02/06/2023
Lu en avril 2023.
L’auteur Jean-Claude Marguerite m’a parlé de « Tous lire », un laboratoire éditorial se donnant pour mission de repenser le livre pour les enfants qui ont du mal à lire ou qui n’aiment pas lire. Chez Tous lire, on ne trouve que des adaptations des contes populaires.
Ainsi Jean-Claude Marguerite propose une nouvelle édition des Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault, en français d’aujourd’hui, dans une version accessible au plus grand nombre.
Ce livre contient : La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, Barbe-Bleue, Le Chat botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet à la houppe et Le Petit Poucet. Cette édition est illustrée avec les magnifiques gravures de Gustave Doré, datant de l’édition de 1861, pleines de détails à retrouver après avoir lu les contes.
Avant de me plonger dans cette lecture, je suis allée directement à la postface ou Jean-Claude Marguerite explique ses motivations et sa méthode : http://jcmarguerite.com/litterature/contes-de-mere-loye-francais-daujourdhui/
Puis, je n’ai pas suivi l’ordre des contes et choisi de commencer par mes histoires préférées ou bien celles que je connais le mieux…
L’écriture est agréable, facile à lire et à comprendre, d’une réelle fluidité. Jean-Claude Marguerite a privilégié la recherche de sens en reformulant des tournures démodées et des mots relevant d’un vocabulaire obsolète.
Il a aussi, me semble-t-il, pris quelques libertés ou alors, c’est moi qui avais en mémoire une mauvaise version de certains contes… Je ne me souvenais pas que Cendrillon se rend au bal deux fois dont une première où elle respecte la permission de minuit et je n’ai pas reconnu La Belle au bois dormant (?!). J’ai aussi l’impression que l’auteur a parfois ajouté des précisions : ainsi, par exemple, la mère du petit Poucet a souvent eu des jumeaux, ce qui rend plausible d’avoir donné naissance à sept enfants, âgés de sept à dix ans, dans un temps relativement court…
Personnellement, j’apprécie que les contes ne soient pas édulcorés, que les trames narratives soient respectées. En effet, j’ai déjà eu l’occasion, celles et ceux qui me suivent le savent, de m’insurger contre des versions affadies des contes populaires où tout le monde et beau et gentil, des réécritures non respectueuses des textes originaux…
Merci, cher Jean-Claude Marguerite, d’avoir conservé les expressions emblématiques comme « Tire sur la chevillette et la bobinette cherra… » et « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie » en indiquant leur équivalent contemporain en notes interactives. Merci d’avoir réintégré les morales versifiées ! Sans cela vous m’auriez perdue en route, je l’avoue… J’ajoute que cela conserve aux contes concernés leur part de mystère et de merveilleux.
La démarche de Jean-Claude Marguerite s’inscrit dans une posture de transmission car ces contes de fées sont ancrés dans notre imaginaire collectif et participent d’une longue tradition orale ; à ce titre, ils doivent continuer à traverser le temps. Je le cite : « Les jeunes lecteurs doivent être accompagnés dans la découverte des contes de fées, car l’apprentissage de la lecture ne se résume pas à décrypter des signes, mais bien à comprendre, à se construire ».
Cette édition est un bon compromis entre « l’appauvrissement mercantile » souvent en vigueur (je pense, par exemple, aux adaptations Disney et à certaines collections contemporaines de livres pour enfants) et le langage parfois un peu dépassé des textes fondateurs.
Ce recueil est gratuit en téléchargement numérique sur https://touslire.com/.
Une belle réussite.