aussi que ces employés sont soumis aux mêmes conditions d'entreprise, notamment en terme de salaire, que les employés au CDI à poste égal. Hors, cela n'est absolument pas le cas; le salaire de ces personnes étant calculé sur la grille salariale de Manpower, évidemment nettement moins favorable pour les salaries concernés que celles des SIG. A titre d'exemple: chez Manpower un salarié en catégorie collaborateur (avec formation prof./hauts salaires) est payé CHF 27.--/heure, soit CHF 13.-- en moins que si il était payé selon la grille salariale SIG.
Les SIG et Manpower sont donc clairement dans l’illégalité et ce depuis de nombreuses années.
Les conséquences de cette pratique illégale sont:
Pour les salariés:
• Une précarisation lourde, notamment au niveau psychologique, qui nous le savons, pour certains d'entre eux, a eu des conséquences importantes sur leur santé.
• Une perte salariale conséquente, du fait du non respect de la grille des salaires des SIG.
• Aucune prime, ancienneté, intéressement au bénéfice de l’entreprise, etc…
• La perte des délais de congé en cas de licenciement.
• Une baisse des cotisations au deuxième pilier, du fait de l'exploitation des ces salaries, gravement dommageable à long terme. Précisons que c'est Manpower qui gère cette question sur des bases pour le moins flou.
Pour les SIG :
• Une désorganisation à tous les niveaux, du fait qu'une entreprise ne peut évidemment pas fonctionner correctement avec plus d’un quart de son personnel en situation de précarité face à son avenir. Facteur agravant, quant on sait que le site des Cheneviers est classé "Seveso" avec les risques que cela implique pour le personnel et la population.
• Une perte financière extrêmement conséquente. L’heure de travail payée par Manpower à l’employé temporaire coûte de l'ordre de 25% de plus aux SIG. Au vu du nombre d'heures concernées, depuis plus d'une décennie, il est difficile d'avancer un chiffre, mais aucun doute qu'il doit d'être important.
Le commentaire de Luc Mégroz Rédacteur en chef:
A la lumière de cette enquête, nous nous sommes interrogés sur ce qui a pu amener cette Régie publique à cette situation plus "qu'ubuesque", dans la mesure ou tout le monde est perdant, que ce soit l'entreprise ou les personnes engagés comme intérimaires.
Deux hypothèses s’offrent à nous :
• Une incompétence f***e de la Direction générale ainsi que des cadres des SIG, forcément au courant de cette situation.
• De possibles malversations financières au profit des sociétés d'intérimaires voir au profit d'intérêts de personnes au sein des SIG.
Il appartiendra maintenant à la justice, au Grand Conseil ou encore à la Cour des Comptes d'apporter les réponses nécessaires à cette affaire.
Quant au Conseil d'Etat, il serait temps qu'enfin il joue son rôle "d’autorité de tutelle" sur cette Régie Publique. Et cela pas seulement par des déclarations publiques, comme Nathalie Fontanet dans une Tribune de juillet "il faut restaurer la confiance des citoyens envers l'état", mais par des actes.
PS:
- A la demande express de nos informateurs, nous n'avons pas contacté la direction des SIG avant la sortie média. Celle-ci, bien sur, suivra.
- D'autres informations encore plus spectaculaires suivront prochainement.
- Pour toute information complémentaire:
Luc Megroz, 078 803 52 98 à partir de 11h