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02/09/2025
Le crépuscule d'une classe politique dévoyée
Depuis 1960, la République du Congo navigue dans une mer agitée, ballottée entre espoirs trahis et illusions brisées. Et au cœur de cette tempête, un coupable se distingue, un mal persistant qui gangrène l’édifice national : l’homme politique congolais. Non pas un individu isolé, mais une classe, un système, une caste qui, décennie après décennie, s’est révélée être le maillon le plus faible de notre nation.
L’histoire est éloquente. À l’aube de l’indépendance, alors que l’abbé Fulbert Youlou rêvait d’un Congo maître de son destin, une génération d’hommes politiques, aveuglés par leurs intérêts personnels, s’est empressée de vendre l’idéologie nationaliste pour une place à la table des anciens colons. Les querelles intestines, les trahisons et les compromissions ont miné les premiers pas d’un pays qui, pourtant, avait tout pour réussir.
Puis vint l’ère Massamba Débat,un temps de faste et d’illusion où le politique, devenu courtisan, troquait l’avenir du pays contre des promesses creuses et des détournements méthodiques,autrefois vaisseau du pouvoir, devint l’incarnation du clientélisme et du retournement de veste institutionnalisé. Les décennies passèrent, et malgré les changements de régime, le mal resta le même. Les élites politiques congolaises ne gouvernèrent pas, elles administrèrent leur survie. Elles ne bâtirent pas, elles exploitèrent. L’État, au lieu d’être une institution, devint un butin. Ceux qui hier dénonçaient la dictature furent ceux qui s’en accommodaient le mieux lorsque leur tour arriva.
Mais ce ne sont pas seulement les présidents qui ont failli. En vérité, ils furent autant des artisans du chaos que ses prisonniers.Marien Ngouabi cet homme à la poigne d’acier, sombra dans l’immobilisme, incapable de discipliner sa propre classe politique qui, comme une meute affamée, se repaissait des ruines de l’État. Lissouba pascal , arrivé au pouvoir en libérateur, réalisa trop t**d qu’il avait, autour de lui, un nid de serpents. Jean Marie Michel Mokoko tenta, dans son silence calculé, d’instituer un semblant de stabilité, mais comment bâtir une forteresse lorsque ses propres murs sont rongés par la vermine ? Quant à papi Sassou , il navigue entre alliances fragiles et trahisons prévisibles, cherchant désespérément à composer avec une classe politique dont la seule loyauté est envers elle-même.
Aujourd’hui encore, alors que le Congo fait face à des défis historiques, ces hommes politiques restent égaux à eux-mêmes : lents dans la réforme, rapides dans l’intrigue. Inefficaces dans la gouvernance, prolifiques dans la corruption. Les coalitions politiques ne sont plus des visions communes, mais des mariages de convenance où chacun attend son heure pour poignarder l’autre. On entre au gouvernement par ambition, on en sort par opportunisme. La nation brûle, mais eux continuent de se quereller pour des futilités, paralysant la restauration de l’état , fragilisant l’économie, et noyant les institutions dans un océan d’inepties bureaucratiques.
Mais l’histoire, elle, ne tolère pas indéfiniment les fossoyeurs de nations. La Révolution française nous l’enseigne. Il fut un temps où la colère du peuple était ignorée, où les élites politiques, convaincues de leur impunité, continuaient à se repaître du sang d’une nation affamée. Mais lorsque l’orage éclata, ce ne fut pas seulement Marie-Antoinette qui tomba sous la guillotine. Robespierre lui-même, celui qui croyait maîtriser la tempête, fut emporté par elle. Ceux qui avaient initié le mouvement finirent par être broyés par la colère qu’ils avaient sous-estimée. Les hommes politiques, lorsqu’ils oublient que leur pouvoir repose sur la confiance populaire, finissent toujours par être rejetés.
Nous y sommes. Si les présidents furent les principales victimes des renversements de pouvoir au Congo 🇨🇬 , nous nous dirigeons aujourd’hui vers une autre forme de bouleversement, qui ne visera plus seulement le sommet de l’État, mais l’ensemble d’une classe politique perçue, cancer incurable d'une nation en ruine. Ce ne sera plus la chute d’un seul homme, mais une chasse à l’homme contre ceux qui, depuis des décennies, ont accaparé le pouvoir sans jamais répondre à la misère d’un peuple. Comme en France sous la Révolution, ce ne sont pas seulement les monarques qui tombèrent, mais les architectes mêmes du chaos.
Le temps du sursis est terminé. La nation congolaise exige des dirigeants à la hauteur de son histoire et de ses ambitions. Que ceux qui ont la lucidité de voir le vent tourner se réforment. Quant aux autres, ils seront balayés, non par des promesses électorales, mais par l’inévitable cours de l’histoire. Et le Président au Congo 🇨🇬,ne sera plus le seul à payer de sa perte du pouvoir.
Aristide Mobebissi ingénieur conducteur des travaux