Nous sommes agriculteurs depuis plusieurs générations sur les communes de Limoges Fourches et Evry-Grégy-sur-Yerres et souhaitons, à notre niveau, oeuvrer pour notre environnement. La méthanisation agricole est un procédé qui permet de produire une énergie renouvelable, non intermittente (au contraire du solaire ou de l’éolien), à partir de co-produits ou de résidus de cultures agricoles qui vont fermenter dans une cuve étanche et ainsi produire un biogaz qui sera ensuite épuré afin d’obtenir du biométhane qui servira à chauffer nos foyers. A la fin du procédé de fermentation, la biomasse agricole sera transformée en une bouillie, appelée digestat, qui sera épandu sur nos champs afin de fertiliser les cultures et qui permettra ainsi de réduire les apports d’engrais chimique.
Le projet de méthanisation à Limoges Fourches permettra donc de produire et consommer localement une énergie renouvelable mais aussi de réduire les engrais chimiques et stimuler la biologie qui permettra ensuite de structurer nos sols naturellement.
D’un point de vu énergétique, la production de 13 GWh/an à partir de 10,950 T de biomasse agricole (sans aucun produit ou sous-produit animaux) permettra de chauffer plus de 1000 foyers! Ainsi, la commune de Limoges Fourches sera intégralement chauffée au gaz vert!
Maintenant que vous en savez un peu plus sur le projet, vous avez surement de nombreuses questions et nous vous serions grandement reconnaissant de nous les poser directement. :) Aussi, nous allons organiser très prochainement une réunion publique afin de répondre à vos interrogations.
Sachez d’ores et déjà que nous avons prévu des aménagements paysagés afin de réduire la visibilité extérieur (merlon, haie, etc...) ainsi que des investissements d’infrastructure permettant d’épandre le digestat sans camion.
Aussi, vous l’aurez compris, s’agissant de co-produits agricoles et cultures intermédiaires, les périodes de “récolte” et d’acheminement vers le méthaniseur sont concentrées sur de courtes périodes, n’ayant pas d’impact sur le trafic routier le reste de l’année.
Voici ci-dessous plus de détails sur la méthanisation agricole et sur notre projet. Vous y trouverez peut-être des réponses à vos questions!
AGRIBIOGAZ DE LA BRIE Projet de méthaniseur agricole à LIMOGES- FOURCHES
Qu'est-ce que la méthanisation ?
La méthanisation consiste à produire du biogaz par fermentation de matière organique en milieu anaérobie (= sans oxygène). Toute matière organique - par exemple, les restes des cantines, les végétaux, les effluents d'élevage - placée dans un milieu sans oxygène et chauffé à 40°C, peut être digérée par des bactéries qui la transforment en biogaz et en digestat.
Le biogaz est composé pour moitié de dioxyde de carbone (CO2) et pour moitié de méthane (CH4), qui est le gaz de ville ou « gaz naturel », ainsi que de traces d’autres gaz (H2S, NH3) et d’eau. C'est donc un gaz énergétique.
Ce biogaz peut être brûlé dans un moteur pour produire de l'électricité et de la chaleur, c'est la cogénération. Le rendement en électricité de la cogénération est de 40% maximum, le reste étant de la chaleur. Ou bien ce biogaz peut être épuré, afin de conserver uniquement le (bio)méthane (CH4), et l'injecter dans les réseaux de gaz naturel français. Le rendement est de 95%, tout le biométhane produit étant injecté, à l'exception de 5% utilisés pour chauffer les cuves de digestion.
Le digestat est l'effluent de la méthanisation. C'est un fertilisant organique : la digestion ne consomme pas l'azote (N), le phosphore (P) et la potasse (K) contenus dans la matière organique. Ces éléments N, P, K (qui sont les principaux aliments de la plante) sont donc présents dans le digestat, qui va être épandu dans les champs pour fertiliser les cultures. Le digestat remplace les engrais issus de la pétrochimie.
Un méthaniseur est donc tout simplement un estomac de vache en béton !
Le projet Agribiogaz de la Brie : pourquoi un méthaniseur à Limoges Fourches ?
