Éditions La Dogana

Éditions La Dogana Éditeur de poésie depuis 1981

HOMMAGE À JACQUES RÉDAJacques Réda s’est éteint à Hyères le 30 septembre dernierOr ce poète était proche de la Suisse – ...
16/10/2024

HOMMAGE À JACQUES RÉDA

Jacques Réda s’est éteint à Hyères le 30 septembre dernier

Or ce poète était proche de la Suisse – au premier chef en raison de son amour pour Charles-Albert Cingria dont il considérait l’opuscule Musique de Fribourg comme une rencontre déterminante : il fut le principal artisan de la redécouverte de l’écrivain auprès des lecteurs français. Mais il aimait ce pays, comme il aimait la Belgique ou le Luxembourg, pourtant si proches de la France, pour leurs petites différences essentielles. En 1974, invité par la R***e de Belles-Lettres, il vint à l’Université de Genève afin d’y prononcer sa première conférence intitulée Le Bitume est exquis. Resté fidèle à cette rencontre faite de complicité amicale, il donna plusieurs de ses textes inédits à la rbl, puis offrit aux éditions La Dogana, un essai sur les "Chiens et Chats dans l’œuvre de Cingria", suivi, à l’occasion du passage du siècle, d’une partition en prose magnifiquement rythmée, "Le Vingtième me fatigue", déambulation à la fois dans la langue et le quartier excentré du même chiffre à Paris.

Ci-dessous deux de ses proches amis et poètes, édités à La Dogana, lui rendent hommage :

GILLES ORTLIEB

Gilles, le 8 octobre à Paris : « Ce qui reste ? Ta phrase infinie et ses battements, un massif de lectures avec ses balancements et ces ombres chinoises se découpant à son sommet, ton autre famille en somme (Cingria, Paul-Jean Toulet, Ponge, Claudel ou Follain, les uns et tous les autres) – histoire de cerner le sens profond du langage que son rythme amplifie et propage. Sans parler de cette autre famille, évidemment, le grand orchestre des Duke Ellington, Jimmie Lunceford, Fletcher Anderson, Jelly Roll Morton, ou celle des bluesmen qui auront rythmé chacune ou presque de tes journées et que personne n’a jamais commentés avec tant de finesse et une telle proximité. Entre le « beat » et le « swing », et les « couleurs sonores », et le rythme à deux temps, et la précision prosodique et l’inversement des points d’appui, c’est tout un savoir « accompli et dansant » qui savait communiquer au réel son tremblement pour s’en approcher plus sûrement et le restituer au plus près. Et dont le réel sortait grandi, affermi, rédimé – parfois expliqué. Et c’est lui qui t’aura, au bout du compte, permis de tutoyer l’étoile et la bactérie, l’arbre et le colibri, le vent dans les talus et les voisins de compartiment, et le monde, et la nuit, et chacun d’entre nous, venu te dire au revoir ici, aujourd’hui. »

Nul seigneur je n’appelle, et pas de clarté dans la nuit.
La mort qu’il me faudra contre moi, dans ma chair
prendre comme une femme
Est la terre d’humilité que je dois toucher en esprit,
Le degré le plus bas, la séparation intolérable
D’avec ce que je saisirai, terre ou main, dans l’abandon
sans exemple de ce passage –
Et ce total renversement du ciel qu’on n’imagine pas.
Mais qu’il soit dit ici que j’accepte et ne demande rien
Pour prix d’une soumission qui porte en soi la récompense.
Et laquelle, et pourquoi, je ne sais point :
Où je m’agenouille il n’est foi ni orgueil, ni espérance,
Mais comme à travers l’œil qu’ouvre la lune sous la nuit,
Retour au paysage impalpable des origines,
Cendre embrassant la cendre et vent calme qui la bénit
(« Amen », Amen, Gallimard, p. 76)



FRÉDÉRIC WANDELÈRE
« Un vrai poète touche au vrai par l’imprévu. »

