01/11/2022
Au Président Moussa Dadis Camara.
(Ceci est adressé au président Dadis sans aucune volonté de minimiser la mémoire des victimes ou leur ôter leur instant de "justice")
Président,
Il est des moments où il faut choisir entre préserver sa dignité et être victorieux. Quand on a le malheur de se retrouver face à ce dilemme, le choix doit rester indiscutablement celui de la dignité.
Vous avez été convoqué une première fois de Ouagadougou; librement et enthousiaste, vous avez répondu croyant en la réconciliation annoncée. Vous avez cette seconde fois aussi répondu avec le même enthousiasme. Malgré votre volonté manifeste d'assumer vos responsabilités en vous mettant entièrement à la disposition des autorités de votre pays, vous avez été mis aux arrêts et jeté en prison tel un grossier délinquant.
Ayant répondu à ces appels on aurait dû vous assigner à résidence assorti d'un contrôle judiciaire ou vous héberger dans une résidence surveillée convenable au rang que vous avez atteint car vous incarnez ce que ce pays a de plus élevé, LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE. Au lieu de cela, ils vous ont mis dans une cellule commune.
Pourtant au comptage, des guinéens ayant atteint ce niveau dépassent à peine les cinq doigts de la main .
Prennez en acte!
Que ce traitement ne vous afflige point car il est fait à la Guinée et non à vous mais, qu'il vous alerte sur l'humiliation qui vous est réservée.
Ne permettez à personne de vous rabaisser davantage en construisant sa renommée sur vous!
Ne cherchez nullement à vous défendre ou vous disculper car vous êtes d'office coupable.
Oui mon président vous êtes coupable, que vous ayez conçu, planifié, commandité, exécuté ces actes ou pas. Souvenez-vous que vous étiez le commandant en chef de tous ces hommes qui comparaissent devant cette barre. Nul besoin de jouer au ping-pong avec eux car, quelle que sera l'issue des débats, vous resterez le premier chef et autorité de ce moment. Et cela engage votre responsabilité.
Acceptez donc de rester le seul chef à bord pour que l'estime qu'ils ont pour vous ne soit entamée. Souvenez-vous que dans l'armée comme dans la marine, la troupe et l'équipage sont sous le commandement et la totale responsabilité du commandant.
Mon président, sachez que ces hommes aient commis les crimes reprochés avec ou sans vos directives, vous endossez la responsabilité car de quelque part vous avez failli. Si vous n'avez pas échoué du fait que vous ayez commandité , Vous avez alors échoué dans la maîtrise et la discipline de vos troupes et cela vous rend davantage responsable de la tournure des choses. Oui mon capitaine le commandement est ainsi, quand on le maîtrise on est responsable de ses méfaits et quand on perd son contrôle on endosse les conséquences.
Ne vous abaissez à vous disputer et tirailler avec aucun de vos hommes, ils sont tous vos subordonnés. N'oubliez pas que même dans cette salle d'audience (magistrats et barreau confondus) et sur toute l'étendue du territoire guinéen (civils et militaires réunis) vous n'avez d'égal que Mamady Doumbouya et veillez à ce qu'il en reste ainsi.
Gardez de vue tout ce que vous avez perdu et que vous ne récupérerez plus et surtout préservez votre honneur.
Dans cette affaire, vous avez perdu liberté, fortune, famille et coulé votre sang, seul votre honneur est encore intact, ne le perdez pas.
Vous me direz que dois-je faire si ils m'ont réduit à ceci?
Je vous dirai de plaider coupable et quitter définitivement cette salle. N'oubliez pas que tant que vous êtes à la disposition des autorités, vous avez le plein droit de ne pas assister aux audiences et personne ne peut vous y contraindre. Ce n'est pas toutes les batailles qu'on livre capitaine.
Moi, à votre place, après avoir décliné mon identité, filiation et fonction D'ANCIEN PRÉSIDENT DE LA TRANSITION, je dirai :