01/14/2025
𝐔𝐧 𝐦𝐨𝐭 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐠𝐫𝐚𝐦𝐦𝐚𝐭𝐞𝐮𝐫 🌟
𝟐𝟎𝟐𝟓, nous y voici. En ce début de nouvelle année, j’entre en salle avec le désir de positionner clairement Paraloeil dans le paysage de la diffusion cinématographique à Rimouski et aux alentours. À quoi peut-on s’attendre quand on va à la salle bleue ? La courte programmation de janvier va tenter de donner le ton.
Ça débute avec le plus récent documentaire de Félix Rose (𝑳𝒂 𝒃𝒂𝒕𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝑺𝒂𝒊𝒏𝒕-𝑳𝒆́𝒐𝒏𝒂𝒓𝒅, 𝟏𝟒 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫). Après le bouleversant Les Rose (2020), enquête sur sa propre famille et son implication dans le mouvement felquiste, Félix récidive avec un film qui raconte avec minutie et humanité un événement fondateur de l’histoire récente du Québec. Le cinéma de Félix Rose donne cette impression de réaliser un travail de transmission historique d’une importance capitale, et de le faire avec une sensibilité qui rend l’exercice chaleureux et émouvant. Ainsi, c’est pour nous plus qu’un film, mais bien une prise de contact avec notre identité. Malgré qu’il sera là seulement par visio, nous profiterons au maximum d’une discussion avec le réalisateur après la projection, qui sera spécialement animée par l’auteur et cinéaste Jacques Bérubé.
Vous vous demandez sans doute pourquoi nous vous proposons 𝑳𝒂 𝒄𝒉𝒂𝒎𝒃𝒓𝒆 𝒊𝒏𝒕𝒆𝒓𝒅𝒊𝒕𝒆 (𝟏𝟔 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫), un film de 2015 ? Et bien, à l’occasion de la sortie en grandes pompes de 𝑅𝑢𝑚𝑒𝑢𝑟𝑠, son plus récent film, le fameux cinéaste de Winnipeg, Guy Maddin, nous a rappelé que ses deux derniers longs métrages avaient été bien peu accessibles, si ce n’est que pour le public des festivals. Et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir là des oeuvres folles et audacieuses qui défrichent des territoires cinématographiques peu fréquentés. Ainsi, nous sommes très excités à l’idée de faire apparaître sur notre écran cet objet erratique et original qu’est 𝐿𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑑𝑖𝑡𝑒. Avec sa distribution haut de gamme, le film met en scène un Roy Dupuis qui avouait cette année en entrevue que c’était là l’expérience de tournage la plus singulière qu’il ait vécu dans sa carrière.
𝑮𝒓𝒂𝒗𝒆𝒓 𝒍’𝒉𝒐𝒎𝒎𝒆 (𝟐𝟏 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫) est un rendez-vous obligatoire pour nous, car Pierre Hébert est l’un des plus grands cinéastes d’animation québécois et nous l’avons accueilli maintes fois en nos murs. Il allait de soi qu’il se retrouve un jour sous la lorgnette d’un documentariste et le jeune Loïc Darse propose là un film qui épouse les formes et les contours d’une œuvre-vie abondante et acharnée. Le film, nominé pour 4 Iris lors du dernier Gala Québec Cinéma, sera projeté gratuitement en partenariat avec le FIFA.
𝑴𝒂𝒓𝒔 𝑬𝒙𝒑𝒓𝒆𝒔𝒔 (𝟐𝟑 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫) est un thriller de science-fiction enlevant et intelligent. Il a charmé le public du Festival du Nouveau Cinéma l’automne dernier en remportant le prix du public de la section Temps 0, section qui célèbre « le cinéma qui mord ». Selon moi, c’est dans le cinéma d’animation et le roman graphique que l’on retrouve, aujourd’hui, la meilleure science-fiction. Celle qui peut aller jusqu’au bout de ses idées sans que ce soit lié à une question de budget. Ce scénario foisonnant m’enchante dans sa capacité à nous faire glisser sur le terrain philosophique et existentiel sans que ça ne l'empêche de filer à toute allure. Je le classe juste à côté du roman graphique 𝑃𝑟𝑒́𝑓𝑒́𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑠𝑦𝑠𝑡𝑒̀𝑚𝑒 d’Ugo Bienvenu… français lui aussi.
J’étais plutôt stressé de parler avec 𝐁𝐢𝐥𝐥 𝐏𝐥𝐲𝐦𝐩𝐭𝐨𝐧 au téléphone de notre proposition de 𝐑𝐞́𝐭𝐫𝐨𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞 d’une sélection de ses courts métrages (𝟐𝟖 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫), car il siège bien haut dans mon panthéon personnel du cinéma d’animation. Il a accepté avec joie et aurait même voulu venir si ce n’était pas des milliers de kilomètres qui nous séparent ! Qu’à cela ne tienne, malgré ses centaines d’images et de films, nombreux sont ceux qui ne le connaissent pas ou pas tout à fait, de ce côté-ci de la frontière (mot dans l’air du temps). Ses caricatures vivantes et grinçantes de la société américaine ont fait le tour du monde, ce qui n’a pas empêché Plympton de poursuivre une carrière sous le signe de l'indépendance et de la liberté de penser. Il faut l’entendre relater ses discussions avec Disney… un vrai régal. Rendez-vous aux Bains publics pour une soirée déjantée à l’image de son cinéma.
Nous terminons le mois avec la visite d’un artiste visuel dont nous estimons beaucoup le travail. Matthieu Brouillard est aussi photographe et vidéaste, sa démarche est tout à fait singulière, articulant notamment une réflexion sur le corps et la création. Son dernier film, 𝑳’𝒂𝒏𝒈𝒐𝒊𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒖 𝒉𝒆́𝒓𝒐𝒏 (𝟑𝟎 𝐣𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫) en est une manifestation saisissante. Quelle chance nous aurons d’échanger avec lui, suite à la projection de cette œuvre qui nous fait entendre le défunt écrivain Gaétan Soucy, quelque temps avant sa mort. Sa parole intranquille s'intercale avec des scènes fictives baroques et énigmatiques. Une proposition viscérale à laquelle nous tentons de trouver une place digne de ce nom depuis plusieurs mois dans notre programmation. C’est maintenant que ça se passe. Manquez-le pas.
Si Paraloeil n’était pas là, et bien, c’est ce cinéma qui ne serait pas là. Au plaisir de vous revoir en salle ! 💙