Frédéric, le 30 septembre, à Fribourg : Je rentre d’une promenade de nuit, Stéphanie me dit qu’une mauvaise nouvelle m’attend, qu’il faut qu’elle me donne : Jacques Réda vient de mourir. Il y a déjà sur le site du Monde un article que notre cher Patrick Kéchichian – décédé, lui, il y a deux ans, en octobre 2022 – avait écrit : un mort déjà mort écrivant sur un mort qui allait mourir après lui, comme si les morts revenaient faire escale parmi nous, rien qu’un moment… La nuit, en rêve, Jacques dédicace des livres à Stéphanie, en s’excusant de ne pas l’avoir fait, dit-il, « de mon vivant ». Paroles exactes. Les morts tout nouveaux en leur posthuméité ont encore de ces libertés ! Tous réunis, les livres de Jacques occupent, chez moi, plus d’un mètre de rayonnage. J’ai passé en r***e les ouvrages qu’il agrémentait – et ornait – d’une ingénieuse dédicace augmentée parfois d’un dessin. "Le vingtième me fatigue" l’un de ses plus éblouissants opus de prose que Stéphanie Cudré-Mauroux avait apporté à La Dogana est bel et bien dédicacé… Le rêve devait porter sur d’autres titres…

*

Je me souviens de ma découverte émerveillée, en 1975, de "Récitatif", immédiatement suivie d’un article qui fut le premier à paraître sur ce recueil. Je pourrais sans exagérer dire que ces poèmes ont changé ma vie. À l’époque toute une poésie s’enfonçait dans une stérile et débilitante sécheresse : les dissertations évanescentes à prétention de poésie sur le silence, le blanc, l’impossibilité de la parole ; la dispersion de quelques mots choisis sur des pages que leur blancheur ne défendait que trop bien – pour paraphraser Mallarmé – semblaient le nec plus ultra de la poésie avancée. Réda enjambait de ses bottes de sept lieues la vallée poétique asséchée, retrouvait ou même inventait un vers au souffle long de quatorze pieds, adapté à sa musculature et à ses poumons, sans du tout se priver d’y déroger au besoin, soit pour se couler dans le dodécasyllabe qu’il maîtrise avec un naturel confondant, soit pour le porter vers des quantités claudéliennes, ou tout simplement se libérer des mètres fixes au profit d’un swing personnel. Il énonçait la notion du « vers mâché » qui, « suivant le parler usuel au nord de la Loire, élimine à la diction la plupart des e muets ». De quoi souvent me troubler, car d’innombrables poèmes de Réda se soumettent à la diction classique, l’octosyllabe, l’alexandrin même, les alternances de vers de 12 et de 14 pieds, des vers encore plus longs semblent ne jamais s’accorder cette licence du vers mâché, et quittent à l’occasion et au besoin le « parler usuel », adoptant de classiques diérèses pour se plier aux normes et contraintes du vers compté. Il s’y pliera tout à fait et le dira explicitement dans "L’Adoption du système métrique" (2004), multipliant les mètres et les combinaisons avec une préférence marquée pour les mètres pairs (16, 14, 10, 8 et 6 pieds) et de petites excursions dans l’impair (7, 9, 11 et 13 pieds). Sa virtuosité versificatrice est probablement sans égale, soutenue qu’elle est par une verve créatrice d’une inventivité qui n’a jamais faibli. La singulière facilité de son écriture, limpide, élégante, continuellement surprenante, s’épanouissait sur une culture, une érudition immenses, non ostentatoires, comme naturelles.

Des premiers recueils parus dans la collection du Chemin – Amen, Récitatif, La Tourne, Hors les murs – aux recueils des années deux mille, le grand arc de son invention part du concret, d’un quotidien toujours doucement transfiguré :

Je ne sais plus quel est le sens de cet instant
Où, par l’étroite fenêtre de l’auberge,
Le ciel pâle éclairait en moi cette certitude :
Voici le vrai visage de ma vie.
Sur le papier sombre des murs, des bergers immobiles
Souriaient. Une paix semblable à la fatigue
Agrandissait les yeux des femmes. Dans ma bouche
S’épuisait lentement la saveur de l’anis. […]
(« La halte à l’auberge », Amen, Gallimard, p. 40)

pour atteindre les poèmes et pages de Démêlés (2008) où les thèmes et motifs initiaux réapparaissent et semblent s’accomplir dans la plénitude de la lumière et une tonalité biblique très sensible ne serait-ce que dans le titre des suites : « Une théologie des oiseaux », « Adam et Eve », « L’Annonciation », « L’Ascension ». Ainsi « Une bergerie » remet en circulation les « bergers immobiles » quittant « le papier sombre des murs » de « La halte à l’auberge » pour la halte en une bergerie avec un berger bavard – « Berger plutôt que paysan si je dois le décrire / Avec sa cape en poil de chèvre et son rude bâton » :