Le projet Agribiogaz de la Brie est porté par Christophe, Marc et Benjamin Deloison- agriculteurs à Limoges Fourches et Mathieu Beaudoin et Thomas Proffit, agriculteurs à Evry Grégy sur Yerres.
Agribiogaz de la Brie est un méthaniseur agricole, il sera alimenté par des cultures intermédiaires et des sous-produits végétaux (pulpes de betteraves, issues de silos), tous issus de l'activité agricole des exploitants ci-dessus.
Le méthaniseur valorisera le biogaz produit en injection : il épurera le biogaz en biométhane et l'injectera dans le réseau GRDF.
L’implantation du méthaniseur est envisagé entre le Chemin Rural dit de Tremblesseaux et le Bois de Cramayel.
Le choix de l'emplacement du méthaniseur au Nord-Ouest de la commune a été guidé par la protection visuelle et la proximité avec les champs qui fourniront la matière première et recevront le digestat.
Le méthaniseur risque-t-il de générer des nuisances olfactives ?
Comme vous l'avez compris, le processus de fermentation de la matière est confiné car il doit se faire en absence d'oxygène. Les cuves en béton sont recouvertes d'un gazomètre qui recueille le biogaz issu de la fermentation.
Le risque d'odeurs se situe sur la zone de stockage des matières entrantes. Des matières mal stockées démarrent leur fermentation (aérobie celle-ci) et sentent mauvais, tout comme votre tas de compost au fond du jardin.
Les cultures intermédiaires ou les pulpes de betterave produites seront stockées sous forme d'ensilage : broyées finement, mises en tas, tassées et enfin bâchées. Cette technique, très présente en élevage, permet de conserver de la matière verte sans qu'elle rentre en compostage. Le peu d'oxygène qui reste dans le tas est consommé dans le 1er mois après bâchage par des bactéries lactiques qui font descendre le pH du tas à 3- 4. L'ensilage devient donc très acide et peut se conserver ainsi 2 ans, tant que la bâche n'est pas percée. Les jus produits par le tas - la sève tout simplement - ont une odeur désagréable. Ils seront récupérés par un réseau de canalisations et envoyés dans le méthaniseur (ils ont une valeur énergétique !).
Le digestat sent-il mauvais ?
Le digestat est liquide, il sera épandu avec une rampe et des pendillards. La matière organique étant totalement digérée par le méthaniseur, le digestat n'est pas comparable à un lisier ou à une fiente de poule, qui contiennent encore de la matière organique. La phase d'épandage du digestat ne génère donc pas d'odeurs. Des épandages de digestat ont lieu depuis 4ans sur le territoire de plusieurs communes du département, sans contrainte olfactive.
Y aura-t-il du lisier ou du fumier dans le méthaniseur Agribiogaz de la Brie ?
Il n'y aura pas de lisier ni de fumier dans le méthaniseur Agribiogaz de la Brie. Les exploitants associés au projet n’ayant pas d'activité d'élevage. Aller chercher du lisier à quelques dizaines de kilomètres ne fait pas de sens : cette matière contient très peu d'énergie - 10 fois moins qu'un ensilage ! Il n'est donc pas rentable de transporter du lisier pour le faire digérer par un méthaniseur.
Le seul moment où le méthaniseur utilisera du lisier, c'est au démarrage : le lisier va « ensemencer » la cuve de méthanisation en bactéries. Ensuite ces bactéries vont se multiplier toutes seules, en « mangeant » l'ensilage qui leur sera donné chaque jour.
Y a-t-il un risque d'explosion ?
Le gaz qui est stocké dans les gazomètres des cuves est à pression atmosphérique. Le seul moment où le gaz monte en pression, c'est juste avant l'entrée dans le réseau GRDF, dans des canalisations enterrées. Le risque lié à la présence de gaz existe bien sûr, mais il est confiné sur le site, impliquant des précautions particulières pour les exploitants du site.
Trafic : y aura-t-il des camions dans le bourg de Limoges Fourches ?
