23/12/2024
Je fais le tour des annonces sur Marketplace, Centris, Kijiji, Du Proprio. Un défilé de maisons pas achetables, d’appartements inabordables. Je fais le tour de mes possessions pour voir ce que je pourrais vendre, éliminer. Pour prendre moins de place. Aurais-je assez d’un 1 ½? Pourrais-je être bien dans une simple chambre?
Je ne trouve nulle part où aller, mais il faut absolument que je déménage. C'est la proprio qui le dit. Il y a une date de péremption sur mon confort, sur mon bien-être. Il existe un jour J où elle m’arrachera mon toit.
Serai-je sans-abri?
Est-ce que ça peut réellement m’arriver?
À moi?
Même les refuges manquent de place pour s’y réfugier.
Je continue de scroller à travers les annonces de logements. J’ausculte les détails techniques. « Pas d’animaux. » Je grogne contre le prix du loyer. «Vous devez payer trois mois à la signature du bail. » Je consulte mon compte épargne, sors la calculatrice. « Pas d’enfants. » Où pourrai-je mettre au monde ceux que je n’ai pas encore, mais que j’aime déjà?
J’envoie 235 messages par soir. En vain.
Plus je fais défiler les annonces, plus je broie du noir. Nous sommes des dizaines de milliers à crier à l’aide. Pour toute réponse, l’écho de nos voix dans la nuit.
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Tous les jours, on entend parler de la hausse du taux directeur, des prix exorbitants des matériaux de construction, de la crise du logement, des évictions, du besoin criant de logements sociaux, des refuges qui débordent, des campements qui s’étendent. Des familles entières débordent sur la rue, dans les parcs, dans les tentes.
Aujourd’hui, même pour la classe moyenne, les rêves d’avoir une maison, de déménager et de se bâtir un nid s’envolent. Les loyers, aussi chers que des hypothèques, aspirent notre argent et nos espoirs.
Des citoyen·ne·s sont mis·e·s à la rue sans l’ombre d’un remords. Des jeunes femmes vulnérables financièrement se font proposer des réductions de loyer en échange de services sexuels, arrangements qu’elles ne sont pas toujours en mesure de refuser. Des mères monoparentales se partagent des logements pour arriver à nourrir leurs enfants. Des victimes de violence conjugale doivent se résigner à rester chez elles, risquant leur vie, faute d’endroit où se réfugier. Les jeunes générations s’attardent chez leurs parents pour ne pas s’appauvrir dès leur emménagement où que ce soit, ou se lancent dans des projets de cohabitation multigénérationnelle à défaut de pouvoir disposer de leur propre chez-soi.
Des propriétaires d’immeubles locatifs, fort·e·s de leur position dans ce marché en crise, grimpent magistralement le prix de leurs loyers. Encouragé·e·s par un gouvernement qui les favorise au détriment des locataires, iels n’hésitent pas à user de manœuvres voisinant avec l’escroquerie, rénovictant des personnes âgées, des familles, des locataires qui habitaient leur logement depuis plusieurs décennies et se voyaient y vivre jusqu’à la fin de leurs jours. Leur seul et unique objectif : reprendre le contrôle des prix de leurs loyers, jugés non concurrentiels avec ceux affichés dans le marché actuel. Un marché qui se dégrade au même rythme que les immeubles dont iels ne prennent pas soin. Un marché considérant l’habitation comme une marchandise. Un marché formant les propriétaires à l’image des mafieux qui traitent leurs locataires comme des clients dépendants.
Qu’est-ce qui se trouve derrière ces « portes » que les propriétaires prétendent accumuler? Que signifie avoir un chez-soi, une chambre à soi, un endroit juste à nous, où nous déployer, où nous sentir en sécurité? « Home is where the heart is », mais qu’arrive-t-il quand notre « home », c’est la rue, quand la frontière entre notre espace privé et l’espace public est aussi mince que la toile d’une tente?
On doit le nommer : craindre de vivre sans refuge, c’est vivre avec son instinct de survie activé en permanence. Comment avancer comme société quand de plus en plus de citoyen·ne·s sont en détresse et ont du mal à assurer leurs besoins de base?
Si les politicien·ne·s n’y voient qu’une crise de bâtiments, des chiffres à compter, des mesures temporaires à apporter, qu’est-ce que les artistes voient de cette crise?
Pour ce septième volume papier, Saturne vous invite à creuser les enjeux de la crise du marché immobilier. Ensemble, éclairons cette problématique dévastatrice qui anéantit le bien-être des gens et leur sentiment de sécurité. Avant que tout s’effondre pour de bon, offrons-nous une maison de papier pour y unir nos cris, un lieu où prendre soin de nos rêves et nos espoirs, pour qu’ils puissent croître à l’abri.
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La publication est prévue pour le printemps 2025 sous forme de zine.
Vos images ne doivent pas dépasser les 3 ¼” de large x 8 ½'' de haut.
Maximum de 1500 mots pour la prose 4 pages pour la poésie et l’art visuel.
📅 Date de tombée : 31 janvier 2025
✉️ Envoi à : r***[email protected]
Pour les photographies, illustrations et tout texte visuel, nous vous invitons à soumettre les images en format PDF ou JEPG, en noir et blanc, avec une résolution minimale de 150 ppi. L’intérieur du zine sera entièrement imprimé en noir, blanc et jaune. ✨
Envoyez également une petite biographie et vos et .
*** Nous invitons tout particulièrement les personnes des minorités visibles, de la communauté LGBTQ+ et des peuples autochtones à participer à cet appel. ***
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MODALITÉS DE SOUMISSION
Veuillez suivre nos modalités de soumission afin que votre texte ou vos images puissent être éligibles à l’appel de textes et d’images en cours :
🪐 Textes inédits et images inédites seulement;
🪐 Une seule soumission par personne (art visuel et littéraire confondues);
🪐 Formats acceptés : .doc, .docx, .txt, .pdf, .jpeg (ces deux derniers pour les images seulement);
🪐 Le sujet de votre courriel est le titre de l'appel auquel vous participez.
Détails typographiques à respecter :
Les espaces : veuillez retirer toutes les espaces précédant les points d’exclamation et d’interrogation, les points-virgules et les deux-points.
Les guillemets : priorisez les guillemets français — à moins que les règles de citation demandent des guillemets anglais. Mais surtout, retirez les espaces à l’intérieur des guillemets, pour suivre le modèle suivant : «voici un exemple».
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