Ce-qui-n’est-pas ne peut pas être, et pourtant ce-qui-est,
Me disais-je en hâtant le pas dans un bois inquiet,
Peut n’être plus dans un instant quand, passé la hêtraie,
Une autre scène apparaîtra, plus vivante, plus vraie. […]
(« Une bergerie », Démélés, Gallimard p. 24)

*

Les derniers recueils – les cinq volumes de La Physique amusante – en ont désarçonné plus d’un. Ils amplifient ce qui s’était ébauché dans Démêlés, et, dans une forme quasiment épique, rapatrient en poésie l’histoire et les débats de la physique, acclimatant électrons, quarks, protons, photons, bosons, quanta et big-bang aux versets de la Genèse, aux méditations, récits et révélations bibliques. De la physique quantique à l’essence du rythme, Réda médite sur la destinée du vers – avec cette sorte de distance amusée et plaisantine, « le côté volontiers joueur et frivole de [son] naturel ». C’est qu’ « Un vrai poète touche au vrai par l’imprévu. »

Un mot en passant pour dire qu’il avait une façon à lui de parler en vers de la poésie des autres, des antiques aux contemporains. Un sens aiguisé de la qualité, une vista, mis au service de La Nouvelle R***e française, qui connaîtra sous sa direction, de 1987 à 1996, son été indien.

Un poète, le soir, doit – s’il est vigilant –
Déposer sur sa table un peu de papier blanc,
Un crayon bien taillé, de l’encre, un porte-plume.
Il se peut en effet qu’un semblable posthume
Vienne rôder ici la nuit, désemparé
De n’avoir pu depuis longtemps persévérer
Dans ce qui fut jadis sa raison d’être même. […]
(L’adoption du système métrique, Gallimard, p. 98)

Ce qui semble presque annoncer le rêve initial de cet hommage !



Titres de Jacques Réda parus à La Dogana

Le Vingtième me fatigue (2004)
https://ladogana.ch/products/le-vingtieme-me-fatigue?_pos=1&_sid=0ce69ad4c&_ss=r

Chiens & chats littéraires chez Cingria, Rousseau et Cendrars (2002, épuisé)
https://ladogana.ch/products/chiens-chats-litteraires-chez-cingria-rousseau-et-cendrars

PHOTO
Réda faisant admirer son vélo électrique à Paul de Roux, Gilles Ortlieb et Hedi Kaddour
(photo Eleanna Vlachou)

CLAUDE GARACHE. STABILITÉ ET MOUVEMENTCe catalogue accompagne l’exposition « Claude Garache » présentée au Château de Ra...
04/08/2024

CLAUDE GARACHE. STABILITÉ ET MOUVEMENT

Ce catalogue accompagne l’exposition « Claude Garache » présentée au Château de Ratilly du 23 juin au 22 septembre 2024 – premier hommage au peintre depuis sa mort en août dernier. À cette occasion ont été réunies plusieurs contributions qui soulignent le lien fort de cet artiste avec la poésie. En reconnaissant dans les toiles de Garache, qui sont à la fois architecture et feu, ce qui, de toujours, a fait la valeur de la poésie, l’écrivain Amaury Nauroy évoque en effet le lecteur que fut le peintre et rappelle que ce grand peintre de nus féminins n’aura cessé de vouloir rencontrer les écrivains de son temps, des plus inattendus comme Céline à qui il rendit visite à Meudon, juste après-guerre, aux « alliés substantiels » que furent ensuite pour lui Jean Starobinski, Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet et leurs cercles. La poétesse Esther Tellermann donne à lire les notes prises à l’atelier sous la dictée de Garache. De son côté, le modèle Anne MacClung confie à Marie du Bouchet le déroulé des séances de pose auxquelles elle participa pendant plus de dix ans. Quant au poète Jean-Yves Masson, qui a toujours admiré Garache sans jamais l’avoir rencontré, il témoigne ici de son émerveillement devant la présence des figures peintes, et l’aura qui est la visibilité de cette présence : « Ce que j’ajoute à tant de choses profondes écrites sur Garache, et que je ne saurais contredire, peut-être pourrait-on aussi l’exprimer en disant que la peinture est la manifestation d’une foi en la splendeur de l’humain qui le place aux côtés des plus grands peintres. »