La carte ci-contre présente le parcellaire agricole des exploitants. Les surfaces sont très majoritairement situées au nord de Limoges Fourches et n’entraineront pas d’importantes évolutions du trafic seulement lors des ensilages, soit maximum quelques jours dans l’année.
Le reste des ensilages de cultures intermédiaires arrivera par la D619 (route Moissy-Guignes), puis la D35 (vers Evry Grégy sur Yerres) pour accéder au site, ou bien directement par les chemins pour les champs situés autour du site de méthanisation.
Combien d'énergie va produire Agribiogaz de la Brie ? A quoi servira-t-elle ?
Agribiogaz de la Brie produira 13 GWh/an de biométhane, qu'elle injectera dans le réseau GRDF. Ce gaz sera mélangé au gaz fossile dans le réseau, c'est exactement le même, et il servira aux différents usages du gaz.
Cela correspond à 1050 foyers chauffés, soit 4200 personnes en moyenne.
Mais encore cela correspond à 56 bus. L'usage carburant du gaz naturel est en développement actuellement, principalement pour les « flottes captives » - bus, bennes à ordures ménagères - et pour les poids lourds. Ce carburant n'émet pas de particules fines, le rendant ainsi très attractif. Si a fortiori, il est d'origine renouvelable ...
Pour en savoir plus, consultez le site internet GrDF
Qui va consommer le biométhane et comment va évoluer la facture de gaz des consommateurs ?
Le biométhane produit par Agribiogaz sera consommé à Limoges Fourches, Moissy Cramayel et Melun par les industriels et les particuliers.
Ainsi, la commune de Limoges Fourches sera intégralement chauffée au gaz vert.
Combien d'emplois va générer Agribiogaz de la Brie ?
Agribiogaz de la Brie va générer un emploi direct, sur le site de méthanisation.
Sur la partie agricole pour produire et récolter les cultures intermédiaires, pour la maintenance et l'entretien du site, il y aura plusieurs emplois indirects
Les cultures intermédiaires sont-elles en concurrence avec les cultures alimentaires ?
Comme leur nom l'indique, ces cultures sont produites entre deux cultures alimentaires. En juillet un maïs « interculture » sera semé juste derrière la moisson de l'orge d'hiver. Il sera récolté en ensilage en octobre. Une autre culture sera semée ensuite, soit juste après (blé, orge d'hiver), soit au printemps (betterave, pomme de terre, orge de printemps). Il y a donc deux cultures en un an.
Rappelons également que les sols français produisent déjà des cultures qui ne nourrissent pas l'homme mais l'habillent (lin), le transportent (colza, betterave pour le diester et l'éthanol), le soignent (fécule de pomme terre utilisée en pharmacie ou pour des plastiques) ...
Le sol ne doit-il pas se "reposer" ?
« La nature a horreur du vide. » Un sol vivant est un sol couvert, les petits organismes du sol se nourrissant des végétaux qu'il porte. Les cultures intermédiaires nourrissent le sol par le système racinaire très important qu'elles développent, elles pompent les nitrates du sol pour croître et elles limitent l'érosion par l'eau et le vent.
Le repos du sol est une idée reçue : un sol vivant travaille toute l'année comme sous les climats tropicaux où la végétation pousse en continu.
L'enjeu pour Agribiogaz de la Brie est de produire du gaz pendant 15 ans avec des cultures intermédiaires ; l'enjeu pour les agriculteurs est de maintenir et augmenter la fertilité de leurs sols pour la génération future. Les pratiques culturales mises en œuvre s'inscrivent dans la durabilité.
Y a-t-il un risque pour la faune ?
En dehors du fait de retirer 4 ha de cultures pour construire le site, cette activité ne bouleverse pas l'existant et n'a pas d'impact particulier sur la faune.
Quel est le calendrier de la construction du site Agribiogaz de la Brie ?
Le calendrier du projet se résume ainsi :
· Août 2019 : Démarrage du chantier (terrassement)
· Août 2020 : début de montée en charge biologique (essais, réglages, début de production de biogaz)
· Octobre 2020 : injection du premier m3 de biométhane dans le réseau GRDF
· Jusque juin 2021 : travaux de finition du site