24/09/2023
GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
CHRONIQUE D’UN TEMOIN ECLAIRE
En publiant « Gouvernance d’entreprise, l’envers du décor en 100 anecdotes », Dominique Freymond, fondateur d’Alderus Consulting et administrateur indépendant entend faire œuvre pédagogique dans un environnement plutôt porté sur la discrétion et le conformisme.
Sans bouleverser l’ordre des choses, son ouvrage à partir d’anecdotes recueillies dans plus d’une quarantaine de conseils d’administration de grandes entreprises - Poste suisse, Allianz (suisse) et de PME actives dans les technologies de pointe notamment - donne des orientations précieuses au lecteur, découlant de situations réelles.
Dans le cadre de cet article, les nombreux conseils auxquels l’auteur a participé ne peuvent être tous cités nommément. De la simple start-up à la multinationale, Dominique Freymond a vécu dans le cœur des entreprises, là où se peaufinent la stratégie et les décisions collégiales des conseils d’administration.
Il préside aujourd’hui, entre autres, la Fondation du Château de Grandson et le comité finance et audit de la Stiftung für Kunst, Kultur und Gechichte (SKKG), à Winterthur, après avoir été notamment Chancelier d’Etat du Canton de Vaud, Secrétaire du Conseil d’Etat et du Grand Conseil.
Son témoignage entend dépasser la simple observation pour alimenter une réflexion qu’il souhaite partager.
Observer, c’est s’immerger
Dominique Freymond a observé durant sa vie professionnelle plus de 40 conseils d'administration et accompagné 250 entreprises. Toutes ces années d’immersion ont nourri son savoir-faire : « J’ai passé la moitié de ma carrière dans des activités opérationnelles et l’autre dans des activités stratégiques au niveau de Conseils d’administration. Cela m’a permis de réaliser l’importance de ces deux types d’activités et de se comporter avec la posture adéquate selon sa position. » Quelle règle pour l’administrateur ? « Le principe à suivre rappelle notre expert c’est de mettre le nez dans les affaires mais pas les mains dans le cambouis. Les Conseils d’administration réunissent de vraies personnalités qui se révèlent dans les crises. Ils sont aussi des lieux de pouvoir et d’ego. Mais, les membres d’un Conseil doivent agir avant tout en faveur des intérêts supérieurs et durables de l’entreprise. »
Réussir une bonne gouvernance
La bonne gouvernance d'une structure (entreprise, fondation, société anonyme, association) ne se décrète pas. Des qualités spécifiques sont à réunir pour l'obtenir.
« Dans les formations de l’Académie des Administrateurs que j’ai cofondée nous déclare Dominique Freymond, nous insistons sur la capacité à comprendre les spécificités de chaque structure en relation avec de nombreux facteurs (juridiction, conditions-cadres, statuts, taille et composition du conseil, etc.). La mise en place de bonnes pratiques telles que recommandées par le Code Suisse de Bonne pratique du gouvernement d’entreprise dépend des individus. Un élément déterminant est la qualité du binôme Président-e du Conseil – Directeur-trice général-e. Le succès dépend de la confiance réciproque entre les membres du Conseil et de la Direction dans une culture de confrontation positive. Le Conseil a le devoir de challenger la direction pour s‘assurer que les éléments nécessaires pour une bonne décision ont été pris en considération. »
Un tel contexte nécessite une meilleure formation responsabilisant les administrateurs.
Responsabiliser les administrateurs, une ardente obligation
« Gouvernance d’entreprise : L’envers du décor en 100 anecdotes » répond à un souci pratique d'information observé chez les membres de conseils d'administration. Ces derniers n’ont pas toujours conscience de leurs droits et obligations dans un environnement économique en constant changement.
« L’époque où l’on rejoignait un Conseil d’administration pour services rendus ou pour une fin de carrière honorable sans se soucier des responsabilités est révolue, martèle Dominique Freymond. Être membre d’un Conseil est devenu une profession qui exige des compétences pointues, une grande disponibilité et une bonne résistance au stress. Certains n’ont pas réalisé que leur responsabilité personnelle est engagée, par exemple en cas de faillite de l’entreprise. Les membres d’un Conseil ont le droit d’accéder à toutes les informations nécessaires pour prendre les bonnes décisions stratégiques et ils nomment les personnes chargées des activités opérationnelles. Ils ont des devoirs de diligence et de fidélité face à l’entreprise. Un-e membre de Conseil doit être présent-e aux séances et avoir pris connaissance des documents préparatoires. Il est parfois encore nécessaire de le rappeler.»
Une bonne dynamique de groupe contribue alors à l’objectif à atteindre collectivement.
La dynamique de groupe, un levier essentiel
Par sa complexité et les intérêts qu'elle entraîne, la dynamique de groupe se construit ou se décompose. Comment un conseil d'administration peut-il la promouvoir dans l'intérêt de l'entreprise ?
« La dynamique de groupe dépend du bon choix de la présidence du Conseil, puis des profils des personnalités qui le compose et des relations avec la direction générale confirme l’auteur de « L’envers du décor ». Le processus d’« on-boarding » des nouveaux membres est important afin qu’ils puissent se familiariser avec l’entreprise, ses activités, sa culture et ses enjeux. Prévoir des pauses et des repas en commun permet à chacun d’interagir dans un mode informel. Des séminaires ou voyages d’études sont aussi utiles pour mieux se connaître. Le Code Suisse recommande aussi une auto-évaluation annuelle du Conseil afin qu’il améliore son fonctionnement et sa dynamique. L’expérience et le tact de la présidence sont déterminants pour développer une bonne dynamique de groupe. Mais parfois un seul individu peut la casser rapidement… »
Les conseils dispensés valent aussi pour le milieu sportif dont le fonctionnement associatif se rapproche de plus en plus de celui de l’entreprise.
Quel message pour le milieu sportif ?
Les anecdotes rapportées par l’ouvrage ont valeur de modèle. De fait, un message peut être passé au milieu sportif dont le modèle économique se rapproche de celui de l'entreprise.
« Les enjeux d’une association ou d’une entreprise sportive sont les mêmes » soutient Dominique Freymond. Et de poursuivre : « Dans le sport, la performance est essentielle et c’est une valeur adéquate pour la direction. Au contraire, le Conseil d’administration ne doit pas tomber dans ce travers, garder sa capacité à prendre du recul et se préoccuper de stratégie pour assurer la pérennité de l’entreprise. Les milieux sportifs sont souvent organisés en association avec le risque de sous-estimer les enjeux financiers et de gouvernance. Pour le reste, nous avons affaire à une grande variété d’individus, dont souvent des passionnés et des bénévoles, et c’est eux qui feront la différence entre une bonne et une mauvaise gouvernance, quel que soit le domaine d’activités. »
Un ouvrage atypique et empli d’humour qui vise à rendre la vie d’un membre de Conseil d’administration aussi paisible qu’un long fleuve tranquille, malgré les défis et les contraintes rencontrés.
Bonnes pratiques, solutions pragmatiques doivent aider significativement l’administrateur quel que soit le support de son implication : de la société anonyme à la fondation, de l’entreprise publique à l’association.
A lire : « Gouvernance d‘entreprise. L’envers du décor en 100 anecdotes » par Dominique Alain Freymond. Edition Château & Attinger. http://www.xn--editions-chteau-ekb.ch/ 279 pages. 34 CHF
Jean-Bernard Paillisser
22 septembre, 09:08 ·
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