Des reproductions accompagnent le volume.

https://ladogana.ch/products/garache-stabilite-et-mouvement

https://chateauderatilly.fr/exposition-dete-2024/

ANDRÉ DU BOUCHET – ENCLUME DE FRAÎCHEURAndré du Bouchet était un lecteur remarquable. Si ses interventions étaient rares...
10/07/2024

ANDRÉ DU BOUCHET – ENCLUME DE FRAÎCHEUR

André du Bouchet était un lecteur remarquable. Si ses interventions étaient rares, elles étaient unanimement appréciées. La clarté de son élocution, les rythmes impulsés au phrasé, l’attention portée aux intervalles, donnaient à ses lectures une intensité particulière. Les inflexions de sa voix qui s’accordent aux variations du souffle permettent en outre de mieux comprendre le souci typographique qui caractérisait les éditions imprimées de ses textes.

Pour le présent ouvrage, c’est l’enregistrement d’une lecture donnée par le poète à Marseille, au Musée Grobet-Labadié, en octobre 1983, qui fournit l’essentiel de la bande sonore. Du Bouchet y lit des poèmes de plusieurs de ses recueils : Dans la chaleur vacante, Laisses et Ou le soleil. Les récitations d’autres poètes aimés, Mallarmé, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire, Reverdy et Jean Tortel, également retenus ici, sont empruntées à plusieurs enregistrements radiophoniques ou captés lors de séances de lecture publique.

Les textes d’André du Bouchet, reproduits dans les pages de l’ouvrage sont précédés de trois essais dus à Florian Rodari, Anne de Staël et Sander Ort.

CD de plus d’une heure inclus dans l’ouvrage.

Infos et commande : https://ladogana.ch/products/enclume-de-fraicheur

́sieie

NOUVEAUTÉBISSIÈRE. LA PART DE L'AUTREAu cours des deux dernières années de sa vie, entre 1962 et 1964, Roger Bissière a ...
06/12/2023

NOUVEAUTÉ
BISSIÈRE. LA PART DE L'AUTRE

Au cours des deux dernières années de sa vie, entre 1962 et 1964, Roger Bissière a peint ce qu’il appelait son « Journal en images », composé de plus de 150 petits tableaux datés du jour de leur réalisation, et dédiés à la mémoire sa femme. Cette dernière avait d'abord été son modèle, puis le sujet de sa peinture. Dès le milieu des années quarante, elle participera en outre activement à la « fabrique » de l’œuvre, en cousant et brodant des tentures faites de tissus appliqués. Quand elle meurt brutalement en octobre 1962, celle qui a été surnommée « Mousse » devient alors l'objet et la raison d'être de ce questionnement quotidien. La disparition de son épouse laisse en effet Bissière dévasté. Toutefois, il reprend vite le chemin de l’atelier. Et « comme un pommier fait des pommes », le peintre crée, à l’aide de ses pinceaux et de quelques feutres, une imposante série de tableaux dans lesquels il livre jour après jour une chronique intime. Il ne cherche pas ici à recréer le monde mais à restituer, par les couleurs et les rythmes de son pinceau, la fraîcheur des bois, l’incandescence du feu, la légèreté d’une journée de printemps. Plongé dans la nature de ce pays qu’il affectionne, la campagne du Lot, il en redit la vie germinative et la perpétuelle renaissance. Ces images sont ainsi une projection de lui-même en quête d’une communion spirituelle avec celui qui contemple ses images, peignant « pour être moins seul en ce monde misérable » et pour tendre la main par-delà l’espace et le temps aux autres hommes.

