03/09/2023
Pipeline Niger Bénin, un axe majeur de la coopération sino-béninoise.
Annoncé en septembre 2019, avec une fin des travaux initialement prévu pour fin 2022, mais ralentie en raison de la pandémie de Covid-19, le projet de construction d’un pipeline Niger-Bénin, est l’un des projets les plus ambitieux que le partenariat sino-béninois ait envisagé. Le taux de réalisation est aujourd’hui à 77,09 % et le projet devrait être finalisé d’ici juillet 2023.
Notons que depuis le renouvellement de ses relations avec le Bénin, la Chine poursuit ses engagements à renforcer sa coopération bilatérale avec ce pays d’Afrique de l’Ouest dans le but de l’accompagner dans son développement économique. Et elle le fait en investissant dans plusieurs infrastructures. C’est notamment le cas avec le projet de construction d’un oléoduc qui permettra de relier les puits pétroliers du gisement d’Agadem au Niger, au port pétrolier en eau profonde de Sèmè-Kpodji au Bénin, d’où sera évacué pour la première fois du pétrole brut nigérien vers l’international. S’étendant sur un total de 2 000 kilomètres du Niger au Bénin, il s’agira du plus long pipeline d’Afrique selon le Ministre béninois de l’Eau et des Mines, Samou Seidou Adambi, avec un investissement privé direct de 600 milliards de francs. A terme, le pipeline a pour objectif de transporter 4,5 millions de tonnes de pétrole par an, c’est-à-dire environ 35 millions de barils.
Le territoire béninois est donc hautement stratégique puisqu’il constitue un point de passage d’environ 680 kilomètres. Le pipeline traversera les départements de l’Alibori, du Borgou, des Collines, du Plateau et de l’Ouémé, dix-sept communes et cent cinquante-deux villes et villages.
Le réseau Niger-Tchad-Cameroun était initialement envisagé pour ce projet mais n’a pas été retenu. En effet, la CNPC aurait choisi de renoncer au tracé Niger, Tchad Cameroun bien qu’il s’agissait de la solution la moins coûteuse et la plus rapide. Cela s’expliquerait notamment par les relations assez compliquées entre l’entreprise chinoise et les autorités tchadiennes. Par ailleurs, notons que le port de Cotonou sert déjà à exporter l’uranium nigérien. De ce fait, le Bénin et le Niger ont le souci d’approfondir leur coopération qui est notamment d’ordre sécuritaire. Ce sont d’ailleurs, les questions sécuritaires qui ont grandement influencé le Niger, étant donné que les frontières du Bénin sont relativement stables contrairement à la région du Lac Tchad qui est en permanence menacée par les groupes djihadistes.
Du côté de la Chine, il ne faut pas manquer de relever que les relations avec le Bénin sont excellentes. En effet, ce sont des relations d’amitié comme les deux pays les qualifient d’ailleurs eux-même.
Les travaux sont réalisés par la West African Oil Pipeline Company-Bénin (WAPCO-Bénin) une filiale du groupe chinois China National Petroleum Company (CNPC) qui finance le projet d’un coût total de 4,5 milliards d’euros. Ces travaux comprennent, sur la partie terrestre, la réalisation de deux stations de pompage à Gogounou et à Tchaourou, ainsi que vingt-quatre vannes et une station terminale et d’exportation à Sèmè. D’une superficie totale d’environ 250.000m2, les installations se divisent en six zones dont celle de production des auxiliaires, celle de magasinage, de maintenance, de bureau, d’habitation et de réserves. Sur la partie maritime de 15 km, il s’agit de l’installation d’un système d’amarrage à point unique dont la fonction sera de charger les navires pour l’exportation. Par ailleurs, le Président nigérien s’est montré satisfait de l’avancement des travaux lors d’une visite officielle à Sèmè le 14 mars dernier.
L’oléoduc revêt également une importance stratégique pour le Bénin puisqu’il génère 3 000 emplois pendant la période de construction et environ 500 emplois permanents dès sa mise en exploitation. Dans ce cadre, le Bénin a fait le choix du numérique en lançant une plateforme web de recrutement pour le projet afin de faciliter l’accès à l’emploi.
De plus, la société chinoise WAPCO-Bénin a initié des formations professionnelles concernant les techniques d’échafaudage à destination des jeunes des communes traversées par l’oléoduc. En effet, les communes et villes concernées par ce projet, sont grandement impactées puisque sa mise en œuvre nécessitant le déguerpissement de certaines populations dans des zones clés. Cependant, les parties concernés et principalement le gouvernement béninois ont mis un point d’honneur à dédommager ces populations. Ainsi, cette initiative à portée sociale a pour volonté d’améliorer les compétences des populations locales résidant le long de la ligne de construction du pipeline au sein du Lycée technique d’Amitié sino-béninoise d’Akassato.
Enfin, le Bénin pourra bénéficier de près de 300 milliards de francs CFA (environ 460 millions d’euros) comme droits de transits et recettes fiscales durant les vingt premières années d’exploitation du pipeline qui devrait avoir une durée de vie estimée à quarante ans. Grâce à cette infrastructure, le pays pourra ainsi devenir un acteur important du secteur pétrolier africain, bien qu’il ne soit pas un producteur.
Par Raïnath Sylla, Analyste stagiaire Afrique de l’Ouest.