27/12/2024
FLAMBÉE DES PRIX DE L'OIGNON À MALANVILLE
Le sac grimpe à 50 000 Fcfa
En pleine période d'Harmattan et à l'approche des fêtes de fin d'année, Malanville, capitale béninoise de l'oignon, fait face à une flambée des prix. Le sac d'oignons atteint désormais 50.000 Fcfa, soit quatre fois son prix habituel, menaçant probablement l'équilibre économique de toute la filière et le pouvoir d'achat des consommateurs.
Ulrich DADO TOSSOU
Dans la commune de Malanville, connue comme le grenier à oignons du Bénin, une crise majeure secoue le marché. Le sac d'oignons, qui se négociait au prix minimal de 10.000 Fcfa en période normale, se vend aujourd'hui entre 50.000 et 60.000 Fcfa, une hausse vertigineuse qui inquiète aussi bien les producteurs que les consommateurs.
Cette flambée des prix s'explique par une convergence de facteurs critiques. +6L’Harmattan, ce vent sec venu du Sahara, perturbe significativement la production locale. "Nos cultures souffrent énormément du manque d'humidité", témoigne Moussa Ibrahim, producteur à Madécali. "Malgré un arrosage plus intensif, les rendements restent faibles", enchaîne ce dernier.
La situation est d'autant plus tendue que cette période coïncide avec les préparatifs des fêtes de fin d'année, moment où la demande en oignons connaît traditionnellement un pic important.
L'impact de cette crise dépasse largement les frontières de Malanville. Principal fournisseur d'oignons du pays, la commune approvisionne habituellement les grands centres urbains comme Parakou, Cotonou et Porto-Novo. "Les prix élevés à Malanville se répercutent automatiquement sur l'ensemble du territoire", explique Foma Amina, grossiste au marché de Parakou.
Contrairement aux apparences, la hausse des prix ne profite pas nécessairement aux producteurs. "Le Harmattan nous oblige à investir davantage dans l'irrigation et les soins aux cultures", souligne Rafiou Adamou, producteur local. "Nos marges sont réduites malgré des prix de vente plus élevés."
Pour les ménages, cette situation devient intenable. "L'oignon est un ingrédient de base dans notre cuisine", rappelle Oumourath, une femme au foyer. "Comment préparer les repas des fêtes avec des prix pareils ?", s'interroge cette vieille femme.
Face à cette crise, plusieurs solutions sont envisagées notamment le développement de systèmes d'irrigation adaptés à la période d'Harmattan. Les producteurs utilisent généralement les motopompes pour extraire l'eau du sol. Cependant le prix du carburant touche ces derniers. La création d'infrastructures de stockage pour réguler les prix, la mise en place de mécanismes de contrôle des prix sur les marchés, le soutien logistique pour réduire les coûts de transport vers les grandes villes
Les experts du marché prévoient une normalisation des prix après la période d'Harmattan. Cependant, la stabilisation pourrait prendre plusieurs semaines. En attendant, les autorités locales sont appelées à agir rapidement pour protéger producteurs et consommateurs.
Cette crise met en lumière la nécessité d'une meilleure organisation de la filière oignon au Bénin. Il est temps de repenser notre modèle de production et de distribution. Il est nécessaire de s'adapter aux changements climatiques et mieux anticiper les périodes de tension.
Alors que les fêtes de fin d'année sont là, la situation à Malanville reste sous haute surveillance. L'évolution des prix dans les prochaines semaines sera déterminante pour l'ensemble du secteur agricole béninois et le pouvoir d'achat des consommateurs.