Cette publication, accompagnée de trois essais d’Isabelle Bissière, d’Alain Madeleine-Perdrillat et de Florian Rodari, est éditée à l’occasion de l’exposition présentée sous le même titre de septembre 2023 à janvier 2024 à la Chapelle des Pénitents du Musée Granet d'Aix-en-Provence, où la collection de Jean Planque – qui fut l’ami de l’artiste et son soutien auprès de la galerie Beyeler de Bâle – est déposée.

https://ladogana.ch/products/bissiere

Événement – Aix-en-ProvenceCe jeudi 5 octobre 2023 à 19h00, à La Non-Maison à Aix-en-Provence, Albane Prouvost lira son ...
02/10/2023

Événement – Aix-en-Provence

Ce jeudi 5 octobre 2023 à 19h00, à La Non-Maison à Aix-en-Provence, Albane Prouvost lira son poème renard poirirer, paru l'an passé à La Dogana. L'auteure s'entretiendra ensuite avec Florian Rodari, qui présentera le travail réalisé par les éditions La Dogana depuis quarante ans. Ensemble, ils évoqueront aussi la récente traduction de La Divine Comédie de Michel Orcel.

Plus d'infos sur le site internet de la Non-Maison : https://4dipt.r.a.d.sendibm1.com/mk/mr/sh/SMJz09SDriOHWoS2HMzsJdobobr8/uENEg-yuXrbs

Claude Garache (1929-2023)Le peintre Claude Garache s‘est éteint le 30 août à Paris dans l’indifférence presque générale...
01/09/2023

Claude Garache (1929-2023)

Le peintre Claude Garache s‘est éteint le 30 août à Paris dans l’indifférence presque générale du public, des galeries et critiques d’art. Il était pourtant un des grands peintres français de notre temps, exposé par les galeries Maeght et Lelong jusqu’au début des années 2000 et dont les œuvres sont conservées dans les collections du Musée Picasso d’Antibes, du Musée d’Art Moderne de Paris, du MNAM (Centre Pompidou, du Musée Cantini de Marseille, au Musée des Beaux-Arts de Dijon de la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence et de la Fondation Jean et Suzanne Planque à Aix-en-Provence. Des entretiens passionnants avaient paru chez Hazan en 2010.

Sujet unique, le corps – nu et féminin – est aux yeux du peintre et sous son pinceau aussi riche que la nature tout entière. Ce sont ses propres mots. En effet, cerné par un dessin qui en dit le contour et les formes inépuisables, ce corps vivant, à la fois proche et secret, n’est jamais ni enfermé ni immobile : il respire aussi bien en vertu des directions indiquées par la pose du modèle que par les ombres qui creusent sa surface ou les lumières qui la caressent, comme par les diverses températures qui l’animent du dedans comme du dehors. C’est à la lisière, là où la peau entre en contact avec l’espace tout autour que les frottements se font les plus subtils, à la fois pénétration et évasion, souffle. Chargé de rouge, couleur de l’incarnat, le pinceau court en même temps sur l’épiderme et la toile, à différentes vitesses et porté par différents appuis, selon les besoins, afin de susciter sur le regard cette incertitude splendide entre la figure exprimée et les moyens qui l’ont fait advenir sous nos yeux.
L’œuvre de Garache a été commentée par ses amis poètes de son temps : Jean Starobinski qui lui a consacré une monographie aux éditions Flammarion en 1988, Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Alain Madeleine-Perdrillat, Pierre-Alain Tâche. En 2006, La Dogana a publié un ouvrage richement illustré réunissant de nombreuses études sous le titre "Garache. Face au modèle".

Photos : Avec Philippe Jaccottet à la Fondation Saint-John P***e, Aix-en-Provence, novembre 2014 (Photo Serge Assier)

NOUVEAUTÉSorel Etrog. Sculptures & dessinsEn 1968, le sculpteur Sorel Etrog (né en Roumanie en 1933, réfugié en Israe...
19/05/2023

NOUVEAUTÉ
Sorel Etrog. Sculptures & dessins

En 1968, le sculpteur Sorel Etrog (né en Roumanie en 1933, réfugié en Israël après la guerre, puis établi à New York et à Toronto à partir du début des années 1960) réalise une impressionnante série de fusains, et de sculptures en lien avec le célèbre tableau de Picasso, Guernica. À travers cette réinterprétation de la toile du Malaguène, Etrog évoque le drame vécu par les siens, lors des pogromes perpétrés par les occupants n***s en juin 1941 à Iassi, capitale de la Moldavie.

À l’occasion de l’exposition « Sorel Etrog. Sculptures & dessins », qui se tient jusqu’au 3 septembre 2023 à la Chapelle des Pénitents-blancs du Musée Granet d’Aix-en-Provence, où la collection de Jean Planque est déposée, Florian Rodari analyse dans cet ouvrage richement illustré le thème des Links, les liens-charnière et des Targets, les cibles. Ces thèmes ont été en effet très tôt adoptés par cet artiste dont les constructions interrogent avec passion les forces permettant au corps aussi bien qu’à l’esprit d’éprouver les sensations intimes et cruciales, comme d’organiser les tensions entre les parties rivales et d’en favoriser l’expression.

C'est avec une profonde tristesse que La Dogana a appris le décès du poète allemand Wulf Kirsten, magnifique poète et ho...
18/12/2022

C'est avec une profonde tristesse que La Dogana a appris le décès du poète allemand Wulf Kirsten, magnifique poète et homme d’une grande qualité humaine. Un ami.

Le poète allemand Wulf Kirsten, né en 1934 dans les environs de Dresde est décédé le 14 décembre à Weimar. Kirsten est sans conteste l’une des grandes voix poétiques de l’Allemagne contemporaine. Auteur d’une œuvre importante, il a été couronné par de nombreux prix. Depuis de nombreuses d’années déjà, Wulf Kirsten est connu du public francophone grâce à son traducteur Stéphane Michaud. Les Éditions La Dogana ont donné en 2014 un premier volume bilingue, images filantes, suivi en 2020 de la publication du recueil intitulé attraction terrestre, ouvrage dans lequel le poète célèbre « le monde, une demeure à vivre » et le « quotidien ordinaire », en dépit des ridicules auxquels se laissent trop souvent prendre ses habitants…

Deux recueils de Wulf Kirsten, traduits par Stéphane Michaud, ont paru à La Dogana :
– "attraction terrestre" (2020) https://ladogana.ch/products/attraction-terrestre?_pos=1&_fid=9767b0f4c&_ss=c
– "images filantes" (2015).
https://ladogana.ch/products/images-filantes?_pos=2&_fid=9767b0f4c&_ss=c



Photo © dpa-Zentralbild

🍀 Jean Quinche, "Requiem irlandais" 🍀 Ce récit est un condensé de souvenirs et une manière de rendre un hommage à un pay...
16/12/2022

🍀 Jean Quinche, "Requiem irlandais" 🍀

Ce récit est un condensé de souvenirs et une manière de rendre un hommage à un pays et à ses habitants, cette Irlande sauvage que les parents de l’auteur, tous deux originaires de la plaine de l’Orbe, ont adopté au milieu des années soixante et où ils se sont essayés à plusieurs métiers. Dès sa plus tendre enfance l’auteur a ainsi découvert, étonné et admiratif, une communauté rurale vivant dans le dénuement le plus complet mais à tout instant capable de manifester la plus grande chaleur humaine. Dans la petite et bien peu confortable maison de garde-côtes occupée au bord de l’océan l’enfant fait l’apprentissage d’une nature rude, d’hommes et de femmes courageux, de coutumes et de métiers qui n’existent guère plus en Suisse. Il a donc décidé à l’âge de cinquante ans d’évoquer – dans une langue qui fait appel à ses admirations de lecteur, notamment pour la poésie irlandaise – ces lieux puissants, antiques, et de faire le portrait de toute une kyrielle de personnages hauts-en-couleur.

