18/10/2023
VOTRE COMPTEUR LINKY VA-T-IL ETRE BLOQUE CET HIVER ?
Le gouvernement prévoit de limiter provisoirement la consommation électrique de certains foyers. Êtes-vous concerné ? A quoi ressemblera ce dispositif ? Capital fait le point.
Alors que le gouvernement déclare prévoir une «tension moindre» sur le réseau électrique cet hiver, un projet de décret, relayé par La Tribune, montre que le risque de black-out n’est pas tout à fait écarté. Le sujet est encore sur la table des discussions, mais le gouvernement envisage sérieusement de limiter la consommation électrique globale.
Selon La Tribune, l’exécutif prévoit ainsi de mener un test grandeur nature sur 200 000 foyers équipés d’un compteur Linky, en limitant leur demande d’électricité pendant une durée de quatre heures. Les ménages concernés devront ainsi se contenter d’un «seuil de puissance minimal permettant de faire fonctionner les équipements courants peu énergivores». L’objectif est de voir s’il est possible techniquement d’alléger la pression sur le réseau en cas de tensions extrêmes, et éviter ainsi un recours au délestage, c’est-à-dire la mise en place de coupures localisées et réparties sur le territoire.
Contacté par Capital, Enedis, gestionnaire du réseau électrique, a expliqué avoir été sollicité par les pouvoirs publics pour «travailler à une nouvelle mesure de sauvegarde pour envisager la sécurisation du réseau électrique à moyen/long terme» et «éloigner le risque de coupures temporaires qui restent l’ultime dispositif pour éviter une panne généralisée».
QUI SERAIT CONCERNE ?
Les foyers visés sont équipés d’un compteur résidentiel Linky, en raison de sa capacité à ajuster la puissance électrique en fonction des besoins spécifiques du foyer, et seront mis au courant en avance «par voie postale» pour anticiper ces périodes creuses. «L'idée, c'est que certains clients soient forcés de consommer un peu moins, plutôt que de devoir éteindre complètement la lumière à un endroit», précise à la Tribune un fournisseur d’énergie ayant requis l’anonymat. Aucun recours ni indemnisation ne sera possible. Il est encore trop tôt pour savoir comment les ménages seront sélectionnés. Quoi qu’il en soit, les patients «à haut risque vital» ne seront pas soumis à de telles restrictions.
QUAND AURAIT LIEU LE TEST ?
Le dispositif sera proposé le 26 octobre 2023 lors d’un Conseil supérieur de l’énergie, une instance de consultation pour les textes liés à l’énergie, en vue de la publication d’un texte réglementaire. Si le projet est adopté, la mesure devrait être mise en place une seule fois au cours de l’hiver – avant le 31 mars 2024 –, dans un moment où le réseau sera le plus sollicité, «entre 6h30 et 13h30 et entre 17h30 et 20h30» uniquement en semaine, pendant une durée maximale de quatre heures.
COMMENT CELA DEVRAIT SE DEROULER ?
Concrètement, la puissance disponible des compteurs Linky, actuellement de 6kVA dans la plupart des foyers, serait abaissée à 3kVA. Enedis avance que cela «présenterait l'avantage de ne pas interrompre l'alimentation des clients et de préserver un niveau minimal d'alimentation pour les usages électriques de base (3kVA, correspondant à un radiateur, un ordinateur portable en charge, un réfrigérateur)». Il sera donc préférable de ne pas lancer le sèche-linge et le four électrique au même moment. «Les foyers continueraient d’avoir de l’électricité pour les usages classiques», assure Enedis.
DOIT-ON CRAINDRE LE BLACK-OUT POUR CET HIVER ?
L’enjeu derrière ce dispositif est de «tirer les leçons de l’an passé» et «d’améliorer la résilience du système en expérimentant divers outils, pour tester leur efficacité». Toutefois, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, s’est dit «très confiante» sur franceinfo pour l’hiver à venir. Selon Enedis, les conditions sont «bien meilleures cette année», et ce grâce :
à une meilleure disponibilité nucléaire anticipée par EDF au cours de l’hiver prochain.
Le gestionnaire de réseau ajoute par ailleurs que «la France est exportatrice d’électricité depuis le début d’année 2023, à des niveaux proches de 2021».
Le ministère précise que ce mécanisme ne devrait être activé qu’en ultime recours, si tous les autres leviers utilisés se révélaient être insuffisants pour échapper à la coupure généralisée. C’est-à-dire, une fois toutes les capacités de production nationale mobilisées, la capacité d’importation d’électricité saturée, tous les moyens d’effacement mobilisés, la baisse de consommation volontaire des industriels, et le dispositif de baisse de tension sur le réseau de distribution sans impact sur la consommation mis en oeuvre. Enedis précise que ces types de cas de figure ne se sont encore jamais produits, «y compris l’hiver dernier».