Jean Quinche, né en 1972, vit à Baulmes, au pied du Jura vaudois. Il est le fils du peintre- lithographe Edmond Quinche à qui les éditions La Dogana ont consacré en 2000 une monographie sous la plume de Florian Rodari.

https://ladogana.ch/products/requiem-irlandais

ÉVÉNEMENTPhilippe Jaccottet, “La parole en partage”Les Écritures Croisées de la Cité du Livre d'Aix-en-Provence organise...
08/12/2022

ÉVÉNEMENT
Philippe Jaccottet, “La parole en partage”

Les Écritures Croisées de la Cité du Livre d'Aix-en-Provence organisent, avec la collaboration de Florian Rodari et d'Antoine Jaccottet, et l'appui de la Fondation Saint-John P***e, une Rencontre / Hommage dédiée à Philippe Jaccottet.

La projection du film de François Barat consacré à Philippe Jaccottet sera suivie de prises de parole de Florian Rodari, Alain Paire, José-Flore Tappy et Fabio Pusterla.

INFORMATIONS PRATIQUES
La rencontre aura lieu le 9 décembre 2022 à 17h, à l'Amphithéâtre de la Manufacture de la Cité du Livre d'Aix-en-Provence, 8/10 rue des Allumettes



Projection - Rencontre | La pratique de la poésie, chez Philippe Jaccottet, est indissociable d'une interrogation assidue de ce qui s'est dit avant lui ou de ce qui s'écrivait autour de lui. Cette…

03/12/2022

📚 Depuis plus de 40 ans, les Éditions La Dogana font connaître des poètes suisses à l’étranger et des poètes étrangers en Suisse. Le fonds, déposé aux Archives littéraires suisses, révèle les «coulisses» et l'histoire singulière de cette petite maison d’édition romande. 👁️ http://ow.ly/KA0r50LTC6W

Philippe Jaccottet, Le bol du pèlerin (Morandi)« Devant l’œuvre de ce peintre vue par fragments isolés, plus encore deva...
29/08/2022

Philippe Jaccottet, Le bol du pèlerin (Morandi)

« Devant l’œuvre de ce peintre vue par fragments isolés, plus encore devant certains ensembles : une émotion, puis un étonnement quand à cette émotion même, très proches de ce qu’ont pu m’inspirer, dans le monde naturel, un verger, une prairie, un versant de montagne, à partir de quoi j’ai cherché plus ou moins laborieusement les mots pour m’y retrouver. Parce que, dans l’une et les autres rencontres, je butais naïvement sur une énigme : pourquoi, comment, ces rencontres vous touchent-elles à ce point ? »

Dans "Le bol du pèlerin (Morandi)", paru à La Dogana en 2001, Philippe Jaccottet décrypte, dans une centaine de pages lumineuses, l’énigme troublante que posent les œuvres de Giorgio Morandi, ces « poèmes peints ».

Événement – Aix-en-Provence"E quindi uscimmo a riveder le stelle..."C’est par ce vers célèbre que s’accomplit pour Dante...
06/07/2022

Événement – Aix-en-Provence

"E quindi uscimmo a riveder le stelle..."

C’est par ce vers célèbre que s’accomplit pour Dante, dans le 34e chant de la “Divine Comédie” la sortie de l’Enfer. Pour évoquer ce moment célèbre et sa traduction de la “Divine Comédie” parue à la Dogana, Michel Orcel s’entretiendra demain avec Florian Rodari, éditeur à La Dogana.

Informations : https://www.lamanufacture-aix.fr/E-quindi-uscimmo-a-riveder-le-stelle-Sortie-de-l-Enfer

L’événement, organisé par la Fondation Saint-John P***e, se tiendra demain 7 juillet à 18h30, au Cinéma de LA MANUFACTURE la Manufacture d’Aix-en-Provence.

NOUVEAUTÉ – PIETRO SARTOLa Dogana a le plaisir d’annoncer la parution de « Pietro Sarto. Chemins détournés », à l’occasi...
20/06/2022

NOUVEAUTÉ – PIETRO SARTO

La Dogana a le plaisir d’annoncer la parution de « Pietro Sarto. Chemins détournés », à l’occasion de l’exposition qui se tient actuellement (à visiter jusqu’au 31 juillet 2022).

En regard des nombreuses planches illustrées, les textes, dus à Florian Rodari et à Pietro Sarto lui-même, entament le dialogue autour des principaux thèmes abordés par l’artiste au cours de sa vie : notamment son adoption de la perspective aérienne, technique picturale qui témoigne de la volonté de l’artiste de se placer au cœur du monde plutôt que simplement face à lui. Peintre-graveur au sens propre du terme, Sarto n’a cessé d’interroger parallèlement les procédés de l’eau-forte et ceux de la peinture à l’huile, passant librement de l’un à l’autre afin d’en expérimenter les pouvoirs respectifs et de tirer de leurs croisements des solutions susceptibles de renouveler sa vision. C’est que, dans l’esprit de ce questionneur impénitent, toute œuvre est nécessairement en chemin, continuellement. En outre Sarto a régulièrement associé sa pratique de la gravure à l’édition de livres. Au cours de ses propres lectures – de Dante, Victor Hugo, Charles Ferdinand Ramuz – il a découvert de surprenantes visions du monde qui s’apparentent à celle qu’il développe dans son art depuis toujours. Autant de vertiges, d’affrontements entre l’ombre et la lumière qui permettent de féconder et enrichir sa propre approche.

ALBANE PROUVOSTDans En attendant Nadeau, Mireille Gansel consacre un bel article au nouvel ouvrage d'Albane Prouvost, "r...
15/06/2022

ALBANE PROUVOST

Dans En attendant Nadeau, Mireille Gansel consacre un bel article au nouvel ouvrage d'Albane Prouvost, "renard poirier".

Albane Prouvost s’inspire pour "Renard poirier", son troisième livre, d’un vers d’Ossip Mandelstam : "Le poirier a tiré sur moi".

ÉVÉNEMENTMUSÉE JENISCH VEVEYLA DIVINE COMÉDIELe Musée Jenisch Vevey organise le jeudi 16 juin prochain une rencontre ave...
08/06/2022

ÉVÉNEMENT
MUSÉE JENISCH VEVEY
LA DIVINE COMÉDIE

Le Musée Jenisch Vevey organise le jeudi 16 juin prochain une rencontre avec Florian Rodari, éditeur de la “Divine Comédie” à La Dogana, dans la traduction nouvelle de Michel Orcel. La rencontre est organisée dans le cadre des expositions « Pietro Sarto. Chemins détournés » et « Art Cruel », à visiter jusqu’au 31 juillet 2022.

Pour plus d’informations sur la rencontre : https://museejenisch.ch/agenda/sortir-de-lenfer-et-revoir-les-etoiles/

Informations sur la traduction de Michel Orcel : https://ladogana.ch/coffret-la-divine-comedie

Musée Jenisch Vevey

NOUVEAUTÉLa Dogana a le plaisir d’annoncer la parution de "renard poirier", d’Albane Prouvost, disponible dans les meill...
30/05/2022

NOUVEAUTÉ

La Dogana a le plaisir d’annoncer la parution de "renard poirier", d’Albane Prouvost, disponible dans les meilleures librairies.

Prenant pour point de départ un vers de Mandelstam – « Le poirier a tiré sur moi » –, l’ouvrage d’Albane Prouvost est formé par un seul poème conçu dans une mise en page très étudiée. Le lecteur le parcourant d’une traite est d’emblée bousculé dans sa tentative d’appréhension du sens, celui-ci semblant s’échapper dans l’altération sans cesse renouvelée des motifs principaux du poème. Et malgré cela, ou peut-être précisément grâce à cela, se mettent peu à peu en place, au fil des vers et des pages, une musique et un rythme bien particuliers, qui semblent répondre à une logique interne au poème. C’est dans ce nouvel ordre des choses que nous goûtons aux variations successives des poiriers, tour à tour amoureux, enneigés, enflammés et fleuris.

Albane Prouvost, née en 1961, est l’auteure de “Ne tirez pas camarades” (Editions Unes, 2000), et de “meurs ressuscite” (Editions POL, 2015). Elle a également contribué à des r***es de poésie et a effectué de nombreuses lectures publiques. Son approche poétique est marquée par de grandes figures comme Leopardi, Mandelstam ou Celan, mais aussi par des poètes américains contemporains comme Michael Palmer et John Taggart.

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46 Chemin De La Mousse
Chêne-Bourg